Romandissection : acte III

Quatre cantons, quatre rédacteurs, un dessinateur. Chaque début de semaine durant un mois, retrouvez un volet de cette nouvelle saga romande ! Victime de la semaine, peut-être la plus attendue : Genève !

ACTE III : GENÈVE

Genève vu par les Fribourgeois (par Matthieu Corpataux)

Bah Genève, voilà quoi. Genève est très riche ou très pauvre, mais dans tous les cas, Genève est hautain. Comme les jeunes diraient, Genève fait trop genre. Ce n’est même pas de la fierté (que je réserverais plutôt aux Vaudois, épisode à suivre) mais simplement du mépris pour le reste du monde. Un nombrilisme à la parisienne où l’habitant est aussi chaleureux qu’une Barbie. Une attitude hollandienne : moi Président, je…

Il existe deux types de personnes dans le plus petit des cantons romands, deux bipolaires que tout oppose, deux maniérés insupportables : d’une part, le plouc bourgeois bandant devant les concept-cars du salon de Genève, montrant du doigt chaque ambassadeur qui passe en voiture tape-à-l’œil et disant quatre-vingts au lieu de huitante comme il faut ; et d’autre part le banlieusard qui ne sait toujours pas lire ni écrire mais qui sait que Genève ben c’est les beaucoup meilleurs de la terre, wesh ta gueule brrrla, surtout les Pâquis.

Le Genevois essaie également de compenser son manque de culture par des salons et des concerts à répétition. Mais tout le monde sait que ce ne sont jamais les Genevois qui remplissent ces événements trop intellectuels pour eux (sauf pour M. Pokora).

Je finis ma description par un dernier aspect important du Genevois : il est couillon. Au sens de «je me fais tout le temps couillonner». Cf. Marc Roger, Majid Pishyar, son stade désert durant trois ans et sa patinoire où les gradins se trouvent à cinquante mètres de la glace. Et après, il s’étonne et s’écrie : «mais je comprends pas ! Genevois* rien !».

*information à l’usage des Genevois : ici c’est un jeu de mot avec «je ne vois» du verbe voir, mise au négatif. Si vous ne comprenez toujours pas, répétez «je ne vois» plusieurs fois jusqu’à remarquer la ressemblance avec le gentilé.

La relation Genève-Fribourg

Dire que la relation entre Genève et Fribourg est tendue est un euphémisme. Elle est aussi tendue qu’un arc lémanique. Il va sans dire que lors d’une poignée de mains (le Genevois a la poignée molle), si le Fribourgeois écrase les doigts du Calviniste c’est parce c’est une chochotte et qu’il veut le lui montrer. Avez-vous déjà vu un Genevois soulever un fromage de quarante kilos ? Non. Avez-vous déjà vu un Genevois se plaindre qu’il a une toux ? Sans cesse. Si les Fribourgeois n’aiment pas les sauvages, ils détestent encore plus les gens affectés et orgueilleux. En fait, par ces traits de caractère, ils ressemblent fortement aux Français. Et Dieu sait que l’on n’aime pas les cocoricos. On n’a toujours pas compris pourquoi ils étaient suisses d’ailleurs. Sans doute une erreur.

Une anecdote genevoise, c’est que, par exemple, en prenant la traduction allemande de Genève, le son émis ressemble plus au dégueulement d’un bourriquet malade qu’à un nom de ville. Genf. Genf. Genf. Vague cousin du bruit «gnn». Pourtant, force est de constater que Genève fait partie des cités importantes de l’Histoire et ça, vraiment, ça nous fait rager. Mais, cela ne suffit pas à compenser l’immense majorité des aspects négatifs que Genève doit se trimballer. Tiens, un autre exemple, le symbole de la ville de Fribourg est sa cathédrale, une magnifique bâtisse architecturale datant de plusieurs siècles qui réunit chaque année des milliers de bons vivants pour saluer un gamin avec une barbe blanche lançant des biscômes sur un âne céleste. Le symbole de Genève, c’est une pissette. Une douche montée à l’envers qui retombe lourdement afin d’arroser… de l’eau. Quel est le génie qui a inventé cette idiotie ? Le même qui a inventé la chaise à deux pieds ? Rien à rajouter votre honneur.

