Top 8 : le jeûne du tennis (2/2)

Cette année 2020 est difficile. Mais pas pour tous, semble-t-il. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les gens ont largement tendance à mélanger corrélation et causalité entre deux variables données. D’un côté, un Federer blessé et inactif pendant 4 mois et de l’autre un virus qui apparaît et qui met tout l’ATP en standby. Federer a-t-il payé les Américains pour laisser un virus se développer en septembre dernier ? L’ATP est-elle dirigée par Federer ? Federer est-il un virus ? La corrélation entre les deux variables est aussi causalement absurde que de remplir sa maison de denrée et de PQ pendant le confinement. C’est pourquoi Carton-Rouge vous propose une suite de jeûne tennistique (même si en ce moment, ça va mieux) afin d’oublier un peu que le record du Bâlois est chassé par le taureau de Manacor.

Borna Coric : enfin ?

Il a faim, en tout cas. Mais il a faim depuis ses 17 ans et sa première participation en Grand Chelem à Flushing Meadows en 2014. Connu par les suiveurs de tennis depuis déjà belle lurette, le Croate Borna Coric n’a pas encore décollé. Et ce, malgré qu’il soit au rendez-vous lors des Majeurs. Mais ses résultats ne convainquent pas : la plupart du temps éliminé au premier tour, il a atteint les 1/8e de finale seulement deux fois. Lorsqu’on pense à Coric, on se dit qu’il fera mieux la prochaine fois, mais en vain. Serait-il un tennisman français, au fond de lui ? Eux qui sont au départ souvent présents en masse, mais qui se font ensuite massacrer. À 33 ans, ils sont capables de déclarer que leur objectif est le titre en Grand Chelem. Pourtant, leur carrière avoisine les 10 titres, ¾ de coups d’arrêt au premier tour et une poignée d’articles à scandales. On ne le souhaite pas à Coric. En 2018, on croyait à cette percée vers le haut du classement suite à sa victoire contre Federer à Halle ainsi qu’à sa finale à Shanghai contre Djokovic. Une percée, puis il s’est dispersé. On souhaite surtout qu’il continue de persévérer. Pendant le confinement, il s’exerce à un nouveau coup : le tant difficile revers à une main. Si Coric est à plaindre dans ses résultats, ce n’est pas le cas de son talent. D’ailleurs, si on devait le comparer au top, ce serait à Djokovic, en plus défensif. De quoi espérer. En 2018, Coric remporte la Coupe Davis avec son pays, un titre qu’il estime à ce jour comme le plus important de sa jeune carrière. Mais paradoxalement, il s’agissait d’un titre collectif. Destiné au sommet depuis ses débuts pros, il est vrai que ses nombreuses blessures l’ont ralenti. S’il retrouve du poil de la bête, il ne fait pas de doute qu’il goûtera au succès. « Enfin ! » dirions-nous.

Notre prono : on nous dit qu’il faut manger pour grandir et que la faim vient en mangeant. Le problème c’est que Coric a faim et qu’il ne grandit pas.

Karen Khachanov : un jeune secoué ?

Un moment de tennis en particulier nous fait penser au Russe Khachanov : son énorme prestation au 3e tour de l’US Open 2018 perdu de peu face à Nadal. Depuis, le Moscovite n’a pas retrouvé ce niveau. Pourtant, on aimerait revoir le jeu brillant et puissant du nouveau Del Potro. Cette année-là, il pointait à son meilleur rang au classement, le 8e. Mais 2019 est décevant pour lui, malgré un bon Roland-Garros. Souvent malade, fébrile nerveusement sur les courts, hésitant sur la marque de sa raquette, le jeune tennisman a-t-il perdu la main sur son jeu ? Tout laisse à croire que Djokovic est à l’origine de cette légère « dégringolada ». Depuis 2016, les deux hommes s’entraînent quelques fois ensemble et s’entendent bien. Un jour, le numéro un mondial lui lance des fleurs en le déclarant « maître du tennis ». C’en était visiblement trop pour Khachanov, qui ne s’en est pas encore remis. À croire que Djokovic sème la panique sur et en dehors des terrains.

