On l’a fêté comme une victoire

Il y a des matches nuls qui ont le gout d’une victoire. Celui obtenu à la toute dernière seconde par le Lausanne-Sport à Prague en fait partie, et comment ! Avec quelques jours de retard (désolé, il est lundi et les petits nains résonnent encore), voici le récit d’une soirée glaciale mais mémorable. Une de plus avec le LS de Rueda.

Tout le monde s’accordait à dire que le groupe du Lausanne-Sport était peu sexy, pour ne pas dire complètement pourrave. Ce tirage moisi offrait toutefois deux gros avantages, soit la possibilité d’organiser les matches à la Pontaise et… celle de se déplacer à Prague. Pour tout mâle normalement constitué, fût-il casé, se faire une petite virée dans la ville aux cent clochers n’est jamais désagréable, si tu vois ce que je veux dire. Autant dire que je n’avais pas mis longtemps avant de bloquer ces trois jours dans mon agenda, bien motivé il est vrai par mon «pousseur de bob» préféré !

Plus nombreux qu’à Yverdon

Nous avions opté pour le déplacement en «indép’» avec le vol Swiss de jeudi matin, et non le package VIP avec l’avion du LS. La première constatation en arrivant à Prague, c’est que les fans vaudois sont nombreux. Ce n’est évidemment pas les 30 charters de Manchester United pour un match à l’extérieur, mais au moins 250 Lausannois sont venus soutenir leurs couleurs pour ce troisième match de l’Europa League. Que ce soit à l’aéroport, sur la Place Venceslas ou dans les pubs du centre ville, les poignées de main ont été nombreuses. Le bloc du BWFK est d’ailleurs bien garni pour un match disputé à plus de 900 km de la Pontaise. Pas sûr que si le LS avait joué une rencontre de Challenge League à Yverdon le même soir, il y aurait eu plus de Lausannois ! La deuxième constatation, c’est qu’il fait froid, très froid au Generali Stadium. Le vent balaie la capitale tchèque et à 19 heures déjà on commence à grelotter. Pourtant, on avait ingurgité quelques breuvages à même de faire monter notre chaleur corporelle…

L’enceinte du Sparta Prague a fière allure avec ses 20’000 places couvertes, ses gradins très proches de la pelouse et son panneau d’affichage flambant neuf. Ce stade a la particularité d’avoir changé…quatre fois de nom en l’espace de huit ans ! Il s’appelait originellement Stadion Letná de 1917 à 2003, puis Toyota Arena de 2003 à 2007, AXA Arena de 2007 à 2009 et désormais Generali Arena… Le «naming» a encore de beaux jours devant lui et on se réjouit de découvrir le prochain sponsor principal du Sparta Prague. Après un constructeur d’automobile et deux assurances, pourquoi pas une marque d’absinthe ou un table dance, deux des spécialités locales ?

Le LS revient des ténèbres  

Le stade n’a pas fait le plein pour la réception du Lausanne-Sport, ou plutôt «FC Lausanne» comme l’indique le panneau de bienvenue à l’extérieur de l’enceinte. L’interdiction d’alcool est respectée et on ne pourra donc pas se réchauffer avec l’excellente Pilsner Urquell. L’ambiance est bon enfant et il n’y a aucune agressivité perceptible aux alentours du stade. Bien sûr, on s’est bien gardé de lancer des chants en toisant les supporters adverses, reste que personne ne nous a allumé en voyant nos écharpes bleue et blanche. Il y a même un fan praguois qui m’a supplié d’échanger mon écharpe avec la sienne, ce que j’ai accepté avec plaisir.

