Le bouleVAR puis MaroKO

Dans l’antre de Kaliningrad et ses aigles amendables, une Espagne trop statique, chanceuse et distraite s’est fait surprendre par un Maroc joueur, qui paraissait tout sauf éliminé.

Le match en deux mots

La chute libre. Après son excellente prestation contre le Portugal, et sa copie très moyenne rendue face aux Iraniens, la Roja nous a offert une première mi-temps digne de son Mondial 2014, soit une performance de vieux gagnants blasés et trop confiants. Cueillis à froid par l’insatiable Boutaïb, les Hispaniques auraient même pu se retrouver KO debout sans le raté du même Boutaïb et sans la transversale d’Amrabat. Les maigres têtes d’Isco puis de Piqué à l’heure de jeu n’ont pu réveiller un collectif abattu malgré sa possession imposante comme à l’accoutumée. La suite est miraculeuse puisqu’en 3 minutes, les scores de 1-2  et 0-1 respectivement pour le Maroc et le Portugal se sont métamorphosés en des 2-2 et 1-1 synonymes de bonne opération et d’objectif atteint pour l’Espagne. D’un côté les inquiétudes des fans espagnols, de l’autre les klaxons des Portugais qui visiblement fêtent leur nul dans les rues lausannoises et vous avez l’illustration parfaite « du monde à l’envers ».

L’homme du match

Clairement le VAR qui se fait auteur d’un doublé : but d’Aspas à la limite du hors-jeu et dans l’autre match égalisation sur un penalty litigieux de l’Iran qui offre la première place à l’Espagne. Quand on y pense, à la 90e minute la Roja était encore 2e et sur le fil du rasoir ! Ajoutez à cela le 11 mètres galvaudé par Ronaldo, qui se rasera peut-être quand même.

La buse du match

Je ne saurais citer autre que De Gea, qui à nouveau est transparent sur ce match : un seul arrêt, 2 buts encaissés, battu sur le tir marocain sur sa transversale, des dégagements approximatifs issus de la fameuse philosophie du « je balance et on verra ». La défense espagnole n’est de loin pas rassurée même si la victoire du groupe B est acquise.

Pos	Équipe	P	W	D	L	F	A	GD	Pts
1	Espagne	4	1	2	1	10	10	0	5
2	Portugal	4	1	2	1	6	6	0	5
3	Iran	3	1	1	1	2	2	0	4
4	Maroc	3	0	1	2	2	4	-2	1

Le tournant du match

Le 21e siècle et sa technologie hors norme :

« – Assistant, combien le score Espagne-Maroc ?

– 2 à 2 Monsieur l’arbitre.

– Ok, penalty pour l’Iran. »

Le geste technique du match

La talonnade d’Aspas sur le 2-2 qui sauve l’honneur de l’Espagne.

Le geste pourri du match

Le dialogue incompatible catalano-espagnol entre le capitaine Ramos et l’adulé Iniesta sur l’ouverture du score de Boutaïb. C’est entre rois qu’apparemment le peuple prend froid.

L’anecdote

Avant la rencontre de ce soir, David De Gea n’avait effectué aucun arrêt tout en ayant capitulé 3 fois. Il y a plus solide pour se mettre en confiance, lorsqu’on représente le hic hispanique, qui plus est avec l’épée de Karius au dessus de la tête.

Et sinon, dans les tribunes ?

Une foule du supporters grenat qui pourra éternellement se vanter d’avoir « presque » battu l’Espagne. Un palmarès bien néant mais « presque » géant.

La minute Pierre-Alain Dupuis

Fred Scola qui au dernier quart d’heure s’est demandé si l’Espagne voulait finir à la première place. Non, Fred, en faisant entrer les 3 attaquants Aspas, Asensio puis Rodrigo coup sur coup, l’équipe de Hierro ne cherchait absolument pas à prendre la tête, ni à éviter la partie du tableau de la France, de l’Uruguay, du Brésil, de l’Allemagne et désormais du Portugal.

La rétrospective du prochain match

Même si le groupe B s’est avéré de niveau élevé et bien plus serré que prévu, le déséquilibre milieu-attaque et les problèmes défensifs de l’Espagne devront être résolus au plus vite si elle compte rivaliser plus haut que l’Argentine. En attendant, elle est la grande gagnante du jour, passant non seulement devant le Portugal mais s’offrant la partie a priori la partie la plus accessible du tableau final. L’Espagne passera l’épaule contre les hôtes russes, puis entre temps le sélectionneur Fernando Hierro aura échangé par WhatsApp avec Lopetegui pour s’offrir la Croatie en 1/4, le Mexique et la Belgique ou l’Angleterre ensuite.