Le championnat de Belgique : Aussi con que pliqué

Prenez un pays aussi petit qu’un chiotte. Un petit pays globalement paisible capable de vivre plus de 500 jours sans gouvernement de plein exercice parce que ses habitants sont démerdards et s’en foutent un peu de ne pas avoir un gouvernement de plein exercice (résumé ici).

Un peu d’histoire: entre  1976 et 1988 le foot belge est à son apogée. Anderlecht remporte deux Coupes des coupes, deux Supercoupes (dont celle-ci) et une Coupe de l’UEFA, Bruges dispute et perd face à Liverpool une finale de Coupe des champions, le Standard se fait voler comme dans un bois au Nou Camp en 1982 et Malines accroche une Coupe des coupes à son palmarès. Les Diables Rouges montent sur le podium de l’Euro 80 en Italie et terminent quatrièmes du Mundial mexicain de 1986. Les meilleurs joueurs d’Europe (hors Angleterre, France, Espagne, Allemagne et Italie) se pressent pour venir jouer en Belgique. Sur les pelouses belges s’affrontent des Rensenbrink, des Haan, des Sigurvinsson, des Lato, des Preben Larsen, des Tahamata et j’en passe. L’Antwerp, plus vieux club du pays, disputera encore une finale de Coupes des coupes  en 1993, mais c’est pour l’anecdote. Le foot belge plane, mais c’est un leurre. Le merdier commence en 1982.

À cette époque les clubs sont encore constitués en association sans but lucratif (ASBL ici, en France « Association loi 1901 », en Suisse je sais pas comment ça s’appelle). Une bête erreur d’écriture, genre deux chiffres inversés, déclenche une enquête fiscale. Patatras! Il ressort que tous les clubs (TOUS!) tiennent des caisses noires, paient les joueurs sous la table et ont même – dans le cas du Standard – acheté un titre (enfin, pas vraiment, mais c’est tout comme. J’ai mis des années à m’en remettre, moi qui suis né face au stade. Je ferme la parenthèse).

Du coup, l’argent cesse de couler à flots. Les faillites se succèdent. Des clubs historiquement rivaux fusionnent, d’autres meurent ou finissent aux oubliettes.

Le pognon se faisant rare et les maigres droits TV ne permettant pas de maintenir les clubs à flot, les plus riches (Anderlecht, Bruges, Standard, Genk, Gand, Charleroi) décident de faire bande à part en créant la Ligue Pro et en s’affranchissant le Fédération. Il faut multiplier les recettes. Alors, idée de génie (tu parles) ! Puisque, en plus, l’UEFA a décidé que le championnat de Belgique ne se disputerait plus à 18 clubs mais 16, on supprime la trêve hivernale (on ne va pas payer les joueurs à se soigner et à se reposer, hein) et on adopte le systèmes plays-offs. L’idée est la suivante : les 16 clubs de D 1 jouent le championnat, on garde les 6 premiers, on divise leurs points par 2 et ils rejouent un mini-championnat au terme duquel le champion est désigné. Mais que faire des autres. On ne va tout de même pas les mettre en congé ! Je vous le fais avec les classements de 2014-2015, parce que ça change chaque année.

En vert, qualifiés pour les play-offs 1, en gris pour les play-offs 2 et en rouge pour les play-offs 3

Alors on invente les play-offs 2 : les équipes classées de 7 à 14 sont réparties en deux groupes, s’affrontent en mini-championnat, puis une finale entre les vainqueurs de groupe, dont le vainqueur rencontre le dernier des play-offs 1 pour une place en 3è tour éliminatoire de Coupe de l’UEFA Europa League.

Play-offs 2 – Groupe A

Play-offs 2 – Groupe B

Et les deux derniers? Ben ils jouent en play-ofs 3 5 matches entre eux (avec 3 points d’avance pour le 15è) et celui qui perd descend en D 2.

Mais ça, c’était encore trop simple.

On s’est rendu compte que les clubs de play-offs 2 et 3 ne jouaient pas le même nombre de matches que les autres et que donc, en plus de disputer une compétition annexe dénuée du plus élémentaire intérêt, ils perdaient des sous. Sans compter que se posait le problème de désigner le meilleur buteur, puisque les clubs ne disputaient pas le même nombre de matches.

Alors en 2015 on a réformé la D 2. Huit clubs et basta! Ceux-ci disputent deux championnats (été-automne et hiver-printemps), jouent une finale et le vainqueur monte en D 1. Trois autres se joignent aux play-offs 2 de D 1 et peuvent donc prétendre à jouer l’Europa League.

Vous n’avez pas compris? Moi non plus.

Mais en Belgique, c’est comme chez les Shadoks: pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

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