Eh oui, le championnat a commencé…

A la décharge du LHC, rien ne permettait de vraiment s’en rendre compte jusqu’à samedi soir, à moins d’être un initié suivant très attentivement le calendrier. Les entraînements contre Olten, Bâle et Neuchâtel n’ont eu que pour effet de faire redescendre le niveau élevé des matchs de préparation. J’allais donc avoir le douteux privilège de me déplacer dans la bien-nommée Litter-halle (fosse à ordures en anglais) pour, sans conteste, l’affiche de cette soirée.

Duel de lions entre les 2 équipes les plus complètes de cette LNB, du moins sur le papier. Avec probablement la meilleure défense de la petite ligue (Heynen, Heldstab, Anthamatten et consorts) et l’une des deuxièmes lignes les plus performantes (Brunold, Genazzi, Triulzi), sans oublier Forget ou Pecker, Visp se présente comme l’un des prétendants logiques aux premiers rôles. D’autant qu’ils forment un groupe très soudé : Anthamatten, Schüpbach, Imhof sont leurs prénoms, Vispois, leur nom de famille. L’essentiel de ces prénoms se retrouvaient d’ailleurs étrangement sur les publicités autour de la «patinoire».

Chassé-croisé

L’entame du match est plutôt équilibrée avec notamment 2 actions nettes du LHC où Tremblay puis Lussier échouaient contre le dernier rempart de la famille Vispois. Une double supériorité lausannoise ne donnera rien de bien probant et sera même gâchée par une pénalité contre Fedulov, par ailleurs globalement à côté de ses patins ce soir. Le 5 contre 4 résiduel pour Visp permettra à Brunold d’ouvrir le score après seulement une vingtaine de secondes en power-play, grâce notamment à un pressing sur le but de Tobler avec deux Vispois à l’orée du slot.
Ce premier tiers est rythmé et plutôt plaisant, enfin, une fois que le sacrifice du samedi soir à Visp est oublié. Et malgré plusieurs errements défensifs lausannois, sans conséquence jusque-là, Frunz égalise à la 17e minute après une remontée du puck «à la Tremblay» par Bonnet… Chapeau! A noter que Frunz s’affirme de plus en plus comme un attaquant défensif remplaçant très avantageusement Lüssy. Mais c’était sans compter sur un ancien indésirable de Malley, Cory Pecker, qui allait redonner l’avantage à sa famille d’accueil sur une action éclair seulement 13 secondes plus tard… Dans la foulée, la ligne très en vue ce soir-là, et peut-être la meilleure du LHC avec Bonnet, Frunz et Schnyder, allait égaliser à la 20e minute par le premier cité.

Forget it, Sandro

Le premier tiers était animé mais tout allait s’emballer dans le deuxième, notamment parce que les approximations ou les fautes défensives lausannoises allaient cette fois se payer cash. Que ce soit dans la précision des passes, les contrôles de pucks, le nettoyage du slot ou le marquage des attaquants seuls à 3 mètres en face de Tobler. Pourtant Yake avait mis toutes les chances de son côté en remplaçant Grieder par Weisskopf… Qu’est-ce que ça aurait été sinon.
Tout avait pourtant bien commencé avec le 2-3 de Gailland qui a suivi une action très confuse où Augsburger permit à Gailland d’envoyer un superbe tir sur la latte et non dans le but, selon les arbitres… Et que dire d’un nouveau 5 contre 3 de plus d’une minute et demie (!) galvaudé notamment par Sandro Abplanalp qui réussit deux loupés magistraux à la bleue, ce qui a permis à Forget de lancer un contre fulgurant, stoppé illicitement par le même Abplanalp. Pénalty logique, logiquement transformé par le chef de famille. 3 partout au lieu de 2 à 4. Le match venait de basculer.

