17 décembre : Stadion im Borussia-Park

Pendant longtemps, pour le fan de foot romand moyen, Mönchengladbach n’était qu’un club dont la seule particularité était son patronyme imprononçable. Mais, depuis que l’un des nôtres y réalise des miracles, le Borussia-Park de Mönchengladbach est devenu un lieu de villégiature prisé des Romands. Et ceux qui ont tenté l’expérience ne sont pas revenus déçus.

Nom : Stadion im Borussia-Park.
Ville : Mönchengladbach.
Club résident : Borussia Mönchengladbach.
Capacité : 54’057 (46’287 pour les matchs internationaux).

Le stade

Le Borussia Mönchengladbach a écrit les plus belles pages de sa glorieuse Histoire dans le mythique Bökelbergstadion. Lorsque ce dernier a atteint sa date de péremption, il a été décidé de construire un nouveau stade sur un autre site, en périphérie nord de la ville. Habituellement, ce genre de déménagement passe mal auprès des fans. Toutefois, le tout nouveau Borussia-Park a réussi à conquérir les cœurs, d’une part parce qu’il est constellé de drapeaux, effigies et autres icônes qui rappellent la légende des Fohlen (poulains), d’autre part parce qu’il est une réussite. Il ne s’agit pas de l’un de ces stades où les architectes ont voulu faire une œuvre d’art pour la postérité. Le Borussia-Park est un stade de foot, conçu pour abriter des matchs de foot et pour accueillir des fans de foot. Et tant pis pour les fioritures.
Quelque part, avec ses structures grises métalliques, il présente un mimétisme certain avec la ville qui l’abrite. A l’intérieur, avec son architecture carrée, ses lumières vertes dans le toit, ses tribunes très proches du terrain et un imposant mur blanc en places debout dans la Nordkurve, le rendu est superbe. Pourtant, malgré ses qualités, le Borussia-Park, terminé en 2004, n’avait pas été retenu pour la Coupe du Monde 2006, en raison de la profusion de stades dans la région (Köln, Dortmund et Gelsenkirchen). Il reste donc encore au Borussia-Park à accueillir quelques grands matchs ou belles épopées pour que sa légende rejoigne celle du Bökelberg. Lucien Favre y travaille.  

L’ambiance

Le Borussia-Park possède les deux ingrédients essentiels pour une grosse ambiance de foot : de un, être situé dans une ville industrielle pas trop favorisée et où le football est la principale source de fierté et de distraction ; de deux, abriter l’une des Traditionsverein les plus fameuses du pays, un club dont le renom et la légende continuent d’attirer des fans venus de toute l’Allemagne et même de Belgique voisine, malgré les résultats médiocres des deux dernières décennies. Car la foi des supporters des Fohlen a été mise à rude épreuve ces dernières années, avec deux relégations en 1998 et 2007 et une troisième évitée miraculeusement en mai dernier. Mais, même en Zweite Liga, le club pouvait compter sur un noyau de 30’000 à 40’000 fidèles. Alors forcément, aujourd’hui, quand toutes ces années de patience désabusée sont récompensées par une équipe qui commence à renouer avec le succès, cela fait pas mal de bruit. Le très rock’n’roll die Elf vom Niederrhein, est à mettre sur le podium des meilleurs chants d’avant-match des stades allemands. Le Maria (I Like it Loud) de Scooter qui célèbre chaque but des Fohlen ne manque également pas de puissance, même si je n’ai que modérément apprécié le dernier que j’ai entendu, vu qu’il commémorait un but inscrit contre une équipe qui m’est chère.

