Les chèvres de Monsieur Schaefer

Alphonse Daudet n’a pas été revisité dimanche à Wolfsburg : les Wölfe de Felix Magath ont bien dévoré les Geissböcke de Frank Schaefer, en l’occurrence plus chèvres que boucs. Et qui, contrairement à la chèvre de la fable, n’auront même pas combattu vaillamment avant de succomber.

Ce dimanche pascal a été marqué par un événement qui devient de plus en rare : je découvrais un stade allemand que je ne connaissais pas ! Le stade en question, c’est la Volkswagen Arena de Wolfsburg. En débarquant dans la cité bas-saxonne, difficile de ne pas remarquer que l’on arrive dans le temple de l’automobile : dès la descente du train, on ne peut pas manquer les quatre imposantes cheminées des usines Volkswagen. Autostadt porte bien son nom ; d’ailleurs, on n’a pas vraiment vu de ville à ce Wolfsburg, juste un mausolée à la gloire de l’automobile et du pognon. Les usines côtoient magasins de luxe, bâtiments aux architectures futuristes et pistes d’essais où des voitures circulent dans des positions improbables.

Vamos a la playa !

Le stade se trouve lui au cœur d’une vaste zone de loisirs et de délassement avec plans d’eau, plage, téléski nautique etc. On ne s’attendait pas vraiment à vivre des vacances balnéaires en nous rendant dans une ville industrielle du nord de l’Allemagne au mois d’avril mais disons qu’on était plutôt pas mal, posés avec nos bières sur la plage de sable fin, sous le chaud soleil du Niedersachsen, à contempler les circonvolutions plus ou moins maîtrisées des skieurs et autres wakeboarders. C’est avec quelque peine que l’on s’est arraché, une première fois pour aller au match, une seconde pour aller reprendre le train. Dans le stade, une Arena moderne assez impersonnelle et finalement sans grand intérêt, on débute sur une mauvaise impression : la bière qui y est servie est une très anonyme Krombacher, dans des choppes minuscules de 0,3 dl, avec des anses qui ne permettent même pas de les empiler ni de les accrocher aux barres métalliques devant les sièges, un très mauvais point pour les Wölfe.

Mandzukic, enfin…

L’affiche du jour, c’est le choc des mal-classés Wolfsburg et Köln ; le premier nommé est condamné à la victoire pour ne pas perdre le contact avec la barre, le second est situé juste en-dessus de ladite barre et pourrait quasiment assurer son maintien en cas de victoire. Le tournant du match intervient en tout début de rencontre avec une reprise du Colonais Freis sur la latte. Mais ensuite, les débats vont totalement tourner à l’avantage des Wölfe de Felix Magath. Après un premier but annulé de Grafite, le VfL va trouver la faille sur un centre de Diego repris du pied par Mario Mandzukic. Le Croate doublera la mise en reprenant, de la tête cette fois, un centre de Schäfer. Ils n’ont pas eu souvent envie cette saison mais quand ils sont motivés les Diego, Grafite et consorts ont du talent plein les pieds, talent qui aurait dû leur permettre de lutter pour les places européennes et non contre la relégation. Et comme en plus, Mario Mandzukic commence enfin à justifier l’important investissement consenti pour son transfert, cette équipe vaut bien mieux que son classement.

La traditionnelle bévue de Benaglio

Le seul Wölfe à ne pas se mettre au diapason sera notre Diego Benaglio national qui relancera (un peu) la partie en laissant échapper curieusement un tir relativement anodin de Sebastian Freis. Je dois porter la poisse au portier d’unser Nati car chaque fois que je l’ai vu jouer cette saison, soit il s’est blessé, soit il a commis une grosse boulette. Dans l’intérêt supérieur de la nation, je devrai peut-être renoncer au déplacement de Wembley pour Angleterre – Suisse. Au cours duquel une bévue de notre portier aurait sans doute des conséquences plus fâcheuses que n’en a eu celle de dimanche, tant Wolfsburg était supérieur. A chaque fois qu’ils faisaient mine d’accélérer, les Wölfe mettaient la défense adverse à l’agonie ; à l’inverse, les Geissböcke, privés de leur vedette Lukas Podolski, souffraient mille maux pour s’approcher du but adverse. Michael Rensing a bien retardé l’échéance en s’interposant devant Mandzukic, Polak ou Diego mais il a tout de même dû capituler encore deux fois : tout d’abord sur une superbe triangulation entre Diego, Grafite et Dejagah, puis sur un centre de Mandzukic pour ce même Ashkan Dejagah qui s’offrait, comme à l’entraînement, le premier doublé de sa carrière en Bundesliga.