Secrète défonce

L’action de la 31e résume alors bien la physionomie du match. Un power-play vispois simple mais rythmé, un box-play lausannois globalement très correct jusqu’à une grossière faute de marquage où Schüpbach se fait un plaisir d’allumer à mi-distance un Tobler qui, à l’image de sa défense, a eu de bons moments comme de très gros blancs (nul doute que sa mise en concurrence avec un autre très bon gardien devrait être positive pour lui et pour toute l’équipe). Nouvel exemple à la fin du tiers médian où le box-play du LHC efface sans dommage une pénalité de Stalder jusqu’à la seconde où ce dernier rentre sur la glace. C’est le 5 à 3. Et un nouveau coup dur pour les lausannois allait s’ensuivre avec Tremblay qui devait sortir à la 39e après un choc contre la bande. Il allait revenir au 3ème tiers, mais sans la même vista.
Le troisième tiers allait ressembler au deuxième, avec son lot d’erreurs défensives et leurs conséquences. Pecker se retrouvait seul devant Tobler, très bien servi par Bucher et Forget, pour le 6-3. Bis repetita 8 minutes plus tard avec un pressing très hargneux (mais régulier) du même Pecker qui récupèrait le puck derrière Tobler sur une phase de transition pour permettre à Bucher de mettre le 7ème à bout portant. Cette action humiliante allait voir Tobler frapper sa latte de sa crosse et Abplanalp se rappeler qu’il avait joué en LNA pour enfin se racheter. 7 à 4, il reste exactement 2 minutes à jouer quand Bühlmann est envoyé sur le banc des pénalités. Temps mort et Tobler sort pour tenter ce que personne ne croit possible. A commencer par l’excellent Heldstab qui récupère le puck et permet à Pecker de réaliser un coup du chapeau dans la cage vide. 8 buts. Voilà ce que doit ressentir un supporter du EHCB à longueur d’année. Ça fait mal. Une ultime réaction d’orgueil de Gailland n’y changera pas grand-chose.

Bon et pis ?

Un bilan ? La défense du LHC n’a pas été moins bonne que lors des 3 premiers matchs, mais chaque erreur peut déboucher sur une action de but face à des équipes comme Visp. L’état d’esprit était par contre différent. Les surmotivés Bonnet, Schnyder et Stalder montraient inlassablement l’exemple et étaient certainement les meilleurs lausannois sur la glace mais ce n’était de loin pas le cas de tout le monde, à l’image de Leeger qui n’a pas encore retrouvé sa forme de croisière et la qualité de son jeu de la saison dernière. Stalder continue de montrer les excellentes dispositions défensives et offensives dont il a fait preuve depuis le début de la saison et va s’affirmer comme l’un de nos piliers défensifs à vocation offensive. Tremblay a tenté de belles choses jusqu’à sa sortie sur blessure, mais il n’a pas été aidé par Maneluk, lent et parfois maladroit, qui n’avait donc pas le poids d’un étranger. Le retour de Roy devrait redonner l’allure attendue à la 1re ligne.

Viège – Lausanne 8-5 (2-2 3-1 3-2)

Litternahalle, 3051 spectateurs.
Arbitre : M. Schmutz ; Grossniklaus et Wermeille.
Pénalités : 7 x 2′ contre Viège ; 5 x 2′ + 1 x 10′ (Fedulov) contre Lausanne.
Buts : 12e Triulzi (Summermatter/5c4) 1-0, 17e Frunz (Bonnet) 1-1, 17e Pecker (Bucher, Forget) 2-1, 20e Bonnet (Schnyder, Frunz) 2-2, 22e Gailland (Fedulov/5c4) 2-3, 25e Forget (penalty) 3-3, 31e Schüpbach (Dolana/5c4) 4-3, 38e Wiedmer (Summermatter, Triulzi) 5-3, 49e Pecker (Bucher, Forget) 6-3, 57e Bucher (Pecker, Forget) 7-3, 58e Abplanalp (Villa) 7-4, 59e Pecker (Forget, Heldstab/4c5) 8-4, 60e Gailland (Bonnet) 8-5.
Viège : Müller; Summermatter, Wiedmer; Anthamatten, Schüpbach; Heldstab, Heynen; Jacquemet, Portner; Furrer, Genazzi, Kuonen; Dolana, Brunold, Triulzi; Pecker, Bucher, Forget; Herren, Bühlmann, Imhof.
Lausanne : Tobler; Stalder, O.Keller; Kamerzin, Leeger; Villa, Chavaillaz; Weisskopf; Abplanalp; Zeller, Staudenmann, Lussier; Trembley, Miévile, Maneluk; Gailland, Augsburger, Fedulov; Frunz, Bonnet, Schnyder.
Notes : Viège sans Wyer ni Bürgin (blessés) ; Lausanne sans Grieder ni J.Roy (blessés).

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Yves de St-Aÿ