Des roues aux lames

Je vous remercie tout d’abord pour vos commentaires encourageants qui m’ont fait extrêmement plaisir. En Nouvelle-Zélande, je n’ai que très peu de gens intéressés au hockey sur glace helvétique alors je vis par correspondance les play-off en regardant les images des matches sur internet. CartonRouge.ch est d’ailleurs une mine d’or, mais je ne vais pas trop passer de pommade aux autres rédacteurs et me concentrer sur mon mandat. Lors du premier épisode, nous nous sommes arrêtés peu avant le premier entraînement en commun.

C’est stupide à dire, mais s’équiper avant une pratique n’est pas si évident que cela pour un néophyte. Pour nous préparer, nous partageons le vestiaire avec les patineurs «publics» et les enfants nous regardent avec des yeux ébahis enfiler nos costumes d’extra-terrestres. Certains usent et abusent de toile isolante pour faire tenir les diverses protections. D’autres avaient amené de la ficelle pour «saucissonner» tout cela. Bref, chacun sa méthode pour le premier entraînement, l’important est que cela tienne.

Bébés girafes

Comme je vous l’ai expliqué lors du premier texte, nous sommes cinq Suisses à avoir déjà pratiqué le hockey sur glace. C’est donc tout naturellement que nous entrons les premiers sur la glace. Un petit tour pour se mettre en jambe. Deux-trois lancers pour se refaire la main. Quelle joie de vivre à nouveau ces sensations. J’en avais presque oublié le bruit du puck lorsqu’il entre dans le but. Les sept autres arrivent. Hésitants. On aurait dit des bébés girafes quelques minutes après la naissance.
 
Tous ont l’habitude de pratiquer le roller, mais lorsqu’il y a une lame et de la glace, cela devient tout de suite plus complexe. La crosse fut d’ailleurs une alliée de choix pour les premiers tours de piste. Non pas pour s’amuser avec le palet, mais tout simplement pour rester debout. «J’abandonne», Mike n’a tenu que trente minutes de ce premier entraînement qui n’avait finalement rien de ludique. Cela ne servait à rien de le forcer au risque de le dégoûter, nous le laissons sortir de l’enceinte et espérons pouvoir tout de même compter sur sa ténacité à l’avenir.

«Quelle m**** !»

Stéphane et moi-même rassemblons les troupes dans un coin de la glace afin de donner les premières instructions. Le maniement du palet est à l’honneur aujourd’hui. Comme nous n’avons pas de gardien, le but est désert mais cela tombe bien car ces premiers coups de patin n’ont rien de bien académiques et les filets ne tremblent qu’à de rares occasions. «Quelle m****! Je n’arrive pas à lever le puck. Ce sport est vraiment nul !» Venant d’un Néo-Zélandais habitué à courir après un ballon ovale qui n’a jamais deux fois le même rebond, cette remarque a au moins le mérite de me faire sourire…
 
Une heure sur la glace a eu raison de ma troupe. Les sourires d’il y a peu se sont vite transformés en grimaces et en mines fatiguées. Combien seront-ils la semaine prochaine ? A la surprise générale, la majorité semble dure au mal et motivée à poursuivre l’aventure. Paul, le frère du Mike qui avait abandonné après quelques coups de patins, vient rapidement me parler : «Je crois que mon frangin n’est pas fait pour ça. Il n’a pas vraiment eu du plaisir aujourd’hui, je pense qu’il ne reviendra pas.» Il avait le droit de me le dire lui-même… Ne voulant rien précipiter, je laisse passer la nuit avant de lui lancer un petit coup de fil le lendemain matin.
 
Comme notre équipe compte une dizaine de joueurs seulement, la présence et la persévérance de chacun est primordiale. Ainsi, je me suis mis en tête de jouer la nounou. La conversation prend une tournure que je n’imaginais même pas. «Paul, j’ai une proposition à te faire», me dit-il d’entrée. C’est déjà ça, au moins il a réfléchi et s’il veut me proposer quelque chose c’est que je ne l’ai pas encore perdu… «J’ai vraiment souffert à l’entraînement hier. Patiner, ça n’est pas pour moi. J’ai envie de continuer l’aventure mais au poste de gardien.» Je me suis bien gardé de lui dire que ce n’était pas plus simple que joueur de champ. Au moins, il continue et sera présent à la prochaine pratique. C’est déjà ça. «Ok Mike, tu es notre gardien. Prépare-toi à la fusillade pour mardi prochain.»
 
To be continued…


Episode précédent :

http://www.cartonrouge.ch/fr/actualite/article/le-hockey-en-nouvelle-zelande-une-folie-devenue-realite/index.html

Écrit par Paul Fournier

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