Ramos a la playa

A mí me gusta bailar

Il y a des matches après lesquels tu es devant ta page blanche et tu te dis « Putain, je vais raconter quoi moi ? » Et il y en a d’autres sur lesquels tu pourrais écrire un livre. Je vais contacter Flammarion, je vous tiens au jus.

Le match en deux mots

Ascenseur émotionnel.

L’homme du match

Sommer, qui m’a presque fermé la gueule sur ce match (heureusement il me reste Shaqiri…) Il a pourtant commencé son match comme d’habitude, mais cette fois son immense boulette de la vingtième minute n’a pas porté à conséquence, avec ce ballon qui lui file entre les doigts et qui manque de se transformer en goal. Sur le reste du match, il fait son job très correctement (sauf sur les dégagements au pied, faut quand même pas exagérer, ça reste Sommer) et nous offre ce double moment de grâce quand il arrête les deux penalties de Sergio Ramos (que j’appellerai « %&#@ » dans la suite de cet article. « C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup », comme disait le commentateur de France-Galles en 1980).

Sinon un conseil : vous devez changer le delco de votre moteur, vous avez une équation du troisième degré à résoudre, vous vous demandez comment soigner un chalazion, vous avez des pertes blanches, vous avez envie de résoudre le conflit israëlo-palestinien : appelez Edimilson Fernandes. Ce gars a prouvé samedi qu’il savait tout faire.

La buse du match

%&#@, bien entendu, et ses deux pénos ratés. La seule chose qui me fait plaisir dans le fait qu’il ait fêté sa 177ème sélection, battant à cette occasion le record européen de Buffon, c’est que statistiquement on ne devrait donc plus le voir très longtemps.

Encore, à l’époque il avait au moins une aura de sex-symbol, tu pouvais regarder un bout de match avec ta copine histoire de chauffer ses glandes de Bartholin et à la fin du match c’est toi qui en profitais. Maintenant il a le look de Nicolas Blancho et il me donne envie de décapiter des bébés loulous de Poméranie.

Le tournant du match

Il s’est passé tellement de choses aux alentours de la 55ème minute que si je tente de dessiner tous les tournants du match qui se sont joués à ce moment, ça donne cela :

Donc je résume : le gardien espagnol Unai Simon tente une sortie complètement aux fraises à 30 mètres de ses buts. Seferovic se retrouve quasi devant la cage vide, tente d’éviter le retour des défenseurs, temporise un chouïa trop et %&#@ finit par sauver le goal. Sur la contre-attaque, en trois secondes et à 100 mètres de là, le ballon est expédié dans le dos de Rodriguez et touche l’arrière de son triceps pour un de ces penalties absurdes so 2020, péno tiré par %&#@, que Sommer sort superbement.

Je n’avais plus vécu une minute aussi intense depuis Portugal-Suisse en juin l’année dernière, quand l’arbitre siffle péno pour les Tos, puis va voir la VAR, se ravise et finit par siffler péno pour la Suisse. Samedi, en deux minutes, j’ai compris ce qu’enduraient les patients atteints de progéria.

Le geste technique du match

Il faut voir et revoir le geste incroyable de Freuler sur le but suisse.

J’aimerais pouvoir me dire que j’ai un jour caressé une femme avec ma main droite aussi bien que Freuler ce ballon avec son pied gauche, mais je n’en suis pas du tout certain.

Le geste pourri du match

Le deuxième penalty de %&#@. Il s’avance avec une morgue tellement détestable pour in fine mettre dans son shoot toute l’énergie d’un Thierry Beccaro sous Valium que le fait qu’il l’ait raté tient de la justice immanente. Ma plus belle giclée de 2020.

Visiblement, Xhaka partageait mon enthousiasme…

Sinon il y a aussi eu un extraordinaire corner de Shaqiri à la demi-heure, ras-terre au premier poteau, qui rebondit trois fois sur le sol en longeant la ligne avant de mourir nulle part. Tout l’apport du Shaq résumé dans ce shoot de bédouin.

Le chiffre à la con

Au foot, une victoire vaut 3 points, un match nul en vaut un seul. Mais parfois le classement fait que cela ne change rien. La Suisse et l’Espagne étaient dans ce cas de figure samedi, au vu de la victoire de l’Allemagne dans le même temps face à l’Ukraine.

Pour l’Espagne, un nul ou une défaite revenait au même, les obligeant dans les deux cas à l’emporter mardi prochain face à l’Allemagne pour finir en tête du groupe et se qualifier pour le Final Four. Voilà pourquoi à deux reprises Unai Simon est monté dans la surface suisse pour créer le surnombre sur corner dans les dernières minutes : ils s’en foutaient de prendre un goal en contre. Ils voulaient gagner, ce que Lemos a reconnu un peu tard, après avoir enfin analysé le classement du groupe. On aurait été en droit d’attendre que cela se fasse avant le match.

