La Russie écrase le Liechtenstein un à zéro

Ils l’ont fait ! Les Russes, en déplacement sur les terres hostiles de Vaduz, n’ont pas craqué et ont ramené une précieuse victoire en écrasant magnifiquement le Liechtenstein un à zéro, qui plus est, dans sa forteresse (quasiment) imprenable du Rheinpark. Respect.

La Sbornaja à trois heures de route ! L’occasion était trop belle pour l’amateur de football de voir une des meilleures sélections mondiales quasiment à côté de la maison, on ne pouvait décidément pas la rater. Vu que les championnats d’Europe ou du Monde, c’est pas trop mon truc (chacun ses goûts, hein), ce déplacement à Vaduz était une jolie chance pour moi de me rendre compte de visu de la qualité de cette équipe, n’ayant vu évoluer la version 2008-2009 que devant ma télévision. C’est donc accompagné de mon fidèle camarade Jean-Michel (prénom d’emprunt, j’ai pas le droit de dire son nom, il devait être aux cours ce mercredi) que je me suis rendu à Vaduz mardi soir pour un déplacement super-sympa à base de Cuba Libre tiède, d’hôtel perdu dans la montagne (à Triesenberg pour les connaisseurs) et de Marktplatz envahie par des vieux Russes à la pointe de la mode. Là, je suis obligé de faire un commentaire. Si la Russie, c’est le pays de Pouchkine, de Soljenitsyne et d’Anna Kournikova, c’est aussi malheureusement celui des coupes de cheveux les plus improbables et de l’habillement le plus scandaleux. On a quand même atteint des sommets sur cette Marktplatz de Vaduz mercredi entre le vieux rougeaud au front plat et au crâne chauve, le tout agrémenté d’un mulet du plus bel effet jusqu’à la nuque et d’un marcel blanc. Sublime. A côté de lui, un superbe spécimen de jeune homme au combo K-way blanc-bleu-rouge (le drapeau russe, quoi), pantalon militaire zébré (véridique) et casquette de travers. La Russie, c’est le pays de la littérature, de la culture, du sport, du bon goût et de tout ce qu’on veut, mais visuellement, c’est quand même une catastrophe. Bref.

Le match ? Solidement maîtrisé de la part des Russes, lesquels ont inscrit un très joli but grâce à une superbe passe d’Andreï Arshavin, reprise de patte de maître par le meilleur joueur russe actuel Konstantin Zyrianov. Le milieu de terrain du Zenit lobait alors parfaitement Peter Jehle d’un subtil coup du pied. Grande classe et Konstantin Zyrianov peut désormais inscrire dans son CV qu’il a un point commun avec un journaliste nord-vaudois puisque j’ai moi aussi eu l’honneur d’inscrire un but à Peter Jehle, avec la sélection vaudoise des M-15 lors d’un match nul contre la sélection du Liechtenstein et je peux le prouver sur demande. La classe, non ? Comment ça non ?

Bon, je continue après cette minute d’auto-satisfaction (il faut bien des fois) et je signale juste que oui, le Liechtenstein aurait pu égaliser, mais que les Russes ont bien géré quand même, n’ayant jamais été mis en danger et Igor Akinfeev n’ayant finalement effectué aucun arrêt, tout simplement. Les Russes n’ont pas été spécialement bons, même si ses leaders que sont Zyrianov, Semshov et Pavlyuchenko ont assuré l’essentiel et que le Liechtenstein s’est bien battu et a des qualités intéressantes, notamment au milieu de terrain. Il y a quand même un joueur qui ressort largement du côté russe, constamment en mouvement, tant défensivement qu’offensivement. Les Anglais appellent ça un box-to-box player et Konstantin Zyrianov en est un vrai. Le joueur du Zenit est juste impressionnant et est largement au niveau des Steven Gerrard ou Frank Lampard, pour parler de joueurs évoluant dans son registre. Ceux qui en doutent peuvent regarder le parcours du Zenit en Coupe de l’UEFA l’an dernier ou les matchs de l’Euro, voire la double confrontation Angleterre-Russie des qualifications à ce même Euro : Zyrianov est à ce niveau-là et tant pis pour les insultes que je vais me prendre dans les commentaires, j’assume cet avis.

Bref, les Russes restent donc au contact des Allemands, mais doivent encore se déplacer à Cardiff et à Helsinki, ce qui va être très compliqué. Les Allemands ont ramené quatre points de ces déplacements, il faudra faire au moins aussi bien et, surtout, battre la Mannschaft à Moscou, à moins que les joueurs de Jögi Löw ne se cassent la gueule en Azerbaïdjan ou à la maison contre la Finlande (3-3 à l’aller)…Pas simple, pas simple du tout.

Ah sinon, je suis obligé de mentionner le superbe vent proposé à votre serviteur par Roman Pavlyuchenko. Je vais être honnête, j’adore ce joueur et j’avais vraiment envie de lui parler après le match en zone mixte. Sergeï Semak s’arrête, il est détendu, pas de soucis, Igor Semshov la même chose, tranquilles et aimables les gars…Je vois Pavlyuchenko ! «Hey Roman !» Il vient, voit mon calepin et mon stylo, veut me signer un autographe. «Euh, non, mais si t’as deux minutes pour parler du match…» Il me regarde, se tourne et se casse. Compris. En fait, il a fait à peu près la même chose qu’un type qui évite une crotte de chien dans la rue. En l’occurrence, la crotte de chien faisait 1m78, avait des yeux bleus et un pull à col en V. Remarque, c’est peut-être ça, il aime pas les pulls à col en V. Bref, je l’insulte intérieurement quand débarque Andreï Arshavin, joueur à la réputation cent mille fois pire que Pavlyuchenko. Je tente quand même : «Andreï !» Il vient, super souriant, discute cinq minutes et repart dans le bus. Merci Andreï. Roman, ça t’aurait coûté quoi d’être aimable, franchement ?  Bref, j’en verrai d’autres, hein, et ça ne m’empêchera pas de te vénérer quand tu inscriras le 2-0 en demi-finale de la Coupe du Monde 2010 contre l’Argentine, mais hein, tu m’as compris.

Bon, après le match, deux eaux minérales des Grisons au Long John Bar à Schaan et au lit, y avait de la route le lendemain. Ah, dernier truc, si tu rentres de Vaduz un jeudi matin, passe pas par Zurich, tu pourrais perdre une heure. Ou deux.

Liechtenstein – Russie 0-1

Rheinpark, Vaduz, 5769 spectateurs.
Arbitre : M. McKeon, irlandais, avertit Anyukov pour simulation.

Mannschaft : Jehle ; Vogt (60e D’Elia), Martin Stocklasa, Michael Stocklasa, Oehri (46e Rohrer) ; Ritzberger, Martin Büchel (75e Beck), Gerster, Burgmeier ; Polverino, Frick.

Sbornaja : Akinfeev ; Anyukov, V.Berezutski, Ignashevitch, Zhirkov ; Torbinski (66e Semak), Semshov, Zyrianov, Denisov, Arshavin ; Pavlyuchenko (83e Pogrebnyak).