Clubbing : Besiktas

Après être sorti d’Europe le mois passé, Clubbing part cette fois-ci aux confins du continent, aux portes de l’Asie. Galatasaray ou Fenerbahçe ? Que nenni on a décidé de te parler de la troisième force du pays du kebab, Beşiktaş. Et promis le mois prochain on retournera probablement plus proche de chez nous.

L’histoire complètement bidon du club :

Tout le monde connaît le mythe du monstre du Loch Ness venu tout droit des Highlands écossais. Cher lecteur, figures-toi qu’une légende similaire existe à propos du Bosphore qui sépare Istanbul entre l’Europe et l’Asie. Des Stambouliotes racontent qu’on monstre marin peuplerait les eaux du célèbre détroit. Une créature vue par certains comme bienfaisante puisqu’elle aurait notamment aidé les Turcs lors de la prise de Constantinople en 1453. Dernièrement, la bête, ressemblant à une sorte d’immense oiseau sous-marin, aurait coulé des navires transportant de la marchandise illicite. C’est en son hommage que l’un des club phare de la ville a pris son nom : Beşitkaş le destructeur. D’ailleurs un film fait actuellement un tabac en Turquie Beşitkaş versus Nessie 2.

Couleurs, symboles et surnoms à la con :

A Istanbul, les couleurs sont jaune et bleu pour Fenerbahçe, tandis que Galatasaray arbore un maillot à moitié rouge et jaune, des couleurs vives qui détonnent. Il est somme toute logique que pour ne pas faire comme les autres, le Beşiktaş ait adopté le blanc et le noir. Pas très funky on dira, car en réalité la tenue du club est désormais toute blanche alors qu’à la base elle était à rayures noires et blanches. Bref, il faut croire que le Real Madrid est plus tendance que la Juventus en ce moment.

En revanche si ses couleurs sont un peu tristes, le Beşiktaş peut se targuer d’être le seul grand club turc à avoir un animal comme symbole. Un aigle qui figurait sur l’ancien écusson du club mais qui a été enlevé depuis l’introduction du nouveau logo il y a quelques années. Bon je mens, en réalité, les joueurs de Galatasaray et ses fans sont également surnommés les lions mais on n’a jamais vu le moindre lion sur leur maillot. Une fois de plus, aigles contre lions comme c’est original… Je ne maîtrise pas très bien le turc, mais les deux surnoms du club sont Kara Kartallar qui veut dire les aigles noirs et Siyah Beyazlılar (les noirs et blancs). Oui, avec un « i » sans point dessus, ça à son importance en turc. On finira juste par dire que le club s’appelle officiellement Beşiktaş Jimnastik Kulübü ce qui tu l’as compris signifie club de gymnastique, car oui tu peux être membre de ce club et pratiquer la lutte, les agrès ou même des échecs et ça c’est très très fort parce qu’au Barça tu ne peux pas !

Tu crois qu’il faut lever les mains?

Stade et supporters :

Tout comme les deux autres grands clubs stambouliotes, Beşiktaş s’est récemment doté d’une enceinte flambant neuve. L’an passé, les Aigles Noirs ont inauguré le Vodafone Park qui a été construit en lieu et place de l’ancien stade Inönü et qui peut contenir 43’500 supporters chauffés à bloc. Un stade situé dans le quartier de Beşiktaş, directement sur la rive européenne du Bosphore, à quelques mètres seulement de la place Taksim, un des principaux centres névralgiques de cette immense métropole. Là où les gens manifestent souvent contre Erdogan. Tandis que Galatasaray a dû se construire un nouveau stade en dehors de la ville et que Fenerbahçe évolue sur la rive asiatique, Beşiktaş continue à évoluer au cœur de la ville porte de l’Orient. Ses supporters sont comme la plupart des supporters turcs de gros malades de moins en moins moustachus, il est vrai. Le record de décibel atteint dans un stade de football est détenu par les fans des noirs et blancs, c’est dire la chaude ambiance qui règne autour de cette équipe.

Shhhhhhhh! Pas impressionnant du tout, à Bâle on fait pareil!

Les grands rivaux du club :

Le football turc est dominé par les trois mastodontes d’Istanbul, la triade comme tu l’as compris. Si la rivalité entre Fenerbahçe et Galatasaray est sans doute la plus grande, car ce sont les équipes les plus supportées et titrées en Turquie, celle entre Beşiktaş et les deux autres sont également très intenses. Il y a bien une raison géographique à cette rivalité, voire cette haine que se voue les trois clubs. Si tu viens du côté asiatique de la ville tu as plus de chance de supporter le Fener, si tu viens du quartier de Beşiktaş, ben étonnamment tu as plus de chance d’être pour le club du même nom. Après cette règle ne fonctionne pas à tous les coups et ces trois clubs sont également très populaires à travers l’ensemble du pays de toute manière. Hormis cette raison, je n’en ai pas vraiment trouvé une qui explique une telle rivalité, mis à part qu’un célèbre groupe de supporters de Beşiktaş a des idées plutôt d’extrême-gauche. La conclusion qui s’impose est que les supporters turcs ont tout simplement une passion démesurée pour leur club. Si personne ne s’est jamais posé la question de savoir pourquoi en fait on déteste autant l’autre, c’est probablement que cela va de soi, non ? Et franchement je ne serai pas contre voir de temps en temps un bon vieux Beşiktaş-Fenerbahçe à la télé à la place d’un Chelsea-Real Madrid. On terminera juste par dire que cette rivalité ne se limite pas au football, elle a cours au basket également, au volleyball et même peut-être à la pelote basque.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

