La malédiction du nouveau Tivoli

L’Alemania Aachen a infligé une nouvelle déconvenue à son fidèle public en s’inclinant 1-4 à domicile contre Union Berlin. Manifestement, les Aachener n’ont pas encore trouvé leurs marques dans leur stade flambant neuf.

La Rhénanie-du-Nord-Westphalie est bien le paradis du fan de football. Sur une superficie inférieure à celle de la Suisse (mais avec 18 millions d’habitants), le grand Land du centre de l’Allemagne ne compte pas moins de dix stades récents entre 28’000 et 80’000 places (Dortmund, Gelsenkirchen, Mönchengladbach, Düsseldorf, Cologne, Aachen, Duisburg, Bochum, Leverkusen et Bielefeld), sans compter quelques vieux vestiges d’époques révolues (Gladbeck, Krefeld, Herne). En fait, le Nordrhein-Westfalen serait aujourd’hui mieux équipé en terme d’infrastructures pour organiser à lui tout seul l’Euro 2016 que les candidats officiels italiens ou français.

Le Neuer Tivoli

On termine notre week-end germanique en allant découvrir le dernier né des temples de NRW, le Neuer Tivoli d’Aachen (Aix-la-Chapelle pour les francophones). Vu que nous avions un peu occulté le petit détail du passage à l’heure d’hiver, nous avons largement le temps d’admirer ce véritable stade de foot, avec un public plutôt bouillant, surtout vu le piètre classement de l’Alemania Aachen en 2. Liga. Cette arène constitue le cauchemar des intégristes qui sévissent dans nos contrées pour interdire toute publicité en faveur des saines distractions de notre jeunesse : nous prenons place dans le kop de l’Alemania, sis dans le Bitburger Wall, alors que la tribune d’en face se nomme Tabac Original Tribüne.

Fortunes diverses

Ce stade a connu une inauguration plutôt mouvementée : après avoir raté de peu la promotion l’an dernier, l’Alemania Aachen ambitionnait, avec l’arrivée de sa nouvelle arène, un retour en Bundesliga où il n’a évolué que durant quatre saisons (de 1967 à 1970 et en 2006-2007). Mais, le soir de l’inauguration du Neuer Tivoli lors de la 2e journée, Aachen s’est incliné 0-5 contre St. Pauli et ne s’en est toujours pas remis. L’entraîneur Jürgen Seeberger, qui avait emmené Schaffhouse de 1re ligue en LNA, a été licencié mais le choc psychologique n’a pas fonctionné et les Aachener naviguent toujours dans les profondeurs du classement. La venue de l’Union Berlin au Tivoli fait un peu figure de match de la dernière chance si l’Alemania entend encore jouer les premiers rôles cette saison.
A l’inverse, le 1. FC Union Berlin est en pleine confiance : néo-promu, Eisern Union, le club des syndicalistes et des mécanos de Berlin-Est, visait le maintien avec un effectif a priori limité mais, dans l’euphorie de la promotion, il squatte les premiers rôles. Sans renier ses valeurs romantiques, basées sur un formidable soutien populaire et le rejet absolu du foot business. Paradoxalement, l’ancien souffre douleur du régime est-allemand est aujourd’hui le club de l’ex-RDA le mieux classé dans la hiérarchie du foot allemand !

Le but gag du jour

Si l’on adore la Zweite Liga pour les clubs et les ambiances incroyables que l’on y trouve, il faut bien reconnaître que la qualité du jeu y est assez quelconque. Quand la moindre passe de plus de cinq mètre qui arrive à destination déclenche un tonnerre d’applaudissement et tout geste technique un peu sophistiqué réussi (par exemple un amorti) une immense clameur dans le stade, c’est que le niveau n’est pas trop élevé. On serait sans doute moins sévère avec le foot suisse si les matchs s’y disputaient dans le même cadre et les mêmes ambiances qu’en Allemagne.
Aachen domine le début de match mais la rencontre va basculer sur une grosse bourde du gardien local Thorsten Stuckmann, qui s’offre une Marchegiani en voulant dribbler un attaquant. A entendre la manière excédée dont les supporters d’Aachen parlent de leur gardien, ce brave Stucki doit être assez coutumier de ce genre de plaisanteries. Une passe en retrait plus tard et Torsten Mattuschka ouvrait le score pour Eisern Union. Lequel aurait été plutôt bien payé avec un 0-1 à la pause, alors avec le 0-2 tombé sur un but peut-être entaché d’un hors-jeu du Colombien John Jairo Mosquera, on frisait le hold-up.

Le deuxième but gag du jour

Ce but a fait mal à Aachen qui passe tout près du KO en début de 2e mi-temps. Les entrées de Babacar Gueye (ex-FC Metz) et Szilard Nemeth (ex-FC Middlesbrough) vont toutefois permettre à Aachen de revenir dans le match sur un nouveau but gag : Aimen Demai ouvre pour Nemeth qui rate sa reprise mais son geste feinte le gardien adverse et la passe de Demai rentre tranquillement dans le but. Décidemment, la 2. Liga est une mine d’or inépuisable pour les amateurs de bêtisier. Poussé par son public, Aachen presse et passe tout près de l’égalisation mais le gardien berlinois Glinker sauve son camp à deux reprises. L’espoir jaune et noir s’envolera définitivement avec le 1-3 de Stuff sur corner. Aachen boira même le calice jusqu’à la lie avec un quatrième but berlinois assez étrange et une nouvelle galéjade du malheureux Stuckmann.
La belle aventure dans les hautes sphères du classement continue donc pour Eisern Union ; en revanche, les supporters d’Aachen étaient très mécontents au terme du match : 0-5 contre St. Pauli, 1-4 contre Union Berlin, il y a encore pas mal de boulot pour que l’Alemania parvienne à faire de son nouveau Tivoli une forteresse imprenable.

Alemania Aachen – 1. FC Union Berlin 1-4 (0-2)

Tivoli, 26’050 spectateurs.
Arbitre : M. Hartmann.
Buts : 34e Mattuschka (0-1), 44e Mosquera (0-2), 66e Demai (1-2), 78e Stuff (1-3), 90e Mosquera (1-4).
Aachen : Stuckmann; Demai, Herzig, Olajenbesi, Achenbach; Müller (9e Junglas), Kratz, Fiel, Milchraum (57e Gueye); Burkhardt (57e Nemeth); Auer.
Union Berlin : Glinker; Rauw, Stuff, Göhlert, Kohlmann (70e Sahin); Mattuschka, Younga-Mouhani, Dogan (89e Schultz), Parensen; Benyamina (78e Gebhardt), Mosquera.
Cartons jaunes : 39e Younga-Mouhani, 58e Demai, 67e Herzig, 76e Kratz, 82e Sahin.

Écrit par Julien Mouquin

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1 Commentaire

  1. 26 050 spectateurs pour un match de seconde division de Bundesliga…20,84 x plus que les habituels 1250 de la Pontaise…c’est vraiment un autre monde, là bas !

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