Coup de froid sur Tourbillon

Il fallait être téméraire ou dingue pour braver le froid du stade de Tourbillon. A la 83ème, celui-ci aura même atteint des proportions record… Mais quoi qu’il en soit, plus de 8’000 fanatiques répondirent présents à l’appel pour encourager les leurs et découvrir les nouvelles recrues du club.

Une campagne rondement menée

Rarement calme à Sion – et l’affirmation n’aura jamais semblé aussi pertinente qu’à présent –, le mercato n’avait cependant pas toujours brillé par son intelligence.
C’est désormais chose faite avec un recrutement effectué en fonction des besoins, et non pas selon les opportunités clinquantes qui auraient pu se présenter sur le marché. Par le passé, le concept avait pu conduire à l’achat d’un stock de milieux défensifs alors que des besoins urgents se faisaient ressentir à d’autres postes.
De plus, les transferts s’inscrivent enfin dans une certaine cohésion d’ensemble, que ce soit au niveau des mentalités ou des nationalités. En évitant d’amasser des joueurs venus de tous les horizons, le club semble là aussi avoir tenu compte des erreurs du passé. Cette cohésion permettra d’éviter que certains joueurs ne souffrent d’une crise d’adaptation comme Nwaneri et d’autres de ses collègues. L’ambiance de feu qui règne dans l’équipe actuelle ne doit pas tout au hasard.
Moins bling-bling que les «Gabri – Feindouno», la tendance «Basha – Margairaz» pourrait également se révéler plus efficace, bien que l’impression demande à être confirmée sur le long terme. Avec tout le respect dû aux Neuchâtelois, les coups furent aussi extrêmement bien joués au regard de ces sales circonstances.
Les bémols concernent toutefois le départ d’un joueur dont le remplacement exigera beaucoup de sueur de la part de ses remplaçants. Ils concernent aussi un chamboulement d’effectif peut-être trop rapide pour donner une équipe performante sur le court terme. Mais là encore, la construction à moyen terme semble bien pensée.

Un autre sport

Seul un rien séparait les adversaires du jour au coup d’envoi d’une partie qui s’annonçait palpitante. Encore renforcés à tour de bras, ces gros calibres de la première moitié de championnat avaient à cœur de conforter leur place parmi les leadeurs. L’affrontement allait être d’autant plus âpre qu’il se disputait  sur un champ de bataille ravagé par le froid. Mais le contexte était tel que le football laissa parfois place au combat…
Balles rebondissantes, passes facilement interceptées, corners galvaudés, contrôles en deux temps, défenseurs dans le vent et relances manquées sur un mauvais appui s’enchaînèrent à la partition de l’équipe locale. Parmi les plus désavantagés avec ses changements de jeu incessants et son pressing agressif, Serey Die passa totalement à côté de son match. Un jour sans que personne ne saurait lui reprocher. Mais à son image, beaucoup d’autres ne parvinrent logiquement pas à développer leur jeu habituel. Le massacre était tel qu’à l’heure de trinquer son vin chaud au Tennis Club, les reflets de la Bundesliga semblaient sorties tout droit d’un autre sport.
En proie aux mêmes difficultés, et pendant que les Sédunois balbutiaient leur football, les Bernois parvinrent tout de même à faire preuve d’une surprenante maîtrise technique. Le jeu au sol pratiqué par les visiteurs relevait de l’équilibrisme et leur permit de prendre un relatif contrôle sur la partie.

Une 1ère mi-temps vierge de toute action

Mais pas de quoi pour autant faire des miracles sur le bourbier local et la 1ère mi-temps se solda sans grande surprise sur une seule frappe au but. Elle fut l’œuvre de Bobadilla sur une longue balle destinée aux bras de Vanins, mais remise de la tête par Dingsdag à la suite d’un manque de communication.
Malgré l’erreur, le défenseur hollandais se montra intraitable comme à son habitude. Un mérite d’autant plus grand que chaque appui, chaque course et chaque dégagement devaient être calculés différemment. Et après une passe en retrait suicidaire pour son gardien, le choix d’une relance sans fioriture semblait presque aller de soi. Il aura d’autant plus dû se démener qu’Adailton et Bühler ne semblèrent pas dans leur meilleur jour. Habituellement excellent au duel aérien, le Brésilien aura souvent été contraint à la faute et le côté gauche aura régulièrement pris l’eau. Comme à Bâle, Bühler fit connaissance avec la famille Degen. Et comme à Bâle, malgré un gros travail de sa part, les attaques passèrent essentiellement sur son couloir.
Rien ou presque ne s’était passé durant ces 45 premières minutes. Mais une glissade, un faux rebond ou une décision arbitrale sur l’une des nombreuses chutes improbables du match semblaient quoi qu’il en soit être en mesure de faire tourner le vent lors de la seconde mi-temps.

