Der BVB ist wieder da

En battant Hambourg 2-0 devant 80’552 spectateurs en ébullition, le Borussia Dortmund engrange sa cinquième victoire consécutive et renaît à l’ambition après une trop longue éclipse. Le VfL Wolfsburg a lui raté une belle occasion de s’envoler en tête du classement en allant perdre à Cottbus.

Champion d’Europe en 1997, le Borussia Dortmund a ensuite connu une longue descente aux enfers. Le club a encore joué les premiers rôles jusqu’au dernier titre obtenu en 2002 mais, depuis lors, le quotidien du BVB n’a pas été des plus exaltants : graves problèmes financiers, entrée en bourse ratée, transferts foireux, vente du stade, valse des entraîneurs… Dortmund était généralement décroché de la tête du classement dès le mois d’octobre, quand il n’a pas carrément flirté avec la relégation comme au printemps 2007.

La renaissance

Malgré ces résultats misérables, le ferveur du public dortmundois ne s’est jamais démentie : de 53’053 l’année du sacre européen en 1997 à 65’700 pour le dernier titre en 2002, la moyenne de spectateurs a oscillé entre 72’510 et 79’647 durant les années de galère. L’agrandissement du stade y est bien sûr pour quelque chose mais augmenter son audience en jouant le ventre mou du classement est quand même révélateur d’une incroyable passion. C’est dire qu’aujourd’hui, retrouver un BVB qui joue bien et gagne est vécu comme une véritable renaissance dans la Ruhr, même si le Borussia accuse encore cinq points de retard sur la 5e place, la dernière qualificative pour l’Europe.
Samedi, le BVB a obtenu un succès probant contre Hambourg (2-0) dans un match qu’il a dominé de bout en bout. Après avoir ouvert le score par son capitaine Sebastian Kehl, bien servi par la révélation du 2e tour Nuri Sahin, Dortmund n’a connu qu’une seule alerte, lorsque Streit a trouvé la latte (80e) après une mésentente entre Dede et Weidenfeller. En fin de match, Alexander Frei a marqué le but de la sécurité sur pénalty.

Wolfsburg rate le coche

Le triumvirat à la tête de Schalke 04 Mike Büskens, Youri Mulder et Oliver Reck poursuit son parcours sans faute et sans encaisser de but. Les Knappen ont créé l’exploit en allant gagner 1-0 à Munich grâce à un corner de Christian Pander repris par Halil Altintop. Dépourvu du moindre fond de jeu, le Bayern de Jürgen Klinsmann repose exclusivement sur ses individualités ; or celles-ci ont failli : Klose blessé, Toni inexistant, Podolski et Schweinsteiger sur la banc, il n’y a guère que Sosa qui ait tenté d’éviter le naufrage.
Quant à Franck Ribéry, il s’est davantage illustré par ses gestes de frustration que par ses coups d’éclat : le Français a été logiquement expulsé pour l’ensemble de son œuvre avec deux coups au visage de Rafinha et Jones (qui a aussi vu rouge) et une faute revancharde sur Farfan. Les tristes supporters du Bayern ont bu le calice jusqu’à la lie au coup de sifflet final, lorsque le gardien königsblaue Manuel Neuer est allé danser avec le poteau de corner, imitant en cela Oliver Kahn en 2001, lorsque le Bayern avait piqué le titre à Schalke à l’ultime minute du championnat. Alors adolescent présent ce jour-là dans les travées du Parkstadion, Manuel Neuer n’a manifestement pas oublié.
Hambourg et le Bayern battu, l’occasion était belle pour Wolfsburg de s’envoler en tête du classement. Mais le leader a mis un terme à sa série de dix victoires consécutives en allant perdre à Cottbus (2-0). Les Wölfe ont dominé mais se sont heurtés à un excellent gardien Tremmel, avant d’encaisser l’ouverture du score à la 72e suite à un corner stupidement concédé. Jouer à Cottbus en fin de saison n’est jamais facile, tant les Lausitzer sont spécialistes des sauvetages miraculeux dans les ultimes journées mais un prétendant au titre aurait dû déjouer le piège. Est-ce la peur de gagner chère à Pierre-Alain Dupuis ? L’avenir dira si Wolfsburg a perdu le titre dimanche en Lausitz.

