À Wengen, end of the game

Ce samedi 13 janvier, votre site préféré a pu envoyer un rédacteur motivé pour assister à la mythique descente du Lauberhorn, dans la bucolique station de Wengen. Non content de faire le déplacement, celui-ci s’est débrouillé pour y aller avec le fan’s club d’Alexis Monney, le jeune fribourgeois qui commence à faire son trou en vitesse. Récit d’une journée forte en émotions, en spectacle et en boisson :

03h30 Réveil compliqué après une petite nuit. On profite d’une bonne douche chaude avant d’aller braver le froid de l’Oberland, on prépare ses dernières affaires et départ direction Châtel-St-Denis pour le rendez-vous avec le fan’s club.

04h48 Arrivée au Stade du Lussy, où les quatre cars prévus pour acheminer les 260 (!) membres présents nous attendent. On va chercher les billets et on prend place dans le car numéro 2. Attention, cette information est importante.

04h57 Les mille (oui, oui) bières offertes par Feldschlösschen par l’intermédiaire d’un généreux membre du fan club y travaillant sont chargées dans les bus. La journée s’annonce décidément bien remplie.

05h04 Les premiers thés au rhum sont servis dans le car numéro 2.

05h14 Le grand départ, enfin. Jean-Marc, le sympathique chauffeur de notre car numéro 2, s’impatiente et fait des appels de phares pour que le car numéro 1, visiblement peu à l’aise dans la brume de la Veveyse, s’écarte et nous laisse passer. Il est chaud, Jean-Marc.

05h28 Un journaliste de La Télé Fribourg ayant fait le déplacement et également pris place dans le car numéro 2 commence à faire quelques interviews. Les premières interrogées, les yeux encore un peu collés, expliquent simplement qu’elles sont contentes d’être là. Puis vient le tour de notre voisin, préparateur officiel du thé au rhum, qui affirme haut et fort qu’il va se faire tatouer le logo du fan’s club si Alexis Monney va chercher un top 5. C’est filmé, pas moyen de faire machine arrière. Il ajoute quand même, hors caméra, prier pour que la star locale fasse un très bon 6ème temps plus tard dans la journée.

05h35 Les premières bières sont ouvertes dans le car numéro 2, en même temps que les croissants. La première gorgée surprend quand même un peu.

05h47 Le caissier du fan’s club et néanmoins co-responsable du car numéro 2 nous fait un petit discours. Le but, nous expliquer qu’il faudra rendre le car numéro 2 propre, qu’il faudra quand même bien se tenir sur place – on n’est pas des animaux – et surtout, qu’on est dans le car numéro 2. Il faut bien retenir ça, parce que ce soir, il faudra qu’on retourne bien dans le car numéro 2, pour contrôler qu’il n’y ait pas d’absent. Vous avez compris ? Le car, c’est le numéro 2.

07h11 Après un voyage agréable, nous arrivons dans la charmante bourgade de Lauterbrunnen. À la sortie du car numéro 2, on nous donne les dossards avec le visage d’Alexis. Enfin non, il en manque une quinzaine. Comme par hasard, c’est sur nous, les Vaudois de la journée, que ça tombe. On part donc sans dossard faire la file pour prendre le train qui monte à Wengen.

07h52 On arrive enfin dans le train, après une file d’attente assez interminable car c’est le seul moyen d’accéder à la station. On se félicite d’ailleurs d’avoir pris des gants, les canettes étant bien froides par ces fraîches montagnes bernoises. Le panorama avec le soleil levant est magnifique. Le fan’s club commence, déjà, à donner de la voix dans un train qui est quasiment rempli par ses membres.

08h11 Arrivée à Wengen, où même les véhicules de l’armée hissent les couleurs pour les skieurs locaux. La foule dans le village est déjà folle.

08h22 Après une rapide marche en direction de l’aire d’arrivée, on nous arrête pour le contrôle des billets. Coup de bol, les 260 sont valides et on peut passer. La sécurité nous demande aussi si on peut prendre avec nous des packs de bières que le bar situé un peu plus haut attend avec impatience (ça change de la sécurité au Mexique…). Notre coup de main sera récompensé par quelques cafés Lutz à l’arrivée, gracieusement offerts par le tenancier, qui a un look de montagnard bourbine assez inimitable.

08h31 Nous voilà sur place. Le fan’s club prend possession des lieux, à savoir le petit promontoire situé au dessus de l’aire d’arrivée, à côté de la piste de slalom. Ce lieu nous offre une vue imprenable sur le bas du carrousel et sur l’écran géant, pile en face de nous. Il ne nous reste plus que quatre heures avant les premières arrivées.

