18 décembre : Geoffroy-Guichard

Après Mönchengladbach, voici le stade d’un autre club qui vit dans la nostalgie de ses heures glorieuses des années 1970, l’AS Saint-Etienne et son mythique chaudron vert de Geoffroy-Guichard.

Nom : Geoffroy-Guichard.
Ville : Saint-Etienne.
Club résident : AS Saint-Etienne.
Capacité : 35’616.

Le stade

Geoffroy-Guichard est un stade ouvert, c’est-à-dire que ses quatre tribunes sont complètement séparées et indépendantes les unes des autres. Mais elles sont toutes très proches du terrain, ce qui fait du Chaudron vert un vrai stade carré à l’anglaise. Derrière les goals, deux tribunes de 8’500 et 8’700 places accueillent le kop nord et le kop sud. Car c’est l’une des particularités de Geoffroy-Guichard : derrière les deux buts, on a des supporters locaux, debout, alors que les fans adverses prennent place en tribune latérale. Construit en 1930, Geoffroy-Guichard commence à devenir vétuste. Il a bien été rénové pour la Coupe du Monde 1998 mais, un peu comme partout en France, les rénovations se sont apparentées à du bricolage et s’avèrent aujourd’hui déjà obsolètes. Une nouvelle rénovation est prévue pour l’Euro 2016 pour légèrement augmenter la capacité et fermer les virages. Mais bien sûr, il n’est pas question de toucher à la configuration en mode stade anglais du Chaudron pour en faire une Arena aseptisée, les concepteurs du projet ont promis de respecter son «caractère brut et anguleux».

L’ambiance

Quand tu quittes l’autoroute du Soleil à hauteur de Givors pour bifurquer sur St-Etienne, le paysage commence à devenir un peu glauque et industriel, avec pas mal d’usines et puits de mines plus ou moins désaffectés. J’adore ces paysages car ils signifient en général qu’on arrive dans une terre de football et c’est effectivement le cas à Sainté, l’une de ces villes qui vit pour et par le football. Si le stade Geoffroy-Guichard est surnommé le Chaudron, ce n’est pas par hasard et cette réputation n’est en rien usurpée. Dans les années 1970, aux heures glorieuses du club, tous les grands d’Europe redoutaient le déplacement du Chaudron, théâtre de quelques retournements de situation invraisemblables. Aujourd’hui, si les résultats ne sont plus ce qu’ils étaient, l’esprit du Chaudron s’est perpétué. Je n’ai pas fait tous les stades français, je n’ai notamment jamais été à Lens, mais de ceux que j’ai vu, c’est clairement la meilleure ambiance. Green Angels dans le kop sud et Magic Green dans le kop nord se renvoient les chants, tout en rivalisant pour réaliser de plus beaux tifos et faire plus de bruit que le virage opposé. Le tout avec toujours une petite bouffée de nostalgie, lorsque passe l’inimitable «Allez les Verts» ou lorsque Mickey 3D nous conte les exploits de Johnny Rep.

Les chocs

N’importe quel supporter stéphanois ou même lyonnais te le dira : la seule vraie rivalité du foot français, c’est Saint-Etienne – Lyon. Le clàsico OM – PSG, c’est juste une création artificielle des médias entretenue par quelques gamins qui se frictionnent. Tandis que Saint- Etienne – Lyon, c’est du sérieux : la rivalité entre l’ouvrière Saint-Etienne et la bourgeoise Lyon existait déjà bien avant même l’invention du football. Et, pour l’avoir fait plusieurs fois, aussi bien à Geoffroy-Guichard qu’à Gerland : le derby rhodanien, c’est très fort, surtout dans le Chaudron. C’est le genre de match où tu te dis que justement, c’est bien plus qu’un match de football pour les supporters. Malheureusement, ces dernières saisons, le derby du Rhône n’a que très rarement réussi aux Verts, qui n’ont plus battu leur grand rival à Geoffroy-Guichard depuis 1994. Je pense que ça vaudra vraiment la peine d’être dans le Chaudron le jour où la série noire prendra fin. Et pourquoi pas en mars prochain ?
Sinon, Sainté entretient également une grosse rivalité avec un autre Olympique, celui de Marseille. Là, il s’agit surtout d’une question de prestige entre les deux clubs qui avaient su gagner le cœur de tous les Français lors de leurs grandes épopées européennes. Et puis l’ASSE est, avec dix titres, le club le plus titré de France, juste devant Marseille (9), ce qui fait la fierté des supporters. Lesquels cauchemardent les années où l’OL et l’OM se disputent le titre. Faut-il préférer le succès du rival honni Lyon ou risquer de perdre sa place de club le plus titré du pays au profit de Marseille ? Si je ne m’abuse, la réponse était qu’il valait quand même mieux que ce soit Lyon, pour garder le record, les Lyonnais étant encore loin derrière au nombre de titres (7).
Enfin, les supporters stéphanois entretiennent une longue relation d’amitié avec ceux de Bordeaux, cela donne généralement des tifos sympa.

