Le jour et l’ennui

L’Argentine, 69 matches de Coupe du Monde, un titre et demi (celui de 1978 ayant été gagné dans des circonstances scandaleuses), 41 millions d’habitants et possédant probablement le meilleur joueur du monde rencontre la Bosnie, premier match de Coupe du Monde de son histoire et 4 millions d’habitants dont la moitié au marquage de Messi. Alors franchement, le pire scénario pour le match était que l’Albiceleste ouvre la marque d’entrée. Merci Kolasinac.

1. Le résumé.  Ainsi donc Kolasinac a euthanasié ce match d’entrée, ce qui n’a pas empêché 87 minutes de souffrance. Le cadavre a eu une convulsion à la 65e minute et un ultime hoquet 20 minutes après. L’agonie aura été longue. La prochaine fois on fera appel à Exit, c’est plus propre.
2. L’homme du match.
Mon collègue Paul Carruzzo, qui devait initialement écrire l’article sur ce match. Comme il n’a pas pu au dernier moment et que je l’ai appris le lendemain vers midi, j’ai donc revu le match en catastrophe pour rédiger cette bafouille. Ainsi aux frimeurs qui me diront le 14 juillet « Moi pendant ce Mundial j’ai vu 64 matches ! » je pourrai répondre « moi 65 ».
3. La buse du match.
Je ne suis pas sélectionneur, mais j’ai parfois du mal à comprendre pourquoi une équipe qui a remporté 8 matches sur 10 en qualifications en s’alignant avec deux attaquants change de système à l’heure de vérité. Se retrouver à courir après le score dès la 3e minute avec une seule pointe, ça complique un peu la donne d’un groupe qui de plus a l’habitude de jouer en 4-4-2.
4. Le tournant du match.
Etant donné qu’il ne s’est passé à peu près qu’une seule chose durant toute la rencontre, l’auto-goal de la troisième minute est à la fois le tournant, le haut fait, le début, la fin et le résumé du match.
5. Le geste technique du match.
Le coup du foulard de Di Maria pour centrer à la 32e, c’est bien un geste technique, au sens où c’est assez compliqué à faire et que même dans FIFA 14 ils ne l’ont pas encore prévu de peur qu’on se luxe le pouce. Sinon le but de Messi, quand même et en toute honnêteté. Il n’a pas été extraordinaire sur ce match, mais ce goal, c’est du Messi pur sucre, tout y est.

6. Le geste pourri du match.
Salut le florilège. Quand une équipe n’a pas envie et que l’autre ne peut pas, le football devient le sport le plus chiant du monde. Des appels de balle tout pourris, des passes alibis, des dégagements approximatifs (et deux autres coups du foulard au passage)… Un vrai bestiaire de film d’horreur.
7. Ce match m’a fait penser à…
Une leçon de vie. Le football c’est des hauts et des bas, des périodes fastes suivies de journées noires… Comme ce Mundial, qui aligne les matches de folie et qui nous propose le même jour un affligeant Suisse-Equateur, un très moyen France-Honduras (pas de la faute des Français notez bien, mais franchement, le Honduras…) et comme noyau de cerise sur le gâteau rassis, ce match suppositoire. Ça rend philosophe.
8. L’anecdote.
Ainsi la Bosnie est devenue le 78e pays à jouer en Coupe du Monde. Elle rejoint dans le gotha des nations comme Trinité-et-Tobago (2006), le Canada (1986), le Koweït (1982) et Haïti (1974). Bon je chambre un peu, mais pour une nation affiliée à la FIFA depuis 1996, ce n’est pas si mal. En plus je pressens que les écharpes et autres drapeaux de cette épopée vont devenir collector : les tensions sont telles par là-bas que la prochaine qualification pourrait bien être celle de la République serbe de Bosnie ou du dictrict de Brčko. Leur maillot aura bientôt autant de valeur que celui de la CEI à l’Euro 1992
 
9. Le tweet à la con.
« #CDM2014 : cette équipe de Bosnie je la dribblais six fois à moi tout seul. Ils ont dû confondre l’éphédrine et le Xanax #Diego Armando »
10. La rétrospective du prochain match.
Après ce galop d’entraînement, l’Albiceleste continue sans se fatiguer et n’aligne que 5 joueurs contre l’Iran avant de battre le Nigeria avec les seuls Romero aux buts et Agüero en pointe. Ils affrontent la Suisse en huitième de finale et c’est là que le staff argentin commet sa seule erreur : pour se préparer les joueurs regardent Suisse-Equateur et rigolent tellement qu’ils en oublient l’heure du match. La Suisse gagne par forfait et passe en quarts. De son côté, la Bosnie peine à se remettre d’une bagarre générale à l’entraînement entre les trois Bosniaques musulmans, les deux Serbes de Bosnie orthodoxes et la minorité catholique, conflit encouragé en sous-main par quelques nostalgiques de la Grande-Yougoslavie avec l’approbation d’un autonomiste de Brčko. Paniquée, la Fédération renvoie tout le monde à la maison, ce qui fait que personne ne rentre au pays puisqu’ils ont tous été formés ailleurs. C’est ainsi que la Suisse récupère Hajrovic qui, en pleine déprime, quitte le Galatasaray pour signer au LS.
 

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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3 Commentaires

  1. 12 ans de carrière dans les ligues mineures en Valais et jamais nominé homme du match et me voilà recevant cet honneur au Brésil….rien que pour ça, je vais faire pèter le bouchon ce soir….merci Yves

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