Le monde les regarde

D’avis de tous les observateurs de football européen et mondial, ce choc entre Arsenal et Manchester United était ce qui pouvait se faire de mieux. Arsène Wenger parlait d’art tandis qu’Alex Ferguson enviait presque les détenteurs de billets… CartonRouge.ch y était !

La rivalité entre Gunners et Red Devils est toujours bien présente. Passée quelque peu en arrière plan depuis que Roman Abramovich a décidé d’acheter quelques lignes pour garnir le petit palmarès de Chelsea, l’histoire d’amour entre les deux géants ne s’est pourtant jamais interrompue. On se souvient de duels acharnés et même sans Keane, Vieira, Keown ou autres, l’affiche reste électrique. Certains joueurs se détestent copieusement, les deux managers ne peuvent pas se sentir et les fans de chaque camp ne supportent pas l’idée d’être battus par leur meilleur ennemi… Un Arsenal de gala depuis le début de la saison, un ManU resplendissant et qui a trouvé son rythme de croisière, le premier contre son second, tout était réuni ce samedi à l’Emirates pour nous offrir un de ces «Top Games» qui font la légende de la Premier League. Gooners vont et viennent aux alentours du stade, les rues sont pleines et les pubs affichent complets. Il n’est que onze heures et la bière est la boisson la plus vendue, et de loin. L’ambiance monte et les premiers chants démarrent. Le rituel est classique, achat du programme de match, pinte, chauffage de la voix en moquant Tottenham et vient l’heure de rejoindre le stade. Engloutissement d’un légendaire hot-dog («without onions please…») du coin de la rue et voilà que nous montons les marches de la magnifique enceinte. Les artistes entrent en scène. Kick-off donné par Mr Webb, que l’on dit meilleur arbitre du pays, à 12h45.

Arsène Wenger a choisi d’aligner les mêmes hommes qu’une semaine auparavant à Anfield. Les Gunners avaient plus que tenu le choc et auraient même pu rentrer de Liverpool avec la totalité de l’enjeu. Robin Van Persie étant blessé, ce dispositif est préféré par le Boss. Du côté Mancunien, Fergie aligne une équipe relativement classique dans laquelle on retrouve le jeune Anderson en lieu et place de Paul Scholes, à l’infirmerie lui aussi. Le match commence timidement et le très haut niveau technique laisse peu de place au hasard. Les deux équipes s’observent et le système à une seule pointe utilisé par Wenger démontre quelques limites. Huilé, rodé, répété, le jeu des Gunners s’arrête à 25 mètres des buts adverses, là où Adebayor se retrouve seul, là où Ferdinand et Vidic ont décidé de bloquer Arsenal. Arsène Wenger le reconnaîtra plus tard et avouera qu’un alignement de deux attaquants aurait peut-être été plus judicieux. Une belle frappe de l’éternel Giggs et une tête de Gallas resteront comme les deux plus belles chances de but de la première période jusqu’à ce que le – pour une fois – discret Ronaldo ne parvienne à trouver Rooney au premier poteau pour l’ouverture du score. Le but sera attribué à Gallas qui a dévié le ballon au grand malheur d’Almunia. ManU c’est du solide et ce score de 0-1 à la pause n’est pas immérité.
Pendant que le secteur réservé aux fans mancuniens reprend de plus belle la chanson désignant Wayne Rooney comme le Pelé blanc, on se dit que la course pour revenir au score sera longue et difficile, voire même impossible. Mais cette équipe d’Arsenal ne recule devant rien et c’est un petit homme nommé Cesc Fabregas, immense par le talent, qui va rapidement trouver l’égalisation sur un ballon rabattu de la droite par l’excellent Sagna. 1-1 balle au centre et tension à son maximum. Ferguson est des plus remonté sur son banc et sa conférence de presse d’après match relatant qu’il se sent en danger dans le stade d’Arsenal tant les gens derrière lui sont insupportables et malhonnêtes amplifiera encore un peu les polémiques habituelles. Le match s’emballe, les deux équipes veulent l’emporter et les changements effectués le prouvent. Un coup-franc de Fabregas, un tir dévissé de Hleb ou encore une tête de Rooney avaient le poids d’un but mais le score reste à un but partout. Le spectacle est grandiose. On joue depuis un peu plus de 80 minutes, c’est le moment pour une passe géniale de Saha qui trouve Evra dans l’intervalle, Almunia parti à sa rencontre offre le but vide à Cristiano Ronaldo qui ne se fait pas prier pour reprendre le centre du Français et signer un match «discret» à sa manière :  un but, un assist. Les Reds Devils prennent l’avantage et l’Emirates tout entier doute. Arsenal, invaincu jusqu’alors, est en bien mauvaise posture… Une volée d’Eduardo passe largement hors du cadre. Les Mancuniens qui ont fait le déplacement entament un vibrant «champions, champions…».
Plus d’espoir ou presque. On joue les arrêts de jeu. Arsenal ne veut pas en finir, Manchester veut tenir et se regroupe en défense. Ultime cafouillage, reprise de Gallas, Van Der Sar repousse, but ? On en sait trop rien, Walcott reprend mais l’arbitre assistant indique le centre du terrain tandis que le capitaine des locaux fête déjà son but… Mr Webb valide, 2-2, fin de match de folie. On n’a pas tout suivi, mais on a compris. «We are top the league, we are top the league…» chantent des millers de Gooners. On commence à réaliser que l’arbitre siffle déjà la fin. Score équitable pour deux équipes de grande qualité. Le titre ne s’est pas joué ce samedi 3 novembre à Londres, mais cette partie restera comme une étape essentielle et marquante de cette Premier League 2007-2008.

Arsenal – Manchester United  2-2 (0-1)

Emirates Stadium : 60’161 spectateurs.
Arbitre : M. Howard Webb.
Buts : 45e Gallas (csc) 0-1; 47e Fabregas 1-1; 81e Cristiano Ronaldo 1-2; 92e Gallas 2-2.
Arsenal : Alumina; Sagna, Kolo Touré, Gallas (cap.), Clichy; Rosicky (81e Eduardo Da Dilva), Flamini, Fabregas, Eboué (73e Walcott); Hleb (80e Gilberto Silva); Adebayor.
Manchester United : Van Der Sar; Brown (70e O’Shea), Ferdinand, Vidic, Evra; Giggs (cap.), Hargreaves, Anderson (76e Carrick), Cristiano Ronaldo; Rooney, Tevez (75e Saha).
Cartons jaunes : 15e Evra, 25e Hargreaves, 39e Fabregas.

Écrit par David Despont