Pour la Nati, une victoire ou un nul revenaient au même, les obligeant dans les deux cas à l’emporter mardi prochain face à l’Ukraine pour sauver leur place dans le groupe. Voilà pourquoi les déclarations d’Embolo après le match font sourire : « On est déçus de ne pas avoir les trois points, pour le classement. » Pour le prestige OK, pour la stat à la rigueur, mais pour le classement… aucune importance sauf si l’agenda secret était de passer l’Espagne au poteau et de finir au deuxième rang (ce qui ne servirait absolument à rien).

L’anecdote

Intéressant de voir comment tactiquement la Roja a procédé pour étouffer la Suisse en la privant de ballon. Sur l’image ci-dessus, Sommer est au dégagement, et Petkovic adooooooore (trop, beaucoup trop) les relances courtes qui passent par les défenseurs. Regardez la position des quatre joueurs espagnols… Impossible ou a minima très risqué de tenter la petite passe à un copain avec cette pression, surtout qu’en face c’est pas exactement la deux de Genolier-Begnins… Résultat, plus souvent qu’à son tour Sommer a été obligé de jouer long au pied. Et comme les longs dégagements ne sont pas la spécialité de Yann (euphémisme) et que les Espagnols sont très forts à la récupération, leur plan a marché à merveille pour récupérer un max de ballons, et ensuite faire tourner.

Et sinon, dans les tribunes ?

 

La minute Pierre-Alain Dupuis

Pont avait un peu oublié son insupportable langue de bois avant le match. On n’est pas encore chez Polac, mais l’entendre dire qu’il doit enfin se passer quelque chose avec cette équipe, l’entendre affirmer son ras-le-bol des défaites honorables, ça vous change un homme. Il a même osé dire « qu’on doit s’en foutre de l’Espagne » et qu’on va devoir avoir « un petit coup de cul » pour passer… C’est Madame Pont, qui a changé le sucre blanc qu’elle lui ajoute dans son bircher de 16h00 par du Guronsan, qui a dû bien se marrer devant sa TV.

On peut souligner aussi la performance de Lemos, qui a commencé le match en commentateur et qui l’a terminé en supporter, de plus en plus en roue libre plus le match avançait, à houspiller l’arbitre, à réclamer des pénos qui n’existaient pas, à se plaindre que le temps ne s’écoulait pas assez vite, à engueuler le gardien espagnol… A mon avis au coup de sifflet final il était à deux doigts d’aller craquer une torche torse nu sur le grillage.

La rétrospective du prochain match

Ce serait tellement « Unser Nati », après ce morceau de bravoure, de concéder une merde de 0-0 contre l’Ukraine… D’autant que le souvenir de 2006 commence à s’estomper.

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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9 Commentaires

  1. Je ne suis pas du tout certain qu’Embolo pensait à cela, mais je rétablis quand même une vérité : comme me l’a signalé un lecteur attentif, une victoire samedi aurait fait que N’IMPORTE QUELLE VICTOIRE demain contre l’Ukraine qualifiait la Nati.

    Comme c’est la confrontation directe qui compte en cas d’égalité de points, et que l’Ukraine l’a emporté 2-1 à l’aller, une victoire suisse par un but d’écart dans le scénario où l’Ukraine marquerait plus d’un but serait éliminatoire. Donc 3-2, 4-3, 5-4 sont à prohiber.

    • Je crois aussi qu’Embolo ne pensait pas à ça!Mais,dans le doute,on ne sait jamais!Bravo et merci pour vos articles!Merci pour votre commentaire!

  2. Concernant la déclaration d’Embolo, est-ce qu’une victoire aurait pu changer quelque chose au classement « FIFA », et les faire remonter dans le pot 1 des qualifications pour la CM 2022?

  3. « ce que Lemos a reconnu un peu tard, après avoir enfin analysé le classement du groupe. On aurait été en droit d’attendre que cela se fasse avant le match. »

    C’est là la différence entre un journaliste et un passionné. Moi je vote pour que la RTS engage quelques éléments de CR.

  4. Bon ben quatorze ans après un Suisse-Ukraine décidé aux pénos (3 pénos à 1 tourné de langue, une latte et un tir en mode Ramos, pffff que ce souvenir est encore pénible..), on se dirige cette fois-ci vers un Suisse-Ukraine qui va se décider à pile ou face, ou au tribunal !

    Quel scénario peut-on envisager si on a un Suisse-Ukraine (1A-2C) en 8ème de finale de l’Euro en juin prochain à Wembley ?

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