La Turquie n’a jamais été très douée pour exporter ses joueurs à l’étranger, hormis les fils d’émigrés en Allemagne. Cela a pour conséquence que passablement de joueurs demeurent fidèles un bon nombre de saisons à un seul club et Beşiktaş ne fait pas exception à cette règle. Parmi les anciennes gloires des Aigles Noirs, on retrouve par exemple le trio offensif indissociable Ali Gültiken, Feyyaz Uçar et Metin Tekin qui ont fait fureur dans les années 80 et 90 qui ont marqué à eux trois plus de 300 buts pour le club. Les Riri, Fifi et Loulou du football turc. Sinon un peu plus près de nous Sergen Yalçin, Tayfur Havutçu et Ilhan Mansiz ont marqué l’histoire du club, deux sur trois sont pourtant nés en Allemagne. Mais le mec qu’on n’a pas oublié à Beşiktaş et dans toute la Turquie c’est le Français Pascal Nouma. Il n’a pourtant joué que deux saisons pour le club, mais il est resté mythique de par son attitude de bad boy. Il a notamment mimé une branlette après avoir marqué contre Fenerbahçe et ça tout le monde a dû kiffer en Turquie. Depuis, il a fait de la taule et participé à de nombreuses émissions de téléréalité chez les Turcs où il est devenu une vraie rockstar.

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

Passablement de joueurs ont évolué dans deux des trois grands clubs turcs. Certains sont même parvenus à jouer pour les trois, comme par exemple Caner Erkin actuel joueur des noirs et blancs et de l’équipe nationale. Une pratique qui ne semble pas vraiment choquer en Turquie où on préfère largement détester les joueurs qui n’ont jamais joué pour son club. On va donc désigner Alpay Özalan, mieux connu sous le nom de « mec qui a frappé Stéphane Grichting lors de Turquie-Suisse en 2006 ». Après avoir évolué quelques saisons à Beşiktaş, il a ensuite porté les couleurs de Fenerbahçe, en quittant le club avec un record de trois cartons rouges en six mois, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué ce mec avait le sang chaud… Pas si sûr qu’en Turquie on parvienne à détester un collectionneur de cartons rouges pareil. Non on va dire Ivan Guti, tout le monde hait l’ancien blond du Real Madrid qui a fini sa carrière sur les rives du Bosphore, et il est bien pratique.

Ivan Guti est bien pratique lorsqu’il s’agit de trouver un joueur que tout le monde déteste

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

Autant le dire Beşiktaş n’a jamais vraiment réussi à briller dans les compétitions européennes. L’an passé, le club a été éliminé en quarts de finale de la Ligue Europa par Lyon et cela lui a permis d’égaler sa meilleure performance sur le plan européen. Il y a bien cette fessée 3-0 infligée au Barça mais les cinq autres matchs disputés par les Aigles Noirs lors de cette édition 2000-2001 de la Ligue des Champions sont une catastrophe, ce qui vient annihiler cette belle performance. Non, les matchs mythiques sont à aller chercher du côté de la Süperlig. On trouve par exemple cette victoire épique 4-3 obtenue dans des circonstances incroyables sur le terrain de Fenerbahçe en 2005. Un scénario complètement fou où Beşiktaş marque le but de la victoire à la 93e minute alors qu’il est réduit à dix et qu’un joueur de champ évolue au but. Mais la partie qui reste dans l’histoire, c’est un match disputé à Inönü face à Samsunspor en 2004. La raison à cela est bien simple, cinq joueurs de Beşiktaş ont été expulsé par l’arbitre qui se voit contraint de siffler la fin du match à la 84e minute ! Je ne connais pas d’autres cas de match de si haut niveau arrêté pour un trop grand nombre de joueurs exclus !

Bon ok, et actuellement :

Ces dernières années, le championnat turc a vu son attractivité fortement augmenter. Il est devenu une sorte de championnat chinois avec une ambiance de malade, un bon niveau global et la possibilité de jouer les coupes européennes. Bon nombre de vieilles gloires sont venues y terminer leur carrière (Eto’o, Drogba, Van Persie, Maicon, Valbuena, Bafé Gomis et même Djourou) et il arrive parfois que des joueurs tout à fait valables viennent y poser leurs valises. Beşiktaş a ainsi hérité de joueurs comme Mario Gomez, Ryan Babel, Gary Medel, Alvaro Negredo ou Ricardo Quaresma, bien que celui-ci ait décidé de ne faire que des passes de l’extérieur du pied. Après quelques saisons de galère, les Aigles Noirs sont revenus en force, puisqu’ils ont remporté les deux derniers championnats en date et s’imposent désormais comme la meilleure équipe du moment en Turquie. Après, le club demeure clairement la troisième force du pays en termes de palmarès et d’aura, dernière Fenerbahçe et Galatasaray. Néanmoins, cette année sera peut-être la bonne pour le Beşiktaş qui a pris un départ tonitruant en Ligue des Champions. L’occasion enfin de peut-être briller sur la scène européenne et de se faire un peu plus connaître au niveau continental.

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