Attention danger

Au retour d’un match à oublier du côté du bout du Lac Léman samedi dernier, les débats allaient bon train quant à la capacité de réaction du groupe lausannois après un échec et les questions étaient nombreuses. Bien décidés à nous déplacer à Thoune pour obtenir des réponses encourageantes, et par la même découvrir la Thun Arena, rendez-vous était pris dimanche en début d’après-midi avec le vénérable rédac’ chef de ton site favori.

Autant le dire tout de suite, le déplacement a été préparé avec une certaine passivité et c’est après un bon bout de route que ce cher Monsieur Reymond réalisa avoir oublié les billets en sa demeure, nous obligeant à rebrousser chemin et commencer l’expédition de bien mauvaise manière. Finalement arrivés à Thoune dans les délais, nous pouvons prendre place dans ce sympathique stade et découvrir la réaction lausannoise. Tu connais le score, on attend encore les réponses encourageantes que nous étions venus chercher et avouons que nous avons sur ce coup-là fait preuve d’une belle naïveté. Passivité et naïveté, voilà deux sales défauts dont se sont inspirés les hommes de Rueda sur le synthétique bernois et au contraire de celle dont nous avons fait preuve, celle de ces professionnels du ballon rond nous laisse perplexes, soucieux et remplis de questions.

Dès la prise de connaissance du onze bleu et blanc, de premières interrogations légitimes faisaient surface. L’enthousiasme engendré par l’absence de Marin a été tempéré par la titularisation de Kamber sur le côté droite de la défense et par le positionnement de Muslin en soutien de Moussilou, seul attaquant aligné d’entrée. Ces deux surprenants paris de Rueda ont été perdants. Après un quart d’heure de jeu, deux buts encaissés, une frappe sur la barre d’Andrist, et même le premier arrêt de la saison de Coltorti, le moment était déjà venu pour Rueda d’avouer que Muslin n’était pas Djorkaeff (c’était quand même quelque chose dans les 30 derniers mètres le Snake…) et le positionner plus bas dans le terrain était plus logique, même si le mal était déjà fait. Pour le poste de latéral droite, le calvaire de Kamber a duré 70 minutes. Emprunté dans son positionnement face à un excellent Andrist et peu à l’aise pour relancer de son mauvais pied, force est de constater que ce choix n’était pas judicieux, voire dommageable pour la confiance du joueur, que l’on espère revoir rapidement sur le côté gauche. En effet, après cinq matchs de championnat, le fidèle Sonnerat montre quelques limites inquiétantes et le premier but encaissé hier suite à une erreur de juniors D dont profita Lustrigol en est la preuve criante.
Malgré cette entame catastrophique (idem qu’à Genève huit jours plus tôt) et grâce à un nouveau but de Steven «passement de jambes» Lang, Lausanne restait dans le coup, mais au tableau d’affichage seulement, tant Thoune méritait de mener bien plus largement au score. On imagine un discours rempli de bonnes intentions durant la pause et le changement tactique (sortie d’Alex Pasche pour l’entrée de l’attaquant Junior Negrao) confirmait que Rueda y croyait vraiment. Mais à peine revenu des vestiaires, Andrist se baladait sur son flanc gauche et battait facilement Coltorti pour inscrire le 3-1. A notre bonne surprise, et c’est là le seul point positif de la journée, Lausanne revenait encore une fois au score par Moussilou et, sait-on jamais, un point était, peut-être, éventuellement, avec beaucoup de bol, envisageable. Puis c’est à la 57ème minute que M. Amhof, assez discret jusque-là, décida d’entrer en scène et de se mettre en mode Massimo Busacca pour expulser sévèrement Lang, coupable selon lui d’une simulation. Au vu du carton absolument stupide reçu par Lang samedi dernier pour avoir enlevé son maillot afin de fêter son but alors qu’on ne jouait que depuis 17 minutes, l’empêchant ainsi de s’engager dans les duels pour le reste du match, on pouvait aisément faire le raccourci avec une inutile simulation et fustiger Lang. Toutefois,  au vu des images on constate qu’il y a bel et bien contact avec Matic et que même si Lang amplifie un peu sa chute, il n’y a pas de simulation, ou alors il y a un gros doute. Un peu de raison et de bon sens de la part de l’arbitre aurait été plus judicieux et laisser Lang continuer le match n’aurait scandalisé absolument personne. Sans raison ni bon sens, M. Amhof a eu son instant de gloire.