Genève vu par les Valaisans (par Ernest Shackelton)

J’entends souvent que Genève est la capitale du Valais. Et même si plus de 25’000 Valaisans ont pris leur courage à deux mains pour immigrer à l’autre bout du lac, je ne peux m’empêcher de considérer la cité de Calvin comme un lieu qui est tout sauf la capitale de mon bien joli canton. Aux antipodes de mon beau Valais, Genève représente un lieu hostile dans lequel le Valaisan ne s’aventure que quatre fois par année : au stade de Genève deux fois pour les derbys contre Servette et à l’aéroport pour les deux semaines de vacances annuelle en août à Majorque.

Genève, c’est quand même un canton où on a cru successivement que Marc Roger et Majid Pishyar allaient mener le Servette au titre et en Ligue des Champions en cinq ans à peine. Il fallait être aussi naïf qu’un Neuchâtelois partisan de Chagaev pour croire que ce genre d’individus allait sauver le dernier club romand à avoir glané un titre de champion de Suisse.

Pour reprendre une comparaison utilisée par un de mes confrères, si Fribourg est le petit gros du fond de la classe, alors Genève est le petit con d’intello au premier rang avec le col de la chemise bien ajusté toujours à ramener sa fraise et à cafter les copains. Il ne joue pas avec eux à la balle au cul à la récré mais préfère lire un livre. Il se plaint de la bouffe à la cantine, du prof qui n’y connaît rien, du surveillant qui l’a pris en grippe et des camarades qui se moquent de lui. En gros, c’est le casse-couilles qui sera ton patron quinze ans plus tard.

Toujours le premier lorsqu’il s’agit de la ramener et de casser l’ambiance, le Genevois moyen se plaint perpétuellement de tout et aime comparer tout ce qui ne marche pas ailleurs à tout ce qui marche chez lui, à Genève. Une sorte de Parisien du pauvre, la beauté de la capitale française en moins…

La relation Genève-Valais

Tumultueuse… Tel est le terme qui définit le mieux la relation entre Valescos et Genfois. Autant divisés par le style de vie que par le caractère, Valaisans et Genevois ne s’entendent que rarement. Le derby entre Sion et Servette représente d’ailleurs à merveille cette haine primaire qui ne manque pas d’animer chacune des parties où s’affrontent les deux équipes. Pourtant fortement atténuée depuis quelques années, cette rivalité permet toujours à quelques inspirés de se taper dessus comme à la bonne époque. Ces affrontements sont souvent l’issue de nonante minutes où chacun des deux camps s’encourage mutuellement à toute forme de pénétration anale ou relation sexuelle maternelle.

En même temps, lorsque l’on met un paysan du fond du Val d’Hérens, godet dans une main et fourche dans l’autre, avec un type en costard, mobile dans une main et attaché-case dans l’autre, on voit mal la magie opérer. Pourtant, quelques mois par année, ces deux ethnies se côtoient et le moins que l’on puisse dire est que cela est source d’étincelles. Lorsque le Genevois débarque avec sa Cayenne sur les routes de montagnes réservées aux Subarus Impreza valaisannes, il ne manque pas d’irriter certains locaux. Se plaignant par la suite de la taille du chalet, de la file aux téléskis, de la bouffe infecte au sommet des pistes, des prix pratiqués (!), des touristes qui ne savent pas skier et du soleil qui se cache pendant quelques minutes derrière les nuages, le Genevois a tendance à instaurer un climat assez rapidement propice au conflit. Il finira tout de même par acheter un chalet par chez nous et à ramener la famille tout l’hiver, donc, dans le fond, il doit apprécier l’endroit.

Même si Genève n’est pas forcément le canton avec lequel le Valais s’entend le mieux, il n’en reste pas moins un lieu d’immigration privilégié pour le Valaisan ambitieux ou universitaire. Et dans le fond, même s’il se plaindra de la qualité du Fendant, on partagera quand même un verre avec ce bon vieil habitant du bout du lac.

Genève vu par les Vaudois (par Vince McStein)

Taguenet, niolu, topio, le vocabulaire d’insultes des Vaudois s’est longtemps concentré autour de quelques drôleries d’un dialecte encore aujourd’hui revendiqué. C’était jusqu’à ce qu’un Vaudois rencontre un Genevois : «Tetcheu l’connard !» s’est-il soudain exclamé ! Le Genevois lui aurait répondu «Dedieu, dedieu, mais calme-toi le frangin eh !». Et honnêtement, comment ne pas lui donner raison ? De leur bout du lac en cul de sac, de leur jet d’eau inutile, de leur ville chiante à mourir, de leurs dix vignes et quinze champs d’où sortent les produits les plus négligés du pays, les Genevois en font une fierté. A moins que ce soit des nombreux bâtiments chargés d’expatriés, d’intellectuels internationaux friands de prostituées ou de banques remplies d’argent sale refusé à Zurich ? Va savoir. Une chose est sûre, l’histoire de Genève est chargée et en fait leur fierté. On veut bien le comprendre. Pourtant, alors que la Croix-Rouge à elle seule devrait nous faire aimer ce coin de «Suisse», au bas mot il nous insupporte. Leur grande gueule et leur arrogance y sont pour beaucoup.

