Le crash du faucon

Le 26 mars dernier, le HC Red Ice voyait ses illusions fondre contre les faucons bernois du EHC Huttwil, autre candidat déclaré à la promotion. Si les Bernois ont rempli sportivement leur contrat, ils ont magistralement foiré l’aspect administratif. Entre la rigidité de la Ligue suisse de hockey et l’amateurisme bernois, qui est le plus à blâmer dans cette regrettable histoire ?

Faisons un petit retour en arrière. Après deux échecs successifs à la promotion, Huttwil se retrouve en finale de promotion face à Red Ice pour l’ascension en Ligue Nationale B. Tétanisés par l’enjeu, les Octoduriens s’inclinent piteusement 1-4 au Forum contre une équipe autrement plus complète et réaliste. La troisième fois est la bonne, les Bernois accèdent enfin à leur but ultime, l’accession à l’échelon supérieur. Du moins sportivement, car c’est dans le domaine extrasportif que ça coince. N’ayant pas rempli les documents formels requis par la Ligue, la licence de jeu pour la LNB est refusée au club de l’Oberland bernois. Huttwil a naturellement fait recours contre cette décision, lequel sera rejeté le 26 avril 2011. Que s’est-il réellement passé pour en arriver là ?Le 28 février, le EHC Huttwil Falcons a officiellement déposé une demande d’octroi de licence de jeu pour pouvoir évoluer en LNB la saison prochaine. Le 17 mars, la Ligue suisse de hockey sur glace a prévenu le club bernois que les éléments manquants dans son dossier étaient essentiels pour obtenir le fameux sésame et lui a donné un délai supplémentaire d’une semaine pour fournir ces documents. Sept jours plus tard, les Emmentalois n’avaient toujours pas fait le nécessaire et ont demandé un délai supplémentaire d’un mois. La Ligue n’est pas entrée en matière et la licence de jeu fut refusée au club le 24 mars pour cause de documents manquants. Huttwil a ensuite recouru contre cette décision le 31 mars. Les Bernois ont mentionné à deux reprises par écrit leur intention de briguer la promotion, sans toutefois transmettre en bonne et due forme les éléments nécessaires à la Ligue en vertu du règlement en vigueur.
Le point de vue des champions suisses amateurs est qu’ils voulaient d’abord s’assurer de la promotion sportive avant d’effectuer les démarches sur le plan administratif afin de montrer qu’ils étaient en règle au niveau financier et structurel. L’argument évoqué est qu’il n’était pas possible pour eux de préparer ces documents plus tôt, ne sachant pas encore dans quelle catégorie ils allaient évoluer, ce qui aurait fait une grande différence au niveau du budget et du sponsoring.
La Ligue suisse a jugé cet argument irrecevable, compte tenu que le HC Red Ice avait dans le même temps parfaitement rempli les critères et obtenu la licence de jeu pour la Ligue Nationale B en cas de promotion. De plus, Huttwil avait déjà procédé correctement et dans les délais lors des deux précédentes saisons. En omettant de transmettre les papiers requis, le club bernois a volontairement considéré ces éléments comme étant peu importants et s’est mis lui-même dans cette situation. Selon la Ligue, le EHC Huttwil savait parfaitement qu’il risquait de ne pas obtenir la licence de jeu si ces documents manquaient à l’appel. MM. Furrer et Gaydoul ont donc tranché en rejetant le recours des Bernois.
Comme chacun le sait, la LSHG est réputée pour faire preuve d’une bureaucratie psychorigide faisant qu’elle n’est guère appréciée dans le microcosme du hockey helvétique. Or les règlements en vigueur sont faits pour être appliqués, et nul ne peut y déroger. Méfiante et davantage tatillonne depuis les précédents cas de Young Sprinters et Martigny, l’organisation faîtière du hockey suisse possède une marge de manœuvre réduite, sa position ayant été affaiblie et décrédibilisée à la suite des cas précités. Elle n’a plus le droit de faire des exceptions en fonction de situations particulières sous peine de créer des précédents pouvant être invoqués à maintes reprises dans des cas futurs. Sa position dans ce cas précis est donc parfaitement compréhensible.
Mais pourquoi donc le directoire bernois s’est-il entêté dans cette voie et n’a pas transmis les éléments nécessaires garantissant sa promotion ? Y’avait-il des raisons spécifiques qui les ont poussé à négliger ces aspects administratifs ? Au niveau des infrastructures, le EHC Huttwil n’avait aucun souci de ce côté : le club possède un complexe sportif flambant neuf doté d’une superbe patinoire. Au niveau de l’équipe, les Emmentalois avaient déjà signé une dizaine de contrats valables pour la LNB. Y’aurait-il donc un couac d’ordre financier ? Evoluer en LNB serait-il viable pour les Bernois, compte tenu que cinq clubs situés dans un cercle de rayon inférieur à 25 kilomètres militent déjà en Ligue nationale ?… L’affaire n’est toutefois pas encore terminée : les Bernois ont 20 jours pour recourir au Tribunal arbitral du sport à Lausanne.
Du côté de Martigny, une autre bataille s’est engagée puisque les Valaisans tentent d’obtenir leur promotion sur le tapis vert au cas où Huttwil ne pourrait définitivement pas monter. Si la Ligue est cohérente, la promotion ne devrait pas leur être accordée en vertu de l’article 4 du règlement stipulant que le critère sportif pour la promotion est l’obtention du titre de champion suisse amateur. D’un point de vue purement sportif, une LNB à 11 équipes (ou plus) serait dommageable pour deux raisons. La première, moins grave, est la refonte complète du calendrier et des règles concernant une éventuelle relégation. La seconde, plus dramatique, est que la LNB ne peut assumer la présence de plus de dix équipes compétitives dans cette catégorie, ce qui produirait un dramatique nivellement par le bas du niveau de jeu. En 2010, Martigny s’était incliné contre une équipe qui ne voulait pas monter ; cette année, les Bas-Valaisans ont été battus par une équipe qui ne pourra pas monter.

