C’est l’été…

L’été est une bien belle saison pour le sportif assidu (plus assis que du, d’ailleurs) que je suis : il y a Vain Bledon (où lifter ou couper les balles est moins onéreux qu’en chirurgie esthétique), le Tour de France (surtout les étapes de plat hautement favorables aux siestes post-prandiales), les éliminatoires des coupes d’Europe (même s’il y a un club valaisan au jeu aussi élaboré qu’un litre d’eau en cuisson lente), les meetings de la Diamond League (dont les seuls records sont ceux d’affluence), les championnats du monde d’athlétisme (dont on peut craindre que les résultats soient aussi enthousiasmants que lors de la réunion internationale d’Oberemptigen-Banhof), le championnat d’Europe de foot féminin (où la Suisse peut regretter d’avoir engagé une gardienne manchote), bref, on vit par le menu un florilège d’événements de tous poils captivants au plus haut point, notamment lorsque la température rend la lecture du « Voyage au bout de la nuit » aussi attractive qu’un festival de claquettes à la soirée de l’amicale des cul-de-jatte. Sans oublier les championnats de natation et leur brasse-band.

L’été, il y aussi les festivals, notamment Paléo (où les basses sont si fortes qu’un de mes potes a retrouvé son pacemaker entre ses testicules) qui nous offrent une pléiade d’artistes magnifiques qui, au contraire des sportifs préalablement évoqués, ont le droit de s’enfiler des trucs pour améliorer la performance.

L’été, encore, il y a les longues soirées cocktailisées sur les terrasses, face au lac, avec glaçons à fonte rapide, les jolies dames qui allègent leur tenue avec grâce et élégance, prêtant aux regards amusés des vieillards lubriques le doré éphémère de leur bronzage, les messieurs aux pantacourts dévoilant des mollets blancs et glabres et des pieds aux chaussettes militaires enveloppées dans leur sandales à bride, le rosé fripon à la goutte aventurière pérégrinant sur la buée et donnant au regard la fraîcheur qui manque au corps.

L’été, il y a la reprise du championnat de foot, des équipes pour lesquelles certaines choses ont changé et d’autres chez qui hier ressemble à demain. L’été, il y a du ski nautique, sport de détente (forcément puisqu’il y a des cons tractés).

L’été, on se dit que, compte tenu de la masse inouïe des choses qu’on nous propose, on va s’éclater, qu’on va se régaler de tous ces spectacles magiques, qu’on va décoller de son Chesterfield, les bras levés, la paupière mouillée de cette émotion instinctive qu’offre la prestation de choix. Et puis … RIEN !

À force de tout vouloir maîtriser, de multiplier les choses juste pour engranger du bénéfice, à assister à des non-événements, on finit par tellement s’emmerder qu’on se réjouit du prochain « Femme Actuelle » pour vaincre une gigagrille de mots fléchés. Ben, perso, j’en ai un peu plein le séant de tout ça. Le foot devient chiant, le tennis (bon d’accord Federer a gagné mais l’autre était sur une demi-patte), voilà ! On finit par ne plus s’intéresser qu’au prix des transferts de quelques hurluberlus, à l’attribution, pour des raisons économiques, des prochains JO, des enquêtes pour fraude fiscale ouvertes contre des benêts surpayés.

Mon Grand-Père, auquel je voue un culte absolu et qui, en son temps, avant qu’il ne décède d’autre chose, avait connu deux guerres, avait pour habitude de dire, lorsqu’il éprouvait une rancœur ou une contrariété : « Foutez-moi ça dehors ». Il l’eût dit dans les circonstances que j’évoque et il eût eu raison.

Mais bon, c’est l’été : le temps des jupettes frivoles, du dolce farniente sur les terrasses. Quoi que… Je vous quitte, il y a Autriche-Danemark à la télé.

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