Aux balles mascottes

Ohé ! Ohé ! Ohé ! Les jours se raccourcissent, la saison des champignons est lancée et les feuilles jaunissent. Bientôt, on mangera de la soupe à la courge et au milieu de tout ça, ben on se matera une Coupe du Monde express juste avant la période des fêtes.

Oui, parce que la Coupe du Monde, ce sont des matches avant tout, mais c’est aussi une ambiance et une époque, ce qui est du coup pas mal que ce soit tous les 4 ans. Autant te dire que cette édition 2022 s’annonce assez spéciale et inoubliable (qu’on aime ou qu’on n’aime pas, mais je crois que personne n’aime). Rien de tel pour se mettre gentiment dans le bain que de se remémorer l’histoire et les dernières éditions. C’est par un chemin un peu naïf que cet article te propose donc de revenir sur les dix dernières éditions : par le biais de leurs gentilles mascottes toutes mignonnes !

1982 – Naranjito : Depuis fort longtemps, l’Espagne fournit des oranges à l’Europe entière. C’est donc une idée de génie qu’a eu le comité du Mundial 82. En créant une mascotte ayant les traits d’une sympathique orange bien juteuse, le pays a vu sa vente d’agrumes exploser. Un excellent coup de marketing déguisé. Un peu comme si pour un Euro en Suisse on  choisissait une mascotte montre ou une mascotte chocolat. Ah mais non… on a dû l’organiser avec nos voisins qui ne savent pas faire grand chose à part de la musique classique et des saucisses.

Ce qu’il est devenu : Très pressé dans la vie, Naranjito est rapidement devenu riche. Il s’est engagé dans l’exportation d’agrumes. Dis-lui merci. C’est grâce à lui que tu peux boire ton jus d’orange fraîchement pressé tous les matins et être plein d’énergie pour ton travail.

Note : 7/10 Vitaminé

 

1986 – Pique : Un sympathique piment qui porte tout l’attirail du cliché mexicain : un sombrero et une moustache. Sans doute qu’il dort aussi toute la journée à l’ombre appuyé contre la façade d’une maison et qu’il prononce de temps en temps « aye caramba ». Il n’a donc probablement même pas assisté à la main de Dieu de Maradona, il dormait. Un nom qui rend un hommage anthume à un sacré gringo Gerard Pique qui naîtra une année plus tard.

Ce qu’il est devenu : Après avoir fait mascotte pour le Barça pendant pas mal de saisons, il a racheté la Coupe Davis et fait la promotion de l’Arabie Saoudite. Notons encore qu’il s’est fraîchement séparé de sa femme Shakira (mascotte de la Coupe du Monde de Volley 1992).

Note : 8/10 Relevé

 

1990 – Ciao : La seule mascotte qui ne possède ni yeux ni bouche. En somme, un vrai ami de la mafia qui n’a rien vu et ne parlera jamais. Paradoxalement, c’est aussi celle qui a le moins l’instinct de survie. Avec sa tête en forme de ballon, on a évité de peu qu’un Maradona sous coke ou qu’un Gascoigne trop aviné ne vienne lui shooter dedans. Difficile à cerner et à classifier tant cette mascotte déroute. Une chose est certaine : elle a mal vieilli.

Ce qu’il est devenu : Absolument rien. Ciao est parti aux objets encombrants il y a déjà un bail et tu sais quoi personne n’a voulu le garder, même pas un musée. À l’heure qu’il est, Ciao est sans doute parti en fumée à la SATOM de Collombey ou à Tridel. Allez salut l’artiste !

Note : 4/10 Antique

 

1994 – Striker : Le chien est le meilleur ami de l’homme, c’est bien connu. Sauf que moi je me suis  fait plusieurs fois  attaquer par cet animal (alors que rarement par d’autres animaux que des singes). Mais Striker est un chien américain, ceux qui vivent outre-Atlantique qui sont forcément sympas et bonnards. Ceux qui cherchent le journal et qui tirent la langue par la fenêtre ouverte d’une Mustang roulant sur une autoroute californienne. Nul doute pourtant que comme tout Américain, Striker est nul au foot et ne connaît pas les règles.

Ce qu’il est devenu : Il a postulé à maintes reprises en tant que mascotte dans divers prestigieux clubs de NBA, NFL et NHL. Son dossier n’a jamais été retenu, bien qu’il présente une candidature en béton. Il n’a entre autres jamais digéré le fait d’avoir été recalé aux Chicago Bulls. Soi-disant qu’il ne collait pas à l’image de la franchise… Désormais, il occupe un poste de chien policier au Texas, proche de la frontière mexicaine.

Note : 6/10 Cool

 

1998 – Footix : La mascotte qui ne regardait pas le foot avant 1998. Cette satanée volaille aura néanmoins été la seule mascotte à porter chance au pays hôte. Sous ses airs de coq gaulois un peu bobet qui a mangé trop de sanglier, il reste sans doute la plus connue des mascottes dans la langue de Molière. Ah qu’est-ce qu’il s’est déhanché sur du Gloria Gaynor, ce brave Footix ! Qu’est-ce qu’il a chanté et un et deux et trois zéro à tue-tête! Qu’est-ce qu’il a été copain avec Francis Lalanne et Johnny Hallyday !

Ce qu’il est devenu : On le croise régulièrement au Parc des Princes avec un maillot du PSG floqué Neymar. Ce club il le supporte depuis 2011, car avant il aimait surtout Arsenal. Il connaît d’ailleurs mieux le foot que toi et il aurait repéré Kylian Mbappé avant tout le monde. Connard. Il a plus récemment activement milité pour que Zidane devienne le prochain entraîneur du club parisien. En vain.

