16 décembre : Selhurst Park

Antre des Eagles de Crystal Palace, Selhurst Park est un vrai stade à l’anglaise où, en raison des divers travaux de rénovation qui ont jalonné son existence, aucune tribune ne se ressemble et où les odeurs d’oignons grillés et de bons vieux hamburgers rassis se diffusent joyeusement.

Nom : Selhurst Park.
Ville : Londres.
Club résident : Crystal Palace.
Capacité : 26’309. 

Le stade

Situé dans la grande banlieue sud de Londres, à South Norwood dans l’arrondissement de Croydon, Selhurst Park, à ne pas confondre avec le Crystal Palace National Sports Stadium, stade d’athlétisme tout proche, a été inauguré en 1924 par une défaite à domicile des rouges et bleus contre Sheffield Wednesday.
D’une capacité de 26’309 places, il est composé de quatre tribunes pour le moins peu homogènes. La tribune principale, Main Stand, est aussi la plus ancienne puisque elle constituait l’unique tribune du stade lors de sa construction en 1924. Si des «lounges» y ont été aménagées en 1990, elle garde un style «old school». En face, l’Arthur Wait Stand a été construite en 1969 suite à la promotion de Crystal Palace en Division One. Elle regroupe d’une part un public bon enfant principalement composé d’abonnés et, d’autre part, le secteur réservé aux supporters visiteurs. Des deux tribunes situées derrière les buts, c’est Holmesdale Stand qui regroupe les supporters les plus fervents des Eagles. Cette magnifique tribune de 8’500 places assises construite sur deux niveaux est entièrement aux couleurs du club et peut compter en son sein, en bas, les Holmesdale Fanatics, à tendance plutôt ultras (eh oui ça existe même en Angleterre) et la la Dirty 30 Firm, plutôt active, elle, dans les échauffourées aux abords du stade. En face, la Croydon Advertiser Family Stand, anciennement Whitehorse Lane Terrace, regroupe principalement des familles et des supporters occasionnels.

Si le record d’affluence du stade date de 1979 (51’801 personnes contre Burnley pour le titre de champion de Second Division), la moyenne de spectateurs oscille ces dernières années entre 14’000 et 25’000 en fonction des résultats de l’équipe et de la division dans laquelle elle évolue.

L’ambiance

L’ambiance à Selhurst Park est assez particulière dans le sens où c’est un stade où, pour les rencontres à domicile de Crystal Palace bien entendu (puisque les Eagles y sont désormais la seule équipe à y évoluer contrairement à une époque pas si lointaine où Charlton Athletic FC de 1985 à 1991 et Wimbledon FC de 1991 à 2003 payaient une location au propriétaire de lieux pour y jouer), se côtoient le supporterisme typiquement britannique (maillot aux couleurs du club, quelques chants simples mais relativement puissants repris par pratiquement tout le stade) et une sorte de ferveur d’inspiration latine avec de jeunes supporters à tendance plutôt ultras, présents au stade avec les couleurs de leur groupe, agitant constamment des drapeaux et cherchant à assurer un soutien plus ou moins constant à leur équipe et même à organiser à quelques occasions de véritables tifos dans la Holmesdale Stand.
Ainsi sans être à proprement parler exceptionnelle, l’ambiance peut y être tout à fait correcte voire même survoltée lors de certains matchs chauds ou lorsque les circonstances de la partie créent des conditions favorables.

Les chocs

Si tous les derbys londoniens sont assez explosifs, c’est plus particulièrement les chocs contre leurs rivaux du sud de la capitale britannique, à savoir Charlton et Millwall, dont les stades sont distants de moins de 10 kilomètres de Selhurst Park, qui sont empreints de la plus grande rivalité. Il n’est ainsi pas rare de voir ces rencontres émaillées d’incidents tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du stade bien que la situation se soit bien calmée depuis la fin des années 80.
Les parties opposant les aigles de Crystal Palace aux mouettes de Brighton & Hove Albion sont aussi très attendues par les supporters des deux équipes. Le retour en Championship cette saison de l’équipe de la station balnéaire du Sussex après quelques années de déboires sportifs devrait occasionner de belles retrouvailles entre ces rivaux historiques qui se disputent le public résident dans le Sussex.

