On ne sera pas champions du Monde

Tout le monde s’accordera à dire que c’était un match pouilleux. Un terrain immonde, une météo ignoble, des actions gâchées et un sauvetage arraché en fin de match. Mais le 1er décembre prochain, au moment du tirage au sort pour la Coupe du Monde 2018, personne n’y pensera plus. Sauf les Nord-Irlandais.

Le voyage promis a été une déception. Un peu comme si vous partez à Prague en week-end avec des potes, vous disant que ça va être la plus grosse noce de votre vie mais que tous les soirs vos potes sont en fait crevés de leur semaine et veulent aller se coucher à 23h. Alors c’est sympa quand même, vous avez fait des bons restos, de jolies balades mais ça n’a pas été le festival de la débauche dont vous vous réjouissiez. Au lieu de la fête du football qui allait amener à la qualification pour la Russie, on a eu droit à ce 0-0 qui a laissé un peu pantois dimanche.

Dans quelques années, on ne retiendra de tout ça que le parcours de la Suisse en Russie, quel que soit ce parcours. On oubliera sans doute ce match compliqué et inquiétant. On oubliera que le seul but marqué en deux matches l’a été sur un penalty litigieux qui prend toute sa dimension depuis la partie d’hier. On trouve soudainement les Nord-Irlandais un peu moins chialeurs. En soi, la Suisse n’a même pas livré une si mauvaise prestation. Elle a quand même fait au mieux sur un tas de boue digne d’un terrain d’entraînement du FC Yvorne. Si on avait joué en Géorgie sur cette pelouse, on aurait parlé d’un « terrain indigne pour jouer au football ». Impossible de pratiquer un bon jeu au sol quand les joueurs se retrouvent à courir et se passer la balle comme s’ils avaient des talons hauts. Pour le stade Saint-Jacques ça commence à faire beaucoup, parce que ce n’est largement pas la première fois qu’on voit Bâle ne pas supporter de mauvaises conditions météo.

La Suisse avait pourtant sorti son nouveau joli « trikot » avec les courbes de niveaux dessinées dessus qui fera le bonheur, dans 20 ans, des classements « les pires maillots des années 10 ». Mais au delà de la performance pas glorieuse livrée par les hommes de Vladimir Petkovic hier, ce serait un gros manque de respect de pleurnicher par égard aux Nord-Irlandais qui, eux, aimeraient bien être à notre place, même grâce à un penalty tout dégueu. À part ça, les irlandais sont tristes et c’est très bien. Ils composent de belles ballades, les irlandais tristes (©Bertrand Jayet).

Suffisants comme des coqs

On reproche bien assez souvent à nos voisins français ou allemands de se voir comme les lumières du monde pour ne pas nous-mêmes nous foutre deux trois tartes dans la gueule bien méritées de temps en temps. L’arrogance dont tout le monde a fait preuve dans le pays avant ce match, que ce soient les joueurs, les médias, carton-rouge.ch ou les simples supporters, a failli nous coûter un moment bien humiliant. Deux jours avant, on était déjà persuadés que c’était bouclé easy. Là, ça été terriblement plus compliqué que prévu. L’Irlande du Nord s’est sortie les avant-bras qu’elle avait mis à l’intérieur de son cul et a réellement tout donné malgré ses moyens aussi limités que le sex appeal de Guy Parmelin dans sa jolie veste rouge. Et la Suisse ne sait plus marquer depuis trois matches hyper importants. Et ça c’est un peu grave.

Des sifflets et des problèmes

Haris Seferovic s’est offusqué des (quelques) sifflets qui ont accueilli sa sortie du terrain. On peut le comprendre. Mais on peut aussi être d’accord avec une partie du public qui n’a pas forcément envie de fermer sa gueule quand il assiste pendant une heure et demie au triste spectacle d’un attaquant qui loupe tout avec un brio déconcertant. Même si ses yeux humides, après le coup de sifflet final, nous rappelle qu’il ne s’agit que d’un gamin de 25 ans trop gâté, on ne peut pas avoir de pitié pour ses catastrophiques prestations devant la cage. Il n’y a qu’une constatation à faire, il n’a pas le niveau.

Mais il y a aussi Dzemaili, un fantôme qui a oublié qu’il avait des jambes. Si ce n’était pas, hier, son crépuscule de joueur international, on se demande si l’on devra attendre qu’il demande lui-même d’arrêter, par la honte qu’il ressentira d’entrer sur un terrain. Pour en revenir à du positif, parce qu’une qualification à la Coupe du Monde c’est tout de même une chance incroyable, je laisserai les mots de la fin à deux penseurs de notre époques dans un dialogue échangé par messages. Des pensées qui en peu de mots résumeront mille paragraphes à se poser des question sur ce qui s’est passé et se passera:

– Mais qu’est-ce qu’on irait foutre en Russie ? On est nuls.

– Les autres ne sont pas meilleurs. Autant que ce soit nous. (Yves Martin, 12 novembre 2017, 19h46)

– On a le niveau coupe du monde comme le Panama, l’Islande, le Maroc, l’Arabie Saoudite… (Julien Echenard, 12 novembre 2017, 20h46)

A propos Robin Chessex 70 Articles
...

Commentaires Facebook

2 Commentaires

  1. Merci pour votre analyse de fin éclairée concernant Seferovic et Dzemaili ! A en lire les journalistes, à en écouter Petko et Gillieron, c’est le public qui est à blâmer et qui est mauvais ! Une chose est sûre, allons en Russie avec ces chèvres et on sera de retour en Suisse assez rapidement !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.