On aurait voulu un feu d’artifice, enlever nos habits après un 5-0 qui promettait une Suisse invincible, s’apprêtant à marcher sur tout le monde jusqu’en finale, notre confiance à bloc. Et pis, non. Ça s’est fini à la Vaudoise, avec un état d’esprit « oh, on est un peu déçus mais on est contents ». Mais la Suisse est en huitième, c’est magnifique car il y a quelques mois, ce n’était pas acquis du tout.
Le match en deux mots
Le match de merde par excellence. La gestion de la fine frontière entre la confiance et la suffisance. Celui qui, lors du tirage au sort, était synonyme de victoire obligatoire et, après deux jours miraculeux, devient un match simple où il ne faut pas perdre (et ça devrait être facile). Tout pue le fumier dans un sac plastique. Et ça n’a pas loupé, c’était pas si mal, mais décevant, mais le minimum, mais nul à chier, mais pas si mal. Une misère glorieuse. On a bandé comme dans un club de strip-tease où les danseuses vous interrogent sur votre voc d’allemand. Mais de nouveau, on est en huitièmes. On n’a juste pas klaxonné.
L’homme du match
Mon Dieu mais qui ? Hier, l’homme qui m’a donné le plus de plaisir était Vincent Duluc (merci de ne pas arrêter la lecture de cette phrase à cette étape) et son article dans L’Equipe sur France-Danemark. Une merveille d’agacement si drôle. Le mec était vénère et a sorti la collection de bonnes formules. On devrait le prendre à Carton-Rouge. Sinon j’étais quand même bien content de voir Drmic, mon attaquant préféré de la Nati, entrer, faire une latte et mettre un but. Il était aussi vachement super.
| Pos | Équipe | P | W | D | L | F | A | GD | Pts |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1 |  Brésil | 3 | 2 | 1 | 0 | 5 | 1 | 4 | 7 |
| 2 |  Suisse | 3 | 1 | 2 | 0 | 5 | 4 | 1 | 5 |
| 3 |  Serbie | 3 | 1 | 0 | 2 | 2 | 4 | -2 | 3 |
| 4 |  Costa Rica | 3 | 0 | 1 | 2 | 2 | 5 | -3 | 1 |
La buse du match
Les chaises. Saloperies de chaises. Déjà qu’il n’y en avait pas assez sur la terrasse de « La Bohème », où nous regardions ce chef-d’œuvre footballistique, mais en plus c’est très agaçant d’avoir le cul entre deux. On ne sait pas si ce n’est pas grave que la Suisse soit qualifiée mais ait livré ce match tout pourri presque sans enjeu, si c’est une bonne leçon pour ne pas se croire trop fort, si c’est un coup de boule dans la confiance… pis en même temps la Suisse reste invaincue et a fait le boulot. Pis en même temps c’est le Costa Rica… bref, quelle bande d’immenses connasses ces chaises.
Le tournant du match
Le but de Kim Young-Gwon face à l’Allemagne. Un victoire coréenne qui fait se dire, avant que la Suisse n’entre en jeu, que se foirer au dernier moment serait bien davantage qu’une terrible déconvenue. La Suisse peut se faire démonter par la Suède, on ne sait jamais. Mais ne pas saisir l’opportunité d’aller à un huitième face à un adversaire pareil, alors qu’on nous promettait, au mieux, une Allemagne future championne du monde depuis des mois, aurait été le berceau de regrets éternels. Bon d’un autre côté le Brésil a gagné donc heu… AH MAIS QUELLES GIGANTESQUES CONNES CES CHAISES !
Le geste technique du match
L’inénarrable Marco Reymond a plus d’un tour dans son sac. Débordé par le nombre de gens venus voir le match dans son bar, il a trouvé la bonne combine de faire travailler les enfants de ses clients pour prendre les commandes et amener les bières. Une idée de système économique extrêmement habile. Les enfants c’est rapide, ça se faufile partout pour amener des chopes et si on leur donne 10 balles pour une soirée de boulot ça croit que c’est riche. On devrait y penser plus souvent. Xi Jinping likes that.
Le geste pourri du match
Se prendre un but quand le ballon rebondit sur son dos lors d’un penalty a fait marrer tout le monde. C’était le gag du siècle. Sommer souriait l’air de dire « ach so lustig », Petkovic le regardait en mode « ah mais toi alors», c’était si super. Mais il serait encore plus super qu’ils ne prennent pas goût à cet humour par la suite. Je veux bien que la Suisse était qualifiée mais bon…
L’anecdote
« Et là, il a dit que c’était parce que c’est moi qui avais tout dit mais en fait c’était parce que j’avais pas vu parce que j’avais dit que je préférais Ronaldo que Messi mais que c’était Noam qui avait triché… », un serveur de Marco, durant la soirée.
CONNAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAASSE !
Et sinon dans les tribunes ?
Devant nos écrans, une espèce de bizarre impression de forcer le trait. Avec le Brésil en train de gagner 2-0, la Suisse était de toute façon qualifiée. Cela change l’intensité et même se prendre un penalty en toute fin de match n’est pas bien grave. On ne se reconnaît pas. Vous avez l’impression d’être comme ces gens qui font semblant de s’intéresser au foot parce qu’ils sont en votre présence et que c’est « le Mundial » et qui surjouent leurs émotions tout en distillant des analyses exaspérantes auxquelles vous essayez de ne pas répondre afin de ne pas continuer cette discussion qui risquerait de finir sur des révélations fascinantes comme « tu sais qu’on dit « manger des marrons » mais en fait on mange des châtaignes, les gens disent faux en fait, tu vois ». Après difficile de nous en vouloir, même les joueurs s’en foutaient.
La minute Pierre-Alain Dupuis
On veut pas lui foutre la paix à ce pauvre Pierre-Alain Dupuis ?
La rétrospective du prochain match
Je n’ose y penser. On a tant de raison de ne pas avoir le droit de perdre ce derby des SW. Ne serait-ce que pour les derniers mondiaux de hockey. Ne pas saisir cette opportunité serait si affreux après toutes ces années. Non, ce n’est pas pareil pour la Suède. Déjà, ils n’étaient pas là aux deux dernières Coupe du Monde. Et j’en peux plus de ce modèle sociétal parfait fait d’aménagements non offensants et de maison en bois javelisé. Mardi toute une nation aura les yeux rivés sur ce match pour les voir perdre. Toute une nation aura le cœur rouge et blanc. Sera prête à hurler sur chaque but de Shaqiri ou Lang. Toute une nation sera prête à exulter. Putain, qu’est-ce que j’aime l’Italie.
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