Lettre de rupture à la VAR

Ah, ma douce VAR. Au début, tu me semblais parfaite, prête pour une belle histoire. Tu avais fait plein de promesses, celles de simplifier les règles du foot, de supprimer les erreurs humaines et les injustices.

Je dois l’admettre, j’étais séduit, prêt à tous les sacrifices. Même si tes débuts ont été balbutiants, c’est bien évident, il fallait que le monde apprenne à te connaître, je t’ai longtemps défendue, mettant ces hésitations sur le compte de ton inexpérience, de l’incompétence de tes utilisateurs et de l’impatience de ces foutus puristes du ballon. En tous les cas, je suis resté longtemps fier et convaincu de tes valeurs, de ce que tu étais censée amener au monde du foot que nous aimons tant depuis la première heure. Je t’ai même défendue de ma vouge lors du premier podcast de Carton-Rouge !

Et puis le temps a passé. À ta présence, les gens se sont habitués même si, à mon grand désespoir, les critiques à ton encontre ne se sont pas arrêtées. Moi, je continuais à t’aimer, même si, bien sûr, ton effet de halo s’étant quelque peu dissipé, j’admettais à demi-mots remarquer certaines petites imperfections de ton côté. Il faut tout de même se rendre à l’évidence, les temps de latence pour obtenir une décision ; les ascenseurs émotionnels artificiels après les buts et les belles actions ; les hors-jeux au millimètre, tout cela ne plaidait, déjà, pas pour toi. Mais, aveuglé, je fustigeais ton entourage, arbitres de terrain et de camion et IFAB, cette bande de coprophages, qui avait une mauvaise influence sur tes décisions. Il faut bien l’admettre, j’avais quand même en partie raison. Ils ne t’ont jamais mis dans les bonnes dispositions pour t’épanouir, j’espère que tu t’en rends compte. De même, ces foutus puristes n’ont jamais voulu te soutenir et ont bien profité d’enfoncer le clou à la moindre de tes errances pour te faire avoir honte. Malgré tout, je continuais à t’aimer, toute imparfaite que tu étais, je croyais en ta nécessité.

Mais depuis quelques mois, je dois me rendre à l’évidence. Après plus de cinq ans d’idylle, notre flamme ne nous illumine plus de sa présence. Oh, ce n’est pas dû à une erreur précise de ta part. Mais plutôt à une lassitude de mon côté. Tes défauts, que je tolérais et défendais sans le moindre écart, eh bien j’ai de plus en plus de mal à les supporter. Je pensais que le temps allait les estomper, mais au contraire, certains se sont renforcés. Je pensais que l’expérience saurait te rendre parfaite, mais force est de constater que peu de choses ont changé depuis notre rencontre en Russie en 2018 lors de cette grande fête. Les incompréhensions que tu engendres autour de toi sont toujours là. L’impact que tu as sur notre foot bien aimé est même de plus en plus grand, alors que tu promettais un retour au jeu et moins de débat sur tes amis les arbitres grâce à tes écrans. L’heure a été au bilan de mon côté, et force est de constater que, si je ne regrette rien, je pense avoir suffisamment réfléchi pour pouvoir affirmer que la rupture est consommée. Encore une fois, je ne te blâme pas, que nenni. Je suis le seul fautif dans cette histoire, j’ai été naïf et j’ai attendu trop de chose de notre liaison. Et, tu sais, je me rends bien compte que beaucoup de choses étaient contre notre union : l’incompétence crasse des hommes en noir, les changements de règles de ton utilisation, ou encore les fans qui réclamaient ta tête dès le départ. Il faut croire que notre histoire était vouée à n’être que déboires. Il faut parfois savoir faire preuve de résignation.

Quoiqu’il en soit, je reste persuadé que tu es au fond de toi sincèrement parée de bonnes intentions, que tes valeurs épousent, d’une manière ou d’une autre, les miennes et celles de tous les fans de balle et de pelouse. Simplement, le timing n’a pas été le bon. Mais d’une manière ou d’une autre, j’espère que nous pourrons, un jour ou l’autre, nous retrouver, dans des circonstances plus heureuses. Je te souhaite tout le meilleur, à toi et au monde du ballon rond. J’espère juste que cette lettre pourra, à sa façon, contribuer à une petite remise en question.

 

Crédits photographiques : 

Image de tête: Footy.com Images/CC0/Flickr https://www.flickr.com/photos/188197504@N02/49833324873

 

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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