Les billets

Avec environ 10’000 abonnés et 3’000 billets réservés aux visiteurs pour une capacité d’un peu plus de 26’000 places, il n’est pas trop difficile de trouver des billets même pour les grands matchs. Les billets sont disponibles au stade tous les jours de la semaine ou sur le site internet du club (www.cpfc.co.uk). Les prix vont habituellement de 20 à 35 £ pour les matchs normaux et de 25 à 45 £ pour les grandes affiches. Il est également possible de dénicher parfois des packages avec un accès au buffet à l’intérieur de la Main Stand pour des prix encore raisonnables (le mieux étant toutefois encore de rencontrer un habitué des loges au pub et que celui-ci vous invite en VIP (cf la rubrique anecdote…).
Pour ceux qui n’auraient pas pu acheter les billets sur internet, pas eu l’occasion de se rendre au stade auparavant et qui ne voudraient pas prendre le risque de se déplacer le jour-même en prenant le risque d’un «sold-out», il reste toujours la possibilité de se procurer les précieux sésames dans les différents points de vente de tickets en tout genre au centre de Londres, à condition bien sûr d’accepter de payer la commission qui va avec.

La troisième mi-temps

Comme partout ailleurs en Angleterre, c’est au pub que se prépare un match de football. L’offre pléthorique proposée par Londres laisse bien entendu le choix au visiteur selon ses envies gustatives, musicales ou visuelles, mais pour se mettre en condition, rien de tel que de se retrouver dès l’ouverture à 11h du matin dans un établissement situé à proximité du stade. Deux pubs situés à moins de 500 mètres de Selhurst Park méritent une halte plus ou moins longue selon l’humeur et la soif du moment.
En venant du centre de Londres en train depuis Victoria Station, vous en descendrez à Thornton Heath et pourrez en boire quelques unes à mi-chemin entre la gare et le stade au très populaire Prince George Pub. Ne payant vraiment pas de mine, ce véritable pub de quartier comme il en existe des milliers en Grande-Bretagne propose un bon choix de bières à la pression ou en bouteille et de délicieux hamburgers. De plus, c’est un endroit où vous aurez tout loisir pour engager la conversation avec des gens du coin qui vous conteront de long en large les exploits des Eagles des 50 dernières années.
En arrivant par le sud, depuis Croydon, le Duke of Cambridge Pub est le véritable repaire des supporters de Crystal Palace. L’ambiance y est souvent au rendez-vous les jours de match et mieux vaut ne pas se pointer avec un maillot de Millwall. La fresque aux couleurs du club peinte sur le mur extérieur de l’établissement est tout simplement superbe et digne des murs de Falls Road ou de Shankill Road à Belfast.

Si après la partie, une petite halte à l’un des deux endroits susmentionnés s’impose, tout particulièrement les jours de victoire, il est ensuite préférable de se rabattre sur le centre de Londres et son nombre incalculable de pubs et de clubs. Il y en a vraiment pour tous les goûts entre les discothèques à la mode de Trafalgar Square et les petits clubs à la programmation plutôt pointue de Camden Town par exemple.

L’anecdote

Avec une vingtaine de matchs à mon actif du côté de Selhurst Park, les anecdotes sont légions mais citons en vrac, un déplacement en taxi depuis Stockwell un Boxing Day pour un match contre Luton Town annulé à la dernière minute en raison d’un terrain gelé, un autre déplacement en taxi un 1er janvier après une nuit blanche pour attraper un car à destination de Portsmouth rempli exclusivement de familles et de retraités, encore un déplacement en taxi à travers un Londres bouchonné sous un déluge avec ma femme enceinte pour arriver au début de la seconde mi-temps d’une partie contre Doncaster Rovers, un corner raz-terre au premier poteau rentrant directement dans le but du gardien de Walsall ou une invitation à suivre le match en loges et à profiter du buffet à volonté en compagnie des joueurs après un match contre Middlesbrough consécutive à une improbable rencontre au Prince George Pub.
Mais celle qui me laissera un souvenir impérissable (je devrais plutôt dire qui ne m’en a laissé aucun), c’est ces deux bouteilles de Vodka descendues à trois un samedi midi avec un ami genevois et un moscovite supporter du Dynamo qui voulait nous montrer comment lui et ses potes avaient l’habitude de préparer les derbys chez eux. Mis à part qu’il s’agissait d’un derby contre ces parvenus de QPR, je ne suis pas en mesure de vous raconter la suite mais ça ne devait pas être beau à voir.

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