Le 26 juin 2016, les joueurs polonais fêtent leur qualification pour les quarts de finale de l’Euro en narguant le mur des supporters suisses. Deux ans après, ils sortent piteusement du groupe le plus facile de ce Mondial (avec celui de la Russie), et je me retiens d’aller poser ma pêche devant l’ambassade polonaise.
Ce match aurait dû être chroniqué par Bertrand Jayet. On pense à lui et à sa famille. A quelque part, je suis content qu’il ait évité ça.
Le match en deux mots
Pour les Polonais : Bien fait.
Pour les Japonais : Quel scandale !
L’homme du match
Akira Nishino a laissé 6 titulaires sur le banc au coup d’envoi, alors que son équipe n’était pas certaine d’être qualifiée. Entre Petko qui aligne tous ses joueurs en prenant le risque d’une suspension (et qui ne sort pas Schär alors que le Brésil gagne 2-0, avec les conséquences que l’on sait) et Nishino qui joue à la roulette russe, il y a peut-être un juste milieu. A noter que même par la suite dans ses changements, Nishino persistera dans sa voie semi-suicidaire, ne faisant entrer Hasebe qu’à la 82ème et laissant Kagawa et Honda sur le banc.
Son équipe se retrouve donc affaiblie et incapable d’aller chercher un point contre cette pâle Pologne, et cela donne le geste pourri du match, voir ci-dessous.
La buse du match
Toute cette équipe de Pologne. Forte de son sixième rang au classement FIFA au moment du tirage au sort elle est donc dans le premier chapeau et évite tous les plus grands. Elle tire la Colombie, le Sénégal et le Japon pour ce qui semble être un groupe largement à sa portée. Résultat, après deux matches durant lesquels elle s’est montrée transparente et peu concernée, elle est déjà éliminée, et ce qu’on pressentait s’est avéré exact : c’est bien Lewandowski qui est 6ème au classement FIFA. Le reste de l’équipe est 43’278ème.
| Pos | Équipe | P | W | D | L | F | A | GD | Pts |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1 |  Colombie | 3 | 2 | 0 | 1 | 5 | 2 | 3 | 6 |
| 2 |  Japon | 3 | 1 | 1 | 1 | 4 | 4 | 0 | 4 |
| 2 |  Sénégal | 3 | 1 | 1 | 1 | 4 | 4 | 0 | 4 |
| 4 |  Pologne | 3 | 1 | 0 | 2 | 2 | 5 | -3 | 3 |
Le tournant du match
Dimanche 24 juin, Japon-Sénégal : dans les ultimes minutes, le Sénégal prend coup sur coup deux avertissements (Sabaly 90ème et N’Doye 91ème). 4 jours plus tard, c’est le Japon qui passe en huitièmes pour avoir reçu deux biscottes de moins que le Sénégal.
Le geste technique du match
Match très pauvre techniquement, dû au manque d’allant et de prise de risque des joueurs. Develey a assez bien résumé la situation en disant que « c’est dans les 30 derniers mètres que de chaque côté ça pêche ». Sur un terrain de 105 mètres de longueur, enlevez ces fameux 30 mètres de chaque côté, et vous comprendrez que l’essentiel du match s’est déroulé au milieu du terrain, avec une possession de balle polonaise plutôt stérile, avant que le ballon ne soit confisqué par les Japonais qui s’asseyent dessus en fin de match.
Le geste pourri du match
Le comportement scandaleux des Japonais qui refusent de jouer durant les 15 dernières minutes du match. Incompréhensible calcul minable qui reposait sur le fait que la Colombie gagnait 1-0 dans l’autre match contre le Sénégal. C’est ahurissant, il aurait suffi d’un but du Sénégal pour que les Samouraïs se fassent éliminer, et au lieu d’aller chercher l’égalisation, ils ont fait de la balle à 10 au milieu de terrain pendant un quart d’heure, sous le regard médusé des Polaks qui menaient 1-0 et s’en foutaient pas mal.
Franchement pour les jeunes à qui ma génération rebat tout le temps les oreilles avec le « match de la honte » Allemagne-Autriche de 1982, allez regarder cette fin de match et vous comprendrez : en 1982 cela a été cela pendant huitante minutes.
Passer au classement du fair-play après ce geste d’une anti-sportivité absolue est une hérésie. C’est un peu comme si le Nobel de littérature venait récompenser le gars qui a écrit la posologie des dragées Fuca. Si je livre vraiment le fond de ma pensée sur cette saloperie d’équipe qui nous a livré cette merde de fin de match, l’ambassadeur suisse au Japon devra aller présenter ses excuses. Au coup d’envoi, il y avait une équipe que je déteste sur le terrain, au coup de sifflet final il y en avait deux.
La FIFA devrait pouvoir contraindre la fédération japonaise à rembourser les 42’189 spectateurs qui se sont fait voler leur match à 200 balles la place, et qui ont très copieusement hué et sifflé cette mascarade. VERGOGNA !
Mouais. #JAPPOL pic.twitter.com/EowMb0dequ
— Larbi Tranculay (@Larbi_Tranculay) 28 juin 2018
A noter, comme si les Polonais voulaient absolument se mettre au diapason, qu’en toute fin de match, Grosicki a simulé une blessure dans le but de provoquer un arrêt de jeu afin que son sélectionneur puise procéder à un changement (non mais je te jure…) On a vraiment touché le fond.
L’anecdote
La dernière fois que les Aigles blancs s’étaient qualifiés pour la coupe du monde date d’il y a douze ans. En 2006, en Allemagne, ils perdent leurs deux premiers matches (contre l’Equateur et l’Allemagne) et se retrouvent éliminés prématurément. Comme cette année. Rendez-vous en 2030 pour deux défaites d’entrée contre le Zimbabwe et le Laos dans une coupe du monde à 72 équipes.
Et sinon, dans les tribunes ?
Peu d’images du public, sauf à la mi-temps (ce match n’était visible que sur le site de la RTS et du coup au lieu de se taper les habituelles analyses lénifiantes, il nous a été proposé des images du public et de revoir les actions, sans commentaire. J’adore.) On nous a montré très peu de fans polonais, et pas mal de Japonais. J’en déduis donc qu’ils ont été moins nombreux à foutre le bordel qu’à ranger le stade.
La minute Pierre Alain-Dupuis
Jean-François Develey qui n’est pas sur place et te commente ce qu’il voit à la télé, c’est quand même une épreuve. Mais il a toujours ses petites phrases, quand il se répond à lui-même dans de longs soliloques qui te donnent envie de l’allonger sur un divan et de lui facturer 300 balles l’heure. Lors de ce match ce fut « Un tout petit peu c’est déjà plus que pas du tout » et le tout à fait à propos « S’il y a un risque pour les Japonais c’est de s’auto-endormir et de se retrouver piégés ». Parole de somnambule.
La rétrospective du prochain match
Le Sénégal regarde à la télé les Japonais se faire atomiser par les Belges. Nagasaki ne profite jamais, comme disait l’autre.
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