Gottéron était Plüss meilleur

Le sport, comme la vie, est truffé d’exemples où le héros malheureux d’un jour devient le sauveur le jour suivant. Benny Plüss, après son nez cassé et surtout le but égalisateur raté au-dessus de la cage vide en fin de l’acte II, a montré la voie en marquant hier soir deux des trois buts de son équipe. Et Conz, impérial en fin de partie, a scellé la victoire méritée des Dragons pour égaliser la série à 2-2.

Lance et Conz

Après que les Fribourgeois, sur la vague de leur victoire de jeudi, eurent réussi un début de match parfait (0-2 après 4’37’’) grâce au capitaine Sandy et Benny, à la visière, magnifiquement lancé par Loeffel, la forte réaction bernoise ne se fit pas attendre. Ainsi, Gardner, cueillant comme d’accoutumée un rebond pour le 1-2, concrétisa la pression bernoise à tel point qu’après un premier tiers spectaculaire, les 17’131 spectateurs avaient l’impression que le but égalisateur n’était qu’une question de temps.
Que nenni. Après la pause, les Fribourgeois ont au contraire réussi à instaurer leur jeu vertical et reprirent la main mise sur le match, rappelant au passage que ce n’était peut être pas un hasard qu’ils avaient terminé le championnat avec sept points d’avance sur leurs cousins bernois bien aimés. Passe d’armes importantes de cette finale. Ici c’est Fribourg -dont ! Le SCB ressemblait soudain à l’équipe vue parfois dans les demi-finales, soit manquant de vitesse et souvent sans grandes solutions au niveau offensif. De plus, la vitesse de Vermin, sorti blessé depuis la 5e minunte déjà, de même que l’énergie de Scherwey, manquait cruellement aux Ours. En l’absence du numéro 92 bernois ailier de la première ligne, Törmänen touillait un peu désespérément ses lignes.

Avant le début de la finale, j’avais donné Fribourg favori, en particulier en raison de leur avantage à la position de gardien. Et c’est sur un tir du poignet de la ligne bleue de Benny Plüss que Bührer pris à la 27e minute le prototype du mauvais goal dans le «five hole», le puck filant entre ses jambes justement au moment où Berne avait le plus besoin de son numéro 39 pour rester dans le match. Aïe !
Par contraste, Benjamin Conz a lui été solide comme un roc, restant toujours serein et multipliant les arrêts lors de la tornade bernoise de la dernière période. Ce jeune talent permettra peut être aux fidèles fans du HCFG d’oublier pour toujours le fantôme de Dino Stecher et des trois finales perdues dans les années 90.

«Live and learn»

Kossmann et sa bande ont donc bien tiré les enseignements suite à leur défaite en demi-finale 2012. D’abord, ils ont su durcir le ton d’entrée, à l’image de la charge contre la bande fautive de Dubé contre Vermin, blessant ce dernier et mettant fin prématurément à sa soirée (saison ?), suivi de l’enchaînement cross-check de Kwiatkoski et charge contre la bande de Jeannin sur Byron Ritchie : tout ceci pour une facture allégée de seulement deux maigres pénalités mineures. Ensuite, au troisième tiers, ils ont su mettre en place un verrou défensivement efficace, système tellement souvent décrié par la presse romande, mais qui est la clé du chemin vers le titre, et qui paraissait plaire en tout cas beaucoup au kop fribourgeois enflammé. Enfin, ils ont su gagner les duels, se jeter devant les pucks, et minimiser les erreurs, contrairement à leurs adversaires, voir notamment le décevant  défenseur Collenberg, médusé sur le 0-1.
Ce sont en définitive ces petits détails qui font pencher la balance dans un sens ou dans l’autre, comme le duel gagné par Bykoy contre Roche derrière le but bernois lors de l’acte III, à l’origine du 1-0 victorieux, ou la canne d’un défenseur fribourgeois qui, in extremis, a dévié une passe destinée à Bednar, lui qui n’aurait plus eu qu’à mettre le puck au fond pour le 2-2, ce qui aurait sans doute donné une toute autre tournure au match. A noter également que les Dzoz’s ne dépendent plus de manière trop importante de leurs joueurs vedettes Bykov et Sprunger, bien souvent empruntés, qui à nouveau n’ont pas fait de points hier soir. Ces derniers n’ont auront peut-être pas cure, car si Fribourg est champion, ils auront marqué le but le plus important de la finale. En tous cas, avec en plus l’absence de Heins, toute l’équipe a répondu présent et Fribourg était Plüss meilleur.

