Appellation d’origine incontrôlée

Avant de débuter, je tiens à préciser que, n’ayant pas trouvé d’image adaptée pour cet article, je vous ai donc réalisé un photomontage de qualité mettant un scène un nom à coucher dehors. J’assume totalement cette blague et vous enjoint maintenant de lire cet article, qui ne peut qu’être meilleur que cette vanne.

Vous l’avez sûrement remarqué, à Carton-Rouge.ch on est parfois un brin moqueur. Si, si, un tout petit peu. Du coup, aujourd’hui, je vous ai compilé un petit article qui recense quelque chose qui m’a toujours fait rire, les noms de certaines équipes sportives. Mais pas de trace ici d’un simple « FC », d’un banal « HC » ou encore moins d’un fade « -sport ». Non, ici il va être question des noms d’équipes que personne ne peut décemment prendre au sérieux sur une feuille de match. Petit florilège:

Pittsburgh Penguins

Ah, la NHL. La meilleure ligue de hockey au monde, qui regorge d’équipes aux logos et aux noms plus classes les uns que les autres. San José Sharks, Colorado Avalanche, Tampa Bay Lightning, Florida Panthers ou encore Minnesota Wild. Que des sobriquets qui inspirent la peur ou au moins le respect. Et puis on a les Pingouins de Pittsburgh. Si je doute que traiter quelqu’un de pingouin ait la même connotation en anglais qu’en français, ça reste assez minable. Je veux dire, les seuls animaux qui pourraient inspirer encore moins la crainte qu’un pingouin, ce serait de nommer son équipe les Blobfish de Milwaukee ou les Suricates de Sacramento. Encore que la sonorité de ce dernier n’est pas dégueu. Alors oui, on pourrait parler aussi des Ducks d’Anaheim, mais l’histoire de l’équipe, créée à la suite d’un film de Disney, est déjà si ridicule que ce serait tirer sur l’ambulance. Pour l’anecdote, les Penguins s’appellent ainsi car la patinoire accueillant l’équipe de Pittsburgh était surnommée l’igloo, en référence à sa forme. C’est vrai que le pingouin, ou le manchot, ce qui n’est guère mieux, est le premier animal qui nous vient quand on pense à un igloo…

Grasshoppers Club Zürich

On reste dans le domaine des animaux qui font peur avec les terribles sauterelles zurichoises. Personne ne connaît vraiment l’origine du nom, bien que le club, fondé par un étudiant anglais, soit largement inspiré du club britannique de Blackburn (qui est aussi un nom bien nul, mais le club n’y peut rien si sa ville hôte s’appelle ainsi). Si GC est le club de foot le plus titré du pays – bien qu’il soit tombé dans les méandres de la Challenge League à cause d’une gestion calamiteuse et de l’absence de stade de foot dans la plus grande ville de Suisse -, il est également une véritable institution sportive, abritant pas moins de dix disciplines. On y trouve pêle-mêle le curling, le beach soccer, l’aviron, le squash ou encore le rugby. Tant de clubs qui doivent donc arborer, plus ou moins fièrement, le symbole de la terrifiante sauterelle. Je trouve bien dommage que l’on ne puisse pas avoir des derbies entomologiques avec les cloportes de Saint-Gall ou les termites de Lucerne, ces clubs ayant manqué d’imagination au moment du choix du nom pour se rabattre sur un vulgaire « FC » sans saveur.

Les Brûleurs de Loups de Grenoble

La France, c’est bien connu, est le pays des acronymes débiles, dont les habitants se servent pour abréger à peu près n’importe quelle appellation. Mais rassurez-vous, nos voisins ont du talent pour les noms complets aussi ! Pour resituer un peu celui qui nous intéresse, il s’agit du sobriquet de l’équipe de hockey qui représente la ville de Grenoble. Si ce club est surtout connu pour avoir passé l’hymne suédois l’an dernier lors d’un match de Ligue des Champions face au CP Berne, il mérite qu’on s’attarde un peu plus sur son nom. Car bien que « Brûleurs de Loups » était à l’origine le surnom de l’équipe, par opposition à leurs grands rivaux de Villard-de-Lans surnommés les Ours du Vercors (moi aussi j’ai du mal à voir le rapport mais admettons), cette appellation est désormais dans l’ADN du club et même sur son logo. Cette dénomination renvoie donc à deux possibilités : soit ça ne veut rien dire, soit ça veut dire quelque chose qui n’est pas très sympa pour Ysengrin (mais qui ferait bander un chasseur valaisan. Enfin un Valaisan tout court). Vous l’aurez peut-être deviné, c’est pas pour rien que Brigitte Bardot ne vit pas à Grenoble. Le nom des Brûleurs viendrait d’une vieille pratique ayant cours il y a longtemps dans le Dauphiné, qui consistait tout simplement à foutre le feu aux forêts pour éloigner les loups. On ne se laissait pas emmerder à l’époque.

