Hold-up aux Trois-Sapins

Le FC Echallens est passé tout près de l’Exploit de ces 32e de finales de la Coupe de Suisse contre le tenant du titre, Sion. Mais, alors qu’ils dominaient les débats, les Challensois se sont fait piéger sur un autogoal malheureux à l’ultime seconde. Tellement cruel et tellement injuste.

Entre le FC Echallens et la Coupe de Suisse, c’est une longue histoire d’amour. Le club du Gros-de-Vaud a déjà atteint à trois reprises les huitièmes de finales de la compétition mais n’y avait jamais été gâté en tirant à chaque fois un déplacement sur la pelouse d’un ténor de LNB de l’époque, Granges, Schaffhouse ou Zoug. Cette saison, le sort a été plus clément avec les Challensois en leur offrant d’emblée la grosse affiche dont ils rêvaient avec la venue du tenant du titre, le FC Sion. On regrettera juste que la fête ait été un peu gâchée par les trombes d’eau qui se sont abattues sur les Trois-Sapins dès le coup d’envoi. Et au passage, j’en profite pour remercier le membre du comité du FC Echallens qui m’a assuré que, d’après ses informations de dernière minute, une cellule météo allait préserver la rencontre de toute ondée durant la première heure de jeu, alors que s’est exactement l’inverse qui s’est produit.

Qui était le petit ?

La qualité de la prestation du FC Echallens va rapidement nous faire oublier l’humidité ambiante. A aucun moment, les deux ligues et 15 millions de budget d’écart n’ont transparu sur la pelouse. Parfaitement disposés par leur entraîneur Frédéric Thomas, les Challensois n’ont pas joué en «petit» qui se recroqueville devant son but en espérant tenir le 0-0 le plus longtemps possible mais n’ont pas hésité à partir à l’abordage et à aller bousculer le tenant du titre. La première occasion est d’ailleurs pour les locaux mais Gomes ne cadre pas son tir. Sion réagit avec un coup franc de Dominguez qui aurait peut-être surpris Johnny Leoni mais certainement pas Grégory Mathey. Le portier challensois se montre une nouvelle fois à son avantage en sauvant du pied sur une action de rupture conclue par Dabo mais c’est tout pour les occasions valaisannes de la première mi-temps.

Constantin fâché

Le FC Sion se fait trois grosses frayeurs en fin de 1ère mi-temps. C’est tout d’abord M. Laperrière qui donne un petit coup de pouce aux Sédunois en omettant de sanctionner une faute du régional de l’étape Bühler (qui pouvait presque apercevoir son village de Vuarrens depuis le terrain) sur Kurtic qui avait sans doute le poids d’un deuxième avertissement, puis en oubliant une main de Servin qui n’était pas loin de constituer une faute de dernier recours. Ce n’était peut-être pas aussi spectaculaire que l’immense cadeau qu’avait fait l’arbitre vaudois au FC Sion lors de sa promotion en 2006 (transformer une défaite valaisanne 2-1 à Bellinzone en victoire 2-1 via l’annulation d’un but tessinois valable et l’octroi d’un penalty inexistant aux Sédunois dans la foulée) mais ça aurait pu changer l’issue du match.

Nullement décontenancé par cette traditionnelle prime au grand (ou présumé comme tel), Echallens va se créer la meilleure occasion de la 1ère mi-temps à la 45e lorsque, au terme d’une remarquable action collective, Nezir Kurtic dépose le ballon sur la tête de Fabio Grosso qui ne parvient pas à cadrer sa reprise. «Je vais mal dormir», nous confiera le sympathique attaquant challensois. Celui qui n’a pas dû très bien dormir non plus, c’est Christian Constantin. A voir la mine courroucée du boss sédunois en filant vers les vestiaires à la pause, on s’est demandé qui serait l’entraîneur du FC Sion à la reprise.

Que de regrets

Didier Tholot était toujours en place en 2e mi-temps mais le coup de gueule présidentiel n’a pas eu l’effet escompté. C’est un FC Sion toujours aussi apathique et incapable d’élaborer la moindre action de jeu qui revient sur la pelouse, à l’image d’un Emile Mpenza complètement inexistant. Peut-être que le Belge n’aime pas la pluie, vu que, lorsqu’il jouait à Schalke 04, on fermait le toit de la Veltins-Arena en cas de précipitations. Ou alors a-t-il gardé de ses années königsblaue l’habitude d’accepter la suprématie des équipes jouant en jaune. Toujours est-il que si Echallens peut nourrir beaucoup de regrets sur ce match, ce n’est pas tellement sur le but qu’il encaissera dans les arrêts de jeu mais bien davantage pour n’avoir pas concrétisé sa domination en 2e mi-temps. On pense notamment à la double possibilité échue à Hervé Rickli et Armel Kazangba miraculeusement sauvée par Andris Vanins et l’un de ses défenseurs (58e). Ou au tir trop cadré de Nezir Kurtic (83e). Côté sédunois, une seule occasion à signaler en 2e mi-temps, un tir dévié sur le poteau de Mathey qui a très intelligemment évité de plonger pour ne pas risquer un rebond malheureux et s’est contenté de rester sur ses appuis pour cueillir tranquillement le ballon dans ses bras ; ça, c’est de l’expérience !

Le drame

On était vraiment en train de se dire que l’exploit était possible et que le FC Echallens pourrait rendre un fier service aux téléspectateurs romands (en évitant qu’au printemps toutes les émissions sportives de la TSR ne soient accaparées pendant deux mois par une énième rétrospective des victoires du FC Sion en Coupe de Suisse) et au football suisse (en évitant que les Sédunois ne plombent l’indice UEFA helvétique par leurs piètres résultats européens). C’est alors qu’est survenu le drame, au bout du bout des arrêts de jeu : un centre sans grande conviction d’Alioui est dévié par un défenseur dans ses propres filets pour l’unique but du match. Peu psychologue, M. Laperrière ne laissera même pas Echallens effectuer l’engagement.

Et voilà comment le FC Sion obtenait sa qualification sans avoir rien montré. C’est peut-être bon signe pour les Valaisans : en général lorsqu’ils s’imposent laborieusement dans les premiers tours sur un terrain vaudois au patronyme sylvicole (les Châtaigniers du Mont en 05-06, le Bois-Gentil de Malley en 08-09 et désormais les Trois-Sapins d’Echallens), ils vont au bout par la suite. Mais en tous les cas, s’il y a une équipe qui est sortie grandie de ce magnifique match de Coupe, c’est bien le FC Echallens. Malgré la légitime déception d’être passé tout près de quelque chose de grand, les Challensois ont une nouvelle fois démontré qu’entre le EFC et la Coupe de Suisse, c’est une longue histoire d’amour.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

FC Echallens – FC Sion 0-1 (0-0)

Trois-Sapins, 2500 spectateurs (record du stade).

Arbitre : M. Laperrière.

But : 93e Pittet (autogoal, 0-1).

Echallens : Mathey ; Kurtic, Pittet, Real, Forestier (87e Bovay) ; Martins, Gomes, Jankuloski, Kazangba ; Rickli, Grosso (67e Ilic).

Sion : Vanins ; Alioui, Mitreski, Servin, Bühler ; M’Futi (71e Yoda), Obradovic (34e Chihab), Dominguez, Fermino ; Mpenza (81e Adeshina), Dabo.

Cartons jaunes : 33e Bühler, 56e Grosso, 90e Gomes.