FC Sion : un acquis menaçant de s’écrouler

En ayant évité le faux-pas à l’exact opposé des deux clubs zurichois et plus en phase avec leurs objectifs que bien d’autres clubs du championnat, les Sédunois pourront savourer ces fêtes avec le sens du devoir accompli.

Avec 4 points d’avance sur la 4ème place, une qualification fictive en Europa League et un quart de finale en ligne de mire, les acquis sont solides. Mais les ambitions minimalistes de la gestion de certaines fins de partie, les problèmes causés par l’affaire El-Hadary et les 7 points de retard sur un club s’étant tapé les Mancuniens auront néanmoins tendance à modérer les espoirs les plus fous du 16 juillet dernier. Bref retour sur un 1er tour réussi en pleine tourmente et dont les nuages ne semblent que guère se dissiper à l’horizon…

Deux équipes pour un tour

Fait pour le moins insolite dans le monde du football, le FC Sion aura misé sur deux équipes jouant en alternance au gré du bon vouloir des tribunaux. Si la plupart des éléments se retrouvèrent alignés au sein de ces deux formations, les renforts imprégnèrent néanmoins l’équipe d’un nouveau style à chaque fois que l’occasion de jouer leur fut donnée. 
Les deux premiers matches de la saison face à Zurich et YB furent d’une qualité rarement perçue à Tourbillon. Une tendance à laquelle la large victoire à Neuchâtel et l’épique match à Bâle n’échappèrent pas. Théoriquement, l’arrivée des nouveaux allait créer le carnage. Mais paradoxalement, le premier match décevant eut lieu face à Lucerne, lors de la première tant attendue des nouveaux venus. Une surprenante coïncidence qui ne devait être due qu’à la force de Lucerne et au besoin d’un certain temps d’adaptation de la nouvelle équipe mise en place. Mais à nouveau renforcés, le non match de Lausanne vint couronner la plus triste performance des Valaisans malgré un score flatteur de 0-2. Une mauvaise impression confirmée lors de la terrible fessée administrée par nos meilleures copines.

On pouvait alors craindre le pire, mais en persistant avec ses nouveaux éléments, Sion reprit le dessus par un style froid et efficace en totale opposition avec l’engouement et le spectacle présentés jusque-là. L’opposition de style laissa perplexe, mais pouvait surprendre à la lecture du classement. Ultra réaliste et même presque imméritée, la large victoire à Thoune s’inscrivait comme le symbole de cette nouvelle tendance. Dans cette droite lignée, l’équipe continua de s’imposer sans vie ni panache face aux adversaires à sa portée (GC, Lausanne, Thoune), tout en s’inclinant face aux meilleurs sans trop laisser d’espoirs quant à sa possible supériorité (Lucerne et Bâle). Glasgow venait y faire exception, mais sans qu’elle le sache encore, l’équipe renforcée aura finalement livré son dernier match lors d’une pathétique défaite à GC. Au vu de la lutte qui s’était engagée, des espoirs portés en eux et surtout des bonnes performances glanées par ceux qui devaient être leurs remplaçants, les renforts auront clairement déçu.
Bons joueurs lors de chaque sanction reprise à l’encontre des nouveaux, les recalés du début de saison se firent au contraire un plaisir de créer le remord de les avoir mis à l’écart un peu trop vite. Sion retrouvait ainsi des couleurs, que ce soit lors de la revanche à Genève, de la bonne surprise face au nouveau Xamax ou d’un excellent et rarissime nul arraché sur le terrain synthétique d’YB. Mais rien n’est vraiment blanc ou noir et le dernier match de l’année venait le rappeler si nécessaire. La mayonnaise n’a pas pris avec les nouveaux éléments et le groupe homogène espéré se fait toujours attendre. Pour y parvenir, certains renforts devront impérativement se montrer plus concernés. Et pour ne serait-ce que songer de pouvoir y parvenir, il faudra encore compter sur un miracle juridique (cf dernier chapitre)…

Les bonnes surprises

4. Quasi indispensable avec Challandes, Rodrigo avait connu des moments difficiles lors du changement d’entraîneur. Revenu sur le devant de la scène grâce à un certain concours de circonstances, il n’aura nécessité aucun laps de temps pour se remettre en jambes. Encore faudra-t-il voir si ce regain de motivation ira au-delà de la prolongation de contrat vers laquelle il courait.

