Kosovo pas, sovo pas

Après s’être couverte de ridicule contre l’équipe B d’Israël, la Nati rempile contre l’équipe B du Kosovo – privée de 5 titulaires – et encaisse l’égalisation par un jeune joueur du KF Llapi qui fêtait sa première sélection et était sur le terrain depuis 9 minutes.

Le match en deux mots

Mais bordel, quand l’ASF va-t-elle prendre ses couilles à deux mains et régler un problème qui dure depuis une année ?

Ah pardon, on avait dit « en deux mots ».

YAKIN RAUS !

L’homme du match

Murat Yakin, pour sa déclaration après le match : « Le chapeau dans lequel nous aborderons le tirage au sort de l’Euro, aujourd’hui, je vous assure que ce n’est pas si important pour moi. Nous pouvons battre tout le monde. »

Sauf la Roumanie (48^ème au classement FIFA).

Sauf Israël (71^ème au classement FIFA).

Sauf la Biélorussie (100^ème au classement FIFA).

Sauf le Kosovo (105^ème au classement FIFA).

En fait il reste le Liechtenstein, Saint-Marin et Gibraltar. Espérons qu’on ait (pour une fois) de la chance au tirage au sort.

La buse du match

Le moins bon Kosovar de la soirée ? Xhaka.

Evidemment c’est de la provocation, mais pour une fois je vais le défendre (d’autant que j’aurais aussi pu citer l’autre gros bouttefas qui n’est pas foutu de tirer un corner potable en 118 sélections).

Bien sûr son rendement est insuffisant, bien sûr s’il jouait avec le quart de l’énergie qu’il met au Bayer, on serait 50% plus forts. Mais il faut quand même trouver la motivation quelque part. Les puristes diront que le simple fait de revêtir le maillot de la Nati devrait te faire te défoncer pour ton pays, et pour son peuple qui vibre, vit et meurt pour son équipe nationale (alors oui, c’est un peu grandiloquent, mais j’ai bu).

Mais comment tout donner pour un projet illisible auquel tu ne crois pas et que tu sais voué à l’échec ? Il n’y a pas de projet, aucune cohérence, pas de préparation de la suite, pas de relève. Pas de système. La seule certitude c’est que quoi qu’il arrive, Yakin sera viré au mieux dans quelques heures, au pire en juillet 2024. Dur de tout donner, dur de faire semblant, dur de pardonner…

N’oublions jamais que lors du 6-1 contre le Portugal, le 6 décembre 2022, ce sont les joueurs qui passent pour des cons. Tous. A cause de Yakin qui se défausse sur eux (« Ce n’est pas une question de système… »)

Je serais Xhaka, je le frapperais.

Le tournant du match

Le tournant des prochaines années, c’est maintenant.

C’est exactement maintenant que l’ASF doit trancher, et régler enfin un problème qui date du 6 décembre 2022 et de la débâcle contre le Portugal, en huitième de finale du Mondial. Dans n’importe quelle autre fédération, Yakin aurait été viré après ce fiasco qui lui était 100% imputable. Au lieu de cela, l’ASF a laissé pourrir la situation, jusqu’à aujourd’hui, avec le résultat que l’on voit.

Sauf à imaginer que la Suisse soit championne d’Europe en 2024 (avec Steffen meilleur buteur de la compétition), tout le monde sait que Yakin sera viré au plus tard en juillet prochain. Tout le monde. Et juillet prochain, c’est dans huit mois.

Perdre encore huit mois avec Yakin sélectionneur alors qu’il y a une compétition majeure tous les 24 mois, c’est criminel pour le foot suisse. Il faut virer ce clown MAINTENANT, quitte à nommer un sélectionneur ad interim en attendant le bon (franchement, qui pourrait faire pire à part Artur Jorge ?) L’Euro 2024 est probablement foutu, il s’agit de se projeter en 2026 et plus loin encore. Tout le monde sait que ce ne sera pas avec Yakin. On a déjà perdu beaucoup de temps.

L’esthète du match

Le gars de l’ASF qui a fait retirer une banderole dans le stade, une preuve de plus de l’ambiance générale.

Il est vrai que le texte des supporters était d’une violence extrême : « Nous donnons tout pour notre pays, et vous ? » Mais c’était encore trop pour l’ASF, qui n’aime que les bisous.

C’est important de savoir gérer les priorités. On a une équipe masculine qui fait ouvertement de la merde et est entrée en fronde contre son sélectionneur, Jashari qui refuse une sélection avec les M21, une équipe féminine qui reste sur une victoire en quatorze matches, qui n’a plus de sélectionneuse, une trésorerie à sec, et une banderole qui montre que les supporters ne sont pas dupes.

Mais c’est bon, on a réglé le problème de la banderole.

C’est vraiment la qualification la plus triste de l’histoire.

Le geste pourri du match

Tous les corners tirés par Shaqiri, depuis Louis XIV.

A mon époque, dans la cour de récré, on disait « trois corners = un pénalty ». Je me demande si aujourd’hui les gamins qui voient ceux de Shaq toute l’année ne se disent pas « quinze corners = un feuille-caillou-ciseaux ».

Le chiffre à la con

J’ai consulté les stats d’Eray Cömert. Il a commencé sa carrière pro en 2016. Son poste est celui de défenseur central. En plus de 200 matches disputés avec Bâle, Sion, Lugano, Valence et Nantes, il a été aligné à… trois reprises comme latéral droit : deux fois avec Lugano en 2017, et une fois avec Valence en 2022 (une branlée à domicile contre le Barca 1-4).

Quand on n’anticipe rien, quand on ne prépare pas la relève, quand on préfère mourir avec ses idées que d’avouer s’être trompé, on se retrouve à aligner un joueur qui est déjà intrinsèquement à l’extrême limite pour le niveau international, à un poste qui  n’est pas le sien, dans un match décisif d’une campagne bâclée.

Putain Yakin, tu ne vas tellement pas nous manquer…

L’anecdote

Voici en avant-première mondiale comment cela se passe la semaine dernière, quand Yakin se demande quelle défense aligner contre Israël. Il est seul devant son PC, il lance ChatGPT :

Et du coup il se dit : « Ouais, bonne idée, soyons un peu offensifs ».

(Merci à notre ancien rédacteur Sébastien Guénat pour son enquête)

Si le match avait été une chanson

La minute Johan Djourou

On commence à avoir l’habitude d’avoir les tympans qui se fissurent en écoutant le globish de Johan (entre autres  un merveilleux « au lieu qu’on sait qu’il y a du nombre »), voilà en plus qu’il mélange ses notes : à zéro à zéro, il se lance dans une tirade pour expliquer la difficulté de la Nati à planter le… deuxième. Lemos a quasiment dû lui rappeler gentiment qu’on était encore en train de courir après le premier.

Sinon, Lemos a tenté le nom-valise de « Zakiri », qui permet à la fois de parler de Zakaria et de Shaqiri, avant qu’à la fin de la mi-temps Cédric Moret, en plateau, ne repasse la parole à Johan Lemos. Mais je ne vais pas leur jeter la pierre, moi aussi je picole pendant les matches, bien obligé pour tenir jusqu’au bout.

La rétrospective du prochain match

Gagner en Roumanie pour éviter le chapeau 4 au tirage ? On s’en fout, puisqu’on peut battre tout le monde, il paraît.

Perdre en Roumanie sans jouer histoire de forcer l’ASF à virer Yakin ? Ça se tente.