On sait occuper le terrain, nous.

08h34 On commence à trouver le temps un peu long. Les premiers saucissons sont, heureusement, coupés. Par chance, tout le monde a le sac plein de vivres, ce qui nous fera largement tenir la journée.

08h36 Premier « c’est quand que ça commence ? » de la journée.

08h39 Deuxième « c’est quand que ça commence ? » de la journée.

09h04 Une guggen s’installe à côté de nous et commence à jouer, pour le plus grand bonheur de certains. Pour le plus grand désespoir d’autres.

 

10h01 Alors qu’on commence sérieusement à se geler les pieds (et tout le reste, malgré 5 bonnes couches), les skieurs passent devant nous pour la reconnaissance. L’occasion de voir une première fois le candidat au mérite sportif fribourgeois, qui salue comme il se doit son bruyant fan’s club en passant dans l’aire d’arrivée.

10h13 Huitante-quatrième « c’est quand que ça commence ? » de la journée.

10h22 Tous les skieurs passent pile devant nous, en remontant en télésiège. On n’a pas manqué de reconnaître notamment Kriechmayr, Paris, ou Sarrazin, qui nous fait même la grâce d’un petit signe reconnaissant pour les applaudissements. Et les Suisses ? Non, eux ils montent en hélicoptère. Le privilège des locaux.

11h08 Alors que l’aire d’arrivée se remplit, que la star de la SRF Rainer Maria Salzgeber fait monter l’ambiance, les premiers verres de blanc sont enfin servis. Il fallait attendre que ça se réchauffe un peu ! Manque de bol, on commence par du Neuchâtelois…

11h29 Comme annoncé la veille par le président du fan’s club, le soleil nous arrose de ses rayons depuis 11h30. Quelle précision. La température gagne immédiatement plusieurs degrés, l’occasion aussi de mettre un peu de crème solaire. Ce que certains n’ont pas fait et ont probablement regretté dimanche matin.

11h30 La patrouille suisse donne définitivement le coup d’envoi de la journée, avec un spectacle franchement impressionnant dans ce panorama à couper le souffle. C’est une carte postale. On imagine qu’à la RTS et sur Twitter, notre brave Massimo se gausse tout ce qu’il peut du fait que c’est la SSR qui produit ces images.

Gagné.

12h17 Les ouvreurs, à savoir Marc Berthod et surtout un certain Beat Feuz, arrivent en bas du Lauberhorn. Cette fois ça y est, le public est chaud. L’aire d’arrivée est pleine et, à en croire ce qu’on voit sur l’écran géant, la foule massée en face de la Tête de Chien est vraiment venue en nombre.

12h30 Départ d’Adrien Théaux, dossard 1 (mais c’est le car numéro 2 si jamais pour ce soir), qui offre une course très propre.

12h32 Arrivée du Français, épuisé comme tous ceux qui vont le suivre par ces deux minutes et demie de course d’une intensité folle.

12h39 Départ de Justin Murisier, premier suisse du jour et bel espoir helvétique vu sa forme récente. La foule donne de la voix… Avant de voir la chute impressionnante du Bagnard après une trentaine de secondes de course. Plus un bruit dans l’aire d’arrivée, avant de le voir se relever puis franchir la ligne, sous les vivats du public.

12h48 Départ de la star, de l’idole locale, l’incroyable Marco Odermatt, injouable depuis près de 3 ans et récent vainqueur de la descente raccourcie ici même, jeudi. Sa première en Coupe du Monde. La foule est dans un délire absolu et suit sur l’écran géant le récital du Nidwaldien.

12h50 Odermatt claque une descente d’extra-terrestre et repousse Théaux, alors encore en tête, à 2 secondes 55 ! Le skieur exulte, la foule est partagée entre un délire indescriptible et la sidération devant la manche proposée par le génie de Buochs. Une partie de l’assistance déclare même que la course est finie.

12h53 Et on commence à leur donner raison en voyant Cyprien Sarrazin, l’homme en forme du moment, vainqueur vendredi et deuxième jeudi, échouer à quasiment 6 dixièmes du Suisse. Le Français se contente volontiers de cette place, lui qui sera le seul à être à moins d’une seconde neuf d’Odi.

12h56 Dominik Paris claque justement le 3e temps à… 1 seconde 92. Les écarts créés sont historiques. La foule hurle à chaque temps intermédiaire qui passe. Mais il reste Aleksander Aamodt Kilde, le meilleur descendeur de ces dernières saisons, deux fois troisième cette semaine à Wengen, au départ.