Chouette ambiance à Köln

4-1, le succès est net et sans bavure, Felix Magath peut savourer le premier succès depuis son retour à Autostadt. Sur ce qu’ils ont montré dimanche, les Wölfe ont largement les moyens de s’en sortir ; et ce même si leur situation reste très précaire au classement et que leur droit à l’erreur sera très limité lors des trois dernières journées. La situation comptable du 1. FC Köln est légèrement meilleure ; par contre, l’impression que nous ont laissés les Domstädter dimanche n’est pas des plus favorables, eux qui ont tout de même encaissé quinze buts lors de leurs trois derniers déplacements. Du coup, quelques supporters pas très contents (et pas très malins) ont été gribouiller des menaces de mort sur un mur à Geißbockheim, le centre d’entraînement du club. Chouette ambiance.

Pour ne rien arranger, l’entraîneur Frank Schaeffer, adulé des supporters, plus pour sa personnalité et son attachement au club que pour les résultats obtenus, a récemment annoncé qu’il ne poursuivrait pas l’aventure à la tête du FC au-delà de la présente saison. Préférant retrouver un poste tranquille et sûr avec des jeunes plutôt que celui exposé et précaire d’entraîneur chef. Auparavant, il lui faudra encore assurer le maintien. Après ce qu’on a vu dimanche, on n’est que très modérément optimiste quant à la capacité de ce Köln-là à tenir Leverkusen en échec samedi prochain pour permettre au Borussia Dortmund d’assurer son titre. Mais enfin, Lukas Podolski a assuré qu’il était très motivé à l’idée de gagner le derby en assurant le maintien et en privant définitivement le rival local Leverkusen du titre. Espérons que cela suffira à transformer les chèvres inoffensives de dimanche passé en boucs belliqueux prêts à avaler de l’aspirine.

VfL Wolfsburg – 1. FC Köln 4-1 (2-1)

Volkswagen Arena, 30’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Perl.
Buts : 14e Mandzukic (1-0), 39e Mandzukic (2-0), 40e Freis (2-1), 58e Dejagah (3-1), 88e Dejagah (4-1).
Wolfsburg : Benaglio; Riether, Kjær, Friedrich, Schäfer; Polak (66e Hasebe), Josué, Diego, Cicero (34e Dejagah); Grafite (81e Madlung),  Mandzukic.
Köln : Rensing; Brecko, Geromel, Mohamad, Eichner; Lanig (64e Matuschyk), Yabo (78e Sanou); Freis, Jajalo, Clemens (64e Chihi); Novakovic.
Carton jaune : aucun.
Notes : Wolfsburg sans Mbokani (blessé) ; Köln sans Podolski (suspendu), Giannoulis, Schorch, Peszko, Terodde ni Petit (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. Ben alors? Même pas une pique contre Hoppenheim? Pas une allusion au mausolée munichois ni au divin mur jaune? Julien, faut te reprendre… 😉 Plus sérieusement, sympa ce compte-rendu de retour de Golfsburg.

  2. Jolis compte-rendus sur la Bundesliga, c’est dans cet exercice que Mouquin est le meilleur!

    Je m’attendais à une ou l’autre pique sur Stanislawski qui quitte l’underground St.Pauli pour Hoffenheim, m’est avis que ça finira par venir…

    Merci encore de nosu faire suivre la Bundesliga et la 2.Bundesliga, ça, ça fait plaisir à lire!

    PS : @ Rédac
    A part ça, svp, on sait ce que CR va écrire sur le clasico d’hier : 12 contre 10, arbitre catalan, ambiance de merde, victoire volée, footix heureux, blaugranas dopés et Mourinho et Pepe sont de pauvres petits agneaux victimes du complot mondial pro-Barça…. Vous êtes donc pas obligés de l’écrire ce papier, tout le monde a compris votre (aberrant) point de vue!

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