Ça sent le Russie…

Quand on voit ses derniers résultats dans les grandes compétitions, on se dit que la Russie n’aurait sans doute pas pris part à cette Coupe du Monde si elle n’avait pas été le pays hôte. D’ailleurs, seule l’Arabie Saoudite est moins bien classée en termes de pays qualifié. Pourtant, le célèbre indice FROTI pronostique une 10ème place finale. La rigueur scientifique de cet outil  aura-t-elle donc raison de la réalité du terrain ?

Pourquoi j’ai choisi de présenter cette équipe ?

En tant que petit nouveau débarqué à quelques deux mois du début de la Coupe du Monde, autant te dire tout de suite que toutes les présentations étaient déjà attribuées. Conscient de mon impatience à pondre un article, le grand manitou Martin se démène pour me trouver un pays à glorifier. Il me dégote la Russie, que j’accepte avec plaisir. Qu’on se le dise, je ne pouvais rêver mieux! Il y a tant de choses à dire sur ce beau pays. Pas forcément au niveau footballistique, d’ailleurs, en y réfléchissant…

Comment se sont-ils qualifiés ?

Grâce à Poutine et son bifton! En tout bien tout honneur, pardi! Ils se sont qualifiés d’office grâce à leur statut de pays hôte de la compétition, après avoir remporté la procédure d’attribution haut la main. Ou plutôt « haut les mains »!  #bulatchagaev

Suite aux nombreuses controverses, notamment pour ce dossier de 2018 et celui de 2022 au Qatar, la FIFA a décidé de réagir et de mettre sur pied une réforme concernant la procédure d’attribution de la Coupe du monde 2026. Pour plus d’équité et de transparence, du moins en théorie…

Quelles sont les chances de les voir soulever le trophée ?

D’un point de vue purement sportif, sans doute autant que de voir un jour Jo-Wilfried Tsonga triompher dans un tournoi du Grand Chelem ou, pire encore, que son jeu d’acteur soit crédible dans une de ses fabuleuses pubs pour une barre chocolatée. Mais tout cela n’est pas vraiment « bon enfant »…

Pour rappel, la Russie n’avait pas franchi la phase de groupe lors de la dernière Coupe du Monde, terminant 3ème derrière la Belgique et l’Algérie avec deux petits points au compteur. Lors de l’Euro 2016, ils avaient ensuite réussi l’exploit de finir dernier de leur poule avec une seule unité engrangée.

Après, niveau castagne et hooliganisme, ils partent grands favoris. Ils l’ont clamé haut et fort et en ont déjà fait la démonstration lors du dernier Euro…

Présente-nous la star de l’équipe.

La plupart des joueurs actuels évoluent dans leur championnat national. Ceux qui jouent hors de leur terre se comptent même sur les doigts d’une main. Le plus capé d’entre eux, également capitaine de la sélection, est le gardien Igor Akinfeev. Le joueur historique du CSKA Moscou a pourtant été désigné par certains médias comme le pire portier de l’histoire de la Ligue des Champions, rien que ça. La raison ? Son nombre invraisemblable de matchs sans avoir réussi le moindre clean-sheet. Il a ainsi aligné une série de 43 matchs, durant 11 ans, dans la plus prestigieuse compétition, sans être parvenu à conserver sa cage inviolée. La grande classe! Malheureusement pour lui, tous ses efforts pour poursuivre sur cette belle lancée ont été anéantis en novembre dernier suite à une rencontre qui s’est soldée par un 0-0 contre le Benfica de… Haris Seferovic. Ah bah oui, évidemment ! Tout s’explique. Mais qu’Igor se rassure, il ne devrait pas croiser la route du champion du monde M17 en Russie. Le décor est néanmoins posé !

On parle du football russe, mais il ressemble à quoi le championnat de Russie ?

Autant te le dire tout de suite, car c’est le premier truc qui m’a fait tilt en regardant le classement au moment où j’écris cette présentation : le Lausanne-Sports serait sans aucun doute premier de ce championnat ! Vraiment ? Bah oui, le Lokomotiv Moscou y figure en tête… Tu ne vois toujours pas la logique implacable qui se cache là-derrière ? Le club vaudois a sorti les Moscovites en 2010, au terme d’une séance de penalty mémorable qui lui a permis de se qualifier pour les phases de groupe de l’Europa Ligue, le tout en étant en D2. Bien que j’ai toujours été nul en mathématique, la preuve scientifique est faite : le LS est meilleur que le Lokomotiv. (Cet article a été écrit il y a un mois, le doute est permis aujourd’hui…)

Maintenant que j’ai parlé du grand Lausanne (ça, ça ne change pas), on peut revenir au sujet principal. De toute façon, il n’y a rien de très original à dire sur le format du championnat, qui est des plus classiques: 16 équipes, 30 journées et à la fin c’est souvent un club de la capitale qui gagne ! Depuis la création en 1992 de la Première Ligue russe de football (RFPL), après la dissolution de l’URSS, les équipes moscovites ont glané près de 3/4 des titres: 10 pour le Spartak, 6 pour le CSKA et 2 pour le Lokomotiv. Seuls le Zénith St-Pétersbourg (4) et le Rubin Kazan (2) font de la résistance. Le dernier trophée a été distribué en 1995 au Spartak Vladikavkaz, qui évolue désormais en 3ème division…

Au fait, c’est qui la personnalité russe la plus célèbre du monde ?