J’espère que le stagiaire en design du logo est mieux payé que celui qui passe les hymnes, du côté de Grenoble

Je profite de cette incartade en Ligue Magnus, le championnat de France de hockey sur glace (nous non plus on ne comprend pas pourquoi Servette n’y figure pas), pour parler de l’Étoile noire de Strasbourg, même si ce club a désormais été rétrogradé en seconde division. L’histoire ne nous dit pas si le fondateur du club est un fan de George Lucas ou si l’équipe projette de ne recruter que des clones. En tous cas, on espère qu’elle serait meilleure dans une galaxie très lointaine que dans la nôtre.

Le tir groupé du sport US

On a déjà parlé de la NHL précédemment dans cet article, mais le sport outre-Atlantique nous gratifie de nombre de noms d’équipe ne voulant absolument rien dire. Petit florilège dans le florilège, donc. En NFL, la ligue de football américain, on peut trouver les empaqueteurs de Green Bay, les Browns de Cleveland, les Bills de Buffalo (du nom du chasseur, mais qui ne veut rien dire sous cette forme-là), les Bengale de Cincinnati, les chargeurs de Los Angeles ou encore les géants de New-York. En NBA, les stars de la discipline se nomment les filets de New York, les anticonformistes de Dallas, les pépites de Denver, les pistons de Detroit, les clippers (une sorte de navire) de Los Angeles, la chaleur de Miami ou les éperons de San Antonio. Dans ce sport totalement dénué d’intérêt qu’est le baseball – je veux dire, je trouve déjà le foot américain et le basket aussi chiants qu’une pub Zalando sur YouTube, mais le baseball c’est le level au-dessus – notons les chaussettes rouges de Boston, les royaux de Kansas City, les chaussettes blanches de Washington (apparemment en baseball les chaussettes ont une dimension divine), les fraudeurs de Los Angeles (notez comme cette ville a un surnom pourri dans tous les sports), les brasseurs de Milwaukee, les phillies de Philadelphie (?), les rayons de Tampa Bay et les nationaux de Washington. Enfin terminons avec la NHL et ses aviateurs de Philadelphie, ses canadiens de Montréal, ses feuilles d’érable de Toronto, ses capitales de Washington, ses vestes bleues de Columbus, ses ailes rouges de Detroit et ses pétroliers d’Edmonton.

Vous me direz que la plupart des noms s’expliquent de par l’histoire des villes ou des franchises et vous auriez raison. Mais quand même. Certains ne veulent vraiment rien dire, bien qu’ils soient légitimes. Et des noms comme ça, il y en a encore des pleines cagettes dans les ligues inférieures. Mais il me faudrait un autre article complet pour en faire le tour.

Lokomotiv Moscou

La simple évocation de ce nom rend nostalgique n’importe quel fan du LS. Le Futbolny klub Lokomotiv Moskva, de son nom complet, est un habitué des joutes européennes (sauf en 2010-11 du coup), ce qui fait que l’on ne prête même plus attention à son nom. Pourtant, appeler son équipe selon le moyen de transport à la mode à l’époque est quand même assez singulier. Imaginez ce que ça aurait pu donner dans d’autres endroits, à ce compte-là. On est passés à ça d’avoir un « SV Trabant Ost-Berlin », un « FC Toyota-Corolla-1998-600’000-km-déjà-parcourus Kinshasa » ou encore un « Stade Lausanne-Sous-Gare Trottinette électrique ». Mais revenons à notre cher Lokomotiv qui, comme vous l’aurez sûrement deviné, suit cette tradition de l’ex-bloc soviétique qui, communisme oblige, donnait aux clubs sportifs un nom d’industrie locale afin de la valoriser. Dans la même veine, on peut signaler le Shakhtar (qui veut dire mineur. Celui de la mine hein, pas celui de Marc Dutroux) Donetsk, feu le Metalist Kharkiv (oui, ce club nous manque à tous), ou encore le Belshina Babruysk, cher à Olivier di Lello, du nom du fabricant de pneus local. Notre équipe moscovite est, pour revenir à l’aspect sportif, plutôt dans de bons rails depuis quelques années. Elle n’a pas laissé passer le train du succès et est lancée à toute vapeur depuis le début des années 2000, puisqu’en 20 ans le club a pour train-train de collectionner les trophées, parmi lesquels trois championnats de Russie et six coupes nationales (plus deux dans les années 90). On ne compte pas ici les cinq titres glanés dans la prestigieuse Coupe européenne des Chemins de fer, entre 1974 et 1987. On peut dire qu’ils ont pris le train du succès.

