Amateurs de football régional, ruez-vous sur Footvaud.ch !

Dans le monde merveilleux du football vaudois, l’arrivée du site Footvaud.ch fait déjà pas mal de bruit. Et pour cause : ce site 100% indépendant traite de tout ce qui concerne le canton de Vaud, de la 1ère ligue promotion à la 5ème ligue. Un site de passionnés donc, géré de mains de maître par le brillant Tim Guillemin, fondateur et rédacteur en chef, et son associée Muriel Antille, photographe de presse. C’est avec plaisir que nous donnons la parole à son grand manitou, qui est par ailleurs l’un des piliers de l’aventure cartonrougienne.

Marc-Olivier Reymond : Salut Tim ! Même si certains, voire la plupart, de nos lecteurs te connaissent déjà, pourrais-tu te présenter ?Timothée Guillemin : Salut Marco, je suis un journaliste indépendant de 30 ans, complètement cintré de foot régional, ma vraie et unique passion.
Tu as lancé www.footvaud.ch il y a moins d’un mois. Parle-nous de ce projet génial…
Il est né d’une envie forte de ma part, depuis très longtemps. J’adorais lire le cahier spécial sur le foot régional de 24 Heures, dont beaucoup de monde se souvient. Avant cela, il y avait également Foot Hebdo, qui parlait de ce football-là, mais aujourd’hui, il n’y a plus rien de centralisé au niveau vaudois. Les rédactions des journaux régionaux le font, souvent très bien, mais, aujourd’hui, si je veux entendre parler du FC Bavois, du FC Aigle, de Forward Morges et du Stade Payerne, je dois m’abonner à quatre journaux différents. Et pour Dardania Lausanne et le FC Pully, il n’y a rien, tout simplement. J’avais envie de combler cette lacune et de parler de ce football-là, celui que j’aime. Je me suis donc associé à Muriel Antille, photographe de presse, pour lancer ce site, qui traite de l’actualité du football vaudois, en textes et en photos.
Quels sont tes ambitions et rêves en lançant ce site internet ?
Donner la parole aux acteurs du football allant de la 1ère ligue promotion à la 5ème ligue, puisqu’ils ne l’ont plus, mis à part, j’insiste, dans les journaux régionaux. Je veux le faire le mieux possible, donc en vivre et ne pas me disperser avec un autre boulot à 100 % à côté.
Tu espères donc en vivre à 100% ?
Oui. Je me lève tous les matins pour cela. Mais je suis encore actif dans la presse, et le plus possible. Avec ma collègue Muriel, nous avons l’ambition de réaliser des reportages pour les journaux, et de trouver des collaborations ponctuelles, dont certaines sont déjà mises en place, d’ailleurs.
Cherches-tu à recruter des passionnés comme toi pour rédiger des articles ?
A moyen terme, oui. Je veux que ce site se développe, mais, pour l’heure, je n’en ai pas les ressources financières.
Comment se passe ta recherche d’annonceurs ? Les sociétés de la région jouent-elle le jeu ?
Oui, pour l’instant, je suis satisfait de mes soutiens, notamment de la part des sociétés de la région d’où je viens, le Nord vaudois. Je dois me développer encore plus dans la région de Lausanne, de la Côte et de la Riviera, c’est une certitude. Mais je dois m’y faire connaître.
Il y a eu quelques dérives, notamment des bagarres, ces dernières années dans le football vaudois, quel est ton avis sur le sujet ?
A l’image de la société. Je ne crois pas que les problèmes soient pires qu’ailleurs, vraiment pas. Il y a vingt-deux joueurs motivés, du public, bien sûr que ça peut dégénérer, mais je ne crois vraiment pas qu’il faille dramatiser la situation. Pour l’instant, en tout cas.
Ton meilleur et ton pire souvenir autour d’un terrain de football ?
Le meilleur souvenir remonte sans doute à mon enfance et à la promotion d’Yverdon Sport en LNA en 1993. Pour le match décisif, à Schaffhouse, j’avais 11 ans et je me rappelle d’absolument tout. Le voyage en car avec mon père, les trois buts de Bekim Uka, les débordements de Mile Urosevic, qui était mon idole absolue… C’était fou ! Je peux te parler de cette période pendant des heures. L’YS de cette époque, c’était magique. Taillet, Kekesi… Je pourrais tous te les citer.
Le pire souvenir ? La relégation du FC Baulmes en 1re ligue face à Locarno. Affreux. J’y repense encore souvent aujourd’hui. Mais plus que ce dernier match, c’est toute la fin de saison qui était pénible. Parce que Baulmes aurait dû se mettre à l’abri bien plus vite dans l’année. Il y a eu encore de très beaux moments à Baulmes après, notamment les deux sauvetages incroyables, avec quinze points de retard à la pause. Là aussi, j’ai vibré.

