Le petit musée des erreurs (3)

Après avoir épinglé les tuniques les plus immondes de l’univers en ce qui concerne le football et le hockey sur glace, place au tennis pour notre troisième volet. Pour fêter la réouverture des enseignes de mode (un business aussi essentiel qu’une calculette lors d’un examen d’allemand médiéval) et le retour sur le circuit de Roger Federer après plus de douze mois d’absence, quoi de mieux qu’un pot (vraiment) pourri de ce qui a donné la nausée aux fashionistas du monde entier au cours d’une ère un peu trop open au niveau vestimentaire ? Les membres de la rubrique haute couture de la rédac’ y sont allés de leur mauvaise foi habituelle pour vous concocter une liste chronologique des années nonante à nos jours. On a l’habitude des top 5, 10, ou encore 50 ou 100 si on a vraiment du temps à perdre. A Carton-Rouge, comme on ne respecte rien, ce sera un top 13. A vous de voter pour le pire du pire en fin d’article.

1. Ivan Lendl, Australian Open 1990

La première levée du Grand Chelem 1990 est remportée par Ivan Lendl. Mais le tournoi est surtout célèbre pour l’abandon de Stefan Edberg en finale (le premier sur la dernière marche d’un tournoi majeur masculin depuis Wimbledon 1911) et la disqualification de John McEnroe en huitième de finale. La version officielle raconte que le futur coach de Roger Federer souffrait d’une déchirure musculaire et que le Super Brat avait écopé de trois avertissements pour intimidation, destruction de raquette et insultes, mais la vérité est assurément ailleurs. L’ancien numéro 1 mondial new-yorkais était terrifié à l’idée d’affronter l’homme aux muscles zygomatiques les plus développés à l’est de la porte de Brandebourg et sa fameuse « casquette à oreilles » deux tours plus tard. Quant au gendre idéal suédois, il n’a malheureusement pas eu le temps de protéger ses globes oculaires avant son duel avec la fashion victim d’Ostrava. Engagez-vous, qu’ils disaient…

2. Andre Agassi, Australian Open 1995

Avec le Kid de Las Vegas, c’est peu dire qu’on avait l’embarras du choix. Entre le combo chemise blanche BCBG-mini short en jeans de 1988, sa perruque et le retour du short denim agrémenté de collants roses fluo du plus bel effet en 1990 ou encore les versions jaune et violette du même costume (sa garde-robe est un peu à l’image des jeux Pokémon sur Game Boy), il y avait déjà de quoi faire. Mais notre attirail préféré porté par celui qui clamait (tiens, justement en 1990) « image is everything » dans une publicité pour Canon date de son apparition à l’Open d’Australie 1995. Le look pirate-bouc pour masquer la calvitie toujours pas assumée et le short précurseur de l’avènement du patchwork comme art de vivre, du pur génie. Le fait que nombre de ses adversaires n’aient pu résister à se crever les yeux au limonadier en plein match n’est certainement pas étranger à la victoire de Dédé au tournoi des antipodes à sa première participation en battant le numéro 1 mondial Pete Sampras en finale. Lui avoir chipé son trône 3 mois plus tard et avoir fini l’année avec son meilleur bilan victoires-défaites en carrière peuvent probablement également être attribués au stress post-traumatique qui a dû affecter une grande partie du top 10 après avoir affronté notre gravure de mode.

3. Pete Sampras, Australian Open 1996

Melbourne est décidément un haut lieu de la mode tennistique. Une année après le sacre de son meilleur ennemi, Pistol Pete se fait renverser par un 35 tonnes de 19 ans nommé Mark Philippoussis au troisième tour. Dommage pour le boxer-pyjama de l’homme au charisme d’un meuble de jardin qui est ainsi tombé dans l’oubli. Pour mieux renaître presque deux décennies plus tard à l’autre bout du monde. On y reviendra.

La qualité de la capture d’écran est à la hauteur du style de l’époque.

4. Bethanie Mattek-Sands, ensemble de son oeuvre, 1999-2021

La co-présentatrice de Tennis United, le quotidien des joueurs confinés via Zoom en 2020, est connue pour deux choses: cette vidéo absolument insoutenable (de rien)…

… et ses tenues pour le moins extravagantes. Parlons de ces dernières. Comme il y en a trop pour être toutes citées ici, il a fallu faire un choix. La récipiendaire de 9 titres du Grand Chelem en double et ancienne numéro 1 mondiale de la spécialité avait d’abord décidé d’apposer sa griffe sur le circuit WTA en simple, comme vous pouvez le voir ci-dessous à l’US Open 2007.

L’ingénieuse résidente de Phoenix, dans le désert d’Arizona, avait même prévu une version pour les chaleurs torrides de la day session. La légende raconte que cet uniforme a été responsable de plus d’une insolation ce jour-là (et ce pauvre ramasseur de balles n’a toujours pas le droit à l’oubli 14 ans plus tard grâce à cet outil fantastique qu’est Internet)…

On imagine aisément l’entier du board du All England Tennis Club avaler son thé arrosé d’un nuage de lait de travers si elle avait osé la même facétie chez les tortionnaires de Meghan Markle. Heureusement pour eux, la championne olympique de double mixte est arrivée à SW19 avec quelque chose de nettement moins coloré quoique toujours très original en 2008.

