Un match de gala avec les tatoués du Che Guevara (3/5)

Dans la banlieue de Cordoba, dans l’antre du Clube Atletico Che Guevara, on caresse un rêve complètement fou, celui de réunir un jour sur la même pelouse, sous le même maillot, tous les joueurs, étoiles du football mondial, qui arborent un tatouage du Che Guevara.

La liste de ces stars internationales est impressionnante. A commencer par le Dieu vivant, Diego Maradona en personne. «El Pibe» a toujours revendiqué son admiration, sa vénération même, pour son prestigieux compatriote. Il admire l’homme, ses idées de justice sociale et partage la pensée humaniste du Che Guevara. Il ne tarit pas d’éloges. Si bien qu’il n’est pas étonnant de le voir gravé dans sa peau, sur son bras droit.
 
Maradona a le Che dans la peau, et il n’est de loin pas le seul. Son compatriote Juan Sebastian Veron est tatoué au même endroit. Le Suisse Celestini en a un modèle sur le bras gauche (version René Burri). L’Italien Miccoli l’a fait graver sur le mollet, l’anglais Darren Currie le porte sur le ventre au même titre que le boxeur Mike Tyson, fier comme un paon de son tatoo sur son flanc. Tout comme l’Uruguayen Ernesto Chevanton qui porte le prénom du révolutionnaire en son hommage. Outre les joueurs qui ont tatoué l’effigie du Condottiere, nombreux sont les sportifs à partagent ses idées et le font savoir : Eric Cantona, Kun Aguero, Cristiano Luccarelli, Paul Breiner, Socrates, Cesar Luis Menotti, Marcelo Bielsa, ou le rubgyman Agustin Pichot. En 2005, lors de la cérémonie de la remise du prix du meilleur joueur de la FIFA, Thierry Henry posait en bonne compagnie avec un superbe tee-shirt rouge bardé du célèbre Argentin.

Leo Messi avoue avoir la chair de poule quand il pénètre dans un stade et découvre des drapeaux à l’effigie du Che ou de Maradona. Il est vrai que des clubs de supporters du monde entier rivalisent d’originalité en déployant des banderoles immenses à la gloire du Che, à l’instar des kops de l’OM ou de Rosario Central.
D’autres artistes ne sont pas en reste. Manu Chao tape régulièrement dans le ballon avec ses potes dans son quartier de Barcelone, où il vit quand il n’est pas en tournée. Gageons qu’il se verrait bien lui aussi fouler la pelouse avec ces grands noms du sport. Et même donner un concert par la même occasion.
Le Clube Che Guevara de Cordoba se propose de rendre un hommage appuyé au Che Guevara, grand sportif, passionné de football. Les gens de Cordoba savent qu’un tel événement peut générer une source substantielle, histoire de financer des projets de développement, le but étant d’offrir une alternative à des enfants nés dans des milieux sociaux et économiques précaires.

Où en est-on dans l’avancée du projet ?

Les contacts ont été pris avec quelques joueurs qui se disent chauds bouillants à l’idée de jouer ce grand match dans un endroit qu’il faudra encore déterminer : le stade Vélodrome de Marseille ? Celui de Rosario ? La Bombonera ? Dans un stade ultra moderne tel que l’Emirates ? Ou simplement sur la pelouse bosselée du barrio de Jesus Maria, banlieue  saumâtre de Cordoba ?

Mais à ce jour, aucun grand joueur approché ne s’est réellement bougé pour faire accélérer le processus. Tous d’accord en tous les cas pour exhiber fièrement leur oeuvre d’art, pour une histoire de mode, pour le fun, mais de là à relever ce défi lancé par les gamins de Cordoba, il y a encore une belle marge ! Au cours d’une entrevue en 2006, au centre d’études Che de la Havane, la veuve du Che, Aleida March en personne, avait émis un souhait : «Il ne suffit pas de se le graver dans la peau mais il faut aussi se remuer pour la bonne cause».
Cette partie de gala, les gamins du Club Che Guevara se la repassent en boucle avant de s’endormir. Ce match exceptionnel, ils se le jouent chaque nuit dans leur sommeil. Fouler la pelouse en compagnie de leurs idoles pour honorer le Che : lorsqu’ils en parlent entre eux, des étoiles remplissent leurs yeux. On peut rêver un peu non ? Dans ce monde de brutes ! A Jesus Maria, on ne désespère pas de la nature humaine. On veut y croire, hasta la victoria, siempre !

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9 Commentaires

  1. Je peux jouer moi ? En tout cas c’est une idée originale ! Même si des fois il faut pas mélanger sport et politique. Et surtout, comme dit Mme March, il faudrait déjà que tous ces sportifs qui gagnent des millions fassent qqch pour les plus pauvres et les plus démunis. Mais si match doit avoir lieu je pense que la Bombonera serait l’endroit idéal.

  2. Cette glorification crasse d’un révolutionnaire, certes, mais qui était également un meutrier, un tortionnaire qui a commis de nombreuses exécutions sommaires et exactions, me révulse.

    Il est sidérant de voir tant de sportifs profitant de leur notoriété s’afficher avec ce symbole par pure ignorance.

  3. Est-ce ce que le site de CR est-il le bon endroit pour ces reportages sur le Che?

    En plus du problème fond pour savoir si le Che était un héros ou un tueur, j’ai davantage de souci avec la forme.

    Aucun deuxième degré, ni phrase piquante, ni dérision, aucune formule satirique… seule de l’admiration exacerbée.

    On est loin de l’esprit CR, là!

  4. Y a de ces aigris ici, notamment le Jinks. Perso, j’ai trouvé intéressant, je ne savais pas pour tous ces tatoos. D’ailleurs, quelle idée de se faire tatouer un communiste…

    Bref, Che est tout de même l’icône de la révolution cubaine et est devenu un symbole. Après, il n’est pas tout blanc comme neige et faut pas tomber dans l’angélisme mais son personnage reste unique. Je ne vais pourtant pas me le tatouer à côté de l’aigle grenat qui est sur mes couilles.

    D’ailleurs, les fans du Loosanne Sport, ils sont où ? Car je n’ai pas perdu mon pari… donc pas de string dans le frigo car ce n’est pas cette unique victoire contre le FC Vinasse qui a changé et changera la donne (la relégation annoncée). J’espère vraiment qu’on se croise dans l’ascenseur (avec ou sans Che Guevara tatoué sur votre derrière).

  5. Quand je pense à cet excellent calendrier de l’avent l’an passé… et cette année faut se farcir cette propagande nauséabonde…

    Allé plus que deux et on en a fini avec cette série mais s’il vous plait ne nous planter pas le dernier article le jour de Noël, se serait vraiment un vilain cadeau!

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