Quand la musique est sport

De nombreux chanteurs et paroliers ont déjà essayé de rendre hommage à leur idole sportive en chanson. Et comme vous pouvez vous en douter, c’est loin d’être toujours réussi. Voici une sélection non exhaustive « d’artistes » chantant leur amour pour l’esprit de Coubertin et leurs dignes représentants.

Pascal Obispo – Zinédine

Premier indice.

« Tant de flashes et de lumières pour des héros ordinaires, ordinaires. De place à des courants d’air qui feraient tourner la terre. Tourner la terre ».

Pascal, tu n’es pas clair. De qui nous parles-tu ? Mandela ? Mère Teresa ? Martin Luther King ? Adolf Ogi ?

Deuxième indice.

« Tant de visages qu’on éclaire pour des héros éphémères, éphémères. Le tien Place des Etoiles brille pour nous ouvrir le bal, nous ouvrir le bal ».

Non mais c’est qui ? Le Général de Gaulle ? Napoléon ? …

« Allez Zinedine. Comme quoi les hommes rêvent encore. Allez Zinedine. Comme quoi tout espoir n’est pas mort ».

Ah d’accord. C’est bieng.

Après tout, en tant que supporteur des Girondins, on peut comprendre qu’Obispo soit obnubilé par Zizou. En plus, lorsqu’il sort sa chanson en 2003, il se tapait David Jemmali, Deivid et le postérieur de Jean-Claude Darcheville dans l’effectif. Ça aide à rendre nostalgique.

Renaud – 500 connards sur la ligne de départ

On savait que Renaud n’aimait pas Margaret Thatcher, ses compatriotes et, depuis peu, le coronavirus. Mais pas que. On est sûrs depuis 1991 que Renaud déteste aussi Gérard Holtz. La raison ? Celui qui s’autoproclame « chanteur énervant » ne peut pas encadrer le Paris-Dakar. Alors il n’y a pas de raisons qu’il se foute dans son canap’ pour mater Gégé faire des grandes théories colonialistes.

Et comme d’hab, le Parigo ne prend pas vraiment de pincettes : « Cinq cents connards sur la ligne de départ. Cinq cents blaireaux sur leurs motos. Ça fait un max de blairs. Aux portes du désert. Un paquet d’enfoirés. Au vent du Ténéré ».

Séchan n’aime pas les pilotes et leurs bolides, ces « bœufs sponsorisés » qui prennent « le sol africain pour une cour de récré ».

En fait, c’est peut-être grâce à l’influence de Renaud que les organisateurs ont eu l’ingénieuse idée de faire courir le Dakar au Chili, en Argentine ou en Arabie saoudite.

Mickey 3D – Johnny Rep

Mickey 3D, originaire de Saint-Etienne, est un grand supporteur des Verts. Petit, il était fan de Johnny Rep. Il est donc forcément une personne de goût. Un goût certain pour le football mais pas forcément pour la musique.

Car malgré sa voix qui semble nous indiquer que Mickey souffre régulièrement de 2-3 coliques, il a décidé de rendre hommage à Johnny Rep.

Sa chanson nous apporte des informations très intéressantes sur son idole. On y apprend par exemple que « Johnny Rep a les cheveux blonds », qu’avant le match, « Johnny Rep enlève son pantalon » et que sur le terrain, il « demande le ballon ». C’est nul mais ça rime, donc c’est le principal. On était à deux doigts de découvrir que Johnny Rep aimait les cornichons, qu’il avait bonne réputation et qu’il possédait de beaux tétons.

Heureusement, Mickey 3D a eu la bonne idée d’insérer un extrait de Jacques Vendroux commentant un but de Johnny Rep à la fin de sa chanson. Si vous tenez jusque-là, c’est un régal qui foutrait presque les frissons.

Bob Bissonnette – Chris Chelios

Bob Bissonnette est un chanteur québécois. Déjà là, ça part mal. Avant l’écoute, on se doute qu’on ne va pas tout comprendre ce qu’il bafouille.

Et pourtant, comme on dit là-bas, c’est tout un poète celui-ci !

Alors pour rendre hommage à son joueur de NHL fétiche, Chris Chelios, Bob prend la plume de manière très fine. « Chris Chelios, Chris Chelios. Je le sais pas si t’as un gros pénis. Mais une chose est sûre c’est que t’as gagné 3 fois le trophée Norris ».

Visiblement, Bob n’a pas la science infuse et ne dispose pas de toutes les infos. Enfin seulement de certaines. Jugez par vous-même : « Quand t’étais plus jeune t’en as fait des conneries. T’en as brassé d’la marde dans ta vie. C’est pas un scoop tout le monde est au courant. T’as fourré la femme du Président ».

Chris Chelios, c’est donc « Les feux de l’amour » à lui tout seul. Quand on sait ça, on comprend vraiment pas pourquoi il n’a jamais débarqué au LHC.

Mais on est sûrs qu’il doit être ravi de l’hommage rendu par Bissonnette. Sacré Bob.

Rodrigo – La mano de Dios

Des chansons sur Maradona, il y en a assurément des centaines. Mais celle de Rodrigo est sans doute la plus connue en Argentine.

« La mano de Dios » (on vous fait cadeau de l’explication) retrace l’ascension du petit Diego. Extraits traduits par nos soins (ou pas) : « Dans un enclos, il a forgé un pied gauche immortel avec l’ambition assoiffée d’y arriver. Comme un petit oignon, il rêvait de participer à une Coupe du monde et de devenir joueur de première division, peut-être qu’en jouant, il pourrait aider sa famille… ». On a rarement vu un oignon faire du foot mais passons.