Tout Puissant Mazembe

Celui-là est sans doute mon préféré. Ce nom évoque davantage une équipe imaginaire d’un enfant de huit ans – quelque part entre les Dragons Rouges et les Tigres Trop Forts – que l’un des clubs ayant le plus de succès du continent africain. Car le TP Mazembe, ça n’est pas moins de 18 championnats de République Démocratique du Congo et de 5 Ligues des Champions africaines, entre autres. Si j’en crois Wikipédia, le club a été fondé par des moines bénédictins et a été nommé Tout Puissant suite à une saison qu’ils ont terminée invaincus. Ça, c’était pour la partie sérieuse, maintenant place à ce qui est drôle. Mazembe signifierait « bulldozer » en langue locale, ce qui ajoute un coté rigolo au nom complet. Le succès du club a également inspiré le nom de plusieurs équipes locales, dans un pays très superstitieux. On trouve donc notamment dans les diverses ligues congolaises le Tout Solide Malekesa et le Tout Capable Elima. De plus, le logo du TP Mazembe met en scène un crocodile mangeant un ballon (parce que pourquoi pas). Il semblerait donc logique que le surnom du club soit en rapport avec le reptile. Mais la logique on s’en branle du côté de la ville de Lubumbashi et le surnom du club est « les Corbeaux », en hommage au maillot du club qui est blanc et noir (parce que pourquoi pas). Enfin, comment parler du Tout Puissant Mazembe sans évoquer son joueur emblématique, le légendaire Robert Kidiaba, 681 matches et un palmarès assez dingue avec les Corbeaux avant sa retraite en 2016, à 40 ans. Je ne résiste pas à l’idée de vous mettre un extrait de sa mythique danse qu’il avait l’habitude de faire après un but de son équipe. Pour la petite histoire, il est aujourd’hui député en plus d’être entraîneur des gardiens de son club de toujours. Et on n’a pas de nouvelles de sa célèbre couette.

RB Leipzig

Club créé de toutes pièces en 2009 par le géant Red Bull, qui lui a également acheté un stade bien trop grand pour ses débuts dans les divisions mineures, on ne peut pas vraiment dire que Leipzig soit dans la droite lignée des clubs de tradition allemands. Mais, me direz-vous, à part le fait qu’il ait les initiales de l’entreprise qui le porte à bout de bras, il n’y a rien de choquant dans le nom. Et que ce n’est pas pire que le Red Bull Salzburg ou que les New York Red Bulls, les deux autres équipes que possède la marque autrichienne. Je vous répondrais, déjà, que le simple fait qu’un club sportif ait une marque dans son nom est un scandale. Demandez à Ineos. Et ensuite, que Red Bull a dû être ingénieux sur ce coup. En effet, l’Allemagne est plutôt protectionniste en matière de football et interdit formellement à une marque d’apparaître dans le nom d’une équipe. Raison pour laquelle, en ce qui concerne Leipzig, les initiales « RB » ne veulent officiellement pas dire Red Bull. Le nom complet du club de Saxe est en effet « RasenBallsport Leipzig ». Ce qui veut littéralement dire « Sport de ballon et de gazon ». Nous sommes ici face à une société qui a délibérément donné un nom qui n’a aucun sens à son équipe, dans le but que le commun des mortels fasse le lien avec la marque et que ce soit un coup de sponsoring. Et les gens s’étonnent que Leipzig soit probablement l’équipe la plus haïe d’Allemagne, en témoignent les diverses actions menées contre le club Saxon, notamment celle des supporters du Dynamo Dresde, l’équipe rivale, qui avait lancé une vraie tête de taureau des tribunes en 2016 (attention si vous cliquez sur le lien, l’image est particulièrement dégueulasse). Le but est bien entendu d’atteindre la marque de boissons, qui n’a, selon les autres équipes, rien à faire dans le football allemand.

Harlequins

On termine sur une note plus légère avec le Harlequin Football Club qui, comme son nom l’indique, est un club de rugby. Basée à Londres, l’équipe est fondée en 1866 sous le nom de Hampstead FC. Mais elle en change rapidement, forcée par l’expansion du club. Ils adoptent alors l’appellation connue aujourd’hui, en cherchant dans le dictionnaire un mot qui commence par la lettre H afin de pouvoir garder ses initiales. C’est vrai que sous H dans le dico, le meilleur choix ne pouvait être que Harlequin. Surtout pour un nom anglophone. Cette décision provoque le départ d’une bonne partie des joueurs, qui n’a pas envie de défendre un club dont le symbole est littéralement un bouffon. En même temps, faut les comprendre les mecs. Déjà le nom et le logo ne sont pas glorieux, mais il faudrait me payer cher pour que j’enfile le maillot du club que vous pouvez admirer ci-dessous. Heureusement pour eux, les Harlequins ne sont pas autant des guignols que leur nom le laisse présager. Ils ont remporté le très relevé championnat anglais en 2012 ainsi que trois victoires en Challenge Européen, l’équivalent ovale de l’Europa League, depuis le début du siècle. Pas le plus grand palmarès du rugby mondial, mais quand ton club fait référence à un personnage naïf, moche, paresseux et bête, tu ne peux pas faire le difficile.

J’espère que le budget du club n’a pas trop d’espoirs concernant la vente de maillots.

 

Crédits photographiques :

Maillot des Harlequins : Charlie/CC-BY-SA/Wikimedia Commons https://www.flickr.com/people/fearless_fred/

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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7 Commentaires

  1. Excellent Joey, comme d’hab. J’y aurais bien rajouté certains clubs cyclistes bien locaux dont mon préféré :

    La pédale des Eaux-Vives

    😁

  2. En Argentine Club Atlético Lanús joue bien contre Club Atlético Colón ! Et le match est une vraie « chierie »…

    Et le plus beau blaze d’équipe de foot : le FC Karl-Marx-Stadt (devenu plus tard le FC Chemnitzer).

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