Staline, un homme responsable de la mort de plus de 20 millions de personnes, selon certaines sources. Faut pas s’étonner d’être mauvais au foot après, quand t’as exterminé près de trois fois l’équivalent de la population actuelle de la Suisse… Parce que dans le lot, il y avait sans doute quelques pépites aux gènes archaviniesques.

Bon, Poutine est également dans le coup pour prétendre au trophée du russe le plus célèbre, lui qui vient d’être réélu à la présidence pour un quatrième mandat, le tout avec plus de 3/4 des voix en sa faveur. Une victoire acquise dans les règles de l’art, un peu comme l’obtention de cette Coupe du Monde.  Avec sa technique digne de Pierre Ménès, autant te dire qu’on va se régaler si l’équipe de Russie est à son image.

Fais-nous rêver avec la Russie, mais dans un autre sport…

A la base, j’hésitais entre le hooliganisme, le dopage, et la descente de vodka dès le biberon. Puis je me suis dit que c’était hyper réducteur de résumer la Russie à ça. Donc au hasard, je me suis dit qu’on pourrait parler de curling. Et… euh… pourquoi pas du double mixte, nouvelle discipline des derniers Jeux Olympiques ? Après tout, les Russes, pardon les athlètes olympiques de Russie, ont brillé grâce à la belle Anastasia et son compagnon Aleksandr ! Ils ont même remporté le bronze en battant les Norvégiens dans la petite finale. Vraiment ? Oui, oui, si l’on fait abstraction du fait que le curleur a été contrôlé positif au meldonium, produit qui a également valu une suspension à une certaine Sharapova. Tiens, elle est de quel pays déjà Miss Sugarpova ? Bref, la Russie et le dopage, une belle histoire d’amour. Ça ne leur avait pourtant pas suffi à battre la paire suisse constituée de Jenny Perret et Martin Rios. Faudrait peut-être revoir l’efficacité des produits…

Au fait ça mange et ça boit quoi les Russes ?

Pour accompagner le mets principal, la vodka, les Russes mangent toutes sortes de choses : des soupes aux noms bizarres, du caviar, de la viande, du poisson, des trucs farcis. Au niveau breuvage, on peut également signaler l’existence du sbitegne ou des kvas. C’est kvas ça ? Une boisson nationale fermentée et alcoolisée, souvent aromatisée aux fruits.

Mais bon, revenons-en à la vodka. Car un article sans en parler ne serait pas digne de ce pays. Il faut savoir que c’est un véritable fléau en Russie. Selon les statistiques, son usage abusif conduit au décès de plus de 500’000 Russes chaque année. Le gouvernement a ainsi mis sur pied des politiques de restriction pour tenter de résoudre une partie de ce problème de santé publique. Il se murmure d’ailleurs que Gérard Depardieu a, depuis, demandé à changer de nationalité.

On tient peut-être là une autre cause du niveau relativement médiocre du football russe. Pourtant, les Norvégiens ont prouvé que les deux n’étaient pas incompatibles !

Une coutume surprenante de ce pays ?

Les dashcams ! Ces petites caméras placées à l’avant de la voiture qui filment tout ce qui se passe sur les routes en Russie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’en passe des choses étranges. Les nombreuses vidéos de compilation que l’on peut trouver sur le net sont là pour en attester. Si tu as du temps à perdre, tu peux aller vérifier.

Outre le fait qu’elles nous offrent de belles perles, ces caméras sont utilisées pour éviter les arnaques et la corruption policière en cas d’accident. Pas bête. Les instances du football pourraient peut-être s’en inspirer…

Ton pronostic ?

En match d’ouverture, Igor Akinfeev fête un superbe blanchissage en résistant aux offensives des redoutables attaquants de l’Arabie Saoudite. Malheureusement pour lui, ses coéquipiers ne trouvent pas non plus le chemin des filets adverses. Score final: 0-0, pour bien débuter cette Coupe du Monde. Puis, face à l’Egypte, les Russes obtiennent un autre point en égalisant en fin de rencontre, avant de se prendre une petite claque, ainsi qu’une morsure, de la part de Luis Suarez et de l’Uruguay. Ce n’est pas suffisant pour poursuivre leur route, ils terminent 3ème avec deux points au compteur, comme en 2014.

Bon, pour que ce pronostic soit réalisable, il faudrait déjà que le pays hôte puisse aligner une équipe ! Ce qui est loin d’être acquis, car ni plus ni moins que l’intégralité des joueurs russes présents au Brésil en 2014 est soupçonnée de dopage institutionnalisé. Tout ça pour terminer derrière l’Algérie… Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? L’AMA pourrait d’ailleurs tirer profit de cette histoire pour lancer sa prochaine campagne antidopage, avec un slogan du genre: « A quoi bon se doper si même avec ça tu n’es pas foutu de battre la Corée du Sud et l’Algérie ? »