David J. Stern : un jeu en mouvement (3/4)

Après 30 ans à la tête de la NBA, autant dire une éternité, David J. Stern se retire et cède sa place à son bras droit, Adam Silver. CartonRouge.ch te propose de te souvenir de certaines facettes du pontificat Stern.

David Stern, on l’a vu précédemment, a complètement révolutionné la ligue au niveau économique durant ses 30 ans de règne. Mais le développement ne s’est pas arrêté là. Sous le règne du désormais ex-commissionnaire, la NBA a également vu des changements de règles, s’adaptant à l’évolution du sport, et à l’image de sa ligue. Certaines de ces règles créées sous l’égide de Stern sont toujours en vigueur, mais d’autres ont été abandonnées. Faute avouée…

3 points

Lors de la domination des Chicago Bulls sur la NBA dans les années 90, il est décidé par Stern de rapprocher la ligne des 3 points, la faisant passer de 7m23 à 6m70. Ce changement de règle va favoriser les équipes dont l’attaque est dominée par les joueurs extérieurs, parmi lesquelles… Chicago, qui gagnera 2 titres (1996/1997) lors de la brève application de ce rapprochement.

Ce changement aura bien évidemment ses détracteurs. La ligne des 3 points à 7m23 est certes largement plus éloignée que celle utilisée par la FIBA (La FIFA du basket, mais a priori en moins corrompue), qui utilise une démarcation 2–3 points à 6m75 dans toute compétition officielle, mais la NBA applique ses propres règles.  Un rapprochement de cette ligne est considéré comme une facilitation du jeu.
Faut-il y voir une conséquence du marketing «pro-stars» instauré par Stern ? Michael Jordan sera en effet un des grands bénéficiaires de cette ligne raccourcie. Lui qui n’a jamais été un «sniper» aux tirs primés va voir son efficacité décuplée, passant d’un peu plus de 25% en carrière à environ 40%. Ce changement ne profite évidemment pas qu’aux Bulls et à Jordan. Néanmoins, c’est à cette époque, et juste avant les célébrations du quinquagénaire de la NBA que Chicago réalisera la meilleure saison régulière de l’histoire, couronnée d’un bilan de 72 victoires et 10 défaites. La meilleure équipe au meilleur moment, en somme, pour le département marketing de la ligue. Un hasard ? Dur à dire, comme souvent, sous l’égide de Stern.
Après 3 saisons, la ligne des 3 points regagne sa place originale, d’où elle n’a depuis plus bougé.

Les règles ne s’arrêtent pas au terrain

Stern a choisi de sortir des limites du terrain et de réglementer ce qui se passait aux abords de celui-ci. Après la 2e, puis la 3e (!) retraite de Michael Jordan, la NBA se retrouve en perte relative de vitesse. En effet, c’est l’époque où le joueur le plus populaire de la ligue est Allen Iverson. Si «The Answer» est un joueur incroyable, son look – et son attitude – font trop référence à la culture «guerre de gangs» au goût de l’avocat new-yorkais. Stern, soucieux de conserver une image propre de sa ligue et de ses joueurs impose à cette époque un dress code. Tu t’en doutes, celui-ci passera difficilement auprès des joueurs, qui étaient plutôt style «baggy-casquette-maillot rétro».
Ce dress code est applicable aux abords des terrains, ainsi que lors de toute activité liée de près ou de loin à la ligue. Il est cependant vrai, à la décharge de Stern, que la NBA est plus «vendable» lorsque les joueurs blessés ou suspendus se trimbalent en costard, même mal taillés, que lorsqu’ils ressemblent à Joey Starr.

Lock-out et règles salariales

Lors de son règne, David Stern aura à régler pas moins de 4 lock-outs, des «grèves patronales» liées à l’établissement et la ratification de CBA, les Conventions Collectives de Travail de la ligue. Le plus court d’entre eux aura duré environ 30 minutes, le plus long a amputé la saison 1998-99, qui s’est déroulée sur 50 matchs au lieu de 82. Il aura fallu des mois de négociations pour y arriver.

En définissant les règles contractuelles entre clubs et joueurs, le CBA a évidemment de grosses influences sur la manière de gérer un club. En effet, l’instauration d’un plafond salarial souple et de très méchantes taxes une fois la masse salariale autorisée dépassée, va révolutionner la manière dont on peut construire une équipe.
Mais cela va poser un problème de taille. Lorsque Larry Bird se retrouvait en fin de contrat avec son club de toujours, les Celtics, ceux-ci n’avaient pas les moyens de le prolonger. Une mesure urgente fut alors prise, toujours en vigueur aujourd’hui, sous le nom d’«exception Bird». Les franchises qui dépassent le plafond salarial pour resigner leurs propres joueurs ne sont plus pénalisées. Un problème ? Une solution.
Ces règles temporaires, mesures urgentes et/ou impopulaires ont terni l’image de Stern auprès de nombreux fans. Mais, en y réfléchissant, elles ont toujours été effectuées dans le but de répondre à un problème ou de rendre le jeu plus attractif, certains diront, à augmenter la qualité du «produit» NBA.  Et si certains de ses choix s’avéraient des erreurs, comme le rapprochement de la ligne des 3 points, il n’a jamais hésité à les abroger. Reconnaître l’erreur et la corriger, c’est aussi (surtout ?) ça être un bon boss.

Écrit par Arnaud Antonin

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