Le grand bingo MySports

Les coups de coeur d’Alain Morisod ont cessé de battre les samedis soirs sur la RTS au vu du nombre insuffisant de personnes à risques non hospitalisées disponibles pour les regarder. Les soirées jass, les fondues à 12 et les rassemblements de retraités dans une salle de gym un lundi soir pour un bingo endiablé, c’est terminé en ces temps pandémiques. Quoi de mieux donc que s’offrir un substitut dudit bingo en solitaire, en couple ou en famille en regardant du hockey sur glace bien au chaud chez soi sur une chaîne payante bien connue ? Ne nous voilons pas la face (par ailleurs déjà souvent masquée), la quarantaine du LHC ayant été immédiatement suivie par celles du HC Davos et du EV Zoug, ses deux adversaires suivants, impossible de rester concentré sur un match plus de 3 minutes d’affilée depuis bientôt un mois. Alors autant en faire un jeu !

Nous jouons sur une grille à 25 cases (recyclable en calendrier de l’Avent dès le 1er décembre) comportant une sélection des expressions qui reviennent le plus souvent sur le plateau de MySports. Le but est évidemment de cocher le plus de cases possible au cours de la soirée. La grille est naturellement réutilisable à l’infini à chaque journée de championnat non annulée par les décisions cacophoniques des différents médecins cantonaux. 

14h59: Nous apprenons par le truchement de la bande (salutations à Jean-Jacques Besseaud) que les invités du soir seront Grégory Beaud et Fabian Guignard. C’en est donc déjà fini de nos numéros 18, 22 et 23, et les chances d’une apparition du numéro 24 se sont grandement amenuisées. Connaissant plutôt bien le premier nommé, ça sentait même l’embargo total sur les expressions de la Belle Province utilisées à tort et à travers.

15h14: Au moment de proposer notre idée d’article, un membre éminent de la rédac’ nous fait remarquer que dans nos vertes contrées, on ne dit pas « bingo », mais « loto ». On a failli changer, juste avant de s’apercevoir que même au Québec, lieu d’origine de 200% des intervenants récurrents de la fameuse émission « Puck ’n’ Goal » (si ça c’est pas une trouvaille suisse allemande…) sur MySports, on dit « bingo ». Adjugé donc. Même si c’est non sans un pincement de cœur que nous avons abandonné l’idée de hurler « CARTON ! » à gorge déployée à la fin du direct, vibrant hommage à notre intrépide équipe de bénévoles écarlates.

19h33: Ça commence fort. Même si Ambrì-Genève n’a pas les honneurs du match studio, il ne faut quand même que 8 minutes de direct pour en arriver à la conclusion qu’il n’est jamais facile d’aller gagner à la Valascia. Première case cochée.

19h42: On réalise avec un désarroi aussi immense que soudain qu’aucun des noms affichés sur la feuille de match du choc au sommet entre Biou et Langnau ne se termine en « o ». Qu’à cela ne tienne, notre ancien camarade d’uni Jérôme Beuchat se débrouille tout de même pour nous rappeler que Luca Cunti a joué deux saisons à « Luganot » avant que « Flaviot » Schmutz n’y aille de sa réussite en fin de match.

20h26: C’est l’heure de l’analyse avec Stéphane Rochette aux manettes à la baguette à la tablette. Enfin un bon vieux revirement, ou turnover en anglais, ce mot qui est passé du figuré au littéral par la grâce du hockey sur glace aussi furtivement que l’apparition de Damian Stettler dans la cage emmentaloise. Il aura tout de même trouvé le temps de s’y faire trouer, un comble. 

22h14: Robin Leblanc, Yves Sarault, Steve Huard et Antoine Descloux commencent à sérieusement nous manquer. Et soudain, un éclair dans la grisaille: Rochette nous explique au sujet d’un portier ou d’une défense qu’il est « facile d’en échapper un dans ces moments-là ». Notre notaire officiel étant en isolement, on décide de manière unilatérale que c’est suffisant pour cocher la case numéro 14. D’ailleurs Guignard nous précise à son tour que les Genevois « peuvent en échapper une » de temps en temps quand même. Surtout qu’il n’est jamais facile de gagner à Ambrì. D’autant plus lorsqu’on a oublié ses verbes pronominaux de l’autre côté du Gothard.

22h27: TING ! Ralenti de l’ouverture du score de Toni Rajala à la Tissot Arena dans Back Check XXL. Le puck frappe le poteau – par politesse – avant d’entrer, Alex Burkhalter assure les bruitages.

22h40: Résumé de Zurich-Rapperswil. Steve Moses marche sur l’eau, à défaut d’aider le peuple saint-gallois à briser ses chaînes et à s’enfuir du Hallenstadion avec la victoire. L’un des buts de la rencontre est « un tir, comme on dit au Québec, sans avertissement. » Tetcheu, et on aurait dit ça comment au fin fond du Pays de Vaud ?

23h07: On aurait vraiment dû ajouter le bureau de Nättinen à notre collection d’expressions. Heureusement, rendons à César ce qui lui appartient, qui dit Julius, dit au moins un goal marqué d’un tir sur réception depuis la gauche du gardien, si possible en power play. Son bureau donc. Et comme c’est le douzième de la saison en 10 parties disputées, on se dit qu’on est sur les bases d’un total de plus de 60 buts d’ici au mois de mars. Ne franchissons pas le Rubicon si vite ! La loi de la moyenne risque bien évidemment de rattraper le mercenaire finlandais. Veni, vidi, vici, encore une case en moins.

On ajoutera tout de même les cases 14, 17 et 25 pour faire bon poids.

23h19: On est drôlement fair-play chez MySports, du coup on a joué aussi, avec le sourire. Allez, même un dernier « je dis ça, je dis rien » pour la route. Et cette route est bien longue si vous comptez rejoindre le monde civilisé depuis les studios de Rossens.

Score final: 8/25. Peut mieux faire. Pour nous aider à compléter notre grille, on mise tout sur un licenciement prochain de Florence Schelling, actuelle directrice sportive d’un CP Berne en perdition et seule consultante de sexe féminin de l’histoire de MySports.

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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