Le Genevois, c’est ce petit con ridicule. Celui qui t’explique qu’il a fait trois fois le Kilimandjaro, qu’il est là sans soucis, que tout va bien se passer. Sac neuf, chaussures neuves, il te fait l’historique de ses achats. Il a certes oublié de mettre de l’eau dans son Camelbak, mais c’est pas grave. Bref, le Genevois a tout fait et sait tout, mais il s’essouffle après une heure de marche en direction du Glacier des Diablerets. Un clown triste qui a une capacité à se remettre en question aussi forte que son moral. Resté dans la cabane, il aura un mot pour tout à ton retour, alors qu’il devrait simplement la fermer. En gros, le Genevois a besoin de parler de lui pour exister, et parle beaucoup pour exister un peu…  

Il y a deux siècles, ils avaient de quoi être fiers. Alors que le commerce, l’hôtellerie, la haute horlogerie, la joaillerie et les banquiers faisaient leur succès, nous nous contentions du tabac, du vin, de la pêche et de Montreux. Mais aujourd’hui ? Développement, logements, infrastructures, transports, la République et le Canton Genève sont à la rue. Au banc d’une Confédération et de cantons ambitieux et tournés vers l’avenir, le progrès. La politique, et le politique particulièrement, est à Genève une tache coupable de tous ses manquements, de tous les virages ratés. Et maintenant sans Conseiller fédéral, Genève pèse à Berne autant que le canton de Schwytz.
Alors que les feux de circulation intelligents ornent les villes romandes depuis plus de 20 ans, sur le pont du Mont-Blanc ou sur la rue du Rhône tu attends toujours comme un gland devant le rouge d’un feu réglé sur le même rythme à dix heures du matin comme en fin d’après-midi. Les faits de gloire de l’Etat ne manquent pas. Quand la police à Cornavin ne traîne pas derrière une voiture un collègue bientôt marié déguisé en Brésilien (fallait oser), elle laisse les Rues-Basses aux délires de casseurs malintentionnés. Pathétique, comme la ministre sur-médicamentée en charge à l’époque de ces hommes et de leurs interventions. Et où la «Genève internationale» fait étalage de tout son savoir, c’est quand un fils de dictateur débarque tabasser ses serviteurs dans un hôtel. Forts de siècles de diplomatie reconnus, politiques et police s’unissent pour nous jouer un mélodrame maladroit, emprunt d’une fierté et d’une éthique pourtant inconnues jusque-là. Le tout pour un résultat à la hauteur de leur mauvaise gestion, nul doute que les deux otages retenus en Lybie s’en souviennent encore… A ce triste constat, la réponse du bon peuple genevois est le MCG. Une sorte de pâle copie du Front National français, où les frontaliers et les expatriés remplacent les juifs et les arabes. Non, vraiment, Genève c’est beau ! Et ça justifie bien évidemment les théories enflammées de gueules à l’élasticité reconnues jusqu’à Paris.

De Carouge à la Servette, il y a bien encore quelques bons Genevois, quelques bons bars et restaurants pour nous rappeler que Genève est autre chose qu’un patchwork dégueulasse de pubs anglais, d’hôtels et de bars de luxe en mains étrangères. La construction du stade de la Praille, elle, devait donner la leçon au reste du pays. Encore un projet chargé de vision et géré à la genevoise. Financé à l’emporte-pièce, le projet est depuis toujours au bord de la faillite, coûte son pesant de cacahuètes à la communauté et n’est toujours pas terminé. Et quand tu as mis une fois dans ta vie plus de deux heures pour sortir du parking, tu prends toute la dimension de la capacité naturelle des Genevois à prévoir et à gérer. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que c’est de l’idée et de l’ambition d’un Grec qu’est venue la survie de l’aéroport. Bref, difficile de parler d’identité dans cette Genève perdue, fréquemment sans solution, dans ce Monaco du pauvre.

