PORTUGAL : Le Lusitania coulera encore de nouveau !

Le Portugais se qualifie. Souvent. Parfois par les poils – ce qui n’étonnera personne – quelquefois avec panache – ce qui est aussi une forme de pilosité quoique plus noble. Mais, une fois la porte d’entrée des grands tournois ouverte, il se prend les pieds dans la moquette et repart, le cheveu triste malgré des coupes improbables qu’il rasera en un geste ordalique de contrition. C’est quand il s’efface qu’il s’épile. Alors que s’il gagnait une coupe…

1. Pourquoi ai-je choisi de présenter cette équipe ?

D’abord parce que, pour l’essentiel, ce sont eux qui ont construit les stades de l’Euro. Et puis ensuite, parce que j’ai comme une espèce de passion pour les losers. Et parce qu’il y a le 7. Et que lui, mais alors lui, j’ose même pas vous dire les boutons qu’il me donne. Surtout depuis qu’il joue avec l’autre, là : Ben Eczema.

2. Comment se sont-ils qualifiés ?

L’Albanie les dégomme à la maison. Ça plait pas trop du côté de Lisbonne et, du coup, Bento est albanni et remplacé, fallait oser, par un entraîneur qui vient de se choper huit matches de suspension : Santos, avec lequel tout change. Avec Bento, zéro mais avec Santos, vamos ! Les pelés reviennent en masse. 7 victoires de rang pour finir largement premiers de leur groupe avec sept points d’avance. Remarquez : sortir premier d’un groupe de semi pinces : pas de quoi, comme l’eut fait  Onan, se frotter la lampe en criant au génie. 11 buts marqués, 5 encaissés, un peu rikiki quand même pour des gominés prétentieux.

3. Quelles sont les chances de les voir soulever le trophée ?

Aucune ! il y a comme une impossibilité crasse de se sublimer dans les grands rendez-vous. Même le Grand Portugal d’Eusebio n’y était pas parvenu et Dieu sait que l’Eusebio en question avait d’autres qualités que ses pâles copies d’aujourd’hui. Régulièrement, les stars lusitaniennes s’effondrent face à la pression. En 66, autour du Mozambicain, il y avait une équipe qui sentait le grand Benfica agrémentée de quelques coupe-jarrets qui n’hésitaient pas à fracasser des jambes pour faire passer le concept mais l’échec, pour étonnant qu’il fut, fut. Aujourd’hui, c’est de bric et de broc, articulé autour du gars qu’on cherche tout le temps et qui a pris la mauvaise habitude de se louper à chaque fois que ça compte vraiment. Ajouterais-je que la moyenne d’âge de l’équipe est un critère d’essoufflement non négligeable même si Santos privilégie, dit-il, la qualité, refusant de parler de « vieux ».

4. Présente-nous la star de l’équipe

Triple ballon d’or, adepte inconditionnel du casque gominé, adoptant régulièrement la position du V inversé comme s’il pissait de plaisir à chaque coup-franc mais capable, parfois, de modifier le cours d’un match à lui tout seul, CR7 se vautre lamentablement dans les grands tournois. Inexistant en coupe du monde, absent dans les Euros (pas ceux qu’il touche, le bougre), pleurnichant comme une grande fofolle quand il perd, ne sauvant sa finale de champion’s league que par un tir de pénalty dont la transformation (contre un gardien qui n’a pas bougé une seule fois) le vit, consentant, se faire bécoter par Pepe pendant de longues minutes comme s’il était le sauveur (dans Christiano, y a Christ et dans Christ y a no), Ronaldo est à la victoire nationale ce que Schneider-Ammann est à l’humour. Sauf que Schneider-Ammann, lui, il est drôle. Et puis je suis contre l’épilation intégrale des mecs. Voilà !

5. Quel est le joueur qui va nous émerveiller

Y a un chtigars qui me botte (en touche) un max : Rafa Silva. Il aurait pu choisir un autre patronyme, ne serait-ce que par respect pour les inconditionnels de Federer mais il a deux choses qui me branchent un max : il est vif et il est jeune. Je le vois très bien, pour autant que l’équipe, à chaque sortie de zone cesse de chercher l’autre, réussir un grand tournoi. Capable de déséquilibrer n’importe qui n’importe quand, doté d’une excellente vision du jeu, le milieu de terrain de Braga pourrait bien être la révélation portugaise de cet Euro. Si on veut bien regarder ailleurs que du côté de Machin7.