Note : 4/10 Insupportable

 

2002 – Kaz, Nik et Ato : Les Asiatiques ont une relation un peu étrange avec les animaux (parfois malsaine). Pas étonnant dès lors qu’ils nous aient sorti trois espèces d’aliens, à une époque où les Teletubbies étaient à la mode. Kaz, Nik et Ato sont ainsi des membres d’une équipe de foot futuriste les Atmoball. Franchement, à force de regarder trop de mangas et de jouer aux jeux vidéos toute la journée ça finit par se voir.

Ce qu’ils sont devenus : Ils sont partis à destination de la galaxie Natabaru à bord de leur vaisseau Origami-3. Leur but est de libérer une princesse déténue par l’être démoniaque Infantrax qui veut asservir le monde. Sans doute bientôt un retour glorieux en héros sur Terre. Normal quoi, on n’en attendait pas moins d’eux.

Note : 2/10 Débiles

 

2006 – Goleo : Ach l’erreur ! Un lion alors que s’il y a bien un animal qui ne colle pas du tout avec l’Allemagne, c’est bien le lion. Sans doute par peur d’utiliser un aigle, ce qui aurait rappelé les très méchants nazis, les organisateurs ont trouvé bonne l’idée du lion, alors que c’est le symbole de… l’Angleterre et des Pays-Bas, soit les deux plus grands rivaux historiques de la Mannschaft. On a bien essayé de lui refourger un copain ballon (nommé Pille) qui parle, mais ça n’a pas fait passer la pilule.

Ce qu’il est devenu : Goleo a totalement sombré dans l’oubli. Pour la modique somme de 14,50€ vous pouvez le retrouver dans son enclos au zoo de Berlin. Il a l’air de bien s’embêter d’ailleurs sans son ballon qui lui parle.

Note : 1/10 Embarrassant

 

2010 – Zakumi : Plutôt réussie comme mascotte même si au final son nom ressemble un peu à celui d’une actrice de film pour adultes. Un léopard avec des cheveux verts qui a l’air un peu féroce, ça ne pouvait que marcher. Il s’est toutefois fait quelque peu voler la vedette par Waka Waka, le plus grand succès d’hymne de la Coupe du Monde.

Ce qu’il est devenu : Après avoir perpetré plusieurs attaques à main armée dans le township de Khayelitsha, Zakumi a été attrapé dans un filet puis jugé par la justice sud-africaine. Lors de son procès qui a malgré tout fait moins de bruit que celui d’Oscar Pistorius, il a été retenu que le félin était un animal protégé. Des rangers l’ont donc relâché dans le Parc Kruger où il vivrait selon tout vraisemblance encore aujourd’hui.

Note : 8/10 Sauvage

 

2014 – Fuleco : Un tatou dont le nom est la contraction habile des mots futebol et ecologia. Oui c’est vrai que pour cette dernière la FIFA fait tellement, comme par exemple cette année. Une mascotte souvent moquée car son nom signifierait tout simplement « cul » dans certaines parties du Brésil. En plus, il a été aperçu en flagrant délit de danse obscène à l’été 2014. Pour couronner le tout, ce tatou à repris le même habit que son prédecesseur Zakumi.

Ce qu’il est devenu : Malheureusement, les nouvelles sont tristes. Depuis le Mineirazo (la claque 7-1 subie par le Brésil face à l’Allemagne), Fuleco a sombré dans la dépression. L’alcool et la drogue ont finalement eu raison de lui. Il vit aujourd’hui dans la rue à Belo Horizonte. Si vous le croisez, soyez sympa donnez lui une pièce (ce n’est pas pour acheter du crack, il vous le promet).

Note : 5/10 Vulgaire

Fuleco c’est un chaud !

 

2018 – Zabivaka : Alors qu’on imaginait tous un ours, les Russes ont surpris leur petit monde en engageant un loup. Le lauréat a été choisi par le public parmi d’autres candidats, sans doute pour faire croire que la Russie est une parfaite démocratie. Plutôt sympathique, le solitaire Zabivaka a tout de même une curiosité bien particulière : ses lunettes. Parce que oui, personne ne joue au foot avec des lunettes à part quelques juniors D et Egdar Davids.

Ce qu’il est devenu : Incapable de prendre position contre la guerre en Ukraine, il a été exclu de l’association internationale des mascottes par un vote unanime. Figurant sur la liste des personnalités visées par les sanctions de l’Union Européenne, ses deux yachts et sa résidence de luxe à Courchevel ont été saisis. Tant pis, il ira faire du ski dans le Caucase l’hiver prochain.

Note : 7/10 Déchu

 

2022 – Laeeb : Il est en théorie interdit dans la culture musulmane de représenter des êtres vivants. C’est sans doute une des raisons pour lequelles le Qatar 2022 adopte comme mascotte un keffieh ou… un drap. Il faut dire qu’il ressemble étrangement à un fantôme notre petit dernier. Tiens, encore un hommage vibrant à tous ces ouvriers venus du Népal et du Bangladesh qui sont morts sur les chantiers de construction des stades.

Ce qu’il va devenir : L’émir du Qatar le cheikh Tamim ben Hamad prévoit probablement un quatrième mariage pour 2023 (il n’a que douze enfants). Nul doute que la mascotte Laeeb fera une excellente nappe pour la table des invités d’honneur.

Note : 3/10 250×170