Les billets

J’ai toujours réussi à trouver les billets en ligne sur le site officiel du club quelques semaines avant le match, même pour des places en kop sud pour un derby rhodanien. En plus, les prix sont très raisonnables et ce n’est pas loin de chez nous, c’est vraiment un déplacement à recommander. En tous les cas pour l’ambiance ; parce que pour le jeu, ça reste de la Ligue 1…

La troisième mi-temps

Justement, comme Saint-Etienne, ce n’est pas très loin de chez nous, je n’ai jamais eu l’occasion de rester sur place pour la troisième mi-temps. En fait, comme tu l’as sans doute constaté, je ne suis ni un spécialiste ni un passionné de Geoffroy-Guichard mais le mec qui devait faire le stade d’aujourd’hui nous a lâchement fait faux bond et j’ai reçu un sms de mon rédacteur en chef à 20h qui m’a dit «tu as une heure pour nous présenter un stade pour éviter qu’on rate un jour». Donc voilà. Mais si l’un ou l’autre de nos lecteurs a des plans pour la troisième mi-temps, qu’il n’hésite pas à le mettre dans les commentaires.

L’anecdote

Lors du derby rhodanien en 2008, le kop nord réalise un tifo somptueux au début de la deuxième mi-temps, avec un fond jaune et des animaux géants représentant les joueurs lyonnais, Müller l’hippopotame, Govou le rhinocéros, Cris le singe, Malouda la gazelle, Houiller le buffle, Fred le léopard, Juninho le zébre, Wiltord l’éléphant… Le seul problème, c’est qu’en bas de la tribune, il y avait une effigie représentant un chasseur avec une banderole «La chasse est ouverte, tuez-les». Cela avait fait scandale à l’époque, surtout que cela avait dégénéré ensuite avec des échanges de fumigènes entre supporters des deux camps, la police avait paniqué et envoyé les lacymos, rendant l’atmosphère tellement irrespirable que le match avait dû être temporairement arrêté…
Sinon, je me souviens également d’un Saint-Etienne – Marseille épique, avec une tempête de neige qui s’était abattue sur le Forez deux heures avant le match. Comme c’était le méga-hyper-grand choc du dimanche soir, Canal+ avait fait pression pour que le match se joue ; vu qu’on était sur place, ça nous arrangeait bien mais il faut reconnaître que le terrain était impraticable et que le coup d’envoi n’aurait jamais dû être donné. Un stadier tentait de dégager les lignes avec un aspirateur à neige, il partait du but et, quand il arrivait au poteau de corner, il se retournait et voyait que la ligne qu’il avait dégagée près du but était de nouveau recouverte de neige. Un peu comme le Mythe de Sisyphe. Dans ces conditions particulières, il y a un joueur qui avait été éblouissant et le grand artisan de la victoire stéphanoise : David Hellebuyck. Tu me diras, c’est normal qu’un mec qui avait passé une saison aux Plaines-du-Loup quelques années auparavant soit à l’aise sous la neige.

Écrit par Julien Mouquin