12h58 Alors qu’il est largement battu au dernier intermédiaire, le Norvégien se rate dans le carrousel et va littéralement se fracasser contre les filets de sécurité, droit en face de nous. La chute est ultra violente et on n’entend plus un bruit dans l’aire d’arrivée. Heureusement, Kilde bouge, ce qui rassure un peu tout le monde même s’il a l’air mal en point. C’est la troisième grosse chute grave en trois jours, ce qui créera beaucoup de débat entre la FIS et les coureurs, qui reprochent un calendrier trop chargé.

13h09 La course étant stoppée pour un long moment, le temps d’évacuer le blessé par hélicoptère, le fan’s club donne de la voix, histoire de montrer qu’on est là et de permettre à John Nicolet de parler de nous.

13h29 La course peut enfin reprendre ! Crawford, le premier à repartir, finit loin mais sous les applaudissements d’un public heureux de revoir un coureur pour oublier les images de la dernière demi-heure.

13h50 Après plusieurs descentes qui voient les coureurs s’empiler à plus de deux secondes du leader, on assiste à une nouvelle chute, celle de Cameron Alexander. Ça commence à faire beaucoup. Alors que dans le fan’s club, certains commencent à voir les effets de la descente. Enfin, de celle qu’ils ont depuis le départ en car (que ce soit dans le numéro 2 ou un autre).

13h57 Stefan Babinsky, dossard 21, est le dernier à s’élancer avant Alexis Monney. Le fan’s club chante de plus belle, sentant son idole arriver. Mais l’Autrichien chute lui aussi, imposant une petite pause avant le départ du Fribourgeois.

14h01 Cette fois ça y est ! Alexis part, sur une piste qui semble quand même avoir ralenti suite aux nombreuses interruptions. Le jeune Châtelois fait de son mieux et est bien propre mais termine 15ème en coupant la ligne (il sera 22e au final). Le fan’s club est en fusion. Les membres sont partagés entre l’interprétation du résultat et le soulagement de voir son champion finir entier cette course qui aura été cruelle pour de nombreux participants.

15h02 Alors que la course se poursuit pour les skieurs moins connus, Alexis l’idole d’un peuple vient se prêter au jeu des photos pour son fan’s club. L’occasion de chanter à sa gloire, encore.

15h27 Après avoir vu – pour ceux qui n’étaient pas encore trop dans le brouillard – la cérémonie du podium, l’ordre est donné par le président, oriflamme en main, d’aller à la place de fête. Nous suivons donc le guide, lors d’une petite marche bien compliquée pour certains, pour aller boire une dernière bière avant de reprendre le train et le car numéro 2.

Suivez le guide !

16h32 Nous sommes dans l’interminable file du train, à l’heure exigée lors du briefing matinal. Ceux qui ont encore de la voix chantent, les autres attendent. Nous nous rendons compte que, malgré l’état de certains membres, nous sommes encore convenables. En est témoin le bourbine qui dort sur une luge devant nous, tiré par ses potes.

17h51 On est enfin dans le train ! Un peu par miracle, tout le monde arrive à rentrer. Des membres échangent leurs bonnets avec ceux du fan’s club de Nils Hintermann. C’est vrai que le vert et jaune de Ricola vaut le détour.

18h08 On est dans le car numéro 2 ! Alors que notre voisin profite de la chaleur du bus pour faire une petite sieste bien méritée, on lance les dernières forces dans la bataille. Toutes les dernières bouteilles sont sorties des sacs, de même que les saucissons et autres bouts de fromage. Le tout avec du schlager à pleins tubes. Il est quand même sympa, ce car numéro 2. On voit pas pourquoi on serait allé dans un autre.

18h49 Alors que l’ambiance monte encore d’un cran dans le car numéro 2, l’endormi susnommé revient à la vie.

19h16 Un membre dont on taira le nom commence à faire du crowd surfing dans le car numéro 2.

20h17 Alors qu’on a l’impression qu’il est 3 heures du mat’ le car numéro 2 arrive finalement à Châtel-St-Denis ! L’ordre est donné pour les plus courageux de finir la soirée au pub. Comme si c’était nécessaire.

20h43 Devant l’inefficacité des serveuses à satisfaire une foule assoiffée, une supportrice décide d’aller elle-même de l’autre côté du bar pour aider. Tout va bien dans la matrice.

21h04 Alexis Monney fait son entrée pour un dernier remerciement à son fan’s club. Il n’y a quand même qu’au ski où tu peux finir la soirée en compagnie de l’athlète que tu étais venu supporter.

22h17 On profite d’une opportunité inattendue pour regagner nos pénates, tombant de sommeil. Quelle journée ce fut, que le ski est beau, que les Suisses y sont forts, qu’est ce qu’on aura rigolé.

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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