Pigeon d’octobre 3 : Aleksander Čeferin

Les représentants de l’ECA (Association des clubs européens) ont commencé à négocier un projet de réforme de la future compétition européenne des clubs. Les Agnelli, Rummenigge et autres Al-Khelaifi ont un but clair : créer une ligue à demi fermée d’ici à 2022 (coup d’envoi en 2024-25). Le comité exécutif de l’UEFA mené par son président Aleksander Čeferin et ses membres devront valider ce dessein du conglomérat footballistique des fortunes colossales. Le problème est que ces fausses associations possèdent justement ce même point commun : l’argent. Aujourd’hui, il a plus que jamais pris le dessus sur le mérite sportif. Et un « bénévole » comme Čeferin est capable de mettre sur pied cette sidérante niaiserie. Un ahuri pareil est des plus pigeonnables. Lisez plutôt.

L’accès à la C1 conditionné surtout par la performance effectuée en C1

Résumée simplement, cette refonte massive représente 4 poules de 8 formations, soit deux fois plus de matchs (autant dire que les records de buts marqués de CR7 et Messi seront plus vite menacés que vous ne le pensez), une explosion des droits TV, une implosion des droits de participation des petits clubs et en prime une UEFA qui crée une inflation dans un groupe fermé du football. Sur les 32 clubs engagés, 24 ont directement leur ticket pour l’édition suivante. Les 6e et 7e s’affronteront en barrage et les perdants s’ajouteront aux derniers et ne pourront ainsi plus rejouer la C1 l’année d’après. Les 8 places vacantes seront attribuées de deux manières : 4 places pour les ½ finalistes d’Europa League et 4 places pour les champions moins bien classés à l’indice UEFA (Portugal, Russie, Turquie, Belgique, Pays-Bas, etc.). La plupart des grands championnats n’attribuera plus de places pour cette coupe.

D’une âme à un âne

La Coupe des clubs champions octroyait logiquement des tickets pour les clubs champions. Réformée maintes fois par la suite, la bien connue Ligue des Champions de l’UEFA donnait jusqu’à 4 places par championnat membre du « Big 5 » depuis 2018. Alors que les inégalités n’ont cessé de s’accroître depuis l’arrêt Bosman, la nouvelle compétition européenne en question n’a plus aucun rapport avec une quelconque « Coupe des clubs champions nationaux ». Les écarts financiers entre une participation régulière en Europa League et un ticket en C1 sont stratosphériques. Ce ne seraient donc plus les 4 meilleurs clubs nationaux qui se qualifieraient, mais 4 mastodontes financiers. Le titre de champion national n’aura plus d’intérêt pour les écuries directement qualifiées via leurs résultats européens. Lorsque le néo-format sera validé, les palmarès des équipes titrées en championnat ne seront plus les mêmes. Les amateurs des matchs « vibrants » de Ligue des Champions pourront aller voir leurs confrontations pendant que ceux qui prônent l’égalité dans le sport seront débarrassés des mastodontes au niveau national. Au final, Paris jouera l’Europe pendant que Montpellier sera champion de France. On vous laisse imaginer le bordel au niveau des transferts de joueurs lors des futurs mercatos. Ce format évoluera encore et encore pour suivre les modèles de NBA et NFL d’ici à dans 10 ans.

Un seul championnat : l’Europe

Vous l’aurez compris, puisqu’elles préféreront assurer la 5e place des poules en Europe, les équipes qualifiées pour cette nouvelle coupe n’hésiteront pas à faire tourner les effectifs dans leurs championnats respectifs. Un titre national sera tué au profit de Liverpool-Dortmund, Juventus-Real joués plusieurs fois par édition. On le sait, plus la denrée est rare, plus elle a son importance. Or, trop de gros matchs diminuent leur valeur. Le supporter vibre moins devant des banalités. Le principal argument des défenseurs du projet est que dans les championnats majeurs, la formation gagnante est trop souvent titrée (Barça, Bayern, Juve, Paris, etc.). Donc autant supprimer complètement le suspense en championnat.

Illustration du sport comme fait social total

Si l’UEFA est même prête à réduire le nombre d’équipes des Ligues nationales (de 20 à 18, voire 16) pour donner encore plus d’importance à une coupe d’Europe déjà suprême, autant dire que la chasse à l’argent est l’objectif premier de notre espèce. Comme disait Mauss, le sport est un fait social total qui reflète ainsi le fonctionnement de notre société. Le football, pourri par l’argent l’illustre de plus belle : les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. C’est l’argent uniquement qui oriente les choix de ces riches, en plus déguisés en de simples associations (FIFA, UEFA, super clubs, etc.) alors qu’ils sont en fait des SA corrompues. En ajoutant plus d’équipes à l’Euro, plus d’équipes en Coupe d’Europe, plus de nations pour la CDM 2022 et une CDM des clubs réformée, les milliardaires nous envoient un même message clair : nous prendre pour des cons. Le cercle est éternellement vertueux pour les principaux soutenants de la réforme et est vicieux pour les opposants. Fin octobre dernier, l’Association des Ligues a créé une sorte de « droit fondamental du sport » concernant la future compétition européenne réformée en tentant de lutter contre les inégalités pour protéger notamment les championnats nationaux. En vain, puisque sauf cataclysme mister Aleksander Čeferin validera le projet de l’ECA.

A propos Thomas Christen 27 Articles
C'est dans la chronique FOOTURO, chers lectrices et lecteurs, que vous en apprendrez plus sur les perfs' actuelles des athlètes suisses qui ont joué les mercenaires du monde. A vous de voir : footuro ou footu pour la Nati ?

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