Désormais, chaque mois, Carton-Rouge a le plaisir de sortir ses griffes dans le nouvel hebdomadaire régional répondant au doux nom de Riviera Chablais votre région. Notre mission : croquer une thématique d’actualité sur le sport suisse avec impertinence. Nous publions quelques jours plus tard cette chronique sur notre site. Dans cette nouvelle édition, on explore une terra incognita qui semble enfin avoir trouvé sa place sur la carte du sport mondial.
Qu’on aime le football féminin ou non, force est d’admettre que les plaques tectoniques ont fortement bougé cet été avec l’Euro en Angleterre. Les Suissesses ont même fait bonne figure, alors qu’elles n’avaient plus marqué depuis belle lurette.
Entre terre inexplorée et champ des possibles, on a pu lire tout et son contraire cet été, notamment des poncifs éculés qui prêtent à sourire dans les pays pionniers. Il suffisait de passer sur la BBC ou de lire le Guardian pour entendre des commentaires et des analyses proposés par des femmes et voir que beaucoup reste à faire en Suisse. Plutôt que de redouter que les affres du capitalisme ne pervertissent les âmes ingénues, réjouissons-nous plutôt de dénoncer tout ça le moment venu, sachant qu’on a encore le temps, si l’on se remémore la vitesse à laquelle le droit de vote leur a été accordé !
Concernant les salaires, à défaut de chocs telluriques, de petites secousses se produisent ci et là. La justice américaine a approuvé l’égalité salariale entre hommes et femmes en sélection, suite à une plainte pour discrimination salariale remontant à 2016. Argument invoqué : elles génèrent plus de revenus que leurs compatriotes à chromosome Y, CQFD. En Suisse, certaines footballeuses de la Nati ne gagnent que 6000 francs par an et 100 fois moins que leurs homologues masculins en club. Quand on voit les trois défaites en quatre matches des gars en Ligue des Nations, on se dit que l’ASF pourrait filer une plus grande partie du butin à ces dames.
Chez la fédération allemande, l’argument selon lequel le même travail et le même succès devraient avoir la même valeur trouve un écho grandissant. La coach de l’équipe nationale propose même d’aller plus loin et de payer les femmes plus, vu qu’elles remportent plus de titres que les hommes. En effet, les Allemandes auraient reçu 60 000 € chacune si elles avaient gagné l’Euro, contre 400 000 € pour les hommes. Or, du côté du terrain, les femmes sont allées en finale et les hommes ont été sortis en huitième.
Actuellement, le dilemme est le suivant : le niveau augmente-t-il car les sponsors accourent et injectent de l’argent ou le font-ils car la qualité de jeu s’améliore grâce au dur labeur accompli ? Commençons par encourager nos joueuses lors de Suisse-Moldavie le mardi 6 septembre au stade de la Tuilière ! Une foule sympa, un horaire pratique, des prix modiques, la promesse d’une avalanche de buts, l’aspect insolite de voir une équipe compétitive et des joueuses locales dans ce stade pour les fans du LS, tous les signaux sont au vert pour passer une bonne soirée. Il ne reste plus qu’à lancer une opération marketing en faisant porter le maillot de Bachmann à tous les barmans ce soir-là !
Crédit photographique:
Ramona Bachmann (photo de tête) : Pechblaende/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:C10_Ramona_Bachmann_111023_Sverige-Schweiz_3-0_8413.jpg
Après si on est honnête, un garçon selectionné en équipe nationale U15 a déjà dû franchir plus d’obstacles et affronter plus de concurrence qu’une joueuse adulte sélectionnée en équipe nationale A… Quant à la pression à gérer lors des grands évenements, c’est encore incomparable. Donc pour le moment s’il y a une gigantesque difference de salaire entre hommes et femmes dans le foot, c’est à mon sens justifié.