Écrit par Mathieu Nicolet

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9 Commentaires

  1. Dans le cas d’une promotion d’Huttwil, il y aurait de toute façon 11 équipe en LNB non? Et si l’année prochaine, Martigny monte, ils se retrouveront à 12 non? Et la suite? Promotion/Rélégation comme en LNA/LNB?

  2. Martigny ou pas… je comprends la position de la ligue, je comprends la connerie des dirigeants bernois, mais continuer de cette manière aboutit à une Ligue A et une Ligue B totalement fermées… Une promotions-relégation plus que risible pour LNA-LNB et un exercice de finale à 3 qui ne veut rien dire pour la 1ère Ligue-LNB! Bref des concepts que je ne porte pas du tout dans mon coeur

  3. @Alf

    Je trouve le système LNA-LNB correct, surtout depuis que ce sont les clubs de LNA qui doivent s’adapter au nombre d’étranger de la LNB et pas l’inverse. Je ne veux pas vexer les Viégeois, mais imagine Viège en LNA la saison prochaine, c’est une mort annoncée…Je n’imagine pas un système promotion/rélégation direct, cela ne ferais que diminuer le niveau de la LNA à long terme, ou simplement avoir toujours les mêmes équipes qui feront la navette…

  4. Je peux comprendre que les bernois n’avaient pas envie de verser 3000 balles pour des frais de dossiers qu’ils avaient déjà consentis à l’époque à 2 reprises.

    Si la Ligue veut une LNB fermée à 10, il faut qu’elle annonce clairement les choses car il faut réinstaurer alors un système de play-out pour permettre de faire de la place le cas échéant.

    Huttwil a autant sa place en LNB que Thurgau ou GCK et le règlement de la ligue permet déjà d’étendre la LNB jusqu’à 12 clubs sans générer un chamboulement.

  5. Mais quoi? Huttwil c’est comporter comme des gamins, alors qu’ils reste en 1.Ligue….mème s’il y aura plus d’equipe ‘Huttwil’ en dessous de la Ligue B…

  6. Dommage que on soie pas au courant des résultas des playoffs 1ligue Année 2012-2013. Il existe pas seulement Martigny l Année passe ?! Merci d avance

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