« J’aimerais être le premier des jeunes à remporter un Grand Chelem »

Mais rien n’est joué. Surtout en ce moment. Reste qu’en tant que confiné, Khachanov a fait peur à beaucoup de ses fans en s’entraînant à la maison avec son bébé qu’il secouait. On est maintenant certain que le Russe a intériorisé le syndrome du bébé secoué.

Notre prono : s’il continue à s’entraîner avec son fils, sans le secouer, le fils progressera.

Hubert Hurkacz : un taxi qui se déplacz vite

Le Polonais de 23 ans est vif. Il n’a qu’un seul objectif en tête : continuer sa progression sûre pour s’installer parmi les meilleurs. Accompagné de l’entraîneur américain de renom Boynton (qui a suivi de gros serveurs comme Isner ou Querrey), Hurkacz a pris 200 places au classement ATP en deux ans. C’est à ne pas le voir passer. D’ailleurs, à chaque frappe de balle, le Polonais ferme curieusement les yeux. Il est fort probable que les fans de Nadal lui envient cette manie, eux qui font avec des réajustements de slips et autres tocs bien connus. Et ce sont justement des réajustements de jeu que fait Hurkacz avec Boynton. Les deux hommes s’entendent parfaitement et ça se ressent. Le jeune est très complet et progresse dans tous les domaines à un rythme régulier. Pourtant, il fait partie des tennismen les moins médiatisés de la Next Gen. Sûrement parce que de la Pologne actuelle, on ne connaît que Lewandowski. À chacun ses buts. Hurkacz a déjà eu vu son travail payer concrètement sur les courts puisqu’il s’est déjà défait de Thiem et de Nishikori deux fois ! Le mois dernier, il s’est entraîné avec Federer. Une bien meilleure façon d’affronter le retour des compétitions. Et dans cette configuration, ce n’est pas le Suisse le bébé.

Notre prono : S’il gagne des jeux, des sets et des matchs les yeux fermés, il ne saura pas qu’il a gagné.

Jannik Sinner : condition Sinner qua non de l’Italie

Né dans les Dolomites où l’on parle également allemand, le jeune Sinner est actuellement le seul véritable espoir tennistique des fans italiens. Et pour cause, à 18 ans, il a remporté le Masters de la Next Gen en fin de saison dernière et participe aux Grands Chelems depuis cette même période. Dans le top 80 depuis quelques mois, il a été nommé révélation de l’année 2019. Étonnant quand on pense qu’il skiait beaucoup à ses 10 ans et remportait des prix. Il a ensuite choisi le tennis, qu’il a subodoré comme son sport.

« Je veux devenir numéro 1 mondial »

Avant le confinement, il s’exprimait à un niveau rarement vu pour un si jeune âge. Début 2020, il bat même un premier membre du top 10, le Belge David Goffin. Déjà spectaculaire, sa marge de progression est tout aussi énorme et on ne serait pas étonné si dans 3-4 ans, l’Italien du Nord venait à tutoyer le top 5. Sa bonne construction, il la doit notamment à Piatti, l’entraîneur qu’il considère comme un père. Il se pourrait également à l’avenir que dans le monde du tennis Sinner devienne le prodige de tout un peuple. Les Transalpins n’attendent que ça.

Notre prono : Alors qu’il dévalait les pentes à ski comme un champion, il devrait assurément ne connaître que des montées au classement ATP.

Quelques remplaçants écartés de ce top 8 : Mikael Ymer, Corentin Moutet et Alexander Bublik.

A propos Thomas Christen 27 Articles
C'est dans la chronique FOOTURO, chers lectrices et lecteurs, que vous en apprendrez plus sur les perfs' actuelles des athlètes suisses qui ont joué les mercenaires du monde. A vous de voir : footuro ou footu pour la Nati ?

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