La relation Genève-Vaud

La relation entre Vaud et Genève s’illustre tout d’abord par ces milliers de gens qui viennent travailler sur Genève. Une fierté pour les Genevois, qui ne se sont pourtant jamais demandé pourquoi depuis des années tous ces gens étaient prêts à perdre trois heures de leur journée pour leur boulot. Parce que jamais au grand jamais ils n’habiteront leur ville ou leur canton où dans les campagnes fleurissent les stations essence. Preuve si besoin est du désamour ambiant et du complexe inversé des Vaudois envers les Genevois.

Sportivement, le Vaudois est marqué par une défaite cinglante. Un soir de juin 1999, où ces mécréants sont venus chercher – avec la manière qui plus est – un titre qui nous tendait les bras. Nous en avons fait notre deuil, mais la cicatrice est à ce jour encore bien visible. Et si nous avions plaisir à venir leur rendre visite dans leurs Charmilles désuètes (sorte de Maladière à la ville), il faut bien avouer que le déplacement à la Praille ne porte que peu d’intérêt. Au mieux à moitié plein, il ne fait pas plus rêver que ça. Et quand on sait que le service de sécurité est à l’image de la police du coin, il ne faut pas s’étonner de voir courir sur le terrain 150 métèques les soirs de défaites. Ces mêmes illuminés revendicatifs au bras d’honneur à foison n’ont jamais osé passer la barrière nous séparant, preuve si besoin est que le Genevois est un courageux de salon que les gros bras du Gros-de-Vaud auraient maté à coups de gifles et de coups de pieds au cul. A l’image d’un Rüfli, la gueule grande ouverte sur le terrain, mais le kiki tout petit sur un parking.

Et que dire des Vernets ? De cette salle de patinage artistique que nous venions coloniser par milliers les soirs de derbys ? C’est d’ailleurs quand nous avions failli faire céder l’installation derrière les goals, digne des plus grands stades de Corse, que nous avions compris une nouvelle fois que les Genevois avaient autant de capacité à organiser et construire que leurs proches voisins français. Redescendre de cette estrade ridicule ne nous avait pas privés de chanter et de faire taire des supporters qui venaient à peine de se constituer. Avec trois chants, une banderole et un aigle, ils étaient fiers comme des coqs, bruyants comme des poussins. C’était l’époque où ils voulaient nous faire croire qu’ils étaient passionnés. De saisons régulières en play-off, nous passions sur leur patinoire et la piétinions à coup de chants et de tifos. Mieux qu’à la maison. Dans une réalisation devenue célèbre, la Section Ouest avait alors réalisé le tifo qu’il nous manquait pour témoigner concrètement, si besoin était, de notre mépris à l’égard de ces Genevois à l’identité teintée de leur seul fait d’arme : l’opportunisme. Une page de dictionnaire que Larousse ne renierait pas autour d’un mot, la passion. Et c’est emporté par le poids d’un public, la force d’un maillot et d’une histoire que Marais avait étendu de face un petit Wicky vicieux comme une racaille et bâti comme un chips. Malley résonne encore d’un public debout acclamant le coup de sang d’un caractère et la sortie peu glorieuse d’un pleurnichard.   

Une histoire qui nous rappelle ici la plus grande faiblesse de ce canton : une équipe et des supporters de beau temps, rapidement noyés, rapidement désertés lorsque soufflent les vents contraires. A l’image du Lac Léman, c’est bel et bien dans les eaux vaudoises que les bateaux se renversent, c’est à Genève que les plaisances sortent… par beau temps uniquement. Alors ne nous excitons plus, le Lac de Genève existe bel et bien, c’est ce bout de Lac Léman aux eaux calmes qui voit défiler les banquiers le week-end et Roger Montandon la semaine. En attendant, chers Genevois, continuez de parler de vous, continuez de prendre tout le monde de haut. Votre arrogance n’a d’égal que vos grandes gueules, et sans doute vous sentirez-vous mieux, plus proches de vos aïeux, lorsque nous vous aurons donnés à la France !