Les chocs

Le match de l’année, c’est le rheinische Derby contre le 1. FC Köln. Les deux rivaux sont tellement inséparables qu’ils ont été en même temps au sommet du foot allemand, dans les années 1970 et 1980, et qu’ils ont connu un déclin quasi simultané. Ils ont d’ailleurs fêté conjointement leur retour en Bundesliga en 2008. Bref, les fans des deux camps se haïssent, sont les premiers à se réjouir de la relégation du rival mais en même temps sont tout perdus la saison suivante s’ils n’ont pas leur derby. Et ce n’est pas le match contre l’autre club de la région, Leverkusen, qui peut servir de palliatif, ça n’a rien d’un derby : Vizekusen n’a ni fans ni tradition. Par contre, l’éventuel retour d’un autre voisin dans l’élite, le Fortuna Düsseldorf, promettrait quelques chauds derbys. Sinon, le Klassiker contre le Bayern Munich ravit tous les nostalgiques des années 1970 lorsque les deux clubs dominaient le foot allemand et européen ; d’ailleurs, le Gladbach – Bayern qui ouvrira le second tour de la Bundesliga s’annonce déjà explosif. Enfin, le Borussen-Derby contre Dortmund déplace toujours une impressionnante marée jaune et divise le stade, puisque les deux clubs recrutent en partie leurs fans dans le même bassin de population, du côté de Krefeld, Oberhausen ou Wuppertal ; du coup, les jours de match, chaque quai de gare se coupe en une partie blanche et une partie jaune.

Les billets

Le retour au sommet du Borussia complique un peu l’accès aux billets pour le Borussia-Park. Les matchs se divisent en plusieurs catégories sur le site internet du club : les chocs contre Köln ou le Bayern sont généralement réservés aux membres du clubs (le Gladbach – Bayern de janvier est déjà ausverkauft) ; ensuite, certaines parties, style contre Schalke ou Dortmund, sont réservées aux clients déjà inscrits sur la billetterie pour éviter un afflux trop massif et subit de fans adverses (sauf que le système ne permet pas d’exclure les supporters adverses qui ont conservé leur numéro de client après un obscur Gladbach – Stuttgart). Enfin, les autres matchs sont en libre-accès mais il vaut mieux s’y prendre en avance : si Lucien Favre continue de réussir des miracles avec ses Fohlen, le Borussia-Park risque d’afficher souvent complet ce printemps.

La troisième mi-temps

Mönchengladbach est située à proximité de deux des trois capitales allemandes de la nuit, Cologne et Düsseldorf (la troisième étant Hambourg) ; les noctambules avertis pourraient donc être tentés de ne pas prolonger leur séjour à Gladbach au-delà du match et d’aller dans l’une des deux villes précitée pour la fête. Ceci dit, il y a quand même de quoi faire si tu choisis de rester sur place, avec une certaines concentration de bars et discos entre l’Alter Markt et l’Aachener Strasse. Si tu aimes le métal pur et dur, ne rate pas le Roots, dont le patronyme fait sans doute bien davantage référence au mythique Roots Bloody Roots de Sepultura qu’à du reggae. Dans un style un brin plus primesautier, il y a un bar à Schlager à proximité en mode chalet suisse avec des skis de fond dans l’entrée et où tout le monde finit debout sur les tables à chanter sur DJ Ötzi. Mais comme je n’y suis jamais allé en état de complète sobriété, le nom de cet endroit m’échappe en ce moment, tu parles d’un guide touristique ! Mais si tu es dans le coin, tu trouveras sans problème.

L’anecdote

Le 24 octobre 2009, les autorités de Mönchengladbach inaugurent une mesure inédite en Allemagne pour le derby contre Köln : l’interdiction totale d’alcool, pas seulement dans le stade, mais dans toute la ville, bars, restaurants, supermarchés et même dans la rue. Il y avait des flics qui attendaient à la sortie du train pour te demander de finir ta bière avant de descendre sur le quai ! Comme on avait pris de l’avance dans le train en prévision d’un long après-midi de sobriété, on s’est un peu échauffé dans le bus entre la gare et le stade sur des théories politiques et, pris par la discussion, on ne s’est pas rendu compte de la longueur du trajet. Au retour, on s’est dit, ça n’avait pas l’air bien loin, on va faire le retour à pied plutôt que de faire la queue pour le bus. Sauf qu’en fait, le trajet était très long mais ça, on ne s’en est rendu compte qu’une fois qu’on s’est retrouvé perdu en plein brouillard et assoiffé entre deux entrepôts glauques après une heure de marche. Ah oui, pour couronner le tout, le match s’était fini à 0-0 et il ne s’était rien passé, pas notre meilleur souvenir de nos pérégrinations germaniques. Mais je te rassure : on a connu des déplacements beaucoup plus festifs que celui-là au Borussia-Park.

Écrit par Julien Mouquin

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3 Commentaires

  1. Bel article… comme d’habitude! Mais je suis quand même surpris de pas voir Berlin dans les capitales allemandes de la nuit, vu l’offre que la ville présente!

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