Aux sombres héros du foot mexicain

C’est Noël avant l’heure ! Pour la première fois, Carton-Rouge a l’occasion d’avoir un envoyé spécial pour couvrir un match du championnat mexicain ! Et ce n’est pas n’importe quel match car il s’agit ni plus ni moins que du quart de finale des play-offs (on n’a toujours pas compris comment ce championnat fonctionnait réellement…), opposant Puebla, notre ville temporaire de villégiature, aux Tigres de Nuevo León, champions en titre et connus en Europe pour être le club de Gignac. Vu comme on mange bien au Mexique, on comprend son choix.

Pour parler un peu de foot, le match s’est terminé sur un très beau 2-2, dans une sacrée ambiance, des tacles aux genoux, des gestes techniques de folie, et aussi pas mal de réclamations vers l’arbitre. Mais l’essentiel était aussi ailleurs. Récit :

El partido en pocas palabras

Puebla Magica !

El hombre del partido

Les types qui se tapent d’innombrables aller retours dans les gradins, chargés d’une bonne vingtaine de kilos de bières entassées dans un seau à la anse à la limite permanente de la rupture, tout ça pour que tu puisses boire ta choppe sans lever ton cul. Ces mecs sont les vrais héros du foot. Et la bière, c’est autre chose que chez nous. C’est un litre chacun, de Corona ou de Victoria (une brune qui a exactement le même goût qu’une blonde, allez comprendre). Et ça coûte 100 pesos, soit environ 5 francs. C’est génial. Big up d’ailleurs au livreur qui a fait croire à notre voisin que la bière était en rupture de stock (ce qui était faux, on n’est pas à Tourbillon) et qu’il ne restait que de l’eau, juste pour voir son faciès se décomposer.

Chacun sa définition de « petite » bière

Sinon, pour parler au moins une fois foot dans cet article, on citera comme homme du match le virevoltant ailier colombien de Puebla Kevin Velasco, auteur des deux assists et toujours dangereux. Mention aussi au portier Poblano, Jésus Rodriguez, notre sauveur, décisif à de nombreuses reprises. On connaît quelques clubs européens qui pourraient pourquoi pas se tourner de ce côté de l’Atlantique pour un recrutement intelligent et à prix abordable…

El águila del partido (y’a pas de buse au Mexique, les aigles les bouffent)

Le mec qui un jour, dans des temps immémoriaux, a décrété que les matches de championnat mexicain se joueraient à 19h10. Alors je dis pas, ce qui est cool c’est qu’à 21h30 tout est fini et tu peux sagement regagner tes pénates. Mais pour accéder au stade, quel bordel ! Imaginez vous Puebla, une agglomération de plus de 3 millions d’habitants (ça fait plus du tiers de toute la Suisse dans une ville, juste pour situer). Tous les gens qui rentrent du travail entre 18h et 19h, soit l’immense majorité, en prenant le périphérique en voiture car les transports publics sont quasi inexistants. Ajoutez à ça 50’000 guelus qui vont au stade en prenant la même autoroute.

Déjà là, c’est le sacré merdier. Le temps mis pour aller au stade est triplé, quoi que tu fasses. Mais ce n’est que le début. Parce que du coup tout le monde arrive en même temps, soit approximativement 5 minutes avant l’entrée des joueurs sur la pelouse (encore une fois, les gens rentrent du boulot, ils ne peuvent pas venir plus tôt). Et là se dresse le contrôle de sécurité (numéro 1). Et autant te dire qu’au Mexique, la fouille est une vraie fouille, on est dans un pays gouverné par les cartels, c’est pas le vigile de la Pontaise qui te demande ce que tu as dans les poches. Donc ça ça prend encore 15 bonnes minutes si tu suis la loi de la jungle locale et que tu dépasses en te faisant insulter et tirer les habits, 4 jours si tu attends ton tour. Tu te dis que c’est bon ? Bien sûr que non. Il y a le 2e contrôle de sécurité, pour être sûr que vraiment tu n’as rien de dangereux et que tu vas pas dans le mauvais secteur. Et ensuite seulement on peut rigoler.

Le résultat de ce cirque ? Le stade n’a jamais pu être plein, les gens n’ayant pas réussi à entrer avant la mi-temps ayant abandonné. C’est dommage.

L’état des tribune après un quart d’heure de jeu… Et le stade devait être quasiment à guichets fermés.

