Tout ça grâce à Bobby Stokes, à un industriel suisse et à Laurent Depoitre

Finale de la Cup 1976. Manchester Utd vs Southampton. À la 83e minute, Bobby Stokes inscrit le but qui permet aux Saints de signer ce qui reste un des plus grands exploits – si pas le plus grand, tant les forces en présence étaient disproportionnées – de l’histoire de la compétition. Southampton trouve définitivement sa place sur ma carte footballistique. En 1978, en vacances studieuses sur la côte sud de l’Angleterre, je vais voir mes premiers matches. D’abord à Bournemouth (alors en D 4), puis à Southampton. The Dell…

The Dell – auteur inconnu – Les ayants droits sont invités à ce manifester

… petit stade de 16’000 places planté en plein centre ville, le genre de stade anglais où les spectateurs du premier rang auraient pu mordre les mollets des joueurs tant les gradins étaient proches de la pelouse. Le déplacement faisait peur à tout le monde. Je chope le virus. Je retournerai une quinzaine de fois au Dell (la dernière fois en 1991) et j’y verrai des joueurs mythiques comme Mick Channon, Alan Ball, Kevin Keegan, le jeune Alan Shearer et surtout Matt Le Tissier, médian offensif à la classe stratosphérique qui aurait connu une carrière tout aussi stratosphérique s’il avait préféré s’entraîner plutôt que de manger un burger à la mi-temps. À plusieurs reprises, il sauve le club de la descente à lui tout seul.

Livré aux appétits des promoteurs, le Dell est démoli en 2001 et fait place à un stade flambant neuf. Cela n’empêche pas le club, propriété d’un fonds requin, de péricliter et devoir laisser partir ses plus beaux joyaux d’alors (Theo Walcott ou Gareth Bale, pour ne citer qu’eux) pour se maintenir financièrement à flot. La corde finit par céder. Le nouveau stade, St Mary’s, est trop peu garni pour être rentable depuis la relégation en D2. En 2009, nouvelle culbute. Le fonds d’investissement propriétaire du club est placé en redressement judiciaire. Le club va purement et simplement disparaître. À quelques heures de la sentence de mort, un homme providentiel surgit. L’industriel suisse Markus Liebherr redonne vie au moribond. Il décède quelques mois plus tard, mais laisse derrière lui un club sain au sein de la direction duquel sa famille a toujours un mot à dire, même si elle a fait un pas de côté. Le club renouera même- brièvement – avec la coupe d’Europe en 2016.

Mais avec tout ça, malgré une envie tenace et plusieurs tentatives avortées – entre autres en raison de la difficulté à me procurer des tickets – je n’avais jamais mis les pieds à St Mary’s. Puis en septembre 2018…

Un message de ma grande amie Valérie, que j’ai connue à l’université, me parvient. En substance, son fils, Laurent Depoitre (1 titre de champion de Belgique, 1 sélection et 1 but chez les Diables), joue à Huddersfield Town.

Si je le souhaite, il peut m’obtenir des invitations pour un match. La suite, vous la devinez et donc, le 10 mai, j’ai pris l’Eurostar…

puis un autre train pour me rendre à…

et m’installer au…

(Très bien situé et très bien tenu)

Le voyage étant assez long, il fallait reprendre des forces avant d’aller faire un tour en ville…

Southampton n’est pas l’endroit le plus sexy du monde, mais l’atmosphère y est chaleureuse et le voyageur fourbu peut y trouver rapidement ses repères et ses repaires…

Ensuite, on fait un peu de shopping,

puis on rentre à l’hôtel et on se repose jusqu’au lendemain.

 

Le samedi, on repart en promenade, cette fois jusqu’au stade…

Six heures de promenade dans les rues et les parcs de la ville, même avec les haltes, ça épuise. J’ai des ampoules aux pieds. Je rends une visite de courtoisie aux voisins de l’hôtel et je rentre faire dodo.

Vient le grand jour…

Un petit arrêt au « Chapel Arms », pub strictement improbable à proximité du stade qui ferait passer le « Bacchus » de Mons (allô, Martin ?) pour une taverne 5 étoiles et où je fais la connaissance du Belgian Saints Supporters Club, une bande de joyeux soiffards qui feraient passer votre serviteur et le rédac’ chef pour de timides premiers communiants. Mais quelle générosité, quel sens de la camaraderie ! Juste comme j’aime. Bref, j’ai des nouveaux amis pas imaginaires pour un sou. Au pays, ils sont presque tous supporters d’équipes différentes, mais Southampton est leur trait d’union. Et on peut discuter de foot : ils s’y connaissent et pas un peu, les bougres ! Une très chouette bande.

Photo reproduite avec l’autorisation de Francis Thon

Photo reproduite avec l’autorisation de Francis Thon

Mais il est temps d’aller voir le match. Alors le match, franchement bof, bof… On joue pour du beurre. Huddersfield est relégué depuis longtemps et Southampton, après un début de saison cataclysmique (1 victoire en 14 matches) a redressé la barre et assuré son maintien depuis deux ou trois semaines. La pression est retombée. Un seul éclair de génie – l’ouverture du score par Nathan Redmond pour les Saints – dans une partie médiocre. Score final : 1-1. Mais à la limite, le match, ça m’était un peu égal. J’ai regoûté à l’atmosphère du foot anglais et je me suis rendu compte à quel point ça m’avait manqué pendant toutes ces années. Quelques bières, un petit resto libanais à proximité de l’hôtel et puis dodo. Demain, il faudra se lever de bonne heure, faire les bagages et rentrer, déjà, en Belgique. Une chose est sûre : je remettrai ça la saison prochaine !

But never forget…

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