Mardi 23 janvier. Jour de conférence des maîtres. Rien à se mettre sous la dent avant le premier conseil à 13h, les corrections sont bouclées. On est insomniaque. Bon, on pourrait quand même s’envoyer quelques balles de cet insipide Australian Open joué d’avance avec un café bien fort, non ? Bof, allez, on essaie. Qu’est-ce qu’on a à perdre à part 4 heures de notre vie à regarder un Serbe torturer un pauvre Fritz sans défense après tout ?
7h11: On ouvre un oeil. Il y a 2-2 au premier set entre Novak Djokovic et son Taylor Fritz expiatoire favori. On hésite à se rendormir en sursaut avec effet immédiat en se rendant compte de l’horreur qui risque de nous être proposée. Eh mais on n’a pas une grille de bingo qui serait parfaite pour ce genre d’exécution ? Heureusement que l’heure de l’apéro est encore loin parce qu’on en ferait presque un jeu à boire.
7h12: Comme c’est l’été à Melbourne, Djoko met immédiatement sa casquette. Pour l’enlever 32 minutes plus tard alors qu’on est toujours en pleine fournaise sans nuages (« C’est vrai qu’on est sur un p’tit 30, ressenti 31-32 », selon les journalistes d’Eurosport qui sont au courant puisqu’ils commentent depuis leur studio à Genève Issy-les-Moulineaux). Et hop, déjà une case de cochée !
7h33: 4-4. Djokornichon est accroché, il passe à peine 20% de premières balles. Taylor n’a pas suffisamment la Fritz pour capitaliser et le breaker, mais c’est déjà bien au-delà de nos espérances tout ça ! Et c’est une autre case de remplie par la même occasion !
7h40: Déjà 8 balles de break vendangées par notre meilleur ennemi serbe. 5-4 Fritz et case définitivement validée.
7h44: Vous le saviez déjà, mais on le répète pour le plaisir: le numéro 1 mondial tombe la casquette, quelques Australiennes se trouvent mal à cette simple vue et sont immédiatement évacuées, et le jeu reprend tête nue.
7h47: Très mauvais jeu de service de notre Djokopain, but (my) Taylor is poor. Tant pis pour la deuxième case depuis le haut en partant de la gauche.
7h50: Première grosse Djokolère de la matinée. Notre maître zen (qui change l’eau plate en pur bonheur par la simple force de sa volonté pour ceux qui ne suivaient pas en 2020) s’en prend à son clan qui a l’outrecuidance de ne pas lui adresser un regard. Y’aurait-il une pénurie de produits suspects sur sa chaise ? Sa casquette aurait-elle pris l’eau ? On ne le saura jamais. Toujours est-il que le disciple de Pepe Imaz sort une gourde de ce qui ressemble fort à 12 litres au vu de sa taille qui rappelle celle d’un éléphant nain et en boit une (chère) rasade de rage.
7h54: 6-5 Fritz, 15-30 sur le service de notre homéopathe balkanique. Fritz mène 19 coups gagnants à 9. Hein ? Vous ne seriez pas en train de nous dire que Djoko défend et ne tente absolument rien ? Impossible ! Tiens, ça mériterait une case, ça. On y réfléchira pour la prochaine fois.
7h55: Premières balles de break du set pour Fritz et ce sont des balles de set ! Elles sont naturellement promptement galvaudées (une case !), la deuxième sur un air shot de toute beauté que le soussigné n’aurait pas renié un vieux dimanche matin de migraine tenace. On en voit au fond qui sont surpris. C’est votre premier Djokovic-Fritz ? Bande de veinards.
7h58: L’autre Djokomique est interrompu par un bébé geignard. Le nourrisson est immédiatement évacué par la sécurité et rejoint donc les autochtones qui s’étaient évanouies à 7h44. Notre Djokomplotiste favori se rend compte au même instant qu’il souffre de la chaleur. Ah ben quand même ! Une quatrième case cochée !
8h00: Arnaud Clément, consultant d’Eurosport (là-bas à Issy), est déjà en roue libre. « Il faudra qu’il trouve le petit plus – on sait qu’il le trouve souvent – mais il est en difficulté. » Bon, c’est cool qu’au moins une personne y croie.
8h01: Djokombatif (qui souffre, vous vous souvenez ?) remet l’impossible 27 fois de suite et le brave Américain d’en face finit par ajuster la bâche sur un coup droit penalty devant le court vide. 1-0 dans le tie-break du premier set. Un rapide coup d’oeil à notre grille et c’est une quatrième case qui tombe !