El punto de inflexión del partido

C’est difficile de trouver un vrai tournant tant ce match a été serré sur le terrain. Alors on notera la mi-temps, qui est en soi un tournant sur le terrain.

Pourquoi on en parle ? Parce que, non contents d’inonder littéralement les spectateurs de pub en continu (sponsors absolument partout, pub par le speaker pendant le match, même les livreurs de bières ont des marques dans le dos) il faut bien rentabiliser ces 15 minutes de vide. Alors on fait un défilé des sponsors sur le terrain, en mode cérémonie d’ouverture des JO, avec des bannières pour chaque marque. Le tout avec des top modèles en combi moulante, histoire que tous ces beaufs qui aiment le foot restent bien pour regarder les marques vendues.

Vivement la prochaine délégation mexicaine aux JO de Paris

El esteta del partido

On va dire l’architecte de l’Estadio Cuauhtémoc de la charmante ville de Puebla Heroica de Zaragoza, qui est ma foi un écrin fort agréable. Il est beau, on voit bien de partout, les sorties sont faciles d’accès, non vraiment c’est bien foutu. Deux bémols néanmoins, il est situé dans une zone qualifiée de « quand même assez dangereuse » par notre contact sur place, qui en a vu d’autres. Donc pour boire un jus à côté du stade après, c’est moyen. Faut courir à la sortie pour espérer avoir rapidement un Uber et se barrer de là avant de se faire agresser, ça casse un peu l’ambiance quand même.

L’autre aspect, c’est qu’autant l’architecte a bien bossé, autant ça aurait pu être utile d’intégrer dans l’équipe un mec qui a au moins une vague notion d’études démographiques. Parce que mettre deux fois plus de toilettes pour femmes que pour hommes, dans un stade, dans un pays où le foot est sûrement encore plus une affaire de mec viril qui aime boire de la bière qu’en Europe, ben c’est un peu con. C’est dommage, avec plus de toilettes pour homme, on aurait plus de temps pour regarder les sponsors à la mi-temps.

El estúpido número

0. Comme le nombre de joueurs sur le terrains qui étaient connus par le gringo lambda qui écrit ces lignes au moment du coup d’envoi. Et ce à cause du forfait de Gignac.

Le seul Gignac vu à l’Estadio Cuauhtémoc.

88. En minutes, le temps que nous a pris le trajet jusqu’au stade à l’heure de pointe, trajet qui dure normalement 27 minutes selon Google Maps.

La anecdota

Rien à voir avec le match, mais saviez-vous pourquoi les occidentaux sont appelés « gringos » au Mexique ? Parce que, durant la guerre qui opposa la patrie de Frida Kalho à l’encombrant voisin étasunien, ces derniers étaient habillés en vert et quand ils attaquaient, ils criaient « Green go ! »

Voilà, vous pourrez briller lors des fêtes qui approchent. De rien.

Si el partido hubiera sido una canción

Pas grand chose à voir avec le match non plus, plutôt avec la fête qui a dû suivre à Puebla vu que le nul était pour les locaux un sacré exploit. Pour la petite histoire, cette chanson, très populaire sur place, explique comment on va danser toute la nuit au point de ressembler à une soupe d’escargot. Ambiance.

El minuto Johan Djourou

Comme dit plus haut, le speaker est vraiment important au Mexique. Bien sûr, il est là pour faire de la pub, faut pas l’oublier. Mais il met aussi une sacrée ambiance !

Mais plus que celui-ci, c’est dans les tribunes que l’on trouve les meilleures commentaires sur le match. Honnêtement, il n’y a pas meilleur moyen que d’aller voir un match de foot pour apprendre une bonne centaine d’insultes différentes en espagnol. Enfin en espagnol du Mexique, qui, de ce que j’ai compris, est encore plus imagé. C’était très instructif et ça sert largement pour la suite du voyage.

Una mirada retrospectiva al próximo partido

Vu que l’auteur de cet article a un peu glandé en profitant de ses vacances, le prochain match a déjà été joué. Les efforts héroïques de Puebla n’ont pas suffi à sortir le champion en titre, qui s’est vengé de l’affront 3-0, sur un doublé de… Gignac. Il y a fort à parier que la finale opposera les Tigres au Club America, comme 2 fois sur 3.

Mais de notre côté, on s’est offert un petit pèlerinage :

Oui oui, c’est vraiment l’Eglise Maradonienne de Puebla.

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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