Au-dessus de tout soupçon

Le 1. FC Köln ne saurait en aucun cas être accusé de truquer ses matchs : alors que tout parieur un tant soit peu avisé sait que leurs rencontres ont de fortes chances de se terminer sur un score nul et vierge, les Geissböcke mettent un zèle remarquable à confirmer le pronostic le plus évident et ainsi valider la cote la plus basse.

Ce n’est pas comme si l’on n’était pas prévenus : comme je l’avais laissé sous-entendre la semaine dernière, ce Freiburg – Köln avait de forts relents de 0-0 ; mais bon, si l’on se laissait arrêter par ce genre de considérations, on ne décollerait plus de notre télévision. Et puis, j’avais déjà épinglé vingt-deux stades allemands à mon palmarès (Berlin, Cottbus, Hambourg, Hanovre, Brême, Gelsenkirchen, Dortmund, Bochum, Duisburg, Düsseldorf, Cologne, Leverkusen, Mönchengladbach, Aachen, Francfort, Kaiserslautern, Sinsheim, Mannheim, Karlsruhe, Stuttgart, Nuremberg et Munich) mais il me manquait celui qui est situé le plus proche de chez nous, alors c’était l’occasion de combler cette lacune.

Si j’ai tant tardé à aller découvrir l’antre du SC Freiburg, c’est que le vétuste badenova-Stadion et ses 24’000 places ne font pas vraiment rêver. Avec les collines enneigées de la Forêt-Noire et ses bars tout autour, l’ex-Dreisamstadion évoque davantage l’ancien Allmend lucernois que le nouveau Wembley. Néanmoins, ce genre d’enceintes en voie de disparition ne manquent pas d’un charme un peu désuet et la proximité entre joueurs et spectateurs garantit une ambiance chaleureuse. Bref, Freiburg, c’est un déplacement à refaire dans un contexte un peu plus favorable que le milieu du mois de décembre avec la perspective de conduire pour le retour. Car, si j’en avais gardé un sentiment mitigé lors d’un déplacement à Karlsruhe, la Rothaus, la bière du Bade-Wurtemberg, n’est finalement pas si mal que ça.

La Dream Team

Brillamment promu l’an passé après avoir survolé, un peu à la surprise générale, la Zweite Liga, le SC Freiburg constitue l’une des révélations de cette Bundesliga 2009-2010. Certes, les Breisgauer ne sont de loin pas tirés d’affaire et ont connu quelques déroutes spectaculaires, surtout à domicile (0-5 contre Leverkusen, 0-6 contre Brême), mais ils réalisent un parcours tout à fait honorable compte tenu des moyens à disposition. Si sa carrière de joueur n’a jamais dépassé les ligues régionales, l’entraîneur fribourgeois Robin Dutt est une sorte de magicien qui parvient à tirer le meilleur parti d’un effectif composé pour majorité de joueurs de Zweite Liga. Un seul exemple : remplaçant l’an dernier à Young Boys, Felix Bastians est titulaire en défense centrale du SC Freiburg. L’ancien Bernois est d’ailleurs plutôt sympa avec ses ex-coéquipiers car, dans sa Dream Team qu’il nous délivre dans le programme de match, on trouve Marco Wölfli («un gardien dominant») et David Degen («un farceur aux possibilités infinies») !

Poldi touche du bois

Face à un 1. FC Köln aussi timoré que d’habitude, les Breisgauer vont dominer la rencontre. Ils se créent la première occasion avec un centre de la nouvelle recrue Jackson Mendy (un jeune Français venu de… Rostock II) pour Mohamadou Idrissou qui ne cadre pas sa reprise. C’est toutefois Cologne qui va se procurer les meilleures occasions, grâce à son joueur vedette Lukas Podolski, sous les yeux du sélectionneur national Joachim Löw (qui n’a pas dû détecter une flopée d’internationaux potentiels sur la pelouse du badenova-Stadion). Toutefois, Prinz Poldi se montrera bien malchanceux et ne parviendra pas à améliorer son bilan famélique (1 seul but en 14 matchs de Bundesliga) avec un premier tir qui rebondit sur la transversale (11e).