3. Seul jeune Suisse à véritablement s’être imposé dans cette équipe après Gelson Fernandes, Sauthier semble encore avoir franchi un pas supplémentaire. Utilisé à tous les postes comme solution de rechange, il pourrait désormais présenter une solution sérieuse à un poste de latéral droit qu’il commence à bien assimiler. Auteur de bonnes performances, tant d’un point de vue offensif que défensif, il est en mesure d’apporter un vrai plus à la relance.
2. Eclosion de l’année passée, Giovanni Sio avait la lourde tâche de confirmer. Capitalisant déjà un nombre de buts et d’assists similaire à celui de l’ensemble du dernier championnat, il a fait encore mieux qu’espéré. En grande partie grâce à lui, les problèmes offensifs du club ont pu être résolus sans même l’apport d’un nouvel élément.
1. Constant, travailleur, pompier à tous les postes et défenseur parmi les deuxièmes meilleurs buteurs du championnat, Vanczak n’a pas fini de surprendre. Par sa personnalité attachante et son humilité incroyable dans le milieu, l’antithèse de la star gagne à être connue. Il le devient actuellement grâce à une détermination et un jeu de tête toujours plus travaillés.

Les déceptions

3. Trop longtemps déclaré hors de forme, Gabri n’aura que trop rarement foulé la pelouse de Tourbillon. Certes meilleures lors de ses derniers matches, ses performances restent bien en-deçà de ce que l’on pouvait espérer d’un tel joueur. Il est pour l’heure loin d’être aussi actif que devrait l’être un joueur à ce poste.
2. Prijovic n’aura pas réussi à franchir le pas du dernier geste. Pire que redouté, son compteur reste totalement vierge. Parti à Lausanne pour gagner en confiance, il n’aura jamais véritablement obtenu l’occasion de s’exprimer et d’aider son nouveau club.
1. Peu tranchant l’année passée, l’actualité juridique lui donnait l’occasion de ressurgir. Mais loin d’y parvenir, Zambrella fut au contraire la plus grande déception de ce 1er tour. Même en bénéficiant du soutien inconditionnel de son coach, aucun de ses matches n’est véritablement sorti du lot. C’est en toute logique que Laurent Roussey aura fini par compter sur Yoda.

Les interrogations

2. Crettenand semble toujours aussi peu régulier. Excellent en début de championnat, ses matches ont déçu par la suite. Il a néanmoins joué un rôle intéressant lors de ses dernières entrées en jeu. A la surprise générale, et en grande partie grâce à sa complicité avec Vanczak, il figure à la pause parmi les trois meilleurs passeurs du groupe.
1. D’une qualité incroyable sur balles arrêtées, la motivation du «sportif qatari» reste à prouver. Par ailleurs, son extrême nonchalance n’aura pas toujours boosté l’esprit du collectif. Si ses qualités techniques sont évidentes, Feindouno devra beaucoup plus s’impliquer s’il entend pouvoir remplacer le métronome du groupe ou tout du moins véritablement soutenir les intérêts de l’équipe.

Un avenir compromis

Les Sédunois sont éjectés d’Europa League et le problème ne s’arrête pas là. Sanction purgée à mi-temps pour ne pas dire moins, les deux périodes complètes et consécutives d’interdiction n’ont toujours pas été respectées. Les interdits auront en effet été recrutés et auront même disputé une grande partie de la présente saison. Et s’il suffisait de multiplier les demandes provisionnelles pour contourner la sanction comme cela vient d’être fait,  la présente affaire donnerait la voie libre aux ruptures abusives de contrat. La FIFA ne semble pas prête à accepter un tel scenario et on ne peut que la comprendre à ce niveau-là. D’un point de vue plus formaliste, elle pourrait même arguer que la sanction repart désormais à zéro, puisque même une interdiction portant sur l’actuelle période ne donnerait pas lieu aux deux périodes consécutives voulues par le règlement (l’ancienne période n’ayant pas été purgée).
Malgré une entrée en matière difficile, le club compte toujours sur ses nouvelles recrues, mais celles-ci risqueraient bien de ne jamais être revues et c’est le reste de l’équipe qui pourrait voir rouge avec un contingent méchamment amaigri. Pire encore, une procédure disciplinaire est désormais ouverte à l’encontre du club. Et au vu du règlement sur les sanctions disciplinaires, la Commission de discipline de la SFL dispose d’une marge de manœuvre tellement large que la sentence pourrait déboucher jusqu’à 12 points de retrait…
Face à l’injustice qui pourrait les frapper (les sanctions n’étant pas forcément injustes vis-à-vis du club), deux seules solutions semblent se présenter aux joueurs : la résignation ou la détermination…
De la détermination, il en faudra assurément énormément pour obtenir une miraculeuse place parmi les 3 ou une Coupe de Suisse décernée par la SFL. Le mérite des lésés serait exceptionnel. Et on n’ose à peine imaginer ce qu’il en serait en cas de fête sur la Planta…
Il n’y a parfois qu’un pas entre légendaire et descente aux enfers…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Eric M.

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