6. Quel est le joueur qui va nous faire rire ou pleurer, peut-être même pleurer de rire ?

Mais Cézigues7, bien sûr. Sans le Gallois à catogan et sans l’Algérien maître-chanteur, sans ceux qui font tout le boulot derrière lui en club pour qu’il puisse marquer dans la cage vide, qu’est-ce qu’elle va bien pouvoir nous faire, la gravure de mode aux abdominaux qui font rêver ma concierge ? Je sens qu’on va s’amuser. Surtout quand il va se mettre à en vouloir aux autres. Je parle de ses coéquipiers, bien sûr.

7. C’est quoi leur philosophie de jeu

Je récupère le ballon, je regarde où il est et j’essaie de le lui donner. Et puis on recommence. Un jeu Christianocentriste, Ronaldodépendant. Même si le reste de l’équipe sait bien qu’il faudrait faire différemment, on continue. Pour peu qu’il se marche sur la moquette, plus rien ne fonctionne. Et ce n’est pas cette année que ça va changer. Il est cuit, le génie. Fusillé après une longue saison. La Seleçao l’attend, lui qui a pris quelques jours de repos supplémentaires. Il va devoir intégrer une équipe qui a commencé à se construire sans lui. Mais comme de toutes les façons, le fond ne changera pas, on va retrouver un collectif aussi efficace que le curare contre les maladies vénériennes.

8. On parle du foot portugais, mais il ressemble à quoi le championnat portugais ?

Le championnat portugais est comme le championnat suisse : sauf qu’au Portugal, à la place d’avoir Bâle (qui joue au Real comme chacun le sait) ils ont Benfica, Sporting et Porto qui jouent contre les autres pour gagner à la fin. 18 équipes se disputent (ce n’est pas un jugement de valeur) le titre : 3 vraiment et, donc, 15 autres qui essaient de se hisser à la quatrième place. Benfica est LE club du pays avec 35 titres et 27 places de vice-champion.

9. Mais au fait, c’est qui la personnalité portugaise  la plus célèbre dans le monde ?

Dirais-je que, passant sur les explorateurs tels que Vasco de Gama, Cabral, Henri le Navigateur, Magellan (qui, avant d’être un des quatre fut un des trois), nous avons Amalia Rodrigues qui fut la plus grande chanteuse de fado. Le fado, comme son nom ne l’indique pas, est une discipline musicale dans laquelle l’interprète vous bassine pensant trois heures en vous racontant des choses d’une tristesse qui si tu ne t’es pas suicidé à la fin c’est que tu ne comprends pas le portugais et ce sur deux notes fa-do qui, outre le fait qu’elles constituent une quarte sont particulièrement chiantes sauf dans les boîtes à Fado d’Al Fama, au cœur du vieux Lisbonne, où tu te dis que t’aurais bien voulu naître Portugais tellement c’est beau (je sais, c’est contradictoire. Et alors ?) Et, bien sûr, il y a CR7 qui est, sur le plan footballistique ce que le CRV est pour Honda : une espèce de tout terrain.

10. Fais-nous rêver avec le Portugal, mais dans un autre sport…

Le rink hockey ! T’en veux du rêve, en voilà ! L’équipe du Portugal est la plus titrée au monde. Faut dire aussi qu’il n’y a que trois championnats professionnels : Espagne, Italie et Portugal. Le rink hockey se joue avec des pantins à roulettes, des Espagnols, des crosses, des Italiens, des coquilles, des Portugais et des protège-tibias. Des fois d’autres les rejoignent pour faire un championnat du monde avec 16 équipes et c’est les portugais qui gagnent. C’est tout.

11. Au fait ça mange et ça boit quoi les portugais ?

Dans son livre « Cozinha Tradicional Portuguesa » Maria_de_Lourdes_Modesto (y aurait pas eu cet article à écrire, je ne l’aurais jamais su) a répertorié près de 800 recettes de cuisine portugaise. C’est dire la richesse de la table lusitanienne. Bien sûr. Il y a le bacalhau, décliné de multiples façons, en accra ou en plat mais encore les feijoada, les arroz. Affleurant les pas de loin de 100 kilos, le soussigné s’est bien gardé de tout déguster mais, se renseignant plus avant sur les tenants et les bouts qui sentent de la cuisine de là-bas, s’est laissé dire qu’on délivrait, au Portugal, à tout apprenti désireux de devenir chef, un bacalhau-réat. Et il y a les vins ! de pures merveilles sans parler du Porto ou du Madère qui font la joie de mes rentrées crépusculaires.

12. T’as quelque chose à rajouter ?

Ouais ! Dans le fond, je l’aime bien, CR7. Quoi que…

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