On a la banane à Split

Finale d’un bas de tableau décimé dès les huitièmes de finale et promis à l’Espagne le temps de quelques heures, ce CroatieAngleterre a offert un duel d’outsiders plein de suspense. Cependant, sur la chatroom comme dans beaucoup de bistros de Suisse Romande, la question sur toutes les lèvres était de savoir laquelle des deux équipes avait le plus de chance d’empêcher une victoire de la France dimanche. Vu l’état de fatigue dans lequel doivent être les damiers galopant, autant dire que la femme de Dédé doit sacrément profiter d’être seule à la maison depuis un mois et demi.

Le match en deux mots

Une première mi-temps que le 11 anglais a attaqué de la même manière qu’un de leur compatriote déguille sa première ale du week-end avec, entre deux gorgées, un maître coup franc d’une des belles révélations de ce Mondial, Kieran Trippier. Cependant, après ce but, les Anglais ont été aussi efficaces devant le but qu’ils le sont en essayant de draguer une charmante barmaid à Magaluf. Les hrvatski ne se sont pas affolés, même s’ils ne doivent leur salut face à la vitesse de Sterling qu’à la maladresse de ce dernier.

En seconde période, le match est devenu un peu plus haché et il a fallu une inspiration assez géniale, quoique limite, de Perisic pour égaliser. A partir de là, la Croatie se montrait plus dangereuse mais les Anglais ne baissaient pas la garde (royale). Néanmoins, pour rendre hommage à leurs supporters jusqu’au bout, les britons ont eu de plus en plus de mal au fil de la soirée, ramassant les vagues slaves telles les tournées au Cavern Pub et finissant par débarquer dans les prolongations en titubant, terminant même la nuit avec un gars de moins qu’au moment où ils l’avaient commencée. Eh oui, la soirée était belle et bien finie car le toujours dangereux Mandzukic, que notre duo Made In RTS donnait perdu pour le foot quelques secondes plus tôt, avait trouvé le moyen de tromper la vigilance de l’excellent portier adverse. Chou blanc pour les rosbifs, donc.

L’homme du match

Comment ne pas nommer Ivan Perisic ? L’ailier de l’Inter, anti-héros par excellence mais toujours très bon sous le maillot à damier, a réalisé une performance de classe mondiale. Discret en première période, à l’image de son équipe, le numéro 4 a certainement pris une bonne rasade de slivovitz à la place du thé pour être pareillement en feu par la suite. Toujours juste dans ses choix, sobre et tranchant dans ses dribbles, buteur et passeur décisif, la Croatie peut vraiment remercier le natif de Split.

Mention honorable toutefois à Jordan Pickford, pour avoir à nouveau réalisé de nombreux arrêts et pour l’ensemble de son formidable tournoi. Pour une fois qu’on peut saluer un keeper anglais, autant en profiter !

La buse du match

Si plusieurs anglais ont été à la peine, notamment défensivement (Walker et Young, on vous regarde), le poids mort britannique fût Marcus Rashford. Outre le fait que critiquer un Mancunien me fasse toujours plaisir, il faut admettre qu’en dehors de quelques courses intéressantes, le jeune attaquant a plombé son équipe. Sterling, certes maladroit, amenait une menace constante dans le dos des deux porte-avions que la marine croate avait placés en défense centrale. Rashford n’a jamais pu en faire autant et a semblé traîner ses pieds carrés alors qu’il était bien plus frais que ses coéquipiers.

Le tournant du match

79ème minute lors du quart de finale Russie–Croatie. L’entraîneur russe Stanislav Cherchesov décide de sortir son brave soldat Artem Dzyuba. En se privant ainsi de cet avant-centre de classe mondiale, ayant marqué plus de penalties lors de son seul tir cadré du match contre l’Espagne que sur toute sa saison en club, le coach moustachu a ouvert la voie aux croates qui n’en demandaient pas tant. Sans le buteur maison, la Mère Patrie s’incline aux tirs aux buts et manque une demi-finale à domicile face aux Britons, sur fond de crise diplomatique suite à l’affaire Skripal et de rivalité pour savoir quel peuple possède le foie le plus solide. Si personne ne peut savoir ce qu’aurait donné ce match, nul doute que le duel entre ce brave Dzyuba, taillé dans le blindage d’un tank soviétique, et le duo Stones-Maguire aurait été explosif.

