Come back, baby come back !

En début de saison, Genève-Servette partait pied au plancher, quitte à caler un peu sur la fin. Il en découlait des fins de match tendues (contre Langnau), voire des renversements de situation en troisième période (à Kloten ou à Davos). Ce week-end, les Aigles ont décidé de carburer au diesel, offrant des émotions fortes à leurs supporters.Ainsi, vendredi, Ambrì, diablement efficace, possédait deux longueurs d’avance à la mi-match, grâce à deux buts plutôt heureux inscrits en l’espace de douze secondes alors que la partie n’en était encore qu’au round d’observation.
Sans surprise, le réveil sera sonné par Laurent Meunier. Décrié pour cause de délit de sale passeport avant même d’avoir pu griffer la moindre patinoire helvète, le Grenoblois est en passe de devenir le chouchou du public. On avait souri quand il avait été annoncé qu’il venait prendre la relève de Philippe Bozon. Meunier n’en possède certes pas les qualités techniques, et n’affolera par conséquent sans doute jamais les compteurs de la même façon. Mais c’est un véritable pitbull (sans muselière). Il ne lâche rien, se bat dans tous les coins de la patinoire et récupère un nombre de pucks affolant. En matière de leadership par l’exemple, il ne semble pas avoir grand-chose à envier à son illustre compatriote. Chris McSorley déclare que Michal Grošek devra regagner sa place de titulaire, et, pour une fois, on veut bien le croire.
Le match devenait alors électrique, les Genevois chargeant tout ce qui bouge. À la suite d’un check très appuyé de Paul Savary (si si), Tiziano Gianini faisait le mort. Martin Höhener jouait les Zorro et, après avoir hésité quelques secondes, s’engageait dans une bagarre avec le centre genevois. De son côté, Chris Rivera ne pouvait évidemment s’empêcher d’en déclencher une autre. On peut d’ailleurs s’interroger sur le motif de son absence le lendemain. Il sera annoncé blessé, mais son entraîneur, qui ne veut plus d’incartade lors des arrêts de jeu, mentionnait vendredi soir une possible sanction interne.
Si les Léventins pouvaient profiter de la pénalité infligée à Savary pour reprendre un peu d’air, la partie tournait définitivement dans l’autre sens lorsque Cadieux et Law égalisaient en vingt secondes. Ce score de parité à la deuxième pause faisait figure de RMI quand on considère le nombre de tirs jusque là : 26-11 et deux poteaux.
Entrait alors en scène l’autre « teigne » de l’équipe. Thomas Déruns prenait à froid les Biancoblù en levant victorieusement un tir de Morris Trachsler mal contrôlé par Thomas Bäumle. Quatre minutes plus tard, tout juste sorti de prison, il récupérait un palet dans la bande et partait rageusement en break pour offrir deux longueurs d’avance à ses couleurs. L’attaquant chaux-de-fonnier passera plusieurs fois tout près du triplé, notamment sur un solo impressionnant après avoir annihilé une attaque en un contre un de Hnat Domenichelli, s’il vous plaît. Il se contentera toutefois d’ajouter un assist à sa fiche quand Goran Bezina aggravera le score pour l’anecdote en toute fin de match.
Le lendemain, Zoug pensait bien être à l’abri de ce genre de mésaventure. Pendant deux tiers, Genève-Servette était à côté de ses pompes, laissant entrevoir son premier match sans de l’exercice. Sans forcer,  avec juste ce qu’il faut de réalisme, les pensionnaires du Herti menaient 4-0 à la demi-heure. Deux missiles de Paul DiPietro côté mitaine, le patin de Bezina et un grigri d’Oleg Petrov oublié au deuxième poteau. La messe était quasiment dite.
Chris McSorley utilisait alors le premier joker de la panoplie du parfait coach nord-américain. Pour secouer l’équipe (et accessoirement bénéficier d’un mini temps mort gratuit), il envoyait Michael Tobler faire sa première apparition officielle en grenat, remplaçant un Gianluca Mona qui n’avait pas grand-chose à se reprocher. L’effet ne s’en faisait pas tout de suite sentir, Zoug frôlant plusieurs fois le cinquième but. C’est plutôt grâce à un coup de pouce des joueurs de Suisse centrale que les Aigles pouvaient revenir dans le match. Sûrs de leur fait, les locaux décidaient de gérer le score et voir venir. Et ne s’affolaient pas plus que ça lorsqu’à 20 secondes de la deuxième sirène, Serge Aubin déviait un puck derrière Lars Weibel.
C’était une erreur. Genève-Servette revenait avec le mors aux dents. Il ne fallait pas plus de 40 secondes pour qu’Igor Fedulov ne se fasse pardonner une perte de puck sur l’action du 3-0 par un caviar certifié béluga offert à Laurent Meunier. À la 46e, les Zougois, qui avaient dû sécher l’analyse vidéo de l’adversaire, laissaient le papy russe servir Yorick Treille dans sa position préférée, à cinq mètres du but pour un tir croisé.
La cause aurait pu être entendue lorsque Corsin Casutt battait Tobler un peu plus de 2 minutes avant la fin du temps réglementaire. Mais l’entraîneur servettien sortait alors un deuxième atout de son sac à malice, atout que les joueurs de Sean Simpson étaient pourtant fort bien placés pour voir venir. Il était donc demandé à Monsieur Kurmann de vérifier la courbure « mikitesque » de la crosse de Kamil Piroš. Une grosse trentaine de secondes après le 5-3, Goran Bezina dépoussiérait d’un tir acrobatique la lucarne droite de Weibel. L’arbitre ayant signalé une pénalité différée sur le tir, Piroš restait sur le banc pour voir le même Bezina partir en solo sur l’aile gauche et trouver un Aubin étrangement seul au deuxième poteau à 17 secondes du terme. La folie s’emparait de la centaine de supporters grenat.
La prolongation verra des Aigles la tête ailleurs laisser Björn Christen s’infiltrer assez facilement dans la défense pour sauver les meubles zougois. Cela ne calmera pas Weibel, qui retournera aux vestiaires avant même la cérémonie de remise des prix, furieux sans doute que ses coéquipiers aient pareillement abandonné l’initiative alors qu’ils avaient le match en main.
Avec cette fin de semaine folle conclue par un point au goût de demi-victoire, Genève-Servette a délivré un message : ses adversaires ne pourront pas se permettre de baisser leur garde face à une équipe qui produit certes peu d’actions de génie, mais qui a les tripes et la grinta pour renverser des situations incroyables.
On leur déconseille toutefois de laisser samedi prochain six buts d’avance à Lugano, pour voir.