Genève vu par… les Genevois ! (par Raphi Stollé)

L’autre jour, une amie québécoise m’a innocemment demandé quelle ville suisse serait selon moi la plus recommandable pour y vivre. «Parce que j’ai besoin de changer d’air, câlice». Très franchement, et le plus objectivement du monde, qu’aurais-je pu lui répondre d’autre que Genève ? Une ville internationale et historique, dont l’ouverture favorise des interactions sociales multiples et diversifiées – c’est-à-dire pas seulement avec son cousin ou son bovidé préféré –, qui propose un niveau de vie agréable et qui sait tirer profit de son patrimoine culturel. Une cité qui possède le double avantage de la petite-grande ville, de laquelle émanent une âme et une identité sans égal dans les environs et dont le modèle dépasse largement nos frontières. Un canton mêlant subtilement ville et campagne dans un décor de rêve, ce qui en fait à juste titre la région la plus touristique du pays.

Est-ce que ça vaut la peine de continuer ? Seul Zurich semble à même de tenir la comparaison en Suisse niveau développement, mais comme il se situe du mauvais côté de la Sarine, on s’en fout. Alors bien sûr, il existe un tas de coins sympas en Helvétie et chacun a ses raisons d’être fier de sa provenance (même sans aéroport), le fait étant qu’on ne choisit pas d’où l’on vient. Tant mieux d’ailleurs, cela nous épargne une explosion démographique sans précédent du côté de Genève. Ce n’est pas mon amie québécoise qui me contredira : «j’m’en vais poser mes valises du côté de chez vous autres, tabarnak» !

Seulement voilà, qui dit situation privilégiée dit forcément jalousie générée. Lorsque votre maison est la plus grande du quartier, vos voisins se liguent inévitablement contre vous. Et sincèrement, c’est légitime ! Vous trouvez normal, vous, qu’un canton soit si favorisé à tout point de vue, alors que les autres représentent le restant de la colère de Dieu ? A tous les niveaux, la Suisse romande ne serait rien sans Genève, tandis que la réciprocité de cette maxime reste à prouver.

Même sportivement, Genève est le fleuron de la Romandie, et ce, de manière absolument incontestable. Notre sport national en est le plus bel exemple : sans le Servette FC, dix-sept fois champion de Suisse, seuls des clubs alémaniques auraient une étoile sur le maillot dans notre beau pays, comme le savent bien les Valaisans. Et les Romands-non-Genevois ne peuvent même plus compter sur le hockey pour noyer leur spleen, puisque Genève-Servette est la seule équipe latine à avoir pu prétendre au titre jusqu’au bout ces dix dernières années, plutôt deux fois qu’une. Alors forcément, pour des Vaudois embourbés en seconde zone ou des Fribourgeois pour qui la comète est passée depuis longtemps, ça pique.

Comme les Autres ne parviennent pas à critiquer notre canton sur sa forme de manière crédible, ils s’attaquent alors à son gentilé : les Genevois. Un peu lâche, certes, mais logique ; nous ne leur en tiendrons pas rigueur ici.

Ainsi sommes-nous des événementiels à leurs yeux ? Mouais… Dans un canton où le sport fait partie intégrante de la culture, solidement implanté dans l’élite nationale dans à peu près toutes les disciplines, véhiculé jusque dans l’instruction publique ainsi qu’à l’Université (encore faut-il en avoir une), avouez que c’est un peu réducteur.

Des grandes gueules se prenant pour des grands penseurs ? Sans doute, mais vous reconnaitrez volontiers que Rousseau et Dunant n’étaient pas valaisans, et que Calvin n’a pas choisi Lausanne pour étaler sa science. Si la vie nous a dotés du savoir, ce n’est pas pour qu’on la ferme… !

Des susceptibles à l’égard des autres Romands ? Peut-être, mais lorsque votre petit frère légèrement attardé vous martèle inlassablement qu’il est plus intelligent que vous, au bout d’un moment ça finit par lasser.

Des frontaliers français ? Je vous avoue que celle-là on ne l’a jamais vraiment comprise, surtout au vu de notre amour très relatif pour le peuple de François Hollande, mais bon… Si ça peut en aider certains à mieux vivre leur complexe d’infériorité, nous nous en accoutumerons. Solidarité romande oblige !

En définitive, l’habitant du bout du lac (de Genève) est fier de ses origines et ne les échangerait pour rien au monde ; même s’il reste très attaché aux valeurs de son pays, il se considère d’ailleurs volontiers genevois avant d’être suisse. Cela ne l’empêche toutefois pas d’être conscient de ses quelques faiblesses ! Ainsi, le premier contact avec lui s’avère parfois délicat – même pour un de ses concitoyens –, pudeur et calvinisme obligent ; mais celui qui saura prendre le temps de briser la glace sera récompensé au centuple, et découvrira toute la richesse, l’ouverture et la chaleur d’un peuple qui suscite plus l’animosité qu’il ne l’attise. Quant à la spécialité locale qui consiste à se plaindre continuellement de la pluie et du beau temps, l’expatrié avisé se rendra vite compte qu’il ne s’agit en fait que d’un passe-temps transmis de père en fils, et se prendra lui-même bien vite au jeu !