Après les folles aventures de Baulmes et du Mont en Challenge League, quel sera le prochain club vaudois à devenir le jouet d’un dirigeant mégalomane et de se croire plus beau qu’il ne l’est ?
Je sais que tu poses cette question pour me provoquer, parce que c’est l’exact contraire de ce que je pense, mais je te pardonne. Le FC Baulmes et Le Mont ont été portés par deux grands présidents, et le deuxième l’est toujours. Il y a de la place pour tout le monde dans le football. Des clubs sans histoires, tranquilles et bien gérés, font plaisir à voir et je suis le premier à les applaudir. Personne ne peut me suspecter de ne pas aimer le FC Echallens, le FC Ependes (20 ans en 3ème ligue, sans monter ni descendre !) ou le FC Prilly, qui sont les trois premiers clubs «sages» qui me viennent à l’esprit. Mais ce qu’ont fait Baulmes et Le Mont mérite également le respect, dans un style différent. Et d’ailleurs, ta question ne veut rien dire, car il y a d’énormes différences entre Baulmes et Le Mont, qui ne sont pas deux clubs semblables, loin de là, portés par deux personnes qui connaissent bien mieux le football que toi et moi.
Oui, j’avoue, je t’ai posé cette question pour te chauffer, ça n’a pas manqué. (Je me marre, lui aussi.) Tu suis une dizaine de matches de foot régional par semaine. La Ligue des Champions et ses paillettes, ce n’est donc pas pour toi ?
Pour répondre à ta question, ce soir je vais aller voir Dardania – Gland, mais en rentrant, je vais regarder le résumé de Real – Dortmund. J’aime les deux, mais avec une nette préférence pour le football régional. Et je préfère la Champions League depuis la réforme Platini, même si je suis nostalgique de l’attelage C1-C2-C3.
Alors que le football de ce canton est toujours très populaire, pourquoi le Lausanne-Sport souffre-t-il d’une telle indifférence de la part du public vaudois ?
A cause de la concurrence du football étranger. J’ai 30 ans, mais je suis déjà un vieux con. Je comprends les gens qui passent leur après-midi devant Canal + Sport, même si je le regrette bien sûr. Aujourd’hui, tu regardes Arsenal – Manchester City et après, si tu vas à La Pontaise, tu verras, disons, un autre football. C’est dommage, mais je suis convaincu que la télévision est en train de flinguer notre football d’élite. Mais bon, je suis vraiment pas un expert de ce genre de choses, il y a sûrement de meilleures théories. Et je trouve que l’accueil à La Pontaise n’est pas optimal. Je suis allé à Sion et à Thoune cette année pour voir des matches de Super League. Dans les deux cas, ça donne beaucoup plus envie d’y retourner que d’aller à Lausanne.
Aujourd’hui, si on est un joueur de foot vaudois de petites ligues et qu’on ne connaît pas Tim Guillemin, c’est qu’on vient de passer 5 ans sur la Lune, non ?
En tout cas, personne ne se rappelle de moi comme joueur, mises à part quelques chevilles adverses ! Pour répondre à ta question, bien sûr que j’ai encore beaucoup de boulot pour me faire connaître, surtout hors du Nord vaudois. Ça va venir.
Tu as été l’un des piliers de l’aventure CartonRouge.ch, comment juges-tu l’évolution de notre site ?
C’est vrai que j’ai aimé y participer, avant de devoir renoncer après avoir été embauché à 100% par La Région Nord vaudois. J’aime toujours CartonRouge.ch, j’y vais souvent, mais je ne m’intéresse qu’au foot, donc je passe un peu vite sur le reste. J’apprécie y lire des points de vue que je ne vois nulle part ailleurs. Au début, je me dis toujours «Comment osent-ils dire ça, c’est n’importe quoi !». Et après un petit moment, je me dis souvent qu’il y a quelque chose à en retirer au niveau de mes réflexions personnelles.
Ne serait-il pas possible de te cloner pour relancer notre rubrique foot régional ?
Je te propose déjà de garder Julien Mouquin. Il est 100 fois meilleur que moi, 50 fois plus sympathique et boit 20 fois plus de bières. Ça fait trois bonnes raisons de le cloner, lui ! Bon, je dois quand même avouer que je jouais mieux au foot que lui… Pis pourtant, j’étais pas très fort !
Un dernier mot pour conclure ?
J’espère simplement qu’il y aura le plus de monde possible autour des terrains vaudois pour partager ma passion.
Merci Tim et pleine réussite à www.footvaud.ch !