Résumés

Genève-Servette – Ambrì-Piotta 6-3 (0-2 3-1 3-0)

Genève-Servette : Mona ; Bezina, Gobbi ; Breitbach, Rytz ; Schilt, Keller ; Mercier ; Wright, Aubin, Law ; Déruns, Trachsler, Cadieux ; Treille, Meunier, Fedulov ; Knoepfli, Savary, Rivera. Absents : Grošek (adducteurs), Horak (dos), Augsburger (surnuméraire).

Ambrì-Piotta : Bäumle ; Hedin, Höhener ; Du Bois, Tallarini ; Celio, Mattioli ; Gianini, Schumacher ; Trudel, Pont, Domenichelli ; Demuth, Toms, Somervuori ; Baldi, Cereda, Kostovic ; Imperatori, Siritsa, Bianchi. Absent : Schena (surnuméraire).
Arbitres : Roland Stalder ; Gilles Mauron, Paul Rebillard.
Buts : 4’26 Somervuori (Demuth, Toms) 0-1, 4’38 Kostovic (Cereda) 0-2, 23’58 Meunier (Treille, Fedulov) 1-2, 28’29 Domenichelli (Trudel, Celio / 5 contre 4 / Savary, purgée par Fedulov) 1-3, 34’33 Cadieux (Knoepfli / 5 contre 4 / Siritsa) 2-3, 34’53 Law (Schilt, Keller) 3-3, 40’16 Déruns (Trachsler, Bezina) 4-3, 44’53 Déruns (Mercier) 5-3, 59’29 Bezina (Fedulov, Déruns / 5 contre 4 / banc, purgée par Demuth) 6-3.
Pénalités : 7 x 2′ + 5′ + match (Savary) contre Genève-Servette, 7 x 2′ + 5′ + match (Höhener) contre Ambrì-Piotta.
Notes : 17’12, tir sur le poteau de Treille. 21’15 Tir sur le poteau de Law.
Patinoire des Vernets, 5’562 spectateurs.

Zoug – Genève-Servette 6-5 a.p. (2-0 2-1 1-4 1-0)

Zoug : Weibel ; Richter, Back ; Diaz, P. Sutter ; Kress, Fazio ; Maurer, Ott ; Petrov, DiPietro, D. Camichel ; B. Christen, Piroš, Maneluk ; T. Meier, F. Schnyder, Casutt ; Bürgler, Steinmann, S. Fischer. Absents : Oppliger, Duca et Hallberg (blessés).
Genève-Servette : Mona (29’49 Tobler) ; Bezina, Mercier ; Gobbi, Keller ; Rytz, Breitbach ; Schilt ; Wright, Aubin, Law ; Déruns, Trachsler, Cadieux ; Treille, Meunier, Fedulov ; Knoepfli, Savary, Augsburger. Absents : Grošek (adducteurs), Horak (dos), Rivera (blessé ?).
Arbitres : Danny Kurmann ; Matthias Kehrli, Mauro Lombardi.
Buts : 2’54 DiPietro (D. Camichel) 1-0, 13’58 D. Camichel (Back, P. Sutter / 5 contre 4 / Meunier) 2-0, 27’45 DiPietro (Kress, Fazio) 3-0, 29’49 Petrov (Maneluk, Piroš / 5 contre 4 / Law) 4-0, 39’40 Aubin (Wright, Bezina / 5 contre 4 / Casutt) 4-1, 40’36 Meunier (Fedulov) 4-2, 46’09 Treille (Fedulov, Bezina / 5 contre 4 / Steinmann) 4-3, 57’46 Casutt (T. Meier, Richter) 5-3, 58’24 Bezina (sans assistance / 5 contre 4 / Piroš + pénalité différée) 5-4, 59’43 Aubin (Bezina / 5 contre 4 / Piroš) 5-5, 61’17 B. Christen (DiPietro, Richter) 6-5.
Pénalités : 7 x 2′ contre Zoug, 7 x 2′ + 10′ (Breitbach) contre Genève-Servette.
Notes : 57’54 Genêve-Servette fait contrôler la crosse de Kamil Piroš.
Patinoire du Herti, 3’054 spectateurs.

Écrit par Yves Grasset

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