Le geste technique du match

S’il eût été facile de relater ici les deux premiers buts, j’opterais pour un geste passé plus inaperçu. A la 33ème minute, sur un contre, un joueur croate place un centre parfait depuis l’aile gauche à destination de Rebic au second poteau. C’est le moment que choisi Ashley Old pour réussir son seul geste de la coupe du monde. Et quel geste défensif ! D’un subtil tacle millimétré, il effleure le ballon du bout du pied pour le mettre hors de portée de l’attaquant croate, qui se retrouvait seul face au but sans cela. C’eût été dommage de ne pas le souligner, d’autant que, comme on dit, c’est encore plus beau quand c’est inutile.

Le geste pourri du match

Je souhaitais attirer votre attention sur la taille du mur croato-british du coup franc de Trippier. Orban et Trump ont dû prendre des notes. Ajoutez à cela le placement hasardeux d’un Subasic déjà complétement masqué et vous obtiendrez un bien beau but mais un gardien aussi impuissant et en retard qu’un eunuque travaillant à la SNCF.

L’anecdote

Les stadiers du Loujniki de Moscou sont aux dernières nouvelles toujours en train de rechercher les valseuses de ce pauvre Kyle Walker, qui sont portées disparues depuis le véritable sacrifice du latéral-central de l’Albion en début de seconde période. Les boules pour arrêter la balle, c’est quand même risqué et c’est douloureux rien qu’à regarder.

Et sinon, dans les tribunes ?

Parmi la majorité avinée des sujets de sa majesté dans le stade, on a pu observer juste avant le match le sosie de la nouvelle future ex-personnalité préférée des anglais. Si Southgate aura tout de même réalisé une très belle coupe du monde et en ressort bien grandi, on aurait bien aimé voir ce que ce fan aurait pu donner sur le banc. Quand on est passé par Steve McClaren et Sam Allardyce, on n’est plus à ça près vous savez.

La minute Pierre-Alain Dupuis

Au côté de David Lemos se trouvait ce soir Léonard Thurre, qu’on a plus l’habitude de voir sur le plateau à la mi-temps qu’en tribune de presse. Et ce n’est pas pour rien. Alors qu’on a l’impression qu’il change d’équipe préférée en même temps que le ballon de possesseur, il nous offre quelques perles à relever. Après un « Voilà ! Les Anglais sont punis ! » – que n’aurait pas renié Pascale Blattner – suite à l’égalisation croate, Thurre s’est retrouvé avec un joli petit moment de solitude suite à une tête de Kane sur coup franc, qu’il est le seul à avoir vue « contrée soit par un adversaire, voire même par son propre coéquipier. […] Ah non, Kane manque totalement sa tête en fait, personne ne la touche. »

La rétrospective du prochain match

Face à la vitesse de Dejan « J’ai des ancres de tanker du port de Liverpool à la place des pieds » Lovren et de Domagoj Vida, a.k.a. Lathion des Valaisans dans l’Espace, on risque bien de voir Mbappé, Griezmann et consorts se faire une partie d’échecs sur les ventres de Modric et compagnic entre deux buts. Cette initiative se fera au grand dam d’Olivier Giroud, qui connaît autant les règles de ce jeu que celles du foot.

Si l’on ajoute à la lenteur des défenseurs la fatigue des valeureux croates, qui ont passé l’équivalent sur le terrain d’un match de plus que la France, vous obtiendrez les Bleus en grands favoris. Heureusement pour l’intérêt de cette finale, les Français ne sont jamais aussi friables que quand ils se voient déjà vainqueurs. Et il se murmure que la Croatie cherche à naturaliser en vitesse un certain Eder…

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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