Un choix tactique qui donna le coup d’envoi

Mais le changement intervint en premier lieu d’une décision loquace de l’entraîneur sédunois. Les conditions étaient peu propices à un jeu fait de longues courses balle aux pieds et Yoda céda logiquement sa place à la pause. Mais en le substituant par Melo et en replaçant Margairaz sur la gauche, le choix pouvait laisser perplexe. Pourtant, l’énorme vivacité de l’espoir sédunois permit de déranger l’arrière-garde bernoise dans ses relances et ses interceptions. Il fut notamment à l’origine de l’une des meilleures occasions du match en poussant Spycher à l’erreur par son pressing. Très inspiré comme à Bâle, Crettenand suivait parfaitement l’action mais manquait le coche sur un tacle d’Alain Nef.
Quelques minutes plus tard, un ballon perdu en phase d’attaque déboucha par contre sur la plus dangereuse action de rupture côté bernois. Sans le vouloir cette fois-ci, Melo avait définitivement débridé cette partie. A ses côtés, Danilo se montra trop discret malgré quelques bons relais, une bonne combativité et un beau potentiel balle aux pieds. Pendant ce temps-là, les attaquants bernois s’offraient une nouvelle contre-attaque en supériorité numérique après un corner offensif du FC Sion. Mais la défense se tirait encore gagnante de cette énorme erreur.

Sale temps pour Newton

L’équipe locale commença de plus en plus à perdre pied dans cette partie, et Farnerud en profita pour expédier une merveille de frappe détournée par Vanins. Le portier letton s’était déjà illustré en première période par une sortie dans les pieds extrêmement courageuse.

Mais la pression bernoise continua de plus belle jusqu’à ce qu’une action litigieuse vienne mettre fin au suspense. En passant ses bras au-dessus des épaules de son adversaire, Rodrigo franchissait la zone grise et l’arbitre optait pour le point de penalty malgré une chute qui semblait se moquer d’Isaac Newton. Certes dominateurs, les visiteurs auront dû attendre ce coup du sort pour faire la différence (0-1). Parmi les meilleurs dans les rangs valaisans et peu fautif sur cette action, Rodrigo gardera un goût amer de cette partie. Remontés par le sentiment de s’être fait berner, les Valaisans eurent la réaction espérée et Vanczak ne passa une fois encore pas loin de jouer les sauveurs. Mais malheureusement pour les locaux, cette laborieuse partie en restera là. De leur côté, les Bernois pourront se targuer d’avoir su composer avec les conditions.
Car au final, peu d’enseignements ne pourront être retirés d’une telle parodie de football. Après une performance encourageante d’un collectif sédunois désormais suffisamment solide pour bousculer les Bâlois dans leur antre,  ce relatif faux-pas ne devrait pas remettre en cause la progression du groupe…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

FC Sion – Young Boys 0-1 (0-0)

Tourbillon, 8’700 spectateurs.
Arbitre : M. Klossner.
But : 83e Spycher (penalty).
Sion : Vanins; Vanczak, Adailton, Dingsdag, Bühler; Rodrigo, Serey Die (86e Ianu), Yoda (46e Melo), Margairaz, Crettenand; Danilo (73e Tréand).
Young Boys : Wölfli; Zverotic, Nef, Silberbauer, Spycher; Vitkieviez, Doubai, Farnerud, Degen (67e Simpson); Bobadilla, Martinez (89e Nuzzolo, 92e Costanzo).
Cartons jaunes : 22e Yoda, 33e Vitkieviez, 69e Dingsdag, 72e Serey Die, 74e Doubai, 81e Rodrigo, 83e Bobadilla.
Notes : Sion sans Basha, Mrdja, Obradovic, Aislan et Sauthier ; Young Boys sans Veskovac, Ben Khalifa, Mayuka, Mveng, Raimondi et Sutter.

Écrit par Eric M.

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3 Commentaires

  1. Sur la qualité des transferts, je pense que ce serait peut être une bonne idée d’attendre de voir ce qu’ils apportent vraiment. Danilo est un inconnu absolu, Margairaz un éternel espoir régulièrement blessé, Treand un joueur limité, etc.

    Parce que l’été passé, tout le monde criait au génie devant la campagne de CC, signant Feindouno et Gabri pour s’en débarasser quelques mois plus tard.

    Et ce qui me frappe, c’est que malgré une douzaine ou une quinzaine de transferts par saison, le club est encore totalement dépendant de la présence d’Obradovic (il a quoi, 36 ans?)sur la pelouse… et continue à avoir un Yoda sur le terrain.

    J’ai plutôt l’impression que la stratégie de Sion en matière de transfert c’est le volume – sur vingt ou trente joueurs, on finit bien par choper une bonne pioche comme Sio, mais on a également des bus entiers de joueurs médiocres.

  2. La simple stratégie de Sion, ou plutôt de CC, c’est de se faire un max possible, en trouvant des joueurs gratuits ou qui valent presque rien, et en les revendant au prix fort… Aucune stratégie sportive là dedans, il prend ce qu’il trouve (une dizaine de millieux de terrains, même si on a en déjà trop), et se met plein les poches…

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