La superstar du 1. FC Köln touchera une nouvelle fois du bois (normal, en pleine Forêt-Noire…) à la 29e sur un tir miraculeusement dévié sur la latte par le gardien Pouplin. Le portier français du SC Freiburg fera définitivement le malheur de Podolski avec une nouvelle parade à la 34e. Malheureusement pour lui, Simon Pouplin évolue derrière une défense perméable d’un championnat sous-médiatisé et sous-estimé dans l’Hexagone mais s’il jouait à Marseille, nul doute qu’il serait deuxième gardien de l’équipe de France derrière l’intouchable Lloris, en lieu et place du surcoté Mandanda. Freiburg se crée sa meilleure occasion du match dans les arrêts de jeu de la 1ère mi-temps mais la star locale Mo Idrissou voit son tir à bout portant superbement dévié du pied par l’impeccable gardien colombien du 1. FC Köln, Faryd Mondragon.

Soldo raus !

La première période n’avait déjà pas été fameuse, la seconde sera d’une affligeante médiocrité. Malgré un terrain en excellent état, on n’a pas vu grand-chose, sinon 128 mauvaises passes, 37 ouvertures directement en touche et 23 contrôles défectueux. Et l’on a échappé aux centres derrière le but uniquement parce que les actions avortaient systématiquement avant même que l’ailier ne soit en position de centrer ! Cologne paraît disposer de moyens supérieurs mais la tactique ultra-frileuse de l’entraîneur Zvonimir Soldo (dont la démission est réclamée par les supporters) et la méforme de l’unique attaquant Milivoje Novakovic (pourquoi insister avec lui ?) ne lui permettent de se procurer que deux possibilités, gâchées par les Portugais Maniche (reprise trop molle) et Petit (tir trop enlevé). Ainsi, le 1. FC Köln enregistrait son troisième 0-0 consécutif, le 5e en 9 matchs et le 6e de la saison ! Ce doit être une sorte de record, peut-être pas du monde car une telle statistique est sans doute assez fréquente en Ligue 1 ou en Serie A, mais d’Allemagne sans doute. Si Zvonimir Soldo espère assurer le maintien en obtenant dix-huit 0-0 sur les matchs restant à disputer, il a mal fait ses calculs.

La citation du jour

Bien qu’animé par une évidente volonté de bien faire et d’aller de l’avant, Freiburg est confronté à ses limites criardes, ne se créant que deux possibilités, deux frappes non cadrées des défenseurs Butscher et Bastians après des balles arrêtées. L’entraîneur Dutt cherche des solutions avec le remplacement de Jonathan Jäger Meister der Zweite Lifa 08-09 par Daniel «Ravanelli» Caligiuri, qui avait fait scandale la semaine précédente en abusant l’arbitre à Wolfsburg sur une simulation éhontée. Ce qui explique peut-être pourquoi M. Zwayer n’a pas voulu donner un penalty à Freiburg pour une intervention suspecte de Mondragon sur Bechmann à la 90e. En revanche, deux minutes plus tard, il accordera un coup franc aux locaux sur la ligne des seize mètres, un fol espoir envahit le stade mais, franchement, vu la «qualité» du match, on n’imaginait pas l’un des acteurs loger la balle dans la lucarne. Et effectivement, ça a fini dans le mur. Le point positif du jour, c’est que ce Freiburg-là paraît trop limité pour venir gâcher la fête du centenaire d’unser BVB samedi prochain au Westfalenstadion. Même si «tout est possible en football». Une citation de Pierre-Alain Dupuis, n’est-ce pas la meilleure manière de clore un article laborieux sur un match médiocre ?

SC Freiburg – 1. FC Köln 0-0

Badenova-Stadion, 24’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Zwayer.
Freiburg : Pouplin; Du-Ri Cha, Butscher, Bastians, Mendy; Abdessadki, Banovic, Makiadi, Jäger (61e Caligiuri); Reisinger (70e Bechmann), Idrissou.
Köln : Mondragon; Schorch, Geromel, Mohamad, Ehret (64e Brecko); Chihi (81e Freis), Petit, Pezzoni, Maniche, Podolski; Novakovic.
Cartons jaunes : 15e Idrissou, 62e Chihi, 79e Makiadi, 91e Maniche.

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Excellent comme d’habitude…
    Julien: A quand un ouvrage « le guide du déplacement en terre Bundesligarienne ».?
    Pour Noel il serait parfait!

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