Best of Three

On n’échappe pas au passé. Comme en 1992, les Fribourgeois égalisent la série à 2-2 après avoir perdu les deux premiers matchs, remportant l’Acte IV à Berne (en 1992 : 0-3). Cependant, nous entrons désormais dans des eaux inconnues. D’une part, il s’agit cette fois d’une série en sept matchs. D’autre part, Berne endosse pour la première fois contre le HCFG un rôle d’outsider. En effet, tant les quarts que les demi-finales ont mis en lumière le fait que cette cuvée Berne 2013 n’est pas l’équipe dominatrice vue par le passé, mais plutôt une bande expérimentée qui se battent pour survivre et pour provoquer la chance, avec les moyens du bord. Le fameux «momentum» est également actuellement bien ancré dans le camp des Fribourgeois. Les pucks bernois n’entrent plus dans le but (un seul goal en 120 minutes) les rebonds et les décisions arbitrales sont moins favorables et Gottéron a repris l’avantage psychologique. Le SCB, dont la frustration s’est exprimée en fin de match hier soir, pourra-t-il comme contre Genève ou contre Zoug retourner encore une fois une situation qui paraît assez mal emmanchée ? Pour y arriver, il faudra que toutes les pièces du puzzle se mettent en place : gardien, blessures, arbitrage et «puck luck». Comme ils l’ont appris lors de la finale 2012, tout se joue à très peu de choses. Et c’est Tout ou Rien. 
Tout le canton de Fribourg voit maintenant se rapprocher ce Graal tant convoité qui leur tend les bras. Les Dragons ont le vent dans le dos, un gardien en confiance et la série est désormais un «Best of Three» dont deux matchs (si besoin) dans le chaudron de la BCF Arena. A cette occasion ; ils se rappelleront de ce que dit le Dalaï Lama, qui sera également présent à Fribourg samedi : «le vrai bonheur ne dépend d’aucun être, d’aucun objet extérieur. Il ne dépend que de nous.»
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Berne – FR-Gottéron 1-3 (1-2 0-1 0-0)

Allmend, 17’131 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : MM. Kurmann/Massy ; Kaderli/Wüst.
Buts : 4e (Jeannin (Knoepfli) 0-1. 5e B.Plüss (Loeffel, Schilt) 0-2. 11e Gardner (Roche, Ritchie/5c4) 1-2. 27e B.Plüss (Kwiatkowski/5c4) 1-3.
Pénalités : 6 x 2′ contre Berne ; 4 x 2′ contre FR-Gottéron.
Berne: Bührer; Roche, Gerber; Collenberg, Furrer; Kinrade, Jobin; Vermin, Ritchie, P.Berger; Bednar, M.Plüss, Rüthemann; Bertschy, Gardner, Loichat; A.Berger, F.Randegger, Rubin; Neuenschwander.
Fribourg: B.Conz; Ngoy, Birbaum; Abplanalp, Kwiatkowski; Loeffel, Schilt; Schäublin; Hasani, Gamache, Dubé; Mauldin, Jeannin, Knoepfli; Sprunger, Bykov, B.Plüss; Sushinsky, Botter, Vauclair; Cadieux.
Notes : Berne sans Scherwey (suspendu) ni Campbell et Sykora (surnuméraires). Fribourg sans Heins et Gerber (blessés) ni Lauper et Brügger (surnuméraires).

Écrit par Andy Tschander

Commentaires Facebook

4 Commentaires

  1. Salut Andy,

    Ayant été un de ceux qui a largement décrié tes derniers articles au sujet des jouranistes romands; je suis content de pouvoir être le premier à saluer ce nouvel article qui retrouve le coeur de notre sport favori et s’écarte des polémiques du torchon orange.

    Bravo et merci, au plaisir de lire le prochain.

  2. En effet, si la double charge de Kwiatkowski et Jeannin sur Ritchie avait eu lieu sur Bykov de la part des Bernois, quels cris de putois on aurait entendu dans la presse et chez les supporters. Le compte-rendu sur le site du SCB ne l’évoque même pas. On dirait que chez certains joueurs de Gottéron, c’est le concours à qui aura sa photo dans Le Matin, étalé par terre…

  3. ahahahaha le passage : « l’enchaînement cross-check de Kwiatkoski et charge contre la bande de Jeannin sur Byron Ritchie : tout ceci pour une facture allégée de seulement deux maigres pénalités mineures » est assez drole.

    On parle de l’attitude de raclure du même Ritchie en fin de match ?

    Un pin’s pour Rubin aussi : quand c’est birbaum en face c’est facile de faire le chaud, mais quand heins lui avait collé une beigne, le mec faisait le mort.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.