Attention, il ne s’agit pas là de prendre ce fait de jeu comme une excuse à la déroute lausannoise, mais dès ce moment-là, les espoirs très infimes sont devenus nuls et la fin de match a été d’une longueur inouïe pour des joueurs vaudois usés et dépités, battus dans chaque duel et capitulant encore deux fois sur des réussites signées Lustrigol encore et Wittwer. Les statistiques sont dures mais reflètent parfaitement la partie : Thoune a frappé 27 fois au but, Lausanne 8… Cette défaite est sans appel. Il n’y a bien entendu pas de honte à perdre face à cette belle équipe de Thoune. A l’aise sur son terrain synthétique, rapide, roublarde et organisée, cette formation se maintiendra sans aucun souci parmi l’élite. C’est surtout la manière qui inquiète.
Au coup de sifflet final, vu de la tribune A2, le staff lausannois semblait jouer les Caliméros auprès du corps arbitral et si c’est en cette navrante expulsion qu’ils cherchent le réconfort de cette quatrième défaite en cinq matches, ils se trompent d’un bon bout… Nous aimerions plutôt voir ces Messieurs du staff, avec l’appui de dirigeants concernés et également responsables, remettre un peu d’ordre dans la maison lausannoise et retrouver des valeurs qui ont amené le club en LNA. Travail et collectif doivent remplacer passivité et naïveté. Et vite. Très vite.
Une question nous a titillé l’esprit lorsque nous avons aperçu un Alain Baumann relativement souriant du côté de Thoune. Si les choses venaient à mal tourner et certains transferts devenaient des erreurs de casting confirmées, est-ce que le pigiste du mois de juillet viendra assumer ses choix et leurs conséquences ? Il est quand même curieux de constater le rôle semble-t-il important joué par M. Baumann dans cette campagne de transfert. Pourquoi donner tant de confiance à un homme qui ne s’inscrit pas dans la durée ? Que devient Emil Lyng, titulaire et fantomatique à GC et pas revu depuis ? Comment expliquer l’absence de recrutement d’un latéral droite de métier ? Quand est-ce que Junior Negrao sera prêt physiquement (on espère pas trop tard vu la menace de suspension qui plane sur Moussilou suite à la pathétique affaire avec Rüfli) ? Est-ce que les arrivées de Page et Coltorti aux postes de Katz et Favre se justifieront un jour ? Voici nombre de questions auxquelles il faudra certainement répondre un jour car ce début de championnat inquiète sur le plan comptable et n’incite guère à l’optimisme au vu des deux dernières sorties. Lausanne vient tout de même d’encaisser neuf buts en deux déplacements, et ce sur le terrain d’équipes que beaucoup imaginaient comme prenables et à la portée du LS sur l’ensemble d’une saison. Est-ce que le recrutement privilégiant indiscutablement la quantité à la qualité ne rappelle pas un peu celui des promus 2010-2011 Arles-Avignon ou Blackpool alors que nous aurions plutôt imaginé une campagne marquée par la stabilité et la continuité comme celle des promus Thoune 2010-2011 ou Servette 2011-2012 ?

Il n’est certes pas encore temps de tirer des conclusions, de faire un bilan ou demander la tête de qui que ce soit, mais le temps est par contre venu de se poser les bonnes questions et cette fois il serait rassurant et appréciable d’obtenir des réponses sur le terrain, dimanche prochain lors de la venue du FC Hollywood en terres vaudoises.
L’état d’esprit du supporter vaudois de base est bien connu. On entend déjà des théories bien pourries, de personnes très aigries, clamant haut et fort que ce LS-là ne s’en sortira pas, etc… Ceux qui n’ont pas gardé les pieds sur terre et pensé que ça irait tout seul aurait dû, au matin du 26 mai déjà, lendemain d’une nuit magique, prendre conscience que la saison 2011-2012 du club vaudois sera une lutte de longue durée, sinuée d’embûches et que l’obtention du maintien ne se fera qu’avec hargne et conviction.
On ne demande pas de miracles, on n’attend pas une place en Coupe d’Europe, on n’espère pas gagner 0-4 en sautillant à St-Jacques… On demande simplement d’assurer et assumer les choses simples, que Sonnerat dégage un ballon dangereux au lieu de prendre un risque inutile, que les joueurs évoluent à leur poste, que le milieu de couloir défende, que le collectif reprenne le dessus… finalement, que Lausanne redevienne Lausanne. On compte sur vous. A dimanche.
Photos FC Thoune de Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

FC Thoune – Lausanne-Sport 5-2 (2-1)

Thun Arena, 5’706 spectateurs.
Arbitre : M. Amhof.
Buts : 6e Lustrinelli 1-0. 14e Schneuwly 2-0. 25e Lang  2-1. 46. Andrist 3-1. 48e Moussilou 3-2. 63e Lustrinelli 4-2. 87e Wittwer 5-2.
FC Thoune : Da Costa ; Lüthi, Matic, Schindelholz, Schneider (62e Reinmann) ; Schneuwly, Hediger, Demiri, Andrist (66e Wittwer) ; Lezcano (71e Sanogo); Lustrinelli.
Lausanne-Sport : Coltorti ; Kamber (71e Borges), Page, Meoli, Sonnerat ; Nlundulu, Pasche (46e Junior Negrao), Marazzi, Lang ; Muslin ; Moussilou (74e Roux).
Cartons jaunes : 10e Lezcano. 13e Lang. 75e Borges. 85e Muslin.
Carton rouge : 52e Lang.

Écrit par David Despont