8h03: Quatre points à zéro. Djokordesvocales hurle à la mort et brandit un poing vengeur. Oh là, mais c’est encore une case ça !
8h06: 6-1. Djokomplexé nargue le public et récolte ses premiers sifflets du jour. Vous la voyez comme nous cette case de la troisième ligne ? Check !
8h08: On a fini notre premier café et on est enfin assez lucide pour remarquer que notre vieux Djokomplice est effectivement nettement moins charismatique que Roger et Rafa, comme prévu par notre grille. Pendant ce temps-là, le tank serbe achève de rouler sur le pauvre casque bleu envoyé au secours du tennis mondial. 7-3. On coche d’ores et déjà la première case de la deuxième ligne et on se prépare à dérouler. Qui a dit « inéluctable » ? Hein ? Ah ben oui, nous.
Gros plan impromptu sur le coach de Taylor Fritz en tribunes.
8h20: 0-0 dans la deuxième manche, 40-30, double faute et immense colère de Novak, apparemment déjà dans les Djokordes. Une deuxième double suit immédiatement et on sent que Goran Ivanisevic est tout proche de prendre une claque. Car oui, tout est naturellement de la faute de l’ancien servebot croate et actuel coach de l’énergumène qui gesticule sur le court en ce moment. On subodore qu’il serait plus judicieux de blâmer un élément naturel et coche la case ad hoc par acquis de conscience.
8h21: Deuxième balle de Nole (qui SOUFFRE, on le rappelle) à 190 km/h. Fritz a toujours le moral en Djokompote et sort son retour de deux mètres.
8h23: BREAK DE FRITZ ! C’est la Djokorrida dans les tribunes ! Novak cherche du regard le nouveau né qui a semble-t-il regagné son siège de son propre chef pour le déconcentrer, histoire de régler ses Djokomptes et lui faire la peau.
8h29: On en est à 0/9 sur balle de break du côté serbe. C’est pas un Djokoncours, mais ça commence à avoir de l’allure. Sur Eurosport, on redouble de perspicacité: « Novak Djokovic semble souffrir et pas sûr qu’il essaie de le masquer, ça commence à se voir. » NO SHIT SHERLOCK. Allez, encore une couche: « Un Novak Djokovic qui n’a pas l’air bien fringant… » On recoche la case ? On recoche la case.
8h31: A vos stats ! Fritz remporte le set 85% du temps quand il breake le premier. En plus il se trouve face à une Djokorvée qui semble tout à coup moins insurmontable maintenant que son vis-à-vis « a l’air sans énergie, amorphe ». Tom Morel et Arnaud Clément ont décidément bien appliqué leurs verres de contact ce matin. Le mourant les entend et enchaîne avec deux aces consécutifs et un jeu blanc.
8h34: Djokossard a passé le changement de côté la tête dans sa serviette (ndlr: son linge en bon français de chez nous, on vous rappelle qu’on suit la rencontre sur une chaîne parisienne). Et on a loupé ça à cause de la pub.
8h35: « On a l’impression qu’il va tomber Novak Djokovic quand même. » On recoche ? On recoche.
8h36: Le soleil s’est couché. Novak Djokovic se sent tout de suite beaucoup mieux. On attend encore un peu avant de cocher la case, il nous manque la variable liée au score.
8h38: Novaxx – au seuil de la mort il y a 3 minutes pour ceux qui auraient oublié – a retrouvé son rythme au service ! Il enflamme son Djokosmos et déroule sur ses jeux.
8h41: Gros plan sur la fiancée de TF (impossible à confondre avec RF) qui n’a pas grand chose à voir avec Mirka. Voilà qui nous fait penser aux nombreuses « cousines » de Marat Safin à Melbourne il y a une vingtaine d’années. Une petite recherche sur Google et on tombe sur cet article d’anthologie:
20 Minutes et ses sources ô combien crédibles.
8h43: Taylor fait mauvais choix sur mauvais choix (encore un truc qui n’est jamais arrivé à un Fritz dans l’histoire) et se retrouve mené 15-40. Il sauve les deux balles de break et Djokomptable se retrouve à 0/11.
8h51: « Est-ce qu’il va tenir jusqu’au bout de ce set ce break, Arnaud ? »
8h53: Douzième balle de break… ratée ! Et la suivante aussi sur LE POINT DU MATCH. Pardon, le caps lock s’est encore enrayé. Et encore une ! On en est donc à quatorze.
8h58: « On connaît pourtant le film par coeur, Arnaud… » Ah quand même ! Vous y avez mis le temps les gars !