Ainsi, très chers amis romands d’au-delà de Versoix, ne soyez plus gênés ! Continuez donc de nous jalouser, au point – pour les plus décervelés d’entre vous – de parfois nous abhorrer : le train de votre mépris glisse sur les rails de notre indifférence. Votre propre frustration à notre égard ne fait que nous valoriser, et met en exergue une réalité implacable, qui vous blesse jusque dans vos fourches : la Suisse romande, c’est nous !

Mais malgré tout, à l’instar d’un grand frère compatissant, on doit bien reconnaître qu’au fond, on vous aime bien. En espérant tout de même que le petit frérot finira par grandir à son tour, plutôt tôt que tard d’ailleurs, afin de l’emmener un jour boire des verres entre adultes…

Écrit par Matthieu Corpataux, Ernest Shackelton, Vince McStein, Raphi Stollé & R. Johanson

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27 Commentaires

  1. Bravo à Raphi Stollé, qui a su défendre les couleurs de son canton – pourtant tête de Turc du reste de la Romandie – avec finesse et talent. Les essoufflements des trois autres rédacteurs en deviennent anecdotiques… La classe.

    « la Suisse romande ne serait rien sans Genève, tandis que la réciprocité de cette maxime reste à prouver » : une des grandes perles de CartonRouge. Avant même de commencer, le débat est déjà clos !

  2. Je me réjouissais de lire la chronique sur Genève, et j’avoue avoir été un peu déçu…

    Comme dit précédemment, la meilleure contribution est celle de Raphi Stollé (d’ailleurs la seule qui m’ait fait rire), les autres s’étant passablement essouflées et tombant dans la critique facile sans humour.

    La chronique sur le Valais était mieux réussie à mon goût.

  3. Moi aussi, je me réjouissais de lire cette chronique anti-Ge.
    C’est ni drôle ni même sarcastique, ça ressemble plus à de la jalousie rurale vis-à-vis du citadin.
    On nous parle plus de politique que de sport.
    Merci donc à Raphi de rafraîchir les mémoires.

  4. Le premier paragraphe est d une bassesse hallucinante, je n ai pas eu envie de lire la suite car des insultes gratuites sans fondement ca m a provoqué un sentiment de pitié envers M. Corpataux. Pour avoir découvert ce site internet avec cet article, j avoue être décu. Cependant, grâce aux commentaires suivants l article, je suis allé lire le paragraphe de Raphi Stollé, et très sincèrement ca m a fait plaisir de lire un article correctement écrit avec de l esprit. Peut etre sent-on trop le Genevois derrière ses paroles, mais après avoir lu ce qui a été écrit précédemment, on ne peut que lui donner raison. Je me permettrai donc de conclure comme lui: « Mais malgré tout, à l’instar d’un grand frère compatissant, on doit bien reconnaître qu’au fond, on vous aime bien. En espérant tout de même que le petit frérot finira par grandir à son tour, plutôt tôt que tard d’ailleurs, afin de l’emmener un jour boire des verres entre adultes… »

  5. Le meilleur passage de l’article, c’est quand même (et de trèèèès loin) le dessin, somptueux.

    M. Johanson, je peux l’avoir en poster, steplaît?

  6. En fait (et c’est vrai pour les autres articles sur les autres cantons aussi), ces articles sont un peu selon le principe du diner de cons.

    On croit que c’est drôle (?) de se moquer de l’autre canton, mais la seule chose qui serait drôle si ce n’était pas totalement pathétique c’est de voir le degré de bêtise, d’idées préconcues et de clichés véhiculés dans ces articles et rendant ridicules leurs auteurs (j’ose espérer qu’ils s’en rendent compte d’ailleurs)..

    Sérieux, carton rouge, pourquoi cette série pitoyable? Faites des articles sur le sport, la première ligue, le tchouk ball, les combats de vache, la dernière expédition de Mouquin au fin fond de dieu sait où pour voir un match de 8ème division allemande, ce sera sûrement moins décevant que ce genre de truc.