Berlin n’est pas mort

Le Hertha Berlin est remonté à la 2e place du classement après sa victoire 1-0 sur le terrain d’Hoffenheim. Bien que privée, pour blessure, suspension ou choix de l’entraîneur, de cinq titulaires (Friedrich, Rodnei, Nicu, Dardai et Voronin) du onze de base qui l’avait portée en tête du classement, l’Alte Dame a fait preuve de réalisme en concrétisant l’une de ses rares occasions grâce à un tir d’Ebert bien servi par Pantelic, deux joueurs dont les frasques ont défrayé la chronique ces dernières semaines. Hoffenheim a dominé, tiré sur la latte mais n’est pas parvenu à éviter un onzième match d’affilé sans victoire. Au 1er tour, dans son stade d’adoption à Mannheim, le vétuste Carl-Benz-Stadion, Hoffenheim avait réussi 9 matchs / 23 points. Dans sa flambant neuve Rhein-Neckar-Arena à Sinsheim, le TSG n’en est qu’à 5 points en 6 matchs…
On pourrait tenter d’expliquer cette différence par des théories sur l’âme et la communion entre supporters et équipes régnant dans un vieux stade que l’on ne retrouverait pas dans une enceinte neuve et aseptisée. Mais rien de tout cela avec Hoppenheim, puisque ce club n’a pas d’âme et que l’ambiance à Mannheim était à peu près équivalente à celle des Vernets additionnée au stade Louis II, multipliée par l’Allianz-Arena au carré, c’est-à-dire absolument nulle. L’explication est ailleurs. Au premier tour, le néo-promu évoluait en surrégime dans l’euphorie de la promotion. Depuis la reprise, blessures, suspensions et manque de réussite ont montré les limites d’une équipe qui n’était pas à sa place en tête du classement. Pour une fois que je ne me suis pas planté dans un pronostic, je m’autorise ce petit instant d’autocongratulation : en décembre, lorsque le TSG 1899 a été sacré champion d’automne, j’avais écrit : «je ne vois pas cette équipe d’Hoffenheim tenir le choc au printemps ni même finir dans les trois premiers». Cela avait fait bêler certains Footix qui pensaient que puisque Hoffenheim était premier du classement, c’était forcément le club le plus merveilleux au monde et que toute critique à son égard n’était que pure jalousie. Faut croire que finalement il y avait autre chose.

Comme en 2007 ?

Le duel entre les deux prétendants au poste de latéral gauche de l’équipe de Suisse, Ludovic Magnin et Christoph Sypcher, a tourné à l’avantage du Challensois. Ludo a été à l’origine des deux buts de la victoire de Stuttgart contre l’Eintracht Francfort (2-0) : un centre dévié par Cacau et un coup franc pour l’inévitable Gomez. En Souabe, on évoque de plus en plus ouvertement la possibilité de refaire le coup de 2007 où le VfB avait surmonté un retard de 7 points à 8 journées de la fin pour remporter le titre. Il est vrai que les similitudes sont nombreuses : une formidable remontée après un 1er tour en milieu de classement, un Mario Gomez éblouissant et parfaitement secondé par Cacau, un gros couac en début de 2e tour (défaite 4-1 à Nuremberg en 2007, 5-1 contre le Bayern en coupe cette année), un Ludovic Magnin qui s’impose comme titulaire au détriment de Boka, l’affirmation de jeunes talentueux (Hilbert, Tasci ou Khedira en 2007, Lanig, Träsch ou Gebhart en 2009), un gardien charismatique (Hildebrand en 2007, Lehmann aujourd’hui), un leader peu habitué à gagner le titre (Schalke «ein Leben lang keine Schal in der Hand» en 2007, Wolfsburg en 2009)… Le problème, c’est que, de tous les prétendants au titre, Stuttgart est celui qui a le calendrier le plus compliqué lors des dernières journées, avec notamment deux déplacements à Gelsenkirchen et Munich et la réception de Wolfsburg ; ce sera dur de faire le même sans-faute qu’en 2007.

Karlsruhe reprend espoir

Cette fin de saison, Brême ne joue plus que des matchs de préparations pour la Coupe UEFA et la finale de la Coupe d’Allemagne. Avec plusieurs titulaires au repos, le Werder était mené 0-2 à la mi-temps sur sa pelouse par Bochum sur deux exploits personnels de Stanislav Sestak. Les Brêmois ont trouvé la motivation pour renverser la vapeur en 2e temps, avec un superbe but victorieux de Diego (3-2). Le gardien portugais du VfL Daniel Fernandes a égalisé dans les arrêts de jeu mais son but a été annulé pour… hors-jeu ; ça doit être la première fois que je vois un gardien être signalé en position de hors-jeu. Le Bayer Leverkusen, qui n’a également plus rien à attendre de cette fin de championnat, a eu moins de fierté que le Werder. Les Rheinländer ont livré une prestation affligeante pour s’incliner à domicile contre la lanterne rouge Karlsruhe (0-1), sur un but gag du jeune Sebastian Langkamp (frère de l’ancien joueur de GC  Matthias Langkamp) : un tacle au milieu du terrain qui s’est transformé en lob victorieux de 45 mètres ! C’est la victoire de l’espoir pour le KSC, à confirmer samedi prochain contre Cottbus.

Mönchengladbach au bord du gouffre

Hannover 96 a aligné un onzième match consécutif à domicile sans défaite en battant Cologne 2-1. Sechsundneunzig a profité d’un 1. FC Köln apathique en 1ère mi-temps pour prendre deux longueurs d’avance grâce au deux premiers buts de la saison du Danois Leon Andreasen. Les Geissböcke ont réagi après la pause mais n’ont pu éviter une 4e défaite consécutive. C’est désormais la crise à Cologne, qui nous fait un peu penser au LHC 2005 : il y a de belles promesses pour la saison prochaine mais avant de songer à l’avenir il ne faudrait pas oublier d’assurer le maintien dans le championnat en cours.
La situation est encore plus critique pour le Borussia Mönchengladbach après le nul concédé à domicile, malgré une nette domination, contre Bielefeld (1-1). Les Fohlen ont peut-être mis un pied dans la tombe, vu le calendrier difficile qui les attend sur cette fin de saison. Enfin, si l’on admet que le déplacement à Munich de samedi prochain doit être considéré comme difficile…

Écrit par Julien Mouquin