5. Serena Williams, US Open 2004

Avant de menacer de mort une juge de ligne en 2009 face à Kim Clijsters, de retenter le même coup en 2011 alors qu’elle était rouée de coups par Sam Stosur, de jouer les malades imaginaires contre Timea Bacsinszky en 2015 ou de voler la joie de son premier titre du Grand Chelem à Naomi Osaka en 2018, la joueuse la plus fair-play du circuit s’était déjà distinguée par ses tenues qui sont au tennis ce que la désormais révérende Margaret Court est au progressisme. On retiendra tout de même que ce crossover entre un biker et Andre Agassi lui avait permis de créer la surprise en battant l’immense favorite Patty Schnyder en huitième de finale.

6. Dominik Hrbatý, US Open 2005 – Australian Open 2006

Le chouchou de la rédaction. Nous sommes non seulement en présence du design le plus laid des trois derniers millénaires, mais le natif de Bratislava a apparemment eu les… épaules assez solides pour encaisser les quolibets de la foule au sujet de sa tenue pour le moins échancrée deux tournois majeurs de suite. Chapeau, comme on dit dans le milieu de la mode. Et pourtant dieu sait si son équipement aurait dû lui permettre de sentir le vent de la défaite arriver de loin. Le fait que Lotto ait également sponsorisé notre Nati de 1992 à 1998 ne peut dès lors être qu’un hasard…

On ne peut pas résister à vous rapporter un extrait de la conférence de presse de Lleyton Hewitt, aussi connu pour son tact que Christine Boutin pour son second degré, après avoir mis 6-1 6-4 6-2 au Slovaque aux omoplates saillantes en huitième de finale à New York: « Je ne porterais pas ça. Mais ça l’a rendu bien plus facile à battre. Je ne pouvais tout simplement pas perdre contre un gars qui portait un truc pareil. » Tout ça pour prendre une veste contre Federer en demi-finale…

7. Roger Federer, Wimbledon 2007

Il est temps de rectifier une erreur historique. Et de contredire ce papier mythique de notre ancien collègue Alan Maclero. Non, Roger Federer n’est pas parfait. Un jour, comme le bon roi Dagobert, il a mis sa culotte à l’envers.

Ça tombe bien, ça faisait des années qu’on avait envie d’ironiser sur les fameux blazers pompeux que le Maestro endossait pour organiser des garden parties dans la banlieue sud-ouest de Londres.

8. Venus Williams, Wimbledon 2011

Notre site étant librement accessible aux moins de 18 ans et généralement considéré safe for work, nous vous laissons le soin d’aller admirer certaines des nuisettes au goût plus que douteux arborées par l’aînée des sœurs Williams ici et . Nous avons préféré jeter notre dévolu sur cette authentique paire de baldaquins – dont le découpage approximatif semble être le fruit du labeur d’une classe de troisième année HarmoS option bricolage – présentée au public du Centre Court lors de la quinzaine 2011. Autant dire que la défaite de la tête de série 23 du tournoi n’a pas fait grimper grand monde aux rideaux.

9. Tomáš Berdych, ensemble de son oeuvre chez H&M, 2013-2016

La place de Tomáš Berdych dans l’histoire du tennis est ce que la Reine d’Angleterre est au pouvoir exécutif: symbolique tout au plus. L’homme qui a gagné le plus long double de l’histoire face au duo Wawrinka-Chiudinelli et qui partage avec David Nalbandian (entre autres) le titre honorifique de membre du club des plus grands joueurs à n’avoir jamais soulevé de trophée majeur a peut-être un avenir tout tracé sur les podiums de la Fashion Week (à défaut de celui du classement ATP). Voyez plutôt:  

10. Stan Wawrinka, Roland-Garros 2015

Un caleçon-maillot de bain-pyjama multifonctions aux couleurs aussi improbables qu’une bonne décision de Granit Xhaka. Ce machin était mal parti pour passer à la postérité. Une raclée administrée à Federer et une couronne arrachée à Djokovic plus tard, c’est à la sueur de son clavier que la rédac’ avait réussi à se procurer un exemplaire du short le plus célèbre du monde.

No couture, no future.

11. Roger Federer, Roland-Garros 2019

De retour à Paris après 4 ans d’absence, il va sans dire que le Bâlois y est attendu comme le Messie. Pas de bol, c’est en coursier UPS qu’il a débarqué. D’aucuns l’auraient même confondu avec un barista. On comprend que Rodge ait trouvé tout ça un peu fort de café.

Un comble effectivement.

12. Nike, Roland-Garros 2019

Qu’était donc venu livrer ce coursier UPS cette année-là ? Eh bien peut-être ça (nos excuses à Kyle Edmund, déjà suffisamment stigmatisé dans son enfance en tant que roux, qui nous sert de modèle ici mais qui n’était pas le seul à porter cette immondice).

13. Grigor Dimitrov, Australian Open 2020

Malheureusement pour nos rétines endolories, Nike n’en était encore qu’au prototype de la version finale qui a vu le jour au mois de janvier 2020: le pyjama bulgare. Il faut tout de même avouer qu’affubler un joueur de ce qui allait devenir peu ou prou le bleu de (télé)travail de tous les habitants de la planète dès le mois de mars était un sacré coup de génie.

Il est à noter que la firme de Phil Knight avait tout prévu en testant la resistance de son produit deux ans auparavant, lors de l’Open d’Australie 2018. Baby Fed avait brillamment passé le test (à défaut de passer les quarts de finale) en n’étant pas immédiatement frappé de cécité à la vue de son uniforme.

Voilà cher lecteur, si tu n’es pas encore aveugle, tu as jusqu’à la fin du mois pour nous donner ton opinion !

Quelle est la tenue la plus atroce ?
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A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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