  7. @ HenriLeconte:

    Le but, si j’ai bien compris, c’est justement de démontrer la bassesse des préjugés inter-romands « en soignant l’absurde par l’absurde » (cf. l’intro de l’acte I). Ceux qui n’ont pas compris ce principe ne peuvent effectivement pas apprécier cette saga à sa juste valeur! Pour ma part, je la trouve absolument géniale.

    @ HIlde Blatter:

    Genève est bel et bien la région la plus touristique de Suisse (et de loin), Demande à wiki si tu n’y crois pas! 😉

    By the way, la partie de Raphi Stollé est effectivement excellente…! Presque un peu trop d’ailleus (ça fait de l’ombre aux autres, et ça recrédibilise Genève à fond).

  8. je savais que les Genevois étaient des gros cons, je ne les pensais pas susceptibles !!!
    alors on rigole sur les deux premiers et tout est nul quand il s’agit de genève… non franchement, vous êtes des miséreux !
    et oui, l’absurde par l’absurde, d’où l’idée de ne rater aucun clichés et qui a été assez bien retenue dans tous les articles tant les charges sont frontales…

    ce doit être un humour et des démarches que nous seuls romands comprenons et que les genevois ne comprennent pas…

  9. Les réactions montrent bien l’étendue de l’autodérision (= signe extérieur d’intelligence) des Genevois dès qu’on touche à leur « canton ».

  10. Ca me coûte un peu de le dire, mais là je dois bien admettre que je suis foncièrement d’accord avec mon collègue-intervenant Henri Leconte.

    Après, faut pas s’étonner que le niveau moyen des commentaires sous cet article(?) vole à la même hauteur que sous article football suisse du Matin Orange

    Voilà, c’était juste mon avis, à +

  11. @Ernest Shackelton : « Genève est le petit con d’intello au premier rang avec le col de la chemise bien ajusté toujours à ramener sa fraise et à cafter les copains. Il ne joue pas avec eux à la balle au cul à la récré mais préfère lire un livre. Il se plaint de la bouffe à la cantine, du prof qui n’y connaît rien, du surveillant qui l’a pris en grippe et des camarades qui se moquent de lui. »

    On voit bien que t’es pas profs à Genève. Un livre? ils ne connaissent pas… Cafter en classe? ils ne peuvent pas ils dorment… Intello au premier rang? Eventuellement en sport voire en dessin, mais quand il s’agit de math ou d’allemand je vois mal un élève genevois passer pour intello…

  12. Du bon et du moins bon. Mention spéciale à la partie des vaudois qui en plus d’être nul est bourrée d’insultes et de frustration. J’ai bien aimé la partie des valescos. Ca reste correcte 😉 et que dire que la partie genevoise qui m’a bien fait marrer !!

    Bref, autant j’assume ma grande gueule, le fait qu’on soit un peu arrogant autant j’en ai marre des éternels critiques sur le sport. Malgré tout au foot aucun des clubs romands n’a notre palmarès (oui je sais 12 coupes… mais 2 championnats, du coup je préfère le palmarès de servette) et au hockey on prouve qu’on a un véritable public de hockey (n’en déplaise aux frustrés lozs).

    vous pouvez balancer sur notre capacité à gérer des projets de grandes envergures vu qu’on les foire presque à chaque fois…

  13. @ jean-michel: tout à fait mon petit Jean-Mimi, t’as tout bien résumé…

    Pour ma part je trouve également cette série fort drôle et j’aime beaucoup, dans l’article ci-dessus, la contribution de Vince McStein. D’ailleurs le Vaudois que je suis se réjouit de voir notre beau canton épinglé par les plumes de Carton Rouge.

  14. Y avait de la matière pour Genève… z’auriez pu parler de Lüscher par exemple.. Mais dommage, c’est vachement moins subtile que les deux premiers…

  15. Genève, getting the haters mad!

    Ou: Genève, qui fait rager les rageux! pour les non-Genevois donc non anglophones 😉

    Plus sérieusement j’ai pas lu au delà du premier paragraphe. J’adore l’humour piquant de CR, mais parfois la frontière avec le bête et méchant est mince. Me semble qu’elle a été franchie dans ce cas là. Pas très grave, ca donnera un exutoire aux fameux « rageux » dont on sait qu’ils sont nombreux. C’est toujours ça j’imagine!

  16. Cela ressemble plus à un règlement de comptes qu’à de l’humour, surtout de la part de McStein. Dommage.

    Et pourtant c’est un Valesco qui le dit…..