Je ne vais pas te raconter le match quatre jours après, tu as sûrement vu et revu les images de cette partie complètement folle. Dire que le Lausanne-Sport est revenu de nulle part est un doux euphémisme ; on peut même affirmer que le LS est revenu d’outre-tombe ! A 3-1, la bande à Rueda est dans les cordes, proche du KO et d’une claque monstrueuse. On a franchement imaginé le pire, du genre un score de tennis entre Tomas Berdych et George Bastl…
Et puis le Sparta Prague a commencé à reculer, à trottiner et à jouer la montre. Grave erreur ! Car le LS version 2010-2011 est insatiable, courageux et capable de renverser des montagnes ou la Cathédrale Saint Guy, c’est selon. Après avoir éliminé le Lokomotiv Moscou et fait trembler Palerme, après avoir terrassé Lugano et Servette à l’extérieur, les Galactiques vaudois vont aller chercher l’impensable égalisation au bout du bout du bout du suspense. On joue la…96ème minute lorsque Marazzi dépose le cuir dans le paquet, Meoli dévie sur la latte avant que Silvio, en mode El Pibe de Oro, pousse le ballon au fond des filets. Mainmainmia !
Les scènes de liesse sont belles dans notre tribune. Le frère de Martin Steuble est proche de la crise d’apoplexie, les parents d’Anthony Banks jubilent, le gardien du FC Echallens nous promet la prochaine tournée, l’entraîneur assistant d’Assens prend Coffre dans les bras, le président du FC Bercher est en transe (c’est aussi un euphémisme) alors que la température extérieure vient de passer de -5 à +30 ! Le Lausanne-Sport, modeste club de seconde division helvétique, vient de signer un nouvel exploit sur la scène européenne. Les héros de Moscou ont tenu tête au champion de République tchèque et c’est tout sauf immérité. Le Pont Charles est bleu et blanc !

Un point qui vaut de l’or

Ce point miraculeux a une saveur particulière. C’est non seulement le premier dans cette poule de l’Europa League mais surtout, l’opération comptable est plus qu’intéressante. Une victoire jeudi 4 novembre face à ce même adversaire relancerait complètement les affaires du LS et pourrait même lui offrir la deuxième place du groupe. On ne va évidemment pas s’enflammer, les Tchèques partiront favoris à la Pontaise et auront à cœur de laver cet affront. Reste que dans la tête des joueurs comme des supporters, ce point change tout.
Ce match nul devrait également convaincre les trois à quatre mille personnes hésitantes (oui oui, toi aussi qui n’as pas encore acheté ton billet !) à prendre la direction du Stade Olympique dans deux semaines. Malgré le risque de choper une vilaine grippe couplée à une pneumonie aigue, ce match est capital et on espère vivement que les Vaudois répondront présents.
Comme le titre l’indique, la victoire sera fêtée comme il se doit par ton serviteur et ses deux acolytes. Tels des lions de l’Atlas, on ne lâchera rien et c’est le poing en l’air qu’on rentrera à l’hôtel au petit matin, après avoir de nouveau croisé une bonne quinzaine de Lausannois ici ou là. La magnifique aventure du LS continue et ne demande qu’à se prolonger. Alors messieurs les joueurs, si vous pouviez vous qualifier et nous offrir un nouveau déplacement européen au printemps prochain, on ne vous en voudra pas, bien au contraire !

Sparta Prague – Lausanne-Sport 3-3 (3-1)

Generali Arena, 12’430 spectateurs.
Arbitre : T. Asumaa (Fin).
Buts : 6e Meoli 0-1. 10e Bony 1-1. 20e Kucka 2-1. 23e Bony 3-1. 75e Steuble 3-2. 96e Silvio 3-3.
Sparta Prague : Blazek; Kusnir, Brabec, Repka, Pamic; Kucka; Sionko, Vacek, Podany (81e Kladrubsky); Kadlec (92e Matejovsky); Bony (76e Kweuke).
Lausanne : Favre; Rochat, Katz (82e Roux), Meoli, Sonnerat; Pasche (68e Tosi), Marazzi, Celestini, Steuble; Munsy (74e Avanzini), Silvio.
Notes : Lausanne sans Gétaz, Buntschu, Borges, Y. Traoré ni Basha (tous blessés).
Cartons jaunes : Marazzi (20e), Steuble (76e), Sionko (79e), Meoli (88e).