Le texte se veut aussi un brin fanatique : « Il porte sur ses épaules une croix pour avoir été le meilleur, pour n’avoir jamais vendu le pouvoir qu’il avait en face de lui ». Faut dire qu’il rend hystérique le Diego. N’étant ni argentin, ni napolitain, ni membre de l’Église maradonienne, j’ai toujours eu un peu de mal à mesurer cette fascination totale. Puis un jour, un ami avisé sur le sujet m’a dit : « Si Maradona baissait son froc et déféquait dans la rue, il y aurait des mecs qui iraient bouffer sa merde ». L’exemple est plutôt parlant.

Mais Rodrigo évoque aussi la face sombre de « Dios » : « La célébrité lui a fait rencontrer une femme blanche au goût mystérieux et au plaisir interdit, ce qui l’a rendu accro au désir de la consommer à nouveau en mettant sa vie en jeu ». En gros, Diego est un gros coké mais il s’en sort toujours.

Rodrigo est quant à lui mort à 27 piges dans un accident de voiture. Visiblement, « Dios » ne veillait donc visiblement pas vraiment sur lui.

Claude Barzotti – Si tu savais Nelson Piquet

On était au courant que Claude Barzotti était rital et qu’il le resterait dans le verbe et dans les gestes. Mais aussi qu’il aimait les amants de Vérone, les spaghetti, la minestrone et les filles de Napoli. Ta gueule Claude, on n’en peut plus de TA chanson !

Mais en plus d’être un cliché ambulant, Barzotti est aussi visiblement un gros relou en drague. Il doit sûrement pécho mais pas autant qu’il le veut. La faute à qui ? Aussi improbable que cela n’y paraît, c’est la faute à Nelson Piquet !

Morceau choisi :

« Je lui faisais mon numéro, de chanteur de charme au sang chaud. J’étais sûr qu’elle allait craquer, pour les violons et les claviers. Je lui parlais de l’Olympia, des gens qui tournent autour de moi. Elle m’a dit te casses pas la tête, moi je n’aime que Nelson Piquet ».

Mais encore :

« Si tu savais Nelson Piquet, ce que je t’en veux d’avoir ta tête. Elle te voit comme un géant et elle me parle de toi tout le temps. Si tu savais Nelson Piquet, comme quelques fois je te déteste. Chez elle y’a ta photo partout, mais moi je ne l’ai pas, pas du tout, Nelson Piquet ».

Vraiment, on ne sort pas indemne de l’écoute de cette chanson. Et on se pose plein de questions. Au travers de cette prétendue femme, rend-il hommage à Nelson pour sa classe et son aura ? Comprend-il ce qu’il chante ? Fait-il un coming-out indirect ? Ou devait-il simplement trouver des paroles bidons pour la 250ème fois sur une même mélodie ? On pencherait plutôt pour cette dernière explication.

Vincent Delerm – Les jambes de Steffi Graf

Si vous êtes footeux, imaginez la vitesse d’une charnière centrale Senderos-Rigobert Song. Et bien, figurez-vous que dans la chanson française, Vincent Delerm est plus lent que les deux réunis. Ça donne envie hein ?

Dans un état d’évanouissement permanent, Vincent tient tout de même à nous faire part de son amour pour quelques grandes championnes.

« J’ai manqué des passages, survolé certaines pages, sauté des paragraphes. Les jambes de Steffi Graf ».

Ok, donc le mec est en train de rêver.

« J’ai laissé s’envoler les robes longues, les étés, les écharpes en hiver. Les jambes d’Heike Drechsler ».

Ah non, il écrit vraiment des trucs qui ne veulent rien dire.

« Et je voulais revoir vos yeux dans l’autocar. Tout ce qui reviendra jamais. Les jambes de Merlene Ottey ».

Mais fais une phrase bordel !

Et puis, éternel torturé et friand de questions sans réponse, Delerm se demande une dernière chose : « Je sais pas où sont parties les jambes de Sabatini ». Sans doute avec le reste de son corps.

Doc Gynéco – Passements de jambes

Le Doc, qui fut un jour au sommet de son art, prend l’exemple des stars du foot pour montrer à quel point c’est une étoile du rap.

« Tenu éloigné du niveau des pros, je reviens agile comme Bebeto ». Gynéco annonce la couleur.

Platini, Rumenigge, Cantona. Doc se compare à tous ceux-là et déclame sa supériorité.

Mention spéciale à cette trouvaille : « le foot c’est malsain comme la musique y’a que des requins. Pas d’échange de maillots, tu pourrais prendre mon flot ».

Le problème, c’est que la carrière du Doc aura finalement été plus courte que celle d’un joueur de foot.

« Et tout là-haut, au sommet, j’me pète les ligaments croisés. Mais j’ai pas le genou de Ronaldo, messieurs-dames, rideaux ! ».

Pierre Perret – Le XV

C’est démodé mais c’est du génie.

Rien à ajouter à part ces deux punchlines :

« Y a un futé qui tente le drop quand subitement quelqu’un le chope. Et d’une fourchette dans les carreaux lui fait gicler ses bigarreaux ».

« On sentait qu’ils étaient méchants. Y avait déjà le grand Benoît qui s’était fait mordre les noix par un salopard d’Ecossais qui voulait monter à l’essai. Mais le Benoît vous l’connaissez, il l’a tendrement enlacé et le rosbif tout étonné crachait son foie comme du pâté ».

Sans doute les « valeurs de l’ovalie ».

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