L’incroyable 0/15 de Djokovic ! 🤯
— Jeu, Set et Maths (@JeuSetMaths) January 23, 2024
Pour la première fois de sa carrière, Novak Djokovic n’a pas réussi à convertir une seule des 15 premières balles de break qu’il s’est procuré dans un match.#AusOpen #HomeOfTennis
8h59: Quinzième balle de break sauvée, la cinquième du jeu. « Mais qu’est-ce qu’il a mangé aujourd’hui Taylor Fritz ??? » On ne sait pas, Tom. Pour notre part on s’est fait un pain d’épices avec une légère couche de margarine.
9h08: A la surprise générale, Fritz met fin à une série de 13 sets perdus depuis 2021 contre cet adversaire un poil Djokontrariant. 7-6 4-6. Pour fêter ça, il prend une pause pipi (bingo !).
9h12: La pause commence à durer et Djokeau bouillonne. Il a même le Djokulot de s’en… plaindre. On aura décidément tout vu.
9h24: « Personne ne sauve 16 balles de break de suite face à Novak Djokovic. » Le break d’entrée du Serbe est sponsorisé par Vitas Gerulaitis. A force de Fritz le code… enfin bref.
9h31: Vous vous souvenez du 85% d’avant ? Figurez-vous que quand Machin breake le premier, il gagne le set 93% du temps.
9h46: 7-6 4-6 6-2. Là on coche la case de 8h36. 3h01 de jeu. Taylor Fritz (26 ans) est essoré physiquement alors que Novak Djokovic (36 ans et à peine remis d’une triple insolation, on le rappelle) est frais comme un gardon. Et hop, encore une case (même si ce n’est pas le cinquième set, tant pis) !
9h48: « Une réaction de Novak Djokovic pour le plus grand plaisir de ses nombreux fans ! » Pardon ?? Bon, là on coche la première case de l’avant-dernière ligne de rage.
9h58: Taylor a failli se faire breaker d’entrée de quatrième manche. Quelle pomme, Fritz. Morel nous rappelle qu’« il a encore toutes ses chances ». Un peu comme Gibraltar en deuxième mi-temps d’un match contre la France.
10h04: Barbara Schett prend tout le monde à contre-pied avec une analyse révolutionnaire. En effet, elle donne l’avantage à Djokovic. YOU DON’T SAY.
Ouais alors merci bien Babs.
10h06: 7-6 4-6 6-2 2-1. 30-15 Fritz sur un ace. Djokontre-productif pète un câble. C’est une case ça ? C’est une case. Ben oui, c’était sûrement à cause du vent.
10h13: Fritz souffre du gros orteil. On espère que son OPA sur le monopole de la douleur détenu par son adversaire ne va pas le gêner dans sa Djokoncentration.
10h16: Echange de 723 coups (au moins). Djokoraupied hurle sur chaque frappe, remet tout, se procure une vingtième balle de break et la convertit ! On recoche la case de l’adversaire qui dégoupille.
10h21: Fritz débreake sur un let. Même le filet déteste Djoko. On interprète ce signe comme le fait que le dernier quart du stade s’est retourné contre lui.
10h25: Re-break. Novak s’apprête à donner son Djokongé à sa victime en servant pour le match. On nous annonce que quand il passe les quarts de finale en Australie, il gagne le tournoi à tous les coups. Alors on en coche encore une !
10h29: 7-6 4-6 6-2 6-3, fin de la blague. Rendez-vous l’année prochaine pour notre grand bingo « Andrey Rublev perd un onzième quart de finale consécutif en trois sets secs et se met au hockey sur gazon ».
L’état de conscience et de préparation totale atteint par notre Djokouteausuisse à chaque match.
10h32: On reste encore quelques minutes en voyant que l’intervieweur qui gambade en direction du vainqueur n’est autre que Nick Kyrgios. On rappelle qu’il n’a toujours pas officiellement annoncé sa retraite. John McEnroe non plus d’ailleurs. La différence entre les deux résidant dans le fait qu’on a moins de difficultés à se souvenir de la dernière fois où Johnny Mac a été compétitif.
10h37: Encore une case cochée à la dernière seconde ! Djokouledesource nous révèle son secret: il fait le cochon-pendu sur un arbre du jardin botanique, c’est comme ça qu’on gagne un Grand Chelem apparemment. On considère que c’est l’équivalent de changer de l’eau gazeuse en élixir de jouvence en plein match et on coche la case. Oui, on triche un peu, mais c’est seulement parce qu’on s’est un peu trop identifié au personnage principal de cet article.
Score final:
C’est quand Sport Dimanche ?
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