  17. Genevois mais d »origine » fribourgeoise, honnetement decu des commentaires sur cette serie. Tres fin de la part de Raphi par contre. Dommage, les autres series etaient meilleurs. Peut etre que je ne suis pas objectif car genevois, pourtant j’adore l’autoderision!

    En tout cas serie sympa et bonne idée!

  18. ca sonne comme un exutoire à la frustration, les premiers articles étaient fin et subtils, la on dirait de l’anti-genevois primaire, pourquoi une telle haine?
    et je suis vaudois…..

  19. Venir allumer Genève sur le hockey sur glace en tant que Vaudois, fallait oser!! Rien que pour ça, respect à toi Vince!!! Et après c’est nous les grandes gueules…

  20. Une vague impression qu’une espèce de coalition anti-genevoise s’est formée au sein même de CR.

    Comme si cette saga romando/romande avait été créée de toutes pièces afin de pouvoir ressortir des années de frustration et de refoulement.

    Fribourg Valais le détour…Là, je suis franchement déçu.

    Reste à voir ce que Vaud Valais pour clore dignement ce chapitre.

  21. Les Genevois n’ont pas d’humour ma parole! Quand on dit la même chose sur les Biennois ou Vaudois ou autres ils sont mort de rire…

  22. @ Titu :

    Merci pour ta remarque. Pour ton information, cette saga a été créée par Raphi Stollé, le… Genevois de l’équipe.

    Sans rancune, et à bientôt sur le site !

  23. La supériorité stylistique de la partie de Raphi Stollé ne fait que résumer la suprémacie effective de Genève sur le reste de la Romandie. Pour le reste, la partie vaudoise n’est qu’une succession d’insultes assez violentes, bien évidemment fruit du complexe d’infériorité de ces habitants de la gauche du lac de Genève, complexe largement ressenti dans l’écriture je trouve. « Donner Genève à la France »: j’imagine aisément Vince McStein tout frissonnant à l’idée de pouvoir déverser toute sa frustration à l’occasion de l’article: pitoyable. La première partie est sans grand intérêt, quant à la partie valaisanne, elle est la seule, (outre la genevoise, bien entendu) à être pertinente, bien écrite, et teintée d’humour. Bravo à Raphi Stollé en outre qui a tout dit.

  24. Avec tout ce que les Romands non-genevois et les étrangers auront donné ou créés à la nombriliste Genève au cours des siècles, il est facile pour cette dernière de fanfaronner à peu de frais. Pourtant, lorsqu’on les les côtoie, on s’aperçoit que les calvinistes ne sont pas meilleurs que les autres, bien au contraire. Un peu d’humilité les rendrait infiniment plus aimables, surtout que le terme « Genferei » n’est pas usurpé. L’opportunisme et l’arrivisme sont à double tranchant, et le vent finit toujours par tourner…

    Exemples: OI, ONG, AIG, OSR (le Veveysan Ernest Ansermet), haute horlogerie et industrie du luxe (Huguenots français), la moitié de leur territoire actuel était français il y a 200 ans, Human Brain Project (Lausanne)… Tout cela a contribué à faciliter l’installation d’importantes institutions et multinationales.

    Merci qui ?

    Pour GE, il y a « Genève et le reste de la Suisse profonde ». Mais quand ils ont besoin des milliards de la Confédération pour financer leurs infrastructures, systématiquement greffées de surcoûts on ne sait comment, ils savent redevenir suisses, comme par enchantement. Pas belle la vie ?

    PS: Villars-sur-Ollon (VD) et la Chaux-de-Fonds (NE) ont été Champions suisse de hockey sur glace. Quand est-il des clubs genevois ? Même avec des liasses de pognon nord américain, vous n’y arrivez pas! Combien de Genevois ont joué en NBA ou ont été N°3 à l’ATP ?

    La tendance est que le reste de la Romandie est en train de rattraper (pour mieux la dépasser un jour) Genève, en innovant, en développant plusieurs régions, pour une Suisse romande enfin plus équitable, équilibrée et harmonieuse. Et que le prétentieux ert égocentrique « lake Geneva » laisse enfin sa place au terme « lake Leman », bien plus représentatif de la sa région, puisque 95% de sa surface n’est pas genevoise et que Vaud, le Valais et la Haute-Savoie ne sont pas vraiment ce que l’on peut appeler un no man’s land.

    Pour une région romande unie et respectueuse de chaque canton.

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