La statistique n’a pas menti

On s’attendait à voir des buts entre les deux défenses les plus perméables de Bundesliga, on n’a pas été déçus. Sans briller, le Werder Brême a profité des errements actuels du Borussia Mönchengladbach pour se relancer et enfoncer encore un peu plus les Fohlen.

C’est un Mönchengladbach au bord de la crise qui recevait samedi le Werder Brême dans son magnifique Borussia-Park. Sevrés de victoires depuis le 29 août, toujours à la recherche d’un premier succès à domicile cette saison et décimés par les blessures et les suspensions, les Fohlen n’étaient pas dans les meilleures dispositions pour recevoir un Werder Brême guère plus fringant. S’il y a un léger mieux depuis que l’infirmerie se vide peu à peu, le Werder reste bien loin des positions dans le trio de tête du classement qu’il a l’habitude d’occuper et l’ombre de Mesut Özil n’a pas fini de planer sur le Weserstadion.

Bailly à côté de ses chaussures

En arrivant au Borussia-Park, mon compagnon de route du week-end avait quelques craintes : «Je porte la poisse, on va sûrement voir un 0-0.» Je l’ai rassuré en lui expliquant qu’entre les deux pires défenses de Bundesliga, les probabilités d’assister à un score nul et vierge confinaient au néant. Mes prédictions mettront moins de cinq minutes à se vérifier : depuis l’aile gauche, Marko Marin, l’ancienne idole devenue bête noire du Borussia-Park, botte un coup franc qui traverse toute la défense et s’en vient tranquillement mourir dans le petit filet sans réaction du gardien Logan Bailly. S’il est sans doute moins à blâmer que ses défenseurs sur l’ouverture du score, le portier de l’équipe de Belgique est en revanche entièrement responsable du 0-2 car le tir de Wesley n’était pas bien méchant et il y avait mieux à faire que de le détourner dans ses propres filets. Après 18 premiers mois remarquables à Mönchengladbach, Logan Bailly cumule les boulettes en ce début de saison. Guère charitables, les supporters des Fohlen réserveront une ovation à leur gardien à chaque fois que celui-ci captera une balle facile, ce n’était pas très tactique car, quand ton gardien remplaçant s’appelle Christoph Heimeroth, tu aurais plutôt intérêt à encourager le titulaire pour qu’il retrouve un niveau potable.

Le respect des traditions

0-2 après 12 minutes et, vu le marasme régnant actuellement à Gladbach, on aurait eu tendance à dire que le match était plié contre tout autre adversaire que le Werder Brême. Par contre, avec les Werderaner et leur défense passoire, tout reste toujours possible. Tu sais qu’à CartonRouge.ch, nous sommes très attachés à défendre les traditions. Dans cette optique, il faut rendre hommage au Werder qui met un point d’honneur à faire perdurer sa tradition de défense perméable qui lui a souvent coûté le titre ces dernières saisons. Quand ton secteur défensif constitue le point faible de l’équipe mais que le seul renfort que tu engages dans ce compartiment, c’est Mickaël Silvestre, c’est que tu n’as pas vraiment envie que les choses changent. Donc chapeau bas à MM. Schaaf et Allofs pour faire perdurer une vieille tradition de la Bundesliga.

Le tournant du match

Mönchengladbach aurait pu profiter de la fébrilité défensive adverse pour se relancer mais le troisième gardien brêmois Sebastian Mielitz, titularisé en raison de l’absence des numéros un et deux Wiese et Vander, réalise deux superbes parades devant Mohamadou Idrissou, l’Innocent Emeghara du Niederrhein à en croire un éminent supporter de GC. Un sauvetage de Frings sur la ligne devant de Camargo et un lob mal cadré de Marin seul devant Bailly plus tard, la mi-temps était sifflée sur ce score de 0-2. Le match aurait pu rebondir juste après la pause lorsqu’Idrissou, seul à quatre mètre du but, ne croise pas assez son coup de tête et permet à l’excellent Mielitz de réussir un arrêt miraculeux ; sur la contre-attaque, Aaron Hunt, le double national germano-anglais qui veut jouer pour l’équipe d’Allemagne «pour avoir la chance d’être un jour champion du monde» arme un tir dévié par le malheureux Wissing hors de portée de son gardien. Décidément, rien ne sourit à Gladbach en ce moment.

Pizarro dans l’histoire

Les Fohlen seront tout de même récompensés de leurs efforts lorsque Marco Reus s’est présenté seul devant Mielitz, le portier brêmois a réalisé un nouveau miracle mais le ballon a ricoché sur la tour Mertesacker et fini sa course au fond des filets. Un fol espoir envahit le Borussia-Park, on croit un retournement de situation possible lorsque Idrissou inscrit le 2-3 mais son but est justement annulé pour hors-jeu. Quelques instants plus tard, l’affaire sera pliée sur un centre de Wesley repris victorieusement par Claudio Pizarro, son 134e but en Bundesliga, ce qui en fait le meilleur buteur étranger de la ligue de tous les temps, une longueur devant Giovane Elber mais encore à bonne distance des 365 réussites de Gerd Müller. Après un début de saison compliqué, le Werder s’est un peu rassuré, même si l’on n’a pas encore retrouvé la même qualité de jeu que les saisons précédentes, l’ampleur du score étant davantage due aux lacunes du Borussia qu’aux mérites brêmois. Cette nouvelle défaite relègue Mönchengladbach à l’avant-dernière place du classement, juste devant son rival historique du 1. FC Köln. Le Rheinische Derby dans trois semaines promet beaucoup et là on serait plus enclin à miser sur un 0-0. 

Borussia Mönchengladbach – Werder Brême 1-4 (0-2)

Borussia-Park, 53’511 spectateurs.
Arbitre : M. Perl.
Buts : 5e Marin (0-1), 12e Wesley (0-2), 51e Hunt (0-3), 67e Mertesacker (autogoal, 1-3), 75e Pizarro (1-4).
Mönchengladbach : Bailly; Levels, Anderson, Daems, Wissing; Reus, Marx, Bradley, Idrissou; de Camargo (67e Hermann), Bobadilla.
Brême : Mielitz; Fritz, Mertesacker, Prödl, Silvestre; Hunt (68e Bargfrede), Wesley, Frings (83e Jensen), Marin; Pizarro (86e Almeida), Arnautovic.
Cartons jaunes : 20e Bradley, 64e Silvestre, 82e Marx, 83e Jensen.
Notes : Mönchengladbach sans Schachten, Brouwers, Arango (suspendus), Dorda, Dante Jaurès, Matmour ni Jantschke (blessés), Brême sans Borowski, Naldo, Wiese, Vander ni